Une secte au supermarché,
Le Patriarche vous salue bien !
(source : LeRépublicain Lorrain, 19 décembre
1996)
Plusieurs supermarchés des régions de Longwy et de Villerupt
ont prêté gracieusement un espace de leur galerie commerciale
à des représentants de l'association Lucien J. Engelmajer
(ALJE), active dans le traitement de la toxicomanie.
Selon des informations recueillies sur place, de nombreux clients de ces
diverses grandes surfaces auraient versé à ces personnes
de l'argent liquide ou signé une série de chèques
pour parrainer, « en fonction de leurs moyens », la
cure d'un toxicomane auprès de cette organisation. Derrière
cette initiative fort louable se cache cependant une toute autre réalité.
Car si l'ALJE vient effectivement en aide à de nombreux toxicomanes
désoeuvrés, il n'en reste pas moins qu'elle figure au hit-parade
des principales organisations répertoriées dans le récent
rapport de 1'Assemblée nationale française sur... les
sectes.
Fondée à Toulouse en 1974 sous le nom de " Patriarche
", l'ALJE s'est occupée à ses débuts d'une quinzaine
de drogués. Dix ans plus tard, elle annonçait avoir soigné
près de 3000 toxicomanes de 29 nationalités différentes
dans 70 " centres de vie " à travers le monde. De quoi intriguer
les plus hautes autorités qui ordonnèrent, en mai 1985, une
enquête approfondie suivie d'un rapport.
Ambiguïté, irrégularité
Ce rapport est accablant pour la secte. On y lit notamment que Lucien Engelmajer,
le fondateur du mouvement, « ne se reconnaît d'autre maître
que sa conscience, cherchant hors de toute formation professionnelle des
voies originales de traitement », que « l'encadrement
de l'association est constitué exclusivement d'anciens toxicomanes
rarement qualifiés pour les tâches qu'ils exercent »,
et que « l'association est aujourd'hui dans la société
française comme un corps étranger non lié organiquement
à elle ». Ce rapport ajoute en outre que « la
plupart des centres ont été ouverts sans autorisation préalable
», que « le financement de l'association s'effectue
dans des conditions d'ambiguïté et d'irrégularité
», mais surtout que « l'exercice du contrôle sanitaire
et du suivi médical est, dans certains centres, si gravement défaillant
que la situation constatée justifierait une fermeture immédiate
». Sans commentaire.
On soulignera également que les nombreux témoignages
d'anciens toxicomanes passés chez " Le Patriarche ", les
observations de responsables d'unités de soins publiques ou privées
ainsi que les résultats d'autres enquêtes officielles ont
mis en lumières de sérieuses distorsions entre ce qui est
dît par " Le Patriarche " et ce qui s'y fait, « des
distorsions génératrices d'échecs thérapeutiques,
d'inadaptations à la vie sociale et d'atteintes à la liberté
et à l'intégrité des personnes ».