Ordre du Temple Solaire

Procès du 25 juin 2001 à Grenoble

Le parquet a fait appel de ce jugement - source LCI 11 juillet 2001

 

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Avant tout débat- au fond, .MM. Jean VUARNET, Alain VUAJRNET, René ROSTAN, Mme Muguette ROSTAN, Mme Nathalie ROSTAN, .M. Willy SCHLEIMER, Mme Madame Gisela SCHLEIMER, Mme Valérie GRANDCOING AZOU et Mme Nathalie GILBERT ont fait déposer des conclusions tendant :

- à l'annulation de l'ordonnance de renvoi saisissant le tribunal en invoquant le fait que Madame Muguette ROSTAN, qui s'était régulièrement constituée partie civile au cours de l'information n'avait reçu ni la notification de l'avis de fin d'information, ni la notification de l'ordonnance de règlement,

- à l'incompétence du tribunal correctionnel, les faits dont il est saisi étant constitutifs d'infractions criminelles relevant de la Cour d'assises,

- à l'irrecevabilité de la constitution de partie civile de l'association UNADFI, faute de qualité à agir

- à l'organisation d'un supplément d'information.

Le prévenu a de son côté soulevé avant toute défense au fond, l'irrecevabilité des constitutions de partie civile au regard de la nature particulière de l'infraction qui lui est imputée.

L'examen de ces demandes incidentes a été joint à celui du fond.

Sur la demande d'annulation de l'ordonnance de renvoi, le tribunal observe que si lors de son audition par le magistrat instructeur le 18 janvier 1996, M. René ROSTAN a annoncé la constitution de partie civile son épouse, Mme Muguette ROSTAN, cette annonce n'a pas été ensuite concrétisée par l'intéressée par l'expression d'une volonté de sa part spécialement exprimée et non équivoque de faire acte de constitution de partie civile au cours de l'information.

S'il est exact que dans plusieurs demandes d'actes d'instruction et dans plusieurs décisions intervenues en cours d'information, Mme Muguette est mentionné en qualité de partie civile, ces seules indications ne peuvent lui conférer une qualité qu'elle n'a pas spécifiquement revendiqué dans les conditions ci-dessus rappelées.

Le moyen de nullité ainsi soulevé est infondé et sera rejeté.

Sur la demande de déclaration d'incompétence, le tribunal observe que l'information n'a pas permis d'établir à l'encontre de Michel TABACHNÏK des faits susceptibles de comporter une qualification criminelle.

L'inclusion dans le texte de la prévention de la référence aux articles prévoyant et réprimant le crime d'assassinat trouve sa justification nécessaire et suffisante par la circonstance suivant laquelle les crimes préparés par l'association de malfaiteurs auquel il est reproché au prévenu d'avoir participé sont estimés constitutifs de crimes d'assassinat et n'implique nullement que le prévenu se serait rendu coupable de tels crimes.

Les autres demandes incidentes seront examinées dans le corps du présent jugement.

Le mardi 4 octobre 1994, aux environs de 23 h 55, des habitants de CHEIRY, ville du Canton de FRIBOURG (Confédération Helvétique),

constatent qu'un incendie ravage l'écurie de la ferme de "La Rochette" située sur les hauteurs du village, appartenant à une association dénommée " Ferme Agricole de Recherche et de Culture (F.A.R.C.).

En raison du verrouillage des accès à l'habitation attenante, les services de secours incendie doivent forcer une fenêtre de la cuisine au rez-de-chaussée et découvrent un système de mise à feu et, dans une chambre au premier étage, le corps sans vie d'un homme allongé sur un lit, la tête recouverte d'un sac en matière plastique, qui sera ultérieurement identifié comme étant celui d'Albert GIACOBINO, l'un des fondateurs et le principal bailleur de fonds de la F.A.R.C.

Les recherches dans le cadre de l'enquête judiciaire permettent la découverte de locaux secrets où gisent les corps sans vie de vingt-deux personnes.

Le mercredi 5 octobre 1994, à 2 h 58, est signalé un incendie dévastant un chalet sis à GRANGES-SUR-SALVAN, localité du Canton du VALAIS, située à 110 kilomètres de CHEIRY. Deux autres chalets au même lieu sont également la proie d'incendies

Une fois les incendies circonscrits, vingt-cinq corps sans vie d'hommes, de femmes et d'enfants sont retrouvés dans deux de ces chalets appartenant respectivement à Nicole KOYMANS et Camille PILET, l'un et l'autre décédés à CHEIRY. Des dispositifs incendiaires sont également localisés dans les chalets et dans leurs dépendances

Le mardi 4 octobre 1994, les corps calcinés de deux personnes, ultérieurement identifiées comme étant Jeny et Colette GENOUD, sont retrouvés parmi les décombres d'un chalet d'habitation situé à MORIN-HEIGHTS, Province de QUEBEC (CANADA), appartenant à Luc JOURET.

La présence est relevée dans le foyer d'incendie de vestiges d'un système de mise à feu et de traces d'utilisation d'accélérants de combustion.

Le 5 octobre 1994, des traces de sang sont relevées dans un des chalets attenants et le lendemain, les enquêteurs découvrent, dissimulés dans un réduit, les cadavres d'Antonio et Suzanne (Nicky) DUTOIT et de leur bébé de trois mois, Christopher Emmanuel, présentant des blessures par arme blanche. Deux couteaux et une batte de base-bail tâchés de sang sont retrouvés sur les lieux.

Le nombre des victimes et les premières constatations démontrant dans un premier temps une préparation élaborée des destructions et dans un second temps la réalisation d'actes homicides non moins prémédités orientent rapidement les enquêteurs vers l'hypothèse de meurtres et/ou de suicides collectifs commis en milieu sectaire.

La réception de manifestes posthumes adressés en nombre à des organes de presse, à des dirigeants politiques et à des membres, anciens membres ou compagnons de route d'une organisation communément dénommée " Ordre du Temple Solaire " (O.T.S.) fait apparaître que cette organisation néo-templière, dont l'existence avait été portée à la connaissance du grand public et des autorités, l'année précédente au Canada, par l'implication de l'un de ses dirigeants, Luc JOURET, et de plusieurs adeptes, dans des faits de détention illicite d'armes, se trouve impliquée

dans ces massacres, ce qui sera confirmé par l'identification successive des personnes décédées, reliées à cette organisation, directement par adhésion personnelle ou indirectement à raison de liens familiaux, incluant des membres du noyau dirigeant, tels que Luc JOURET, précédent et premier grand maître de rO.T.S. et Joseph dit Jo DI MAMBRO, maître à penser de l'organisation.

Les enquêtes judiciaires conduites en Suisse et au Canada par le nombre et la concordance des éléments de preuve recueillis ont permis de cerner avec la plus grande précision possible, en dépit du caractère parcellaire et nécessairement incomplet des témoignages des survivants, les responsabilités directes de plusieurs membres de l'organisation, tous décédés, dans la préparation et la commission des actes criminels.

Alors que les investigations se poursuivent en Suisse, au Canada et en France, pays où l'O.T.S. s'était développée et avait recruté ses adeptes, sont signalées par leurs proches à compter du 18 décembre 1995, les absences inexpliquées de plusieurs personnes, treize adultes, identifiés comme membres de cette organisation et précédemment entendus en témoignage, et trois enfants.

Le signalement du stationnement anormalement prolongé de quatre véhicules appartenant à certains d'entre eux au lieu-dit " Le Faz", commune de St PIERRE-DE-CHERENNES (Isère) dans le massif forestier des Coulmes en lisière Nord-Ouest du Vereors conduit à organiser des recherches dans ce secteur qui aboutissent le 23 décembre 1995 à neuf heures à la découverte de seize cadavres partiellement carbonisés regroupés en cercle au centre d'une doline dans une clairière située au lieu-dit " Le Serre du Page ".

Le caractère improbable de ce nouveau massacre plus d'un an après la disparition des dirigeants présumés de la secte et les conditions a priori défavorables pour sa réalisation dans un environnement peu propice conduisent à approfondir les investigations pour rechercher d'une part, si une intervention extérieure a pu déterminer ou faciliter la commission des faits et d'autre part, identifier plus précisément les sources d'une persuasion et d'un endoctrinement suffisamment puissants pour susciter la volonté de donner la mort dans de telles conditions ou encore celle de s'y soumettre.

A plus d'une année d'intervalle, au lendemain d'une date anniversaire particulièrement marquante pour le Temple Solaire, la mort volontaire de cinq adeptes à St Casimir. Province de Québec (Canada) vient confirmer le caractère particulièrement pernicieux et mortifère de cet endoctrinement, les témoignages de trois enfants survivants permettant de connaître avec certitude les conditions dans lesquelles ces cinq personnes avaient trouvé la mort.

Le samedi 22 mars 1997 vers 18 h30, une maison d'habitation était ravagée par les flammes a Saint Casimir, petite bourgade proche de Québec.

Après avoir maîtrisé le sinistre, les sauveteurs retirent des décombres les corps sans vie de cinq personnes : Didier QUEZE, 39 ans et son épouse Chantai GOUPILLOT-QUEZE, 41 ans, occupants de la maison, la mère de celle-ci, Suzanne DRUAU-GOUPILLOT, 63 ans ainsi qu'un autre couple, Pauline RIOU, 54 ans et Bruno KLAUS, 49 ans.

Les autopsies révèlent que les cinq victimes ont absorbé des benzodiazépines, substances médicamenteuses à visée hypnotique et anxiolytique, que Suzanne DRUAU est décédée avant l'incendie, probablement asphyxiée, alors que les quatre

autres victimes sont décédés dans l'incendie, leurs voies respiratoires étant fortement souillées par la suie.

A proximité de la maison détruite, les secouristes découvrent les trois enfants QUEZE, Julien 16 ans, Fannie 14 ans et Tom 13 ans qui ont pu faire le récit de ce qui s'était passé.

Arrivés à la fin des années 80 au domaine du Sacré Cœur, la ferme de survie installée par l'O.T.S- à Saint-Anne-de-la-Pérade au CANADA, les époux QUEZE, associés avec Bruno KLAUS se sont ensuite consacrés à l'exploitation d'une boulangerie industrielle à Saint Casimir.

Avec l'arrivée du printemps, les cinq adultes ont décidé de réaliser leur " transit ", à savoir suivant la doctrine de la secte, le passage vers un autre monde mythique et merveilleux identifié à l'étoile Sirius impliquant la dématérialisation de l'être par la crémation de son enveloppe corporelle.

A cette fin, Didier QUEZE a acheté le 19 mars 1997 deux bidons d'essence et le 20, deux bouteilles de gaz.

Le soir du 20 mars, Didier et Chantai QUEZE, qui avaient résolu dans un premier temps d'entraîner leurs trois enfants, fût-ce contre leur gré, dans ce " monde meilleur ", ont acheté pour eux des friandises et des jus de fruit dans lesquels ils ont versé des somnifères.

Ayant eux-mêmes absorbé des hypnotiques, les cinq adultes se sont couchés, le soir du jeudi 20 mars en mettant en œuvre un dispositif incendiaire composé des deux bouteilles de gaz reliées à une résistance chauffante et à une minuterie.

Au matin du 21 mars, vers 4 h, Fannie QUEZE, réveillée par une forte odeur de gaz se levait, découvrait l'installation et, comprenant immédiatement la situation, neutralisait le dispositif.

Tout au long de la journée du 21 mars, allait se dérouler une longue conversation au cours de laquelle les parents proposaient à leurs enfants de partir avec eux dans le suicide.

Le vendredi soir, Didier QUEZE, en dépit des rems ou des hésitations des enfants, réactivait le dispositif incendiaire.

Le samedi 22 mars au petit jour, Fannie QUEZE constatait que sa grand-mère, couchée sur un canapé, la tête enfermée dans un sac en plastique, était décédée, tandis que Julien voyait son père en train de manipuler à nouveau le système de mise a feu qui n'avait toujours pas fonctionné.

A l'issue de nouvelles discussions, les enfants confirmaient leur choix de rester en vie et il était convenu qu'ils dormiraient la nuit suivante dans un atelier voisin de la maison d'habitation. Dans la soirée du 22 mars, le dispositif de mise à feu finissait par provoquer l'incendie de la maison, dans laquelle les quatre adultes survivants ont trouvé la mort.

L'enquête a ainsi établi que le projet suicidaire et criminel avait été préparé et mis à exécution au sein même du groupe d'adeptes aspirant au transit sans le moindre concours extérieur.

L'année précédente, le témoignage alarmant d'une employée de la boulangerie de Ste Anne de la Pérade sur la possibilité d'un tel événement avait

conduit les autorités québécoises à mettre sous surveillance étroite la famille QUEZE et Bruno KLAUSS en mai et juin 1996

En dépit de ses protestations rassurantes faites au cours d'auditions successives par les enquêteurs suisses et canadiens en avril et juillet 1996, Didier QUEZE, ancien commandeur de l'O.T.S pour la Province du Québec, demeurait convaincu du bien fondé d'une doctrine prônant le suicide comme moyen de parvenir à un état supérieur de conscience et de perfection, expliquant à sa sœur Brigitte, à l'occasion d'une visite familiale en France en Juin 1996 " que la mort n 'avait rien de dramatique, que les membres s'étaient suicidés pour partir volontairement rejoindre la planète Sirius où tout le monde se retrouvait " et développant avec son épouse, dans les courriers posthumes adressés à leurs proches le même thème pour légitimer leur acte. Dans la lettre ouverte que le groupe a fait parvenir à différents médias, était affirmée la continuité de leur " départ " avec les précédents, la nécessité " qu 'un groupe d'Hommes, de Femmes et d'Enfants ayant été auparavant préparé, ait du traverser les vicissitudes de ces 3 années dans la Loi et le Service ; afin que l'expérience acquise puisse donner pleinement ses fruits, pour enrichir la Conscience du Retour au Père ", le fait que la Terre serait promise à une destruction prochaine et l'annonce de la punition immanente d'un ancien membre de la secte, cet écrit s'inscrivant ouvertement dans la lignée des thèmes développés dans les manifestes posthumes adressés lors des événements d'octobre 1994.

Le mardi 4 octobre 1994, les corps calcinés de deux personnes, ultérieurement identifiées comme étant Jerry et Colette GENOUD, ont été retrouvés parmi les décombres d'un chalet situé à MORIN-HEIGHTS, Province de QUEBEC (CANADA). Cette habitation se situait au centre d'un ensemble de trois du même type, les deux autres n'ayant pas été touchées par le feu.

Les premières constatations des enquêteurs de la Sûreté du Québec ont mis en évidence la présence dans le foyer d'incendie de systèmes de mise à feu et d'accélérants de combustion.

Le 5 octobre 1994, des traces de sang ont été révélées dans un des chalets attenants, tandis que les enquêteurs de la Sûreté du Québec apprenaient que deux incendies avaient eu lieu en SUISSE, à CHEIRY (Canton de Fribourg) et à SALVAN (Canton du Valais).

Lors de la poursuite des recherches dans ce chalet, au cours de la journée du 6 octobre 1994, les enquêteurs ont découvert, dissimulés dans un réduit, les cadavres d'Antonio et Suzanne (Nicky) DUTOIT et de leur bébé de trois mois, Chnstopher Emmanuel présentant des blessures par arme blanche. Deux couteaux et un bâton de base-bail tâchés de sang, y ont également été saisis.

Le couple GENOUD était arrivé au QUEBEC, en provenance de SUISSE, le 29 août 1994.

Dominique BELLATON, décédée à SALVAN. s'est rendue à MONTREAL par un vol au départ de ZURICH le 17 septembre 1994 à 15 heures. Elle a établi un premier contact avec la famille DUTOIT en les invitant à dîner le 27 septembre 1994. Une nouvelle invitation a été fixée pour le 30 septembre 1994. jour où la famille DUTOIT a été assassinée.

Joël EGGER s'est rendu à MONTREAL par un vol en provenance de ZURICH partant le 29 septembre 1994 à 15 heures 38.

Le 30 septembre "1994 Joël EGGER et Dominique BELLATON quittaient ensemble MONTREAL à 22 H 10 pour un vol à direction de ZURICH

Au terme de l'enquête diligentée par la Sûreté du QUEBEC le déroulement du triple assassinat- de la famille DUTOIT a été ainsi reconstitué :

Le 29 septembre 1994, Joël EGGER, arrivé de SUISSE, s'est rendu à MORIN-HEIGHTS à la résidence de Dominique BELLATON. Le 30 septembre, aux environs de 17HOO, la'famille DUTOIT s'est rendue au 199 chemin de Beslile à MORIN-HEIGHTS pour répondre à l'invitation à dîner de Dominique BELLATON. Le couple GENOUD était également présent.

Antonio DUTOIT a certainement été attiré dans la salle de bains ou au sous-sol de l'appartement, où Joël EGGER l'a frappé plusieurs fois sur la tête avec le bâton de base-bail, pour ensuite le poignarder à une cinquantaine de reprises. Pendant ce temps, au rez-de-chaussée. Jerry GENOUD a poignardé Nicky DUTOIT à quatorze reprises. L'enfant Christopher Emmanuel a été ensuite poignardé à six reprises. Immédiatement après avoir commis le triple assassinat, Gerry GENOUD et Joël EGGER ont transporté les corps dans le réduit où ils ont été découverts.

Pendant que Dominique BELLATON et Joël EGGER se rendaient à l'aéroport le soir même pour rejoindre la SUISSE, Gerry et Colette GENOUD ont procédé au nettoyage complet de l'appartement et ont ensuite installé de dispositif incendiaire. Dans la soirée du 3 octobre 1994, ils se sont installés dans l'appartement central sis 199A Chemin de Beslile et avoir verrouillé les issues, ont absorbé des médicaments somnifères. Suite au déclenchement des mises à feu, réglé à 5 heures, le 4 octobre 1994, ils ont péri dans le foyer d'incendie.

L'enquête menée au Canada sur commission rogatoire internationale dans le cadre de l'instruction suivie en France rapproché des contrôles téléphoniques opérés en Suisse a établi que le 3 octobre 1994, à 16 heures 28 heures locales, après que l'assassinat des membres de la famille DUTOIT ait été perpétré, Jo DI MAMBRO avait appelé au siège de son entreprise M. S. Diffusion, Marianne STAMPFLI, adepte établie au Canada, qui après avoir été chargée de la diffusion des enseignements de la secte s'en était distanciée, pour confirmer une invitation donnée le 30 septembre 1994 à les rejoindre pour assister à une représentation le 5 octobre à l'Opéra de New York, invitation encore réitéré le lendemain par deux appels à 9 heures 38 et 11 heures 11 de Maryse SEVERINO, compagne de Jo DI MAMBRO depuis le téléphone mobile NATEL au nom de Jacques LEVY, dont elle était l'utilisatrice.

Ces appels répétés avaient manifestement pour objectif d'éloigner Marianne STAMPFLI de la région de MONTREAL, où elle aurait pu s'inquiéter de l'absence prolongée de ses amis Tony et Nicky DUTOIT, ce qui aurait pu avoir pour effet de provoquer des recherches susceptibles d'entraver la réalisation du projet criminel en cours de réalisation.

Le mardi 4 octobre 1994, à 23 h 55 est signalé un incendie à la ferme de la Rochette sur les hauteurs de CHEIRY, composée d'une grange et d'une partie d'habitation constituant le corps de bâtiment principal et d'une écurie attenante avec garages en niveau inférieur, lieu d'habitation principal d'un

groupe d'adeptes de l'O.T.S. formé par Albert GIACOBINO, Fabienne RENAUD-NOIRJEAN, le couple Joël EGGER et Annie EGGER-BRUNELLE et Bernadette BISE, mère de Joël EGGER, ces quatre dernières personnes ayant trouvé la mort à SALVAN.

Dans le prolongement d'un garage en partie Nord du bâtiment rural, avaient été aménagés en sous-sol des locaux secrets de réunion et de cérémonie où vingt-deux victimes sur vingt-trois ont été retrouvées, dix hommes et douze femmes, dont trois jeunes adolescents, le cadavre d'Albert GIACOBINO, ayant été préalablement découvert par les pompiers dans la partie habitation, gisant dans une chambre verrouillée, de l'extérieur,, la tête enfermée dans un sac en plastique.

Les vingt-trois victimes ont été identifiées comme étant :

0- Albert GIACOBINO : né le 16 mars 1932 à GENEVE (SUISSE), domicilié à CHEIRY, de nationalité helvétique, retraité, dignitaire de l'O.T.S. et l'un de ses principaux apporteurs de fonds,

1- Robert FALARDEAU : né le 18 février 1947 à ST FRANÇOIS D'ASSISES (Province de QUEBEC - CANADA) domicilié à CHARLES-BOURG (QUEBEC), de nationalité canadienne, grand-maître de l'O.T.S. à la suite de Luc JOURET depuis 1991,

2- Léopoido CABRERA GIL : né le 8 juillet 1955 à SANTA CRUZ TENERIFE (ESPAGNE) domicilié en cette ville, de nationalité espagnole, successeur pressenti du précédent pour accéder à la grande-maîtrise de l'Ordre,

3- Renée PFAEHLER divorcée MULLER . née le 1er décembre 1914 à SUMATRA (INDONESIE) domiciliée à GENEVE, de nationalité suisse, psychologue de profession, qui figurait parmi les membres de la première association constituée en 1974 autour de Jo DI MAMBRO, dénommée Centre de Préparation à l'Age Nouveau - Ecole de la Vie, membre de l'Ecole des Mystères

4- Armelle JATON : née le 11 juillet 1978 à Payerne (SUISSE) domiciliée LA CROIX DE ROZON (C.H.), de nationalité suisse

5- Daniel JATON : né le 3 août 1945 à NEYRUZ (SUÏSSE), père de la précédente, domicilié à MEYRIN (C.H-), de nationalité suisse, ancien responsable de l'O.T.S.U., branche européenne de l'Ordre, membre de l'Ecole des Mystères,

6- Madeleine JATON née BERGER, épouse du précédent, née le 8 juin 1947 à PAYERNE (SUISSE), de nationalité suisse, membre de l'Ecole des Mystères,

7- Lionel JATON. né le 16 juillet 1976 à Payerne (SUISSE), fils des précédents, de nationalité suisse

8- Françoise dite Claire BELANGER née REBMANN, divorcée de BURRI Arthur et séparée de BELANGER Joseph, née le 19 mai 1939 à GENEVE (SUISSE), domiciliée à TERRITET (SUISSE), de nationalité suisse, ancienne comptable de la Fondation Golden Way, trésorière de l'Association des Membres Fondateurs de la GWF (GOLDEN WAY FOUNDATION), berceau juridique de l'Ecole des Mystères, dont elle était membre,

9- Guy BERENGER né le 18 avril 1939 à AUBAGNE (FRANCE), domicilié à SARRIANS (Vaucluse), de nationalité française, relation de longue date de Jo DI MAMBRO, qu'il avait côtoyé à la loge de Nimes de l'Ancien et Mystique Ordre de la Rosé Croix (A-M.O.R.C.), membre de l'Ecole des Mystères,

10- Christian PECHOT né le 4 juin 1945 à COMBREE (Maine et Loire) domicilié à SARRIANS (84-FRANCE), de nationalité française, qui avait fait partie avec sa première épouse. Sabine REUTER, remariée avec Michel TABACHNIK, des premières communautés du Cocolet et de la Pyramide " constituées autour de Jo DI MAMBRO sous la dénomination Centre de Préparation à l'Age Nouveau, membre de l'Ecole de Mystères,

11- Sébastien PECHOT né le 11 avril 1982 à CHENE-BOUGERIES (SUISSE), fils du précédent, domicilié à SARRIANS. de nationalité française

12- Christine PECHOT née MEYLAN, divorcée TABACBDSÏK, mère du précédent et épouse de Christian PECHOT, née le 31 mai 1944 à GENEVE (SUISSE), domiciliée à SARRIANS (84), de nationalité française et suisse, qui avait fréquenté la communauté de la Pyramide du temps de son union avec Michel TABACHNIK, puis la Fondation Golden Way à PLAN-LES-OUATES (Canton de GENEVE), membre de l'Ecole des Mystères,

13- Joce-Lyne GRAND'MAISON née GIROUX née le 19 mars 1950 à QUEBEC (CANADA), domiciliée à QUEBEC, de nationalité canadienne membre de l'O.T.S.,

14- Robert OSÏÏGUY né le 22 septembre 1944 à ST MATHLAS DE ROUVÏLLE (CANADA), domicilié à RICHELIEU (CANADA) de nationalité canadienne, membre de l'O.T.S.,

15-Françoise OSTIGUY née ASSELIN. épouse du précédent, née le 18 novembre 1947 à RICHELIEU (CANADA) domiciliée en cette ville, de nationalité canadienne, membre de l'O.T.S.,

16- Camille PILET né le 17 février 1926 à LA COTE AUX FEES (SUISSE), domicilié à MONTE-CARLO, de nationalité suisse, membre de l'Ordre Martiniste Traditionnel, organisation affiliée à 1'A.M.O.RC, dignitaire de l'O.T.S. et principal bailleur de fonds de l'organisation.,

17- Séverine VULLBEN née le 13 avril 1971 à ST JULIEN EN GENEVOIS (74), ressortissante française domiciliée à PLAN-LES-OUATES (SUISSE), fille d'Annie LEVY, décédée à SALVAN. membre de l'Ecole des Mystères.

18- Nicole KOYMANS née GIUSTI née le 3 mai 1926 à NICE (FRANCE-06). domiciliée à GENEVE (SUISSE), de nationalité française, professeur de yoga, membre de la Communauté de la Pyramide, puis de la Fondation Golden Way, membre et animatrice de l'Ecole des Mystères.

19- Marie-Christine PERTUE divorcée JOURET née le 27 juillet 1952 à LE MANS (FRANCE-72), domiciliée à SARRIANS (84). de nationalité française. membre de l'Ecole des Mystères.

20- Jean-Léon PAULUS divorcé de Josiane KESSLER, remarié à Fabienne KOYMANS : né le 30 juillet 1945 à FLORENVTLLE (BELGIQUE), domicilié à GENEVE, ressortissant belge, qui a fréquenté avec sa première épouse Josiane KESSLER la Fondation Golden Way où ils ont introduit Luc JOURET. membre de l'Ecole des Mystères,

21- Fabienne PAULUS née KOYMANS, épouse du précédent, née le 4 mars 1956 à NICE (FRANCE-06). domiciliée à GENEVE (SUISSE), de nationalité française, membre de l'Ecole des Mystères

22- Marie-Louise REBAUDO née le 22 Janvier 1937 à MONT ST AIGNAN (FRANCE), domiciliée à VANDOEUVRES (SUISSE), de nationalités française et italienne, astrologue, secrétaire de la F.A.R.C., amie intime d'Albert GIACOBINO, qu'elle soutenait dans ses démarches visant à se retirer de l'organisation,

Les enquêteurs ont constaté que :

- à l'exception de Albert GIACOBINO et de Marie-Louise REBAUDO, toutes les victimes portaient des vêtements rituels (capes de couleurs diverses), étant précisé que la cape de Séverine VULLIEN enveloppait simplement son corps dénudé vêtu uniquement d'un slip et que celle de Nicole KOYMANS était placée à côté de son cadavre.

- les membres d'une même famille (JATON, PECHOT, OSTIGUY, PAULUS) étaient placés les uns à côté des autres,

- les corps 1 à 18 reposaient en une forme circulaire dans la salle du seuil. CEUX de Marie-Christine PERTUE, Jean-Léon PAULUS et Fabienne KOYMANS épouse PAULUS gisaient à l'entrée du sanctuaire contigu alors que celui de Marie-Louise REBAUDO était isolé, dans une pièce adjacente dont la porte était maintenue fermée par un fil de fer torsadé,

- deux victimes avaient les mains ligotées : Renée PFAEHLER et Fabienne PAULUS et la plupart avaient la tête introduite dans un sac plastique de type sac ménager fermé ou non par un lien, à l'exception de Lionel JATON, Guy BERANGER, Christian PECHOT, Joce-Lyne GRAND'MAISON, Robert et Françoise OSTIGUY et de Camille PILLET, un sac ouvert ayant été néanmoins retrouvé à proximité de la tête de celui-ci et un lien sur son épaule,

- dans la cape de Daniel JATON, de trouvaient quatorze morceaux de ficelle de nature et de longueur identiques à ceux utilisés comme liens,

- dans une poubelle, située dans la salle dite des Agapes, avaient été jetés 21 morceaux de papiers d'aluminium plies, ayant contenu une poudre blanche, mais vides, ainsi que 2 autres qui contenaient encore de cette poudre blanche identifiée comme étant du flunitrazépam, substance active du Rohypnol et du Narcozep, médicaments appartenant à la classe des benzodiazépines, produit à effet hypnotique et sédatif, l'analyse du contenu des deux emballages intacts révélant qu'ils contenaient chacun le produit du broyage de 5 comprimés de Rohypnol dosés à 2 mg soit 10 mg de flunitrazépan, alors que 1 à 2 mg suffisent à provoquer en 15 à 20 minutes, un sommeil profond durant 6 à 8 heures.

Or, les analyses toxicologiques ont démontré que les vingt-trois victimes décédées à CHEIRY, à la seule exception de Marie-Louise REBAUDO avaient ingéré des benzodiazépines, pour vingt-et-une d'entre elles, sous forme de molécules de flunitrazépam à dose supra-thérapeutique et pour Albert GIACOBINO, sous forme de molécules de midazolam à dose thérapeutique, étant observé que le 25 juillet 1995, Mme Rosemarie JATON, sœur de Daniel JATON, a remis à M. André PILLER, juge d'instruction trois bouteilles retrouvées dans les affaires de son frère qui contenaient 6 ampoules d'Hypnovet, médicament hypnotique à base de midazolam, 23 ampoules de Norcuron, médicament myolaxant curarisant du type de ceux utilisés à SALVAN pour la confection du cocktail léthal et 8 ampoules de Narcozep, médicament hypnotique à base de flunitrazépam

- aucune trace d'injection n'a été détectée sur les corps de 23 victimes à l'exception d'Armelle JATON, ce qui tend à confirmer que la prise des substances hypnotiques a été orale,

Les expertises médico-légales, ont fait ressortir que :

- la mort de vingt victimes avait été causée par des lésions provoqués par des tirs effectués à très faible distance ou à bout touchant avec une arme de petit calibre, les lésions présentant toutes de signes de vitalité, celle d'Albert GIACOBINO, de Renée PFAEHLER et de Camille PBLET pouvant être la conséquence d'une asphyxie, provoquée par étouffement dans des sacs en plastique de sujets sous l'effet d'hypnotiques,

- ces tirs avaient été effectués exclusivement dans la région crânienne, sauf pour Marie-Louise REBAUDO, qui avait subi outre deux tirs dans la région crânienne, deux tirs mortels dans la région thoracique et quatre autres tirs l'ayant atteinte à l'avant-bras droit, le bras droit, à l'épaule droite et au niveau du cou, l'étude balistique lésionneiïe permettant d'accréditer l'accomplissement de gestes de défense par cette victime en fonction des directions des tirs,

- il n'y avait pas de notion d'autres actes de violence, si n'est des signes, lésions légères de la peau du visage pour l'une, morsure du sac pour l'autre, permettant de déduire que Séverine VUILLIEN et Marie-Christine PERTUE étaient en vie lorsque leurs têtes ont été mises dans un sac plastique,

- les victimes seraient décédées sur une période s'étendant du lundi 3 octobre à 10 heures 30 au mardi 4 octobre 1994 à 10 heures 30 à l'exception de Léopoido CABRERA-GIL, décédé le 4 octobre entre 11 heures 30 et 21 heures 30, de Renée PFAEHLER, décédée le 4 octobre entre 13 heures 30 et 23 heures 30, et de Marie-Louise REBAUDO, qui a pu décéder avant la majorité des victimes, le déplacement du corps d'Albert GIACOBINO par les services de secours n'ayant pas permis d'estimer même de manière approximative la date de son décès,

- les recherches de traces de résidus de tir sur les mains de l'ensemble des victimes sont restées négatives,

De la confrontation entre les données médico-légales et les constatations matérielles opérées sur les lieux, il ressortait également que :

- en fonction de la répartition des douilles sur les lieux (au nombre de 52 plus 2 retrouvées dans les vêtements de Daniel JATON et Guy BERANGER pour 65 tirs effectués), les victimes pouvaient avoir été tuées à l'endroit de leur découverte, à l'exception de Robert FALARDEAU et de Françoise OSTIGUY, des tâches de leurs sangs et deux douilles ayant été retrouvées dans un bureau à côté de la salle dite des agapes alors que leurs corps ont été retrouvés dans la salle du seuil

- les tirs avaient du être effectuées en plusieurs temps, les lésions affectant la plupart des victimes, dont la tête était recouverte d'un sac plastique, étant en nombre supérieurs aux impacts relevés sur les sacs, tandis que d'autres avaient pu être déplacées dans l'intervalle entre deux séries de tirs, en ce qu'elles présentaient des lésions, dont les localisations en fonction de la direction de tir auraient été incompatibles,

- le nombre des tirs sur certaines victimes semblait témoigner d'un acharnement particulier (respectivement 7 et 9 tirs dans la tête sur Daniel JATON et son épouse Madeleine),

- les balles étaient de type " hollow point ", c'est à dire creusées à leur extrémité pour favoriser leur fragmentation après impact, ce qui avait aggravé considérablement les lésions,

Tous ces éléments ont permis de conclure que l'ensemble des 23 victimes découvertes dans la ferme de CHEIRY avaient fait l'objet d'hétéroagressions préméditées, en d'autres termes, d'assassinats.

Il a également été établi qu'une seule arme avait été utilisée pour réaliser tous les tirs, un pistolet SMITH&WESSON automatique 22 long rifle équipé d'un silencieux artisanal, découverte avec une cartouche dans la chambre et 10 dans le magasin avec une boite de munitions de marque CCI 22 LR de type Hollow Point derrière un buisson sous l'un des chalets incendiés de SALVAN.

La boite de munitions destinée à contenir 50 cartouches et qui en contenait encore 4, était identique à une boite retrouvée à CHEIRY de même que les cartouches étaient identiques à une cartouche retrouvée dans la salle du seuil au même lieu.

Cette arme avait été acquise le 15 juin 1993 par Joël EGGER, décédé à SALVAN, à l'armurerie " Free Sport" à GRANGES-PACCOT (canton de Fribourg).

Le silencieux avait été fabriqué à l'aide d'un adhésif identique quant à ses caractéristiques à un rouleau adhésif placé dans un sac plastique à la marque " Free Sport " retrouvé dans la chambre de Joël EGGER à CHEIRY.

D'autres armes et munitions, non utilisées, ont été découvertes et saisies :

- à CHEIRY, un fusil à flèches dans la chambre de Joël EGGER, deux fusils de calibre 22 LR et un fusil à pompe,

- à SALVAN, un pistolet automatique Walther PPK de calibre 9 mm,

- à AUBIGNAN (Vaucluse) au domicile de la famille GENOUD une carabine semi-automatique calibre 22 LR, 2 pistolets 22 LR CUSTOM SAPL équipés d'un dispositif silencieux intégré, dont l'information a permis d'établir que l'un d'eux avait été acquis le 8 juin 1993 par Dominique BELLATON à l'armurerie DUNE à PARIS, un revolver d'alarme transformé pour tirer des cartouches de petit calibre et un fusil à pompe calibre 12.

Dans les locaux secrets, les enquêteurs ont découvert une cape noire à parements verts identifiée par Michel TAJ3ACHNIK comme étant la sienne, oubliée à l'Ermitage de SARRIANS (Vaucluse) le 24 septembre 1994, à l'issue de la cérémonie qui s'y était tenue.

Il également été découvert et saisi le carnet d'adresses de Nicole KOYMANS, mentionnant des dates et lieux des réunions et l'identité des participants et contenant une liste de prénoms, parmi lesquels figurant ceux de la plupart des victimes de Cheiry et de Salvan et ceux de : Emmy (ANDERSON), Christiane B (BONET), Edith (VUARNET), Patrick (VUARNET), Mercedes (FAUCON), Louis (FAUCON), Liliane (CHANTRY), 3 Tabachnik (Famille TABACHNIK), Marie-France (PARE-GUZZI), dont les cinq premiers cités disparaîtront l'année suivante dans le Vercors.

A CHEIRY, l'incendie a totalement détruit la partie la plus ancienne de la ferme et le niveau supérieur de la partie récente laissant intact l'endroit où les corps ont été découverts.

Des systèmes de mise à feu à distance avaient été installés. La découverte de ceux qui n'ont pas fonctionné a permis de déterminer que le dispositif était constitué d'un boîtier de commande à distance raccordé à une ligne téléphonique, permettant de commander les appareils qui y sont reliés par la simple composition du numéro de la ligne téléphonique à laquelle il est raccordé et d'un code de commande chiffré

Ce boîtier SERVOCOM commandait deux lignes d'appareils, l'une destinée à créer une atmosphère explosible, l'autre à provoquer la mise à feu, à savoir :

- une électro-vanne reliée au détendeur fixé sur une bouteille de gaz dont le robinet avait été ouvert, pour provoquer à la mise sous tension l'échappement du gaz dans le local,

- un dispositif de mise à feu destiné à provoquer l'explosion du gaz émis, se compose d'allumettes ou d'allume-feux fixés à l'aide d'un collier de serrage ou d'un simple fil métallique sur la résistance chauffante d'un radiateur électrique ou d'un thermoplongeur, temporises par minuterie afin permettre le dégagement d'une quantité de gaz suffisante pour créer un milieu explosible.

Sur l'emballage d'une minuterie, ont été retrouvées des empreintes digitales identifiées à celles de Joël EGGER.

Les experts ont ainsi décrit la procédure de déclenchement de l'incendie :

o l'enclenchement du dispositif était possible à n'importe quelle heure, depuis n'importe quel point équipé d'un appareil téléphonique

une simple communication téléphonique permettait l'ouverture de l'électro-vanne et donc l'échappement du gaz ainsi que la mise sous tension du programmateur

après la période de retard programmée le chauffage était mis à son tour sous tension, allumait les allumettes ou allume-feux qui s'enflammaient alors dans une atmosphère explosible.

L'enquête judiciaire menée en SUISSE permettait d'établir qu'à la date du 16 juin 1994 les établissements "Industrie et Electricité" sis à CARPENTRAS (84) avaient vendu du matériel électrique comprenant des relais à Martin GERMAIN accompagné de Joël EGGER.

Le même Joël EGGER avait acheté, postérieurement au 16 juin 1994 quatre appareils SERVOCOM et quatre télécommandes Swatch au magasin VALOTTON de MARTIGNY (SUISSE).

Jean-Christian DUCRET a indiqué qu'en juin 1994. il avait été contacté par un certain EGGER qui désirait des informations sur la manière de brancher les appareils SERVOCOM dans le Sud de la France et en SUISSE.

Le boîtier de commande à distance des dispositifs d'allumage avait été installé dans la mezzanine de l'habitation principale.

Sur ce boîtier, trois lignes avaient été tirées en direction de la partie agricole du bâtiment.

Une première ligne aboutissait à un dispositif de mise à feu posé sur le lit de la mezzanine, qui n'a pas fonctionné en raison de l'interruption de l'alimentation électrique.

Une deuxième ligne aboutissait dans l'étable même où les restes du mécanisme de mise à feu qui a fonctionné ont été découverts.

Une troisième ligne aboutissait dans les salles du sous-sol où ont été découverts 22 cadavres et n'a pas davantage fonctionné.

Des sacs à ordures doublés remplis d'essence avaient été disséminés pour accélérer et amplifier le développement des incendies, sacs identiques à ceux qui seront acquis au magasin PRIMO de SALVAN par Luc JOURET, le 4 octobre 1994 à 10 heures, après son retour de CHEER-Y.

L'objectif recherché était manifestement la destruction totale du bâtiment par incendie et explosion, ce qui aurait rendu l'identification et surtout la connaissance des causes de la mort des victimes particulièrement difficiles.

Ce résultat n'a pu être atteint en raison de la propagation extrêmement rapide du premier incendie qui a détruit les alimentations électriques nécessaires au fonctionnement des autres dispositifs incendiaires.

L'exploitation de la listes des appels téléphoniques vers la ligne téléphonique de CHEIRY sur laquelle le SERVOCOM avait été raccordé, a révélé que dans la nuit du mardi 4 octobre au mercredi 5 octobre 1994, trois communications avaient été reçues :

- la première d'une durée de 23 secondes à 23 h 42

- la seconde d'une durée de 10 secondes à 00 h 11

- la dernière d'une durée de 38 secondes à 00 h 12.

ces trois appels provenant de la ligne 077/88.55.16 soit du téléphone portable (réseau GSMNATEL) de Joël EGGER.

Il a pu être déterminé que dans la même période, ce téléphone portable a été utilisé pour effectuer des appels vers deux autres stations téléphoniques auxquelles se trouvaient raccordés des dispositifs incendiaires similaires :

- à AUBIGNAN (Vaucluse), dans la propriété du Clos de la Renaissance, (0033.90.62.65.44) à 00 h 17 d'une durée de 60 secondes,

- à TERRITET, dans l'appartement de la Résidence Arc-en-Ciel appartenant nominativement à Françoise BELANGER-REBMANN, résidence de la famille DI MAMBRO (021.963.03.37) à 00 h 19 d'une durée de 11 secondes,

ces deux dispositifs n'ayant pas complètement fonctionné pour des raisons techniques diverses.

Tous ces appels téléphoniques ont été passés dans la zone du relais NATEL des MARECOTTES desservant la localité de SALVAN.

Il a également été relevé que sur la ligne de raccordement du boîtier SERVOCOM installé à CHEIRY, un appel d'une durée 6'34" avait été passé le 4 octobre 1994 à 23 heures 26 se terminant dix minutes avant l'appel déclenchant le premier dispositif de mise à feu. Cet appel provenait de la station téléphonique fixe (026/61.13.06) du chalet occupé par Luc JOURET à SALVAN. L'existence de cet

appel établit la présence peu temps avant le déclenchement de l'incendie à la ferme de CHEIRY d'une personne non identifiée qui a procédé au raccordement téléphonique du boîtier SERVOCOM immédiatement après avoir reçu cette communication.

Dans le même intervalle de dix minutes avant l'appel déclenchant le premier dispositif de mise à feu, une brève communication, de 39" a eu lieu entre le terminal NATEL de Joël EGGER localisé à SALVAN et celui de Françoise BELANGER REBMANN (077/24.47.92), dont l'utilisateur était Jo DI MAMBRO, ainsi qu'ont permis de l'établir les auditions successives de Patrick VUARNET par les enquêteurs helvétiques.

Durant le même créneau horaire, le NATEL de Joël EGGER a été utilisé à plusieurs reposes pour l'appel des stations d'Albert GIACOBINO et de Fabienne NOIRJEAN à CHEIRY.

Il n'est pas exclu que la personne qui se trouvait à CHEIRY dans les minutes précédant le déclenchement de l'incendie soit au nombre des personnes décédées à SALVAN, une distance de l'ordre de 118 km séparant ces deux localités avec un trajet en grande partie autoroutier, pouvant être effectué en 1 heure 20 environ étant observé que les incendies de SALVAN se sont déclenchés peu avant 3 heures le 5 octobre;

La Police Cantonale de FRIBOURG a incidemment constaté que sur la ligne téléphonique attribuée à Albert GIACOBINO à CHEIRY avait été installé un système d'écoute clandestine et d'enregistrement illicite, système qui aboutissait à un enregistreur à cassettes placée dans la chambre du couple EGGER situé à l'étage supérieur. Des enregistrements des conversations téléphoniques ainsi surprises entre Albert GIACOBINO et Marie-Louise REBAUDO ont été ultérieurement retrouvées, confirmant qu'Albert GIACOBINO, soutenu par sa confidente, avait l'intention de quitter prochainement la ferme de CHEIRY en obtenant restitution de son investissement <lans la F.A.R.C. et démontrant l'animosité qui s'était faite grandissante entre ce couple et Jo DI MAMBRO. qui a enregistré lui-même sur la cassette ses remarques se rapportant aux conversations écoutées.

L'exploitation des relevés de communications du téléphone mobile personnel de Joël EGGER et du téléphone mobile au nom de Daniel JATON (n°077/24.26.22), dont l'utilisation habituelle par Luc JOUKET est établie par rapprochement avec les témoignages de Monia EL FITOURI, de Christiane BONET, de Christian LE GALL et de Jean-Pierre LARDANCHET, rapprochés de la cartographie des relais GSM NATEL a permis de déterminer qu'ils se trouvaient l'un et l'autre dans le secteur de CHEIRY, le lundi 3 octobre 1994 vers 5 heures. Luc JOURET a quitté CHEIRY le même jour peu avant 6 heures et Joël EGGER à une heure indéterminée pour se trouver à SALVAN à 21 heures.

Le 3 octobre, au matin, la plupart des victimes pouvaient déjà se trouver à CHEIRY sur convocation ou pour y avoir été conduites.

o Robert FALARDEAU et Leopoido CABRERA-GIL sont arrivés en Suisse respectivement par vols de Montréal à Zurich et de Ténérife à Genève le 1" octobre à 11 heures et 14 heures 15.

A leur arrivée, ils ont logé à l'Hôtel Bonnivard à MONTREUX où leur séjour avait été réservé et payé par Jo DI MAMBRO. Ds avaient l'un et l'autre réservé leurs places dans des vols de retour pour le lendemain. Le 1" octobre vers 14

heures (heure de Montréal), Robert FALARDEAU a téléphoné à son épouse pour l'informer qu'il devait différer son retour au jour suivant.

o Le 2 octobre, à 10 heures, Albert GIACOBINO est venu chercher Marie-Louise REBAUDO à son domicile à VANDOEUVRES pour la conduire à CHEIRY. Celle-ci a informé ses voisins de son absence prévue jusqu'au soir. Or, le même jour entre 17 et 18 heures, un voisin de la ferme de " La Rochette " a constaté que tous les volets étaient clos et qu'aucun véhicule ne se trouvait à proximité.

Il est dans ces conditions possible et non exclu par les données médico-légales qu'Albert GIACOBINO et Marie-Louise REBAUDO aient été assassinés au cours de la journée du 2 octobre, étant observé que suivant la localisation des téléphones mobiles qu'ils utilisaient respectivement, Luc JOURET se trouvait à CHEIRY au cours de la matinée du 2 octobre et en est reparti vers 12 heures 50 pour se rendre à SALVAN alors que Joël EGGER s'y trouvait encore à 17 heures 29.

o Le 2 octobre, en fin d'après-midi, Daniel JATON est venu chercher son épouse Madeleine à leur domicile à LA CRODC-DE-ROZON, résidence partagée avec Christiane BONET et Christiane HEROLD, puis dans la nuit du 2 au 3 octobre, leurs enfants, Armelle et Lionel, qui avaient auparavant soupe avec celles-ci.

o Le 3 octobre, vers 9 heures 30, le buraliste postal de CHEIRY a croisé, descendant rapidement de la ferme de " La Rochette " une voiture de location rouge avec plaques VD, avec à son bord plusieurs occupants d'allure jeune. Il ne voit personne à la ferme.

Le signalement de ce véhicule a été rapproché d'une voiture de location FORD Fiesta rouge VD 2596/V, prise en location au nom d'Odile HUGUENIN-DANCET à l'agence AELLEN de MONTREUX le 23 septembre 1994 et dont le loyer a été payé dans la matinée du 5 octobre par Patrick VUARNET avec des fonds remis à cet effet par Jo DI MAMBRO.

o Environ, une heure plus tard, le 3 octobre, à 10 heures 40, un véhicule VW Polo GE 322 025 appartenant à Fabienne PAULUS-KOYMANS, décédée à CHEIRY, a été impliqué dans un accident de la circulation à PUIDOUX (Canton de Vaud), sur le trajet entre CHEIRY et SALVAN. Ce véhicule est entré en collision frontale avec un camion et, sous l'effet du choc, a été projeté contre un véhicule VW Golf qui le suivait. La conductrice du véhicule VW Polo, blessée à la tête, a été aussitôt prise en charge par deux femmes, qui se trouvaient à bord du véhicule VW Golf et qui ont indiqué vouloir la conduire à l'hôpital.

Des tâches de sang sur un coussin dans le véhicule VW Polo ont permis d'identifier sa conductrice, comme étant Josiane KESSELER, dont le cadavre a été retrouvé dans les décombres de SALVAN (§8.4.2 du rapport de synthèse de la Police Cantonale de FRIBOURG).

Des tâches du sang de Josiane KESSELER ont été également retrouvés sur un coussin dans un véhicule VW Golf GE 21 870 appartenant à Nicole KOYMANS, décédée à CHEIRY. véhicule retrouvé à SALVAN, accidenté à l'avant (§2-3-6 et 2.13 du rapport de synthèse HELIOS), qui était selon toute vraisemblance le véhicule impliqué dans le second choc et dans lequel la blessée a été transportée.

Ces éléments tendent à établir que plusieurs personnes, dans trois véhicules dont deux ultérieurement retrouvés à SALVAN, ont quitté la ferme de " La Pochette " au cours de la matinée du 3 octobre 1994, à une heure où selon l'approximation du moment de leurs décès par les médecins-légistes, la plupart des victimes n'avaient pas encore trouvé la mort tout en pouvant déjà être sous l'effet des substances somnifères.

Ils peuvent encore être mis en relation avec un document manuscrit de Dominique BELLATON retrouvé à SALVAN dans le chalet n°l intitulé "ceux qui restent - ceux qui reviennent rédigé comme suit (avec adjonction entre parenthèses des patronymes susceptibles de correspondre aux prénoms mentionnés) :

"Ceux qui reviennent : Martin, Cécile (GERMAIN), Jacques, Annie (LEVY), Odile (DANCET), Jos (Jocelyne DI MAMBRO), Domi (Dominique BELLATON), Luc (JOURET), Joël (EGGER) "

"Ceux qui restent : Annie EGGER, Josiane (KESSELER), Fabienne (NOIRJEAN)., Maryse (SEVERINO), Jo (DIMEMBRO)+ 2 enfanïs(Emmanuelle DI MAMBRO et Aude SEVERINO, Lyne (Line LHEUREWQ+ sa fille (Vanina BOD-LHEUREUX)",

document qui peut s'interpréter en ce sens que "ceux qui restent" devaient rester à SALVAN pendant que "ceux qui reviennent", parmi lesquels se trouvent trois personnes qui ont eu probablement un rôle personnel et direct dans les crimes commis à CHEIRY à savoir Martin GERMAIN (installateur possible du système de mise à feu), Luc JOURET (pour la préparation et le dosage des somnifères) et Joël EGGER (utilisateur de l'arme et exécuteur) devaient aller à CHEIRY puis revenir à SALVAN, à l'instar d'autres personnes qui ont pu avoir davantage le rôle de rassurer ou de convaincre, tels que Jocelyne DI MAMBRO et Dominique BELLATON ou encore assumer un rôle d'organisation et d'intendance tels qu'Odile DANCET, et qui ont pu quitter la ferme avant que le massacre ne commence.

Il est à noter que suivant les localisations d'utilisation de leurs téléphones mobiles respectifs, Luc JOURET est parti de la ferme de " La Rochette " le 3 octobre au matin, vers 5 heures 50 tandis Joël EGGER a pu la quitter plus tard en fin de journée, son téléphone mobile n'ayant pas été utilisé dans le secteur de SALVAN ou ailleurs avant 21 heures.

Environ 3 heures après l'annonce de l'incendie de la ferme de "La Rochette" à CHEIRY, l'incendie de l'un des trois chalets de SALVAN, loué à Maryse SEVERINO (chalet n°3), a été signalé par un témoin le 5 octobre 1994 à 2 heures 58. A leur arrivée sur les lieux, les services de secours ont constaté l'incendie des deux autres chalets appartenant respectivement, pour le premier (chalet n°l), à Fabienne PAULUS-KOYMANS et aux époux DI MAMBRO, qui y avaient établi leur résidence et pour le second (chalet n°2), à Camille PILET, où résidaient Luc JOURET et Dominique BELLATON.

Les premières investigations opérées à l'intérieur des trois chalets ont mis en évidence l'installation de dispositifs incendiaires, commandés par une unité centrale temporisée par minuterie que les investigations ultérieures ont pu situer au niveau de la mezzanine du chalet n°2 occupé par Luc JOURET, où son corps à d'ailleurs été retrouvé.

Dans les chalets n°l et 1, ont été découverts les cadavres de vingt-cinq personnes, vingt-et-un adultes et quatre enfants ou adolescents, localisés sur différents niveaux des bâtiments, plus ou moins altérés par l'intensité des incendies et dont certains étaient encore vêtus de capes de couleurs différentes.

Les corps ont graduellement pu être identifiés avec certitude, comme étant ceux de :

1- Odile DANCET épouse HUGUENIN née le 25 septembre 1946 à CLUSES (74), ressortissante française domiciliée au chalet 'TLes Roches de Cristal" à LES GRANGES S/ SALVAN

2" Caroline BERENGER née le 8 avril 1990 à MEYRIN (Suisse), fille de Guy BERENGER décédé la veille à CHEIRY, ressortissante helvétique domiciliée à LA CROIX DE ROZON (Suisse)

3- Madeleine DE BROT épouse BERENGER, mère de la précédente et épouse de Guy BERENGER décédé à CHEIRY, née le 16 avril 1956 à GENEVE, ressortissante helvétique domiciliée à LA CROIX DE ROZON (Suisse)

4- Martin GERMAIN né le 29aout 1940 à PORTNEUF (QUEBEC), ressortissant canadien domicilié à QUEBEC (Canada)

5- Cécile RAYMOND épouse GERMAIN, épouse du précédent, née le 15 octobre 1941 à MONT LAURIER (QUEBEC), ressortissante canadienne domiciliée à QUEBEC (Canada)

6- Annie BRUNELLE épouse EGGER, fille de Pauline LEMONDE et épouse de Joël EGGER, née le 29 août 1964 à MONTREAL (CANADA), ressortissante canadienne domiciliée à la ferme de "La Pochette" à CHEIRY

7- Joël EGGER, époux de la précédente et fils de Bernadette BISE, né le 30 novembre 1959 à FRIBOURG (SUISSE), ressortissant suisse domicilié à la ferme de "La Pochette" à CHEIRY

8- Annie BORLET épouse LEVY née le 04 novembre 1952 à CHAMBERY (73) ressortissante française domiciliée à LA CROIX DE ROZON (Suisse)

9- Jacques LEVY , époux de la précédente, né le 9 novembre 1957 à PARIS, ressortissant français domicilié à LA CROIX DE ROZON (Suisse)

10- Fabienne RENAUD-NOIRJEAN née le 10 décembre 1959 à FRJBOURG (Suisse), ressortissante suisse domiciliée à la ferme de "La Rochette" à CHEIRY

11- Jocelyne DUPLESSY, épouse légitime de Jo DI MAMBRO, née le 25 juin 1949 à LYON, ressortissante française domiciliée au chalet 'Ï.es Roches de Cristal" à SALVAN.

12- Joseph DI MAMBRO né le 19 août 1924 à PONT ST ESPRIT, ressortissant français domicilié au chalet "Les Roches de Cristal" à SALVAN.

13- Maryse SEVERINO-RENACLT née le 4 janvier 1950 à TINCHEBRAY (FRANCE), ressortissante française domiciliée à SALVAN

14- Emmanuelle DI MAMBRO, fille de Jo DI MAMBRO et de Dominique BELLATON, née le 22 mars 1982 à HOPSTETTEN (canton de Soleure en Suisse), domiciliée avec ses parents au chalet "Les Roches de Cristal" à SALVAN

15- Aude SEVERINO née le 2 mai 1979 à AMBILLY (74), fille de Maryse SEVERINO, ressortissante française domiciliée avec sa mère à SALVAN

16- Josiane PAULÙS née KESSLER, épouse divorcée de Jean-Léon PAULÙS décédé à CHEIRY. née le 15 juin 1951 à ATHUS (BELGIQUE), ressortissante belge domiciliée à SALVAN

17- Dominique BELLATON épouse GIGHERE, née le 17 février 1958 à STE COLOMBE LES VIENNE (FRANCE), ressortissante franco-canadienne, mère d'Emmanuelle DI MAMBRO, domiciliée à CHARLES BOURG (CANADA)

18- Elie DI MAMBRO, fils de Joseph DI MAMBRO, né le 18 novembre 1969 à TEL-AVIV (ISRAËL) ressortissant français domicilié à COUVET (Suisse)

19- Carole CADORETTE née le 23 juillet 1955 à MONTREAL (Canada), ressortissante canadienne domiciliée à MONTREAL (Canada)

20- Pauline LEMONDE, mère de Annie EGGER, née le 15 septembre 1938 à ST HYACINTHE (CANADA) ressortissante canadienne domiciliée à BELLEFEUILLE (CANADA)

21- Jean-Pierre VINET né le 14 avril 1939 à MONTREAL (Canada). ressortissant canadien domicilié à BELLEFEUILLE (CANADA)

22- Vanina BOD-LHEUREUX née le 9 octobre 1983 à FORT DE FRANCE, ressortissante française domiciliée à AUBIGNAN (84)

3- Line Louise LHEUREUX, mère de la précédente, née le 11 septembre 1938 à MOME-ROUGE (MARTINIQUE), ressortissante française domiciliée à AUBIGNAN (84)

24- Luc JOURET né le 18 octobre 1947 à KIKWIT (CONGO BELGE) ressortissant belge officiellement domicilié à BRUXELLES (Belgique)

25- Bernadette BISE , mère de Joël EGGER, née le 10 février 1936 à MURIST (Suisse), ressortissante suisse domiciliée à la ferme de "La Rochette" à CHEIRY

Les corps ne présentaient aucun impact de tir ni d'autres traces de violences et à la seule exception de Luc JOURET et de Bernadette BISE, dont les corps ont été découverts en équilibre sur une poutre située entre le premier et le deuxième niveau du chalet, emplacement d'une mezzanine presque totalement détruite par l'incendie, les personnes décédées à SALVAN ont été retrouvées dans la position où elles ont du trouver la mort.

Les enquêteurs ont saisi sur les lieux du matériel médical, notamment de nombreux médicaments (poudres, solutions) et du matériel d'injection et de perfusion ainsi que plusieurs documents manuscrits décrivant des protocoles d'administration de médicaments, somnifères, opioides et myolaxants-curarisants susceptibles d'entraîner la mort, l'un sur feuilles volantes intitulé " mode d'emploi " dont l'écriture à été attribuée à Luc JOURET, le second sur l'agenda personnel de Maryse SEVERINO.

Or, les expertises toxico logiques ont révélé la présence dans l'organisme des vingt-cinq personnes décédées à SALVAN de benzodiazépines (nordazépam, flunitrazépam et midazolam), des opioïdes (fentanyï ou dextromoramide) et des relaxants musculaires curarisants (de type VECURONIUM) dont la prise entraîne, sans assistance respiratoire, un décès rapide.

Selon les conclusions des médecins-légistes, les personnes décédées à SALVAN ont succombé à une intoxication médicamenteuse par des injections intraveineuses, des points d'injection ayant été mis en évidence sur plusieurs corps, étant observé que parmi ces personnes figuraient deux infirmières de profession (Cécile GERMAIN et Fabienne NOIRJEAN) et deux médecins (Luc JOURET et Line LHEUREUX, celle-ci avec la spécialité d'anesthésiste) et qu'elle déjà mortes où agonisantes lorsque les incendies se sont développés

II est à noter qu'un dosage de l'alcool sur les tissus musculaires du corps de la jeune Emmanuelle DI MAMBRO-BELLATON a mis en évidence un taux d'alcool éthylique de 1,7 g/kg pouvant correspondre selon l'avis des experts à une intoxication alcoolique sévère susceptible menacer à elle seule la vie d'un enfant de douze ans.

L'enquête a permis de déterminer que dans chacun des trois chalets, trois dispositifs de mise à feu avaient été installés, reliés à une commande centrale placée probablement dans la mezzanine du chalet n°2 où il a été constaté qu'une ligne de raccordement aboutissait.

Des réserves de carburant avaient été disposées à l'intérieur des pièces (essence contenue dans des récipients en matière plastique ou conditionnée dans des sacs poubelles et petites bouteilles de gaz butane genre "camping gaz") dans le but évident de favoriser la propagation de l'incendie et donc la destruction complète des corps.

L'expertise judiciaire a pu mettre en évidence de fait que les mises à feu des chalets avaient été programmées manuellement à l'aide d'une horloge électrique déclenchée le 5 octobre 1994 à 3 h 00.

Les dispositifs mis en oeuvre étaient destinés à créer une atmosphère explosible dont les effets destructeurs devaient être beaucoup plus importants que ceux qui sont engendrés par un incendie. Comme à CHEIRY, l'effet destructeur escompté n'a pas été obtenu et ce, en raison d'un déclenchement trop rapide de la mise à feu qui s'est produite avant que se soit formée une atmosphère explosible homogène autour du point d'allumage.

Outre la recette de cocktail médicamenteux rédigée, selon son ex-épouse Françoise COMEAU-LOMBARD, par le Docteur Luc JOURET, et le document intitulé " Ceux qui restent, ceux qui reviennent ", les autorités suisses ont saisi à SALVAN plusieurs documents épargnés par les incendies :

un document manuscrit daté du 7 septembre 1994 commençant pas les mots "Joël : blindez-vous. Revêtez votre armure"

o un document manuscrit, partiellement consumé, découvert dans les effets de Jo DI MAMBRO.

o des enregistrements vidéo,

une cassette audio "Passage ou transit",

un document manuscrit critiquant violemment l'attitude qui aurait été celle de Luc JOURET à CHEIRY,

des documents enregistrés sur le disque interne d'un ordinateur se trouvant dans l'appartement du couple DI MAMBRO.

Le texte du 7 septembre 1994 "Joël : Blindez-vous. Revêtez votre armure..." (D6-8/16 page 40)

Ce document de quatre pages daté du 7 septembre 1994, dont l'écriture a été attribuée à Maryse SEVERINO ne figure pas au dossier dans sa version complète ainsi que l'établit l'analyse qui en a été demandé à Marianne STAMPFLI, dans sa longue audition du 7 décembre 1994 (D6-8/93 p. 87) par les enquêteurs de la police cantonale de FRGBOURG

Ce document, dans sa version disponible, se présente comme une séquence de deux messages avec des indications scénographiques (la mention " long flash " est répétée à deux reprise dans le document), correspondant soit à une séquence de messages scénarisés en vue de la tenue d'une réunion en sanctuaire, soit, comme analysé par Marianne STAMPFLI au compte-rendu d'une telle réunion au cours de laquelle plusieurs participants ont lu des messages, ponctués de flashs lumineux censés correspondre aux manifestations des maîtres participant à Fégrégore, définie en ésotérisme comme étant F esprit collectif d'une assemblée éveillé par un rituel.

Le premier message dit par Joël (EGOER) commence par les phrases :

" Blindez-vous - Revêtez votre armure ~ Le combat est engagé - Vous êtes mandatés par les hiérarchies supérieures pour accomplir ce qui doit être de toute éternité... "

Ce message indique ensuite que "les puissances de la forge sont déchaînées" et promet malheur à tous ceux qui "ne tiennent pas leur engagement". Il se termine par une évocation insistante du feu purificateur en relation avec des signes du zodiaque.

Le second message du document dit par Jo (DI MAMBRO), commence par ces phrases : "L'heure est plus grave que vous avez l'air de vous en douter. Du fond des temps je suis celui que vous savez et je vous clame que le temps s'achève - que ce qui a été dit ainsi les engagements pris doivent s'accomplir - L'heure est venue où vous devez être nommés en toute liberté, en toute responsabilité" Certains d'entre vous doivent se rendre dans les plus brefs délais à P.III - L'heure est grave et le dépôt doit être retiré. Mais avant il faut par le rite que vous savez fermer les plans.... en dernière heure des instructions vous seront données .... le Jour et l'heure sont proches et vous seront donnés par droit divin et non par privilège. Le capital doit être sauvé par les porteur s engagés".

Plus loin, figure une phrase énigmatique où le verbe est occulté "Je vous .... Je vous.... Je vous .... la seconde mort".

Le message de Jo DI MAMBRO se termine par la phrase suivante " Vous allez découvrir très vite un monde où le mot merveilleux n 'a plus de sens car il est indescriptible, mais à quel prix vous le découvrirez ! "

Dans la version complète du document soumise à Marianne STAMPFLI, ces deux messages étaient suivis d'un troisième dit par Maryse SEVERINO puis Joël EGGER reprenait la parole " Une haute protection vous sera donnée... II faut suivre les instructions, ne pas décider du jour " relayé par son épouse Annie, porte-parole des " maîtres " en cette occasion, pour arEirmer : " Nous sommes prêts à vous accueillir ".

Selon Marianne STAMPFLI, " P ffl ", autrement dénommé " Phoenix DI " correspondait à l'Ermitage à SARRIANS (Vaucluse), l'une des maisons dite " de survie " acquises par des membres de la secte, où des dépôts spirituels recueillis au cours de voyages initiatiques en Egypte ou en d'autre lieux avaient été transportés à la suite de la vente du reliquat de la propriété de MONTFAJLCON à PLAN-LES OUATES et de l'éclatement de la communauté qui y résidait.

Selon Christian LE GALL, associé médical de Luc JOURET et membre du Cercle Doré, résidant à l'Ermitage à SARRIANS, le "dépôt" constituait symboliquement "la charge spirituelle " de l'Ordre qui avait été déposée à l'Ermitage et qui avait pu être retiré à l'occasion du rituel tenu en ce lieu après la réunion ou convent d'AVIGNON du 24 septembre 1994

Claude LE DOTH, responsable d'O.T.S. France, a confirmé ces témoignages en expliquant que Jo DI MAMBRO et Luc JOURET avaient transféré à SARRIANS ce "dépôt subtil" en avril ou en mai 1991.

Le papier calciné découvert dans les vêtements de Jo DI MAMBRO (D6-8/17 p. 97)

Lors de l'autopsie médico-légale des restes de Jo DI MAMBRO il a été découvert dans ses vêtements, une feuille largement calcinée rédigée de la façon suivante :

Le recto de la feuille :

"l/ s'assurer......

11 vous libérer de tous .... de tous les oisifs qui .... embarrasser vos plans dangereusement

31 rendre opératif dans les plus brefs délais les deux chalets, les quitter pour détoumer attention garder la crypte aux... par sécurité

4/ étudier et préparer scrupuleusement dans les meilleures conditions et sans prendre le moindre risque d'erreur le départ des 2 ... la mission d'Annie est de se consacrer aux enfants pour vous permettre d'agir librement

5/ assurez-vous que tout est prêt pour vous dans le moindre détail (ne faire confiance ni compter sur le Dr) vous serez déçu et vous prendrez des risques

II a plus besoin de vous que vous n'avez besoin de lui. 6/justice et sentence ..... rendre par n'importe quel moyen

11 votre propre transit doit être assuré d'une réussite totale mais cela dépend de vous... conscient que les deux couples ne font pas 4 mais 1 + 1 en mettant en commun leur savoir et leur action, à méditer les détails (lettres-shattered)

8/ contemplation a sire (suivi du pentagrammé) d'en haut avec satisfaction de l'œuvre accomplie pour un cycle nouveau

Le verso de la feuille ;

l/ illisible 11 illisible 3/voirsi....laRC....

4/ notre transit doit.... et celui du Dr est sous notre entière responsabilité hors tous conseils de sa part

5/ est-ce l'un de nous quatre ou les 4 ensembles ont commis ou fait une fausse manoeuvre durant ces derniers jours et surtout les dernières 48 H

6/ devons nous revoir avec Line la préparation du package

7/ en cas de manque pouvons nous remplacer un produit par un autre pas sans conseil

8/Domi

9/Luc

Heure de mise en route avant levé du soleil

Pour Paco"

Ce document manuscrit, largement incompréhensible du fait de sa carbonisation partielle, rédigé au recto et au verso d'une même feuille, est de la main de Jo DI MAMBRO, l'expertise graphologique effectuée en SUISSE ayant conclu que l'intéressé en était vraisemblablement le scripteur, ce qu'a confirmé son exépouse Hélène GHERSI.

Il semble contenir des instructions consignées sous forme d'aide-mémoire puisque rédigé sous la forme de 17 mots ou phrases numérotés, certaines annotées par oui ou par non en marge, et établit que Jo DI MAMBRO est l'instigateur du "transit" et que quatre personnes, (.-"les deux couples"... "l'un de nous quatre "...) et " le Dr " (Luc JOURET), avaient la charge de son exécution.

Le texte met également en évidence que Jo DI MAMBRO devait se méfier de Luc JOURET (... "ne pas faire confiance ni compter sur le Dr...") et que son projet était également de châtier les traîtres de l'ordre (... "justice et sentence ... rendre par n'importe quel moyen-").

Est confirmée également l'utilisation de substances médicamenteuses avec le concours probable de Line LHEUREUX, médecin anesthésiste en situation de fournir et d'employer des produits exclusivement utilisés en milieu hospitalier, tels que les opioides ou les curarisants, et enfin évoque le rôle d'Annie (Annie EGGER ou Annie LEVY), chargée de garder les enfants pour permettre aux exécuteurs "d'agir librement".

La mention finale " pour Paco ", surnom de Léopoido GIL-CABRERA, paraissant surajoutée, peut être mise en relation avec le fait que le meurtre de celui-ci à CHEIRY, survenu selon l'avis des médecins-légistes après celui des autres victimes à l'exception de René PFAEHLER, a pu donner lieu à des discussions de dernière minute entre Jo DI MAMBRO et Luc JOURET ou encore avec la ou les personnes qui semblent être demeurées sur place jusqu'au branchement du dispositif de commande des mises à feu.

Les enregistrements vidéo

Une cassette vidéo a été saisie dans les décombres de SALVAN. Dans une première partie on y voit Elle DI MAMBRO (décédé à SALVAN) et Camille PILET (décédé à CHEIRY), paraissant se trouver dans un état second.

La deuxième partie de l'enregistrement vidéo montre les corps inanimés d'Emmanuelle DI MAMBRO, Aude SEVERINO et Jocelyne DI MAMBRO toutes trois allongées dans la mezzanine du chalet n°l, à l'emplacement même où leurs cadavres ont été retrouvés.

La cassette audio "Passage ou Transit"' (D6-13/11)

Une cassette audio découverte à SALVAN est l'enregistrement d'une réunion où douze personnes s'expriment, trois décédées à CHEIRY et neuf décédées de SALVAN (Jo DI MAMBRO. Luc JOURET, Dominique BELLATON, Nicole KOYMANS, Joël EGOER, Annie EGGER, Françoise BELANGER-REBMANN, Jacques LEVY, Annie LEVY, Séverine VULLIEN, Fabienne NOIRJEAN, Odile DANCET) sur le thème du "Transit".

Par le contexte des indications qui y sont contenues, cette réunion semble avoir eu lieu au printemps 1994, après le retour d'Australie de plusieurs participants qui a eu lieu les 17 et 19 avril 1994 et alors que Dominique BELLATON avait été chargée d'un cycle de conférences dont elle n'a tenu que la première en mars 1994.

La transcription de cet enregistrement révèle qu'à cette époque, la résolution avait été prise par un groupe d'adeptes guidés en ce sens par Jo DI MAMBRO et Luc JOURET de réaliser leur transit ou passage pour accéder à un mythique " S61"6 règne ", ère de l'accomplissement spirituel d'une élite humaine succédant après l'Apocalypse, au 4ème règne de l'homme terrestre voué à la destruction.

La forme que devait prendre ce passage est clairement dévoilée par la référence directe faite par ces deux personnes aux événements de survenus à WACO (Texas), le 19 avril 1993 (massacre collectif des membres de la secte des Davidiens orchestré par leur. guide spirituel David KORESH suivi de l'incendie du bâtiment abritant la communauté qui se trouvait alors investi par des forces de l'ordre). Son caractère prochain est évoqué. La littérature décrivant des expériences de mort imminente est amplement exploitée.

Il est rappelé les engagements pris à cet effet par les participants et il leur est demandé de confirmer ces engagements.

Dominique BELLATON y évoque les conditions qui restent à remplir : que justice et sentence soient rendues, un rituel et un rassemblement à faire et affirme que partir ne lui sera pas difficile, sentiment également exprimé par d'autres intervenants, tels qu'Odile DANCET, Jacques LEVY, Annie EGÇER et Françoise BELANGER.

Ce document révèle également le formidable ascendant psychologique exercé par Jo DI MAMBRO sur les membres de l'assistance, passant par l'emploi de techniques éprouvées de manipulation mentale, pour les enfermer dans la logique totalitaire qui était alors la sienne et les tentatives désespérément répétées de Luc JOURET "Moi, je... " pour affirmer sa propre autorité et revendiquer une parité de décision, qui ne se résolvent en fait que par l'expression d'une surenchère.

Le document accusant Luc JOURET

Dans la chambre de Jo DI MAMBRO, a été retrouvé un document écrit par Jocelyne DI MAMBRO et corrigé par son mari, rédigé de la manière suivante :

"suite au tragique transit de CHEIRY, nous tenons à préciser, au nom de la R - C, que nous nous désolidarisons totalement du comportement barbare, incompétent et aberrant du Dr L.J. Prenant la décision d'agir de sa propre autorité, à l'encontre de toutes nos règles, il a transgressé notre code d'honneur et provoqué un véritable carnage de ce qui aurait du être un transit effectué dans la paix, l'honneur et la lumière. Ce départ ne correspond pas à l'éthique que nous représentons et défendons face à la postérité1'1 -

Ce document en forme de brouillon a été ensuite été édité à l'aide de l'ordinateur découvert dans l'appartement de Jo DI MAMBRO puis ajouté à certains des 300 plis contenant les manifestes posthumes qui seront remis le 4 octobre 1994 à 7 heures par Jo DI MAMBRO et Jacques LEVY à Patrick VUARNET, dont ceux destinés à des organes de presse.

L'identité et la qualité des destinataires permet de privilégier l'explication suivant laquelle Jo DI MAMBRO, soucieux dans sa démarche délirante de l'image qu'il allait laisser, aurait voulu transférer sur Luc JOURET la responsabilité des conditions dans lesquelles la mort a été donnée à CHEIRY, alors qu'il est douteux que les détails de l'organisation de ce massacre longuement médité et préparé aient pu lui échapper, le seul point sur lequel une prise d'initiative par Luc JOURET puisse être envisagée étant 'l'assassinat de Leopoido CABRERA-GIL et éventuellement, celui de Robert FALARDEAU.

La présence de ceux-ci en Suisse ne lui était cependant pas méconnue dans la mesure où il leur a lui-même réservé des chambres à l'Hôtel BONNIVARD de MONTREUX et il ne peut être expliqué qu'il ait demandé à son émissaire, Patrick VUARNET, d'obtenir les coordonnées téléphoniques de ces deux victimes et de les appeler, alors qu'il savait pertinemment qu'ils ne pouvaient être chez eux, si ce n'est pour se disculper de leur disparition. Au demeurant le contenu du message qui devait être délivré à " Paco " a été laissé sous silence par Patrick VUARNET au fil de ses auditions successives à moins qu'il n'y ait pas eu de message, l'intéressé indiquant dans l'une d'elles qu'il n'avait pas compris pourquoi il lui avait été demandé d'appeler cette personne.

Trois témoins ont été entendu par les enquêteurs valaisans :

L'intervention de Christophe ANDREY, serrurier, a été demandée le mardi 4 octobre 1994 vers 16 heures 00 par Luc JOURET pour l'ouverture de la porte de son chalet, dont il indiquait avoir perdu les clefs.

Arrivé sur place, ce témoin a constaté qu'un grand nombre de véhicules se trouvaient aux alentours du chalet. Pendant la durée de son intervention, il a rencontre plusieurs personnes qu'il n'a pu identifier, à l'exception de Jo DI MAMBRO qui avait surveillé constamment ses faits et gestes.

Son travail a consisté à forcer la serrure d'une porte fenêtre du chalet n°2 et à placer à la demande de Jo DI MAMBRO un cylindre provisoire.

Aussitôt la porte ouverte, il a senti une forte odeur de gaz dans le chalet. Seul Jo DI MAMBRO est entré puis en ressortant lui a demandé de refermer la porte en plaçant un cylindre provisoire.

Thierry HUGUENIN, précédemment considéré comme l'un des dauphins potentiels de Jo DI MAMBRO mais qui s'était éloigné des activités de la secte en début d'année 1993 non sans tenter l'obtenir le dédommagement des travaux qu'il avait accomplis dans les propriétés immobilières d'AUBIGNAN, notamment, avait reçu le 4 octobre 1994 à 11 heures 26 une communication de Maryse SEVERINO, utilisant le téléphone mobile au nom de Jacques LEVY, lui demandant de se rendre à SALVAN où un paiement lui serait remis-

Arrivé sur place le 4 octobre 1994 vers 15 heures 15, il en est reparti vers 17 heures après avoir rencontré sur place Maryse SEVERINO, Jo DI MAMBRO, Annie EGGER et Luc JOURET ainsi que le serrurier Christophe ANDREY.

Confronté aux incohérences des propos de DI MAMBRO il aurait vaguement pressenti un danger et profité de la présence du serrurier pour quitter les lieux.

Il a précisé aux enquêteurs avoir senti une forte odeur d'essence alors qu'il se trouvait dans le chalet et en avoir parlé à Maryse SEVERINO qui lui avait expliqué qu'il s'agissait du plein de la citerne de mazout.

Thierry HUGUENIN a rétrospectivement considéré qu'il avait été attiré à SALVAN sous un faux prétexte avec le projet de l'assassiner en parvenant ainsi au chiffre de 54 morts correspondant au nombre des chevaliers de l'Ordre du Temple exécutés sur le bûcher le 18 mars 1314 sous le règne de Philippe IV le Bel, opinion qu'il a développé dans un livre témoignage intitulé 'le 54èIne ".

Patrick VUARNET, ultérieurement décédé dans le VERCORS dans la nuit du 15 au 16 décembre 1995, s'est rendu à SALVAN à la convocation de Jo DI MAMBRO, qui prétendait devoir quitter l'Europe pour le Canada, une première fois, le 4 octobre 1994 vers 7 heures, où celui-ci, en présence des époux LEVY et d'Odile DANCET, lui a remis une valise contenant du courrier à expédier, une somme de 14 000,00 F à adresser à Virginie DI MAMBRO domiciliée au Canada, lui a fait remettre par Odile DANCET les clés de trois voitures de location à restituer aux agences et lui a remis un écrit récapitulant ces consignes dont celle d'appeler en Espagne un certain Paco, dont les coordonnées pourraient lui être transmises par Robert FALLARDEAU.

Le même jour, à 12 heures 57, Jo DI MAMBRO l'a rappelé en lui demandant de rapporter à SALVAN les clefs de l'une des voitures de location où il avait oublié un téléphone mobile.

Il s'est rendu ainsi une deuxième fois à SALVAN vers 17 heures, accompagné de sa mère et a remarqué la présence de Thierry HUGUENIN, attendant le départ de celui-ci pour se manifester.

Il est resté sur place une vingtaine de minutes, aidant Joël EGOER a débarrasser des objets contenus dans l'un de véhicules de location, précisant qu'il avait été particulièrement frappé par l'état de fatigue extrême de celui-ci et du couple DI MAMBRO - SEVERINO. Jo DI MAMBRO lui avait finalement indiqué qu'il laisserait à sa disposition les clefs du véhicule de location et le téléphone mobile dans une cachette devant les chalets.

Jo DI MAMBRO devait une nouvelle fois le rappeler à 18 heures 58, depuis le téléphone mobile de Joël EGGER pour lui enjoindre d'expédier immédiatement le courrier confié. Jacques LEVY avait ensuite pris la communication pour insister sur l'urgence de cet envoi

Le lendemain, 5 octobre 1994, en dépit de l'annonce portée à sa connaissance des incendies de CHEIRY et de SALVAN, il a exécuté fidèlement les consignes qui lui avaient été donnée, notamment en se rendant vers 11 heures, au Bureau de Poste des Eaux-Vives à GENEVE, où il remettait pour expédition, après avoir complété les affranchissements manquants, environ 300 plis adressés aux médias, à des adeptes ou référents et à plusieurs hommes publics de premier plan parmi lesquels Charles PASQUA, Ministre français de l'Intérieur à l'époque des faits et destinataire d'un envoi spécifique.

Sur certaines de ces lettres, était mentionné comme expéditeur : "D.Part, Goldenstrasse ZURICH" ou "Tran-Sit Corp. 9, Heavenstrass ZURICH",

Ces plis contenaient, outre dans certains d'entre eux le document stigmatisant l'attitude de Luc JOURET à CHEIRY, quatre écrits intitulés respectivement :

o "Aux épris de Justice ..."

o 'Transit pour le futur"

o "Ultime message"

o "La Rosé + Croix"

Ces écrits ont été édités et enregistrés dans l'ordinateur retrouvé à SALVAN avec des dates de création échelonnées dans le temps : "Transit pour le futur " et " Ultime message dès 1993, tandis que le document " Aux épris de Justice " semblait dater de juin 1994 et 'l^Rose + Croix" était de création encore plus récente.

A la lettre spécifiquement adressée à M. PASQUA, créée sur l'ordinateur de SALVAN le 30 août 1994, étaient joints les passeports de Jocelyne et Jo DI MAMBRO.

Cette lettre de trois pages accuse son destinataire "d'avoir délibérément voulu détruire l'Ordre" en refusant le renouvellement du passeport de Jocelyne DI MAMBRO et " d'avoir prémédité un assassinat collectif".

Il est significatif de noter que ce document a été créé le jour même de la décision du refus de délivrance d'un nouveau passeport à Jocelyne DI MAMBRO avec prorogation temporaire de la validité de l'ancien pour lui permettre de quitter le Canada

L'enquête et l'information judiciaire ont permis d'établir que les époux DI MAMBRO avaient, en quelques années, multiplié les demandes de passeport auprès de plusieurs consulats à TORONTO, GENEVE, OTTAWA et SYDNEY: cinq passeports pour Joseph DI MAMBRO et trois pour son épouse.

En octobre 1993 les autorités consulaires françaises à SIDNEY avaient signalé à leurs collègues de MONTREAL la situation de Jocelyne DI MAMBRO qui souhaitait rejoindre MONTREAL alors que la date de validité de son passeport était périmée.

Pour lui permettre de rejoindre le CANADA, lieu où officiellement elle résidait, les autorités consulaires françaises à SIDNEY devaient lui délivrer, le 10 février 1994, un passeport avec une durée de validité d'un mois.

Jocelyne DI MAMBRO, après avoir regagné le CANADA a sollicité des autorités consulaires françaises à MONTREAL la prorogation de ce passeport ainsi que celui de son mari. Intrigués par le nombre de passeports obtenus par les époux

DI MAMBRO en divers lieux, les fonctionnaires du Consulat de France à MONTREAL ont effectué des recherches et sollicité les instructions du ministère des Affaires Etrangères à PARIS pensant que les intéressés étaient susceptibles de détenir plusieurs passeports simultanément.

Pendant ces recherches, les services du Consulat de France à SIDNEY ont informé leur homologues à MONTREAL d'une demande d'investigation portant sur des transferts bancaires de compte à compte entre la Suisse et l'Australie en faisant état d'un montant de 93.000.000 AU $.

En fonction des ces éléments, la direction des libertés publiques et des affaires juridiques du Ministère de l'Intérieur a signalé au Ministère des Affaires Etrangères qu'il convenait de surseoir à la demande de locelyne DI MAMBRO et de ne proroger la durée de validité de son passeport que pour trois mois.

S'agissant du transfert des 93 millions de dollars, signalés par le consulat général de France à MONTREAL, l'enquête établissait que le 21 septembre 1993 INTERPOL CANBERRA avait signalé à INTERPOL FRANCE le cas de Jo DI MAMBRO, de Maryse SEVERINO, d'Odile DANCET et de Camille PILET qui avaient effectué des virements internationaux suspects, dans les termes et avec la ponctuation qui suivent :

"Le 25 août 93 DANCET a ouvert un compte... Le 9 SEPT 93,209 000 Dollars Australiens ont été virés...

Le 6 SEPT 93, DI MAMBRO et SEVERINO ont également ouvert des comptes...

Le 8 SEPT 93,100 000 Dollars ont été virés... Les 14 et 15 SEPT il y a eu deux autres versements de 100 000 dollars..."

Une mauvaise lecture de ce message est à l'origine d'une erreur sur les montants portés à la connaissance des agents du Consulat, les chiffres 93 étant ceux de l'année et non les deux premiers du montant des virements mentionnés.

L'information conduite à GENEVE sur le volet financier des activités de la secte a permis en effet d'établir par exploitation de relevés de comptes retrouvés à SALVAN et contrôle sur les comptes ouverts en Suisse par Jo DI MAMBRO que sur le compte ^2021 1002 9934 qu'il avait ouvert le 6 septembre 1993 à la COMMONWEALTH BANK de SIDNEY, trois virements successifs d'un montant unitaire de 100.000 AU $ avaient été crédités au cours du mois de septembre 1993 en provenance de son compte n°D6-567601 à la S.B.S-, agence des Palettes au Gd LANCY:

- le premier par débit le 6 septembre 1993 de la somme de 93.300 Francs suisses (100.000 AU $),

- le second par débit le 7 septembre 1993 de la somme de 94.150 Francs suisses (100.000 AU $),

- le troisième par débit le 13 septembre 1993 de la somme de 91.700 Francs suisses (100.000 AU $),

ce qui vient confirmer l'inanité de l'affirmation, encore soutenue à l'audience de ce tribunal, suivant laquelle une somme de 93.100.000 AU $ aurait été virée en Australie au crédit du compte ouvert par Jo DI MAMBRO -

Au total, le compte ouvert à la COMMONWEALTH BANK a été crédité de la somme de 410.508 AU $. Le 20 avril 1994, Odile DANCET, mandataire sur ce compte, l'a fait débiter de la somme de 50.000 AU $ pour virement sur un compte ouvert par Camille FILET dans le même établissement puis le 6 juin 1994 pour un montant de 200.000 francs suisses venant recréditer le compte S.B.S. n° D6-567601. Il restait au crédit du compte en octobre 1994 une somme de 29.194 AU $.

Le document "Aux épris de Justice"

Ce document de 8 pages constitue une critique véhémente des "responsables de la Justice, de la Police, des mass-médias et des Gouvernement^ qui auraient poussé les responsables de l'Ordre à "quitter prématurément cette terre" et qui se voient accusés d'être responsables d'un assassinat collectif.

Dans ce texte les responsables politiques canadiens, nommés PELCHAT, RYAN et BOURASSA. sont particulièrement visés ainsi que les responsables de la Sûreté du QUEBEC pour avoir monté de toute pièce, et sans la moindre preuve, un scandale qui devait aboutir, le 08 mars 1993, à l'arrestation au QUEBEC de Luc JOURET, de Jean-Pierre VTNET et d'Herman DELORME pour une affaire de détention d'armes qui devait effectivement défrayer la chronique canadienne pendant plusieurs semaines.

Le texte précise également que ce tapage visait essentiellement à désorganiser "les serviteurs de la Rosé-Croix qui avaient eu, au cours du dernier cycle d'éveil du Temple, accès aux Mystères du Graal dans les sanctuaires des dernières Maisons secrètes de la R + C".

Les présentant comme des "porteurs de lumière" , le texte annonçait, que devant l'incapacité et la malhonnêteté des gouvernants, la dilapidation des ressources de la terre et de son biotope, le " refus de l'homme d'accéder à sa Royauté en tant que Couronnement de l'œuvre ", " l'avilissement général de la race humaine " et surtout devant les intimidations policières et de tous ordres dont ils avaient été victime continuellement ils avaient "décidé de (se) retirer de ce monde, en toute lucidité et dans la plénitude de (leur) conscience".

Ce document est essentiellement en relation avec les événements suivants :

le 23 novembre 1992 plusieurs personnalités politiques du QUEBEC, parmi lesquels le ministre Claude RYAN, étaient menacées de mort par un prétendu André MASSE se disant membre d'un groupement intitulé Q 37 qui leur reprochait leur politique jugée par trop favorable aux amérindiens.

Dans le cadre, de cette affaire, qui avait défrayé la chronique outre-atlantique, les enquêteurs de la Sûreté du Québec avaient reçu, le 2 février 1993, des informations selon lesquelles un certain Hermann DELORME était à la recherche d'une arme dotée d'un silencieux pour une organisation paramilitaire.

le 8 mars 1993, une perquisition effectuée au domicile de l'intéressé avait permis la découverte et la saisie de plusieurs armes dont un revolver de calibre 357 Magnum.

Entendu sur les faits Hermann DELORME, qui avait reconnu faire partie d'un groupe jusque là inconnu, l'Ordre du Temple Solaire, devait indiquer avoir acheté cette arme à un fonctionnaire de la Sûreté du QUEBEC et en avoir remis d'autres à Jean-Pierre VENET, membre comme lui de l'Ordre du Temple Solaire.

Hermann DELORME comme Jean-Pierre VINET ont été condamnés pour détention d'armes à 6 mois de prison avec sursis par jugement du 30 juin 1993, l'enquête menée ayant permis d'établir que l'affaire était sans rapport avec les activités du soi-disant groupe Q 37. Cette interpellation avait eu toutefois pour effet de dévoiler l'existence de l'Ordre du Temple Solaire et la responsabilité du docteur Luc JOURET qui avait recommandé à ses amis d'acquérir des armes et de s'entraîner au tir au prétexte d'être prêt à toute éventualité dans l'hypothèse d'un conflit imminent, ce qui devait entraîner sa condamnation à 3 jours de prison avec sursis le 15 juillet 1993.

Le document "Transit pour le futur"

Ce texte de six pages proclame en liminaire que l'évolution humaine ne doit rien au hasard puisqu'elle est régie par les 33 Frères Aînés de la Rosé + Croix ainsi que par quelques adeptes regroupés en petites fraternités discrètes.

Le texte se poursuit en expliquant que ces "Frères Aines" se sont retirés de ce monde "refusant de participer à l'assassinat de notre porteur la Terre" . Il est ensuite affirmé " notre Transition Consciente et volontaire entraîne avec elle, tous ceux qui partagent, consciemment ou non, ce noble héritage et acceptent en eux le Feu Christique d'une façon vivante. Parce que nous savons qui nous sommes, d'où nous venons, où nous allons, conscients de notre futur, nous concrétisons aujourd'hui les conditions d'un Plan préétabli en d'autres temps " puis " appartenant depuis toujours au Règne de l'Esprit, nous incarnant sans rompre le lien subtil qui unit la Créature au Créateur, nous rejoignons notre Demeure " et se termine comme suit :

"La race va irréversiblement vers son autodestruction. La Nature entière se retourne déjà contre ceux qui ont abusé d'elle, l'ont corrompue et profanée à tous les niveaux. L'homme en payera le lourd tribut car il n'en demeure pas moins le seul responsable. Attendant les conditions favorables d'un Retour possible, nous ne participerons pas à l'anéantissement du règne humain, pas plus que nous ne laisserons nos corps être dissous par la lenteur alchimique de la Nature, car nous ne voulons pas courir le risque qu'ils soient souillés par des fous et des forcenés. Souvenez-vous de Sodome et Gomorrhe ./... // en sera bientôt de même !... "

Le document "A tous ceux qui peuvent encore entendre la voix de la sagesse... nous adressons cet ultime message"

Ce document apparaît comme une synthèse en quatre pages de la doctrine de la secte dont les membres sont présentés comme des "Serviteurs de la Rosé + Croix détenteurs d'une authentique et ancestraîe sagesse".

Il y est proclamé : " Nous, Serviteurs de la Rosé Croix, déclarons que de toute éternité, le Temple Solaire et Universel se manifesta au milieu d'hommes selon des cycles d'activité et de sommeil. Après avoir solennellement entrouvert ses porte s le 21 mars 1981 ...sa dernière action exotérique dura onze ans "

Ce texte, rédigé avec grandiloquence, démontre que les dirigeants de l'O.T.S. se croyaient investis d'une haute mission, à savoir œuvrer "pour la régénération des Plans de la Conscience " et d'une surhumanité en affirmant qu'en tant que Serviteurs de la Rosé + Croix, " ils n 'étaient pas de ce monde et qu 'ils connaissaient parfaitement les coordonnées de leur Origine et de leur Devenir ".

Le message s'achève par une proclamation au terme de laquelle la Grande Loge Blanche de Sinus avait décrété le rappel des derniers Porteurs de Sagesse, que Justice et Sentence avaient été appliquées et que les Frères Aînés de la Rosé-Croix

avaient quitté ce monde le 6 janvier 1994, à Oh04, à SYDNEY par une affirmation "nous avons planifié en plein état de conscience et sans fanatisme aucun notre transit qui n 'est en rien un suicide au sens humain du terme " et un appel, dont l'écho se retrouve dans le texte de Didier QUEZE expliquant son transit et celui de ses proches : " A vous qui êtes réceptifs à cet ultime message, que notre Amour et notre Paix vous accompagnent dans les terribles épreuves de l'Apocalypse qui vous attendent. Sachez que de là où nous serons, nous tendrons toujours les bras vers ceux et celles qui seront dignes de nous rejoindre. "

Le document "La Rosé-Croix"

Les premiers paragraphes de ce texte de trois pages, créé au cours de l'été 1994, ont été intégralement extraits d'un ouvrage intitulé "Les Rosés Croix vont-ils en Enfer ?" rédigé par Roger FAÇON, policier, auteur d'ouvrages d'enquête sur les sociétés secrètes et lui-même fondateur d'une organisation néo-templière.

Ce texte constitue une apologie de la Rosé-Croix à travers les siècles, Rosé-Croix qui détiendrait le plus formidable des cadeaux, l'immortalité et qui se mettrait en "sommeil prématuré" à cause de la dégénérescence de l'humanité et de ses dirigeants " corrompus au plus haut degré". D y est notamment fait référence à des travaux rituels accomplis en Australie suivie d'une recommandation énigmatique issues de ces travaux : " Sachez, vous qui attendez sur le Portique, avant d'être nommés, que la découverte réelle est qu'il faut descendre trois niveaux pour parvenir

au Sanctuaire. Ces trois niveaux sont : le Ciel, la Terre, l'Enfer. "

i Cette indication n'est probablement pas sans rapport avec le choix du site où

seize nouvelles victimes ont trouvé la mort dans la nuit du 15 au 16 décembre 1995 à proximité immédiate d'un scialet dénommé " Trou de l'Enfer ".

Le vendredi 22 décembre 1995, Alain ROZAND, responsable du foyer de ski de fond de PRESLES (38), signalait à la gendarmerie de PONT-EN-ROYANS que la remise du foyer qui abritait la dameuse avait été fracturée.

Le même jour, à 17 heures, une patrouille de cette unité se rendant sur place pour effectuer les constatations d'usage, a remarqué la présence de quatre véhicules en stationnement sur une aire située à proximité du local, en bordure du CD31, au coeur de la forêt domaniale des Coulmes, sur le territoire de la commune de SAINT PIERRE DE CHERENNES :

une Volkswagen Golf de couleur bleue immatriculée GE 358 064 une Peugeot 405 Ml 16 de couleur bordeaux immatriculée VD 323 767 une Renault 19 de couleur vert bouteille immatriculée 6012 VB 84 une Peugeot 405 Ml 16 de couleur gris foncé immatriculé VD 390 856

Le signalement de ces véhicules avait fait l'objet d'une diffusion en raison de leur appartenance à des personnes connues pour avoir appartenu à l'Ordre du Temple Solaire, dont l'absence inexpliquée de leurs domiciles depuis le 15 décembre 1995 avait été signalée par leur proches :

Un gel des lieux a été immédiatement mis en place par sécurité et pour sauvegarder les indices. Les premières recherches entreprises au cours de la nuit du

22 au 23 décembre dans la forêt environnante n'ont pas permis de retrouver la trace des occupants de ces véhicules.

Le 23 décembre 1995, Robert ARNAUD, domicilié à ST ROMANS (38), a informé la Gendarmerie que le 16 décembre 1995, dans la matinée, il avait déjà remarqué à cet endroit ces quatre véhicules et qu'alors qu'il s'en éloignait en empruntant une piste orientée au sud-est, il avait senti une odeur s'apparentant à du cuir brûlé.

A la suite de ce témoignage, les gendarmes ont découvert, dans la forêt, seize corps, dont ceux de trois enfants, plus ou moins calcinés, disposés en cercle, allongés au fond d'une doline au lieu dit "Serre du Page" à une altitude de 1230 mètres.

L'identification des corps a confirmé qu'il s'agissait de ceux de seize personnes dont la disparition avait été signalée aux autorités suisses, et française ;

o Emmy ANDERSON née le 11 avril 1943, domiciliée à GENEVE

o Christiane BONET née le 30 avril 1945, domiciliée à GENEVE

o Mercedes FAUCON née le 26 juin 1932, domiciliée à COLLONGES SOUS SALEVE (74)

o André FRDEDLI né le 15 février 1956, domicilié à LAUSANNE Jocelyne FRDEDLl née le 9 octobre 1947, domiciliée à LAUSANNE

o. Jean-Pierre LARDANCHET né le 6 janvier 1959, domicilié à SARRÏANS (84)

o Marie-France OTTO épouse LARDANCHET née le 1er août 1960, domiciliée à SARRÏANS

Aldwin et Gurval LAKDANCHET nés respectivement les 2 mars 1991 et 10 mai 1994, domiciliés avec leurs parents à SARRÏANS

Enrique MASIP né le 30 janvier 1949, domicilié à JUSSY (canton de GENEVE)

Dominique MASSON née le 30 décembre 1953, domiciliée à BUSIGNY (canton de LAUSANNE)

o Patrick ROSTAN né le 8 janvier 1966, domicilié à PARIS

o Uté VERONA née le 14 janvier 1961, domiciliée à GENEVE

Tania VERONA née le 30 juillet 1989, domiciliée chez sa mère à GENEVE

o Edith VUARNET née le 18 avril 1934, domiciliée à JUSSY (canton de GENEVE)

o Patrick VUARNET né le 8 février 1968, domicilié à GENEVE

Les quatre véhicules, fermés à clef, étaient stationnés les uns à côté des autres, sur le parking dit de la Pépinière, à proximité du lieu de départ des pistes de ski de fond.

Les opérations de police technique effectuées à l'extérieur des véhicules n'ont pas permis de relever d'empreintes digitales exploitables.

Les perquisitions effectuées, après vérification par les services de déminage, ont permis d'y découvrir :

- dans le véhicule Renault 19 immatriculé 6012 VB 84, immatriculé au nom de Patrick ROSTAN mais utilisé en fait par la famille LARDANCHET.

dont le compteur journalier indiquait 209 kms, un ticket autoroute ASF portant la mention gare de Bollene le 15 décembre 1995 à 22 h 07, deux passeports français au nom de Jean-Pierre LARDANCHET et de son épouse Marie-France OTTO, une trousse pharmaceutique GIRON contenant 12 tubes homéopathiques, deux sièges auto pour bébés, deux boites de médicaments, une boite de MYOLASTAN. médicament dérivé de la famille de benzodiazepines surtout utilisé pour ses propriétés myorelaxantes comme décontracturant musculaire sur laquelle figurait un rappel manuscrit de prescription et qui contenait encore dix comprimés et une boite de DIGOXINE, médicament tonicardiaque contenant encore 20 comprimés, une bouteille d'eau St Yorre contenant des traces de DIGOXINE et un téléphone portable,

- dans le véhicule Golf immatriculé GE 358 064, propriété d'ÏIte VERONA, deux passeports français au nom de Patrick et d'Edith VUARNET, un passeport suisse au nom de Ute VERONA, un ticket d'autoroute AREA faisant état du franchissement du péage de CRUSEILLES (74) le 15 décembre 1995 à 22 h 55, une bouteille d'eau Heniez contenant des traces de DIGOXINE. ces éléments permettant notamment de déduire que dans ce véhicule avaient pris place outre Ute VERONA et sa fille Tania, Patrick VUARNET, dont le véhicule personnel avait été laissé en stationnement à GENEVE devant le domicile de sa compagne et la mère de celui-ci Edith VUARNET, propriétaire d'un véhicule HONDA Civic immatriculé GE241691. qui sera retrouvé le 21 décembre 1995 à St Julien en Genevois sur le parking de la discothèque MACUMBA, dont l'information a permis d'établir qu'il s'agissait d'un lieu de rendez-vous convenu,

- dans le véhicule Peugeot 405 Ml 16 immatriculé VD 323 767, propriété d'Enrique MASBP, un passeport hollandais au nom de Emmy ANDERSON, un passeport français au nom de Mercedes FAUCON, un passeport français au nom de Patrick ROSTAN , un passeport suisse au nom de Christiane BONET, un permis de conduire et une carte d'identité au nom d'Enrique MASIP, un opérateur numérique ALPHAPAGE, un téléphone portable, un guide routier dont le signet était inséré entre les pages 188 et 189 correspondant à la région de GRENOBLE, un BIP de marque MOTOROLA et un ticket de la station Sheiï de PERLY en date du 15 décembre 1995, ces éléments permettant de déduite que dans ce véhicule avaient pris place, outre Enrique MASIP, Emmy ANDERSON, Mercedes FAUCON. Patrick ROSTAN et Christiane BONET, étant précisé que le véhicule personnel d'Emmy ANDERSON, immatriculé GE 337 263 avait été laissé devant son domicile à PLAN LES OUATES (Canton de GENEVE), celui de Christiane BONET immatriculé GE 19 527 32. devant le domicile d'Ute VERONA, avenue du Cure Baud à GENEVE et celui de Patrick ROSTAN. immatriculé- 649 LMG 75, à proximité du domicile de Christiane BONET, 126 route de St Julien à PLAN LES OUATES.

- dans le véhicule Peugeot 405 immatriculé VD 390 856, propriété d'André FKŒDLI. dont le compteur kilométrique journalier indiquait 305,7 Km, un téléphone portable, un ticket autoroute AREA (péage de CRUSEILLES) du 15 décembre 1995 à 22h52, une carte IGN TOP 25 AUTRANS (comprenant le

secteur de ST PIERRE DE CHERENNES), deux opérateurs numériques ALPHAPAGE, une carte d'identité suisse au nom de Dominique MASSON, un passeport suisse au nom de Jocelyne FRIEDLI et un passeport suisse au nom d'André FRIEDLI à l'intérieur duquel se trouvait une feuille de papier manuscrite sur laquelle avait été dessiné un cercle comportant des inscriptions d'initiales ainsi qu'une addition (10+4+1 = 15)..

Ce document, dont une expertise a permis d'attribuer l'écriture à André FRIEDLI, figure une croix avec des lettres autour suivant un motif vaguement circulaire, ainsi que des flèches ou lignes en traits pleins ou pointillés, en prolongement de certaines lettres paraissant figurer des dépalcements.

Les lettres peuvent être mis en correspondance avec les initiales des prénoms ou des prénoms et noms des victimes, soit figurant en alignement circulaire :

o PR= Patrick ROSTAN

o J = Jocelyne (FRIEDLI)

o A = André (FRIEDLI)

o E = Emmy (ANDERSON), Edith (VUARNET) ou Enrique (MASIP) BB = bébé, puvant se rapporter à Gurwai LARDANCHET

o MFL= Marie-France LARDANCHET

o A ou H = Aldwin (LARDANCHET) ou ?

o JP = Jean-Pierre (LARDANCHET)

o P ou D = Patrick ? ou Dominique (MASSON)

o M = Mercedes (FAUCON)

o U=Ute(VERONA)

o PV= Patrick (VUARNET)

D'autres lettres initiales (C et E) sur le même alignement aux extrémités des deux branches horizontales de la croix ont été interprétés comme pouvant correspondre à une orientation Ouest Est, alors qu'elles peuvent également se rapporter à Cbristiane (BONET) et Emmy (ANDERSON), Edith (VUARNET) ou Enrique (MASIP)

D'autres signes moins lisibles dans le cercle peuvent également être les lettres majuscules, E à nouveau et T avec une flèche pouvant se rapporter à Tania (VERONA)

Selon Marianne STAMPFL1, ce croquis est une figure de rituel, vraisemblablement celui d'ISIS et d'OSIRIS, l'un des trois rituels conçus pour l'Ecole des Mystères, à laquelle avaient appartenu la majorité des victimes. Par contre, pour Femand LAFLAMME, membre québécois de l'O.T.S., il s'agirait plutôt d'un thème astral représentant la position précise de planètes "pouvant favoriser le passage".

L'examen des livrets des rituels de l'Ecole des Mystères figurant au dossier d'information permet de privilégier la première opinion^ les initiales aux extrémités des branches de la croix dessinée sur le croquis pouvant se rapporter aux quatre officiants principaux du rituel placés devant des pupitres positionnés en croix avec au

centre la shekinah, figurant la présence de l'entité supérieure, tandis que les flèches et autres traits peuvent correspondre aux déplacements réglés des autres participants pour l'accomplissement du rituel.

Ce croquis, manifestement dessiné de manière hâtive, paraît comporter seize initiales, autant que de personnes qui ont trouvé la mort, en discordance avec l'addition (10+4+1 = 15) figurant en pied de page.

Un autre document manuscrit, découvert dans le véhicule des époux FRD&DLI, a été identifié par Liliane CHANTRY, qui participait régulièrement avec son compagnon Louis FAUCON et avec la plupart des victimes aux réunions organisées par Christiane BONET dans son cabinet professionnel de CAROUGE dans la banlieue de GENEVE, comme constituant une grille conventionnelle de codage pour l'utilisation des opérateurs numériques ALPHAPAGE

Ce document comporte six colonnes et dans sa deuxième colonne les initiales suivantes :

EM pour Enrique MASIP

o AF pour André FRIEDLI

o JP pour Jean-Pierre LARDANCHET

o MF pour Mercedes FAUCON

o PV pour Patrick VUARNET

o HN pour Hubert NICOLET,

o ML pour Marie-France LARDANCHET

o CL pour Christian LE GALL

o PR pour Patrick ROSTAN

o DM pour Dominique MASSON

Les initiales HN sont rayées et remplacées par le prénom Emmy (ANDERSON) et les initiales CL se rapportant plus vraisemblablement à Christian LE GALL, détenteur d'un opérateur numérique qui lui était propre, qu'à Liliane CHANTRY dans la mesure où pour les autres personnes l'initiale du prénom précède toujours celle du nom, sont également raturées.

Cette grille comporte également un codage des jours et heures et de lieux de rendez-vous symbolisés par les lettres :

- E, pour l'Ermitage à SARRIANS, domicile des époux LARDANCHET et de Christian LE GALL

- R, pour le lieu-dit "Le Rondeau" où Christiane BONET exerçait son métier de thérapeuthe, à Genève

MAC, pour le Macumba, discothèque située à ST JULIEN EN GENEVOIS sur le parking de laquelle a été découvert le véhicule immatriculé GE 241 691 appartenant à Edith VUARNET.

Liliane CHANTRY a précisé que Jean-Pierre LARDANCHET lui avait remis courant septembre 1995, un ALPHAPAGE dont Patrick VUARNET avait expliqué l'utilisation lors d'une réunion au Rondeau à CAROUGE et qu'il l'avait récupéré un peu plus tard en prétextant un problème de location.

Hubert NICOLET, autre participant au groupe avec son épouse Barbara, a témoigné du fait qu'Enrique MASIP lui avait remis le 7 décembre 1995 un ALPHAPAGE lui expliquant qu'ils pouvaient être placés sous écoute et que dès le lendemain, il lui avait restitué cet appareil dont il ne comprenait pas l'intérêt.

Suivant les premières constatations effectuées sur les lieux même du charnier, quatorze des corps reposaient sur le dos, la tête orientée vers l'extérieur du cercle. Un quinzième corps, celui de Jean-Pierre LARDANCHET, gisait sur le ventre, la tête orientée vers le centre du cercle. Un seizième corps, celui d'André FRIEDLI, gisait sur le dos mais la tête dirigée vers le centre du foyer. Les seize cadavres étaient tous calcinés à des degrés plus ou moins importants.

A proximité immédiate des deux cadavres en position divergente, ont été découverts deux revolvers MANHURIN qui se sont avérés être des armes de service de la Police Nationale.

Le premier revolver MANURHŒN spécial police 357 FI n°E65676 se trouvait entre les jambes, près de la cuisse gauche de Jean-Pierre LARDANCHET qui gisait sur le ventre, la tête orientée vers le centre du foyer. Il s'agissait de sa propre arme de service. Le barillet contenait six cartouches de marque SFM 38 SPECIAL dont une percutée.

Le second revolver MANURHŒN spécial police 357 Magnum n°E03245 se trouvait entre les jambes d'André FRIEDLI, lequel gisait sur le dos, la tête dirigée vers le centre du foyer. Cette seconde arme a été identifiée comme étant l'arme de service de Patrick ROSTAN. Elle contenait dans son barillet six cartouches dont une percutée.

Le passage sur place d'un appareil détecteur de métaux a révélé la présence de 22 douilles de calibre 22 LR dont 21 percutées.

Une fouille des abords immédiats a permis la découverte au pied d'un arbuste, de deux pistolets de calibre 22 LR, l'un de marque SAPL n° 908074, l'autre de marque GAUCHER n0 905928, contenant encore une cartouche percutée. Dans une sacoche portant la marque GAUCHER se trouvaient 8 étuis 22 LR percutés.

En dehors de la zone du foyer, ont été découverts :

- un sac appartenant à Mercedes FAUCON

- une sacoche de type banane appartenant à Patrick ROSTAN contenant un ticket de la station ELF-NEMOURS A6 du 14 décembre 1995 à 05 h 50 pour un prix de 210, 40 F et un certificat de passage de la STMB - Gare de VIRY du 14 décembre 1995 à 09 h 35 (gare d'entrée : FLEURY) ,

- trois boîtes complètes de 50 cartouches de calibre 22 LR de marques RWS, ELEY et WINCHESTER,

- 73 cartouches 22 LR de marque WINCHESTER en vrac, non tirées

- 25 cartouches SFM 38 Spécial non tirées

- une lampe frontale et trois lampes de poche avec batteries,

- un sachet contenant des sacs poubelles

- des bllsters de médicaments (DIGOXTNE, MYOLASTAN, ROHYPNOL)

~ un bouchon de sécurité en plastique,

Sur un sac en plastique blanc contenant des munitions, découvert dans une sacoche à l'écart du foyer, une expertise a permis la révélation de trois empreintes incomplètes dont deux susceptibles d'avoir été celles de Marie-France LARDANCHET et de Patrick ROSTAN.

Dans la zone même du foyer, outre les deux revolvers MANHURIN, il a été découvert, après enlèvements des corps :

- onze étuis 22 LR percutés,

- des blisters de médicament (ROHYPNOL, DIGOXINE)

- les restes de neuf lampes de poche calcinées et de deux ALPHAPAGES

- des bouteilles calcinées dont une ayant contenu un produit inflammable

- un morceau de plastique fondu et un bouchon (scellé 135)

- deux morceaux de plastique noir calcinés qui s'avéreront être les restes de deux bidons.

Lors de la levée du corps de Patrick ROSTAN, a été découvert dans le

linceul, les restes calcinés d'une bouteille d'alcool.

i

Les constatations et investigations médico-légales Patrick VUARNET

Le corps de Patrick VUARNET reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre celui de sa mère et celui de Tania VERONA. Des débris d'un sac plastique partiellement fondu étaient collés sur sa tête.

La présence d'un orifice d'entrée de projectile d'arme à feu a été constaté de visu dans la région frontale.

L'autopsie a permis de de dénombrer trois orifices d'entrée correspondant à trois projectiles , dont deux ont été retrouvés, le premier, entré au niveau frontal médian était resté dans le cervelet, le second, entré dans la cage thoracique, s'était arrêté le long de la colonne vertébrale, tandis que le troisième, entré également dans l'hémi-thorax gauche, était ressorti dans le dos.

Les examens toxicologiques ont décelé l'absorption de tetrazepam, de flumtrazepam et de digoxine.

L'examen anatomo-pathologique n'a pas mis en évidence de signes de respiration dans le foyer d'incendie.

Tania VERONA

Le corps de Tania VERONA reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre le cadavre de sa mère et celui de Patrick VUARNET.

Le visage de l'enfant était recouvert d'un sac plastique de couleur noire. Le corps était très largement carbonisé avec disparition complète de l'extrémité des jambes.

L'autopsie a mis en évidence le fait que Tania VERONA est décédée à la suite d'une plaie cérébrale provoquée par une balle unique entrée au milieu du front et restée contre l'os occipital.

Les examens toxicologiques ont décelé l'absorption de tetrazepam et de digoxine.

L'examen anatomo-pathologique n'a pas mis en évidence de signes de respiration dans le foyer d'incendie.

Ute VERONA

Le corps d'Ute VERONA reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre sa fille Tania et Dominique MAS S ON.

Le corps était en grande partie calciné et des lambeaux de plastique noir se trouvaient sur son visage.

L'autopsie a mis en évidence le fait qu'Ute VERONA est décédée consécutivement à trois plaies par balles, l'une traversant le cerveau, les autres le coeur.

Il a été constaté une fracture mandibulaire, une fracture maxillaire et une fracture de la paroi antérieure du sinus maxillaire droit établissant qu'elle avait été frappée violemment au visage.

Les examens toxicologiques ont décelé l'absorption de benzodiazépines, retrouvées à l'état dé traces, et de digoxine à taux élève-La possibilité d'une respiration dans l'incendie évoquée en fonction des résultats du dosage de carboxyhémoglobine n'a pas été confirmée par l'examen anatomo-pathologique, de sorte que les experts ont conclu que la victime était probablement décédée au moment du déclenchement de l'incendie.

Dominique MASSON

Le corps de Dominique MASSON reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre Ute VERONA et Christiane BONET.

Les calcinations étaient particulièrement importantes et étendues, incompatibles avec une recherche de substances toxiques.

A l'autopsie, il est apparu que Dominique MASSON est décédée consécutivement à une plaie cérébrale occasionnée par une balle unique au niveau frontal.

Les experts ont exclu le fait que l'intéressée ait pu respirer au sein du foyer d'incendie.

Christiane BONET

Le corps de Christiane BONET reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre Dominique MASSON et Enrique MASIP.

A l'autopsie, il est apparu que Christiane BONET est décédée à la suite de trois coups de feu tirés l'un dans la tête dont le pojectile a été retrouvé dans la boite crânienne et les deux autres dans le thorax

L'expertise toxicologique a mis en évidence la présence dans l'organisme de flunitrazepam à taux très faible et de digoxine à taux élevé.

Les experts ont exclu le fait que l'intéressée ait pu respirer au sein du foyer d'incendie.

Enrique MASIP

Le corps de Enrique MASIP particulièrement calciné dans sa partie antérieure, reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre celui de Christine BONET et celui de Emmy ANDERSON.

Un sac de plastique partiellement brûlé était découvert sur sa tête.

A l'autopsie, il est apparu que le décès était consécutif à cinq coups de feu tirés l'un dans la tête et les quatre autres dans la partie gauche du thorax. Quatre des cinq projectiles ont pu être prélevés.

L'examen toxicologique a mis en évidence la présence d'alcool et de benzodiazépines en faible quantité et un taux élevés de digoxine.

Les experts ont exclu le fait qu'il ait pu respirer dans le foyer d'incendie..

Eromy ANDERSON

Le corps de Emmy ANDERSON amputé des deux cuisses et carbonisé surtout au niveau du bassin, reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre celui d'Enrique MASIP et celui de Patrick ROSTAN.

Un sac plastique partiellement fondu recouvrait son visage.

A l'autopsie, il est apparu qu'elle est décédée à la suite de trois coups de feu tirés dans la tête et le thorax. Seul le projectile crânien a été retrouvé.

L'analyse toxicologique a mis évidence la présence dans son organisme de tetrazepam et de flunitrazepam à taux thérapeutiques et de digoxine à taux élevé.

L'examen anatomo-pathologique n'a pas permis d'accréditer la possibilité d'une respiration au sein du foyer.

Patrick ROSTAN

Le corps de Patrick ROSTAN calciné sur sa partie inférieure, reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre celui de Emmy ANDERSON et de Jean-Pierre LARDANCHET.

Un débris de sac fondu se trouvait sur sa tête.

A l'autopsie, il est apparu que Patrick ROSTAN est décédé à la suite de deux coups de feu tirés dans la tête et la partie gauche du thorax, dont les projectiles ont été retrouvés.

L'analyse toxicologique a mis en évidence la présence dans son organisme de tetrazepam, de flunitrazepam à des taux thérapeutiques et de digoxine à taux élevé.

Les experts ont exclu le fait qu'il ait pu respirer dans le foyer d'incendie.

Jean-Pierre LARDANCHET

Le corps de Jean-Pierre LARDANCHET reposait, contrairement aux victimes précédentes, sur le ventre, la tête orientée vers le centre du cercle. Une arme de calibre 357 magnum a été découverte entre ses jambes, chargée de six cartouches dont l'une percutée.

A l'autopsie, il est apparu que Jean-Pierre LARDANCHET est décédé consécutivement à une plaie provoquée par une balle unique entrée dans l'arrière de sa gorge, ayant traversé le cerveau et le cervelet pour ressortir au niveau de l'os occipital.

Les examens toxioologiques n'ont pu être effectués.

L'examen anatomo-pathologique n'a pas permis d'accréditer la possibilité d'une respiration au sein du foyer.

En conclusion, l'équipe médico-légale a indiqué que le décès de Jean-Pierre LARDANCHET était probablement dû à un geste volontaire de sa part.

Aldwin LARDANCHET

Le corps d'Aldwin LARDANCHET reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre celui de son père et celui de son frère Gurval. Le cadavre était en grande partie calciné.

A l'autopsie, il est apparu que l'enfant est décédé consécutivement à des plaies occasionnées par deux balles tirées l'une dans la tête, l'autre dans la partie gauche du thorax. Seul le premier projectile a été retrouvé.

L'analyse toxicologique a mis en évidence la présence dans son organisme de faibles traces de tetrazepam et de flunitrazepam et de digoxine à taux élevé

L'examen anatomo-pathologique n'a pas permis d'accréditer la possibilité d'une respyation au sein du foyer.

Gurval LARDANCHET

Le corps de Gurval LARDANCHET reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre celui de son frère Aldwin et celui de sa mère. En raison de sa faible taille il était particulièrement carbonisé et les jambes avaient disparu.

L'enfant est décédé consécutivement à une plaie cranio-cérébrale occasionnée par une balle unique.

L'analyse toxicologique a mis en évidence la présence dans son organisme de taux très faibles de tetrazepam et de digoxine à une dose supérieure aux valeurs thérapeutiques-

L'examen anatomo-pathologique n'a pas permis d'accréditer la possibilité d'une respiration au sein du foyer.

Marie-France LAJRDANCHET

Le corps de Marie-France LARDANCHET reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre celui de son fils Gurval et celui de Mercedes FAUCON.

La carbonisation était diffuse sur l'ensemble du corps avec disparition des deux tiers inférieurs des jambes.

Il a été constaté la présence de débris de sac en plastique noir sur son visage et d'un orifice d'entrée de projectile d'arme à feu dans la région frontale droite.

Marie-France LARDANCHET est décédée consécutivement à trois plaies occasionnées par balle, l'une cérébrale et les deux autres thoraciques et cardiaques , les trois projectiles ont été retrouvés au cours de l'autopsie.

L'autopsie a également mis en évidence une latéro-déviation du nez associée à une issue de sang et celle d'un hématome "en lunette" de l'orbite droite paraissant correspondre à une contusion par choc direct à l'aide d'un objet contondant ou d'une arme naturelle.

L'analyse toxicologique a mis en évidence la présence dans son organisme de benzodiazépine et de digoxine-

Les experts ont exclu le fait qu'elle ait pu respirer dans le foyer d'incendie. Mercedes FAUCON

Le corps de Mercedes FAUCON reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre celui de Marie-France LARDANCHET et celui d'André FRIEDLL

Le corps, dont les membres inférieurs avaient été consumés, présentait une carbonisation importante de la région lombaire, du flanc droit, du cou et des oreilles.

L'autospsie a montré que Mercedes FAUCON est décédée consécutivement à trois plaies par balles, une cérébrale et deux thoraciques avec sortie en région dorsale de ces deux derniers projectiles

L'analyse toxicologique a mis en évidence la présence dans son organisme de tetrazepam, de flunitrazepam et de digoxine.

Les experts ont exclu le fait qu'elle ait pu respirer dans le foyer d'incendie. André FRIEDLI

Le corps d'André FRJOEDLl reposait entre celui de Mercedes FAUCON et celui de son épouse, allongé sur le dos, mais à l'instar de Jean-Pierre LARDANCHET la tête dirigée vers le centre du foyer. Un revolver de calibre 357 magnum a été découvert à hauteur de ses jambes, chargé de six cartouches dont l'une percutée.

L'autopsie a montré qu'André FRIEDH est décédé à la suite d'un coup de feu unique tiré dans la bouche qui a provoqué un traumatisme crânio-cérébral.

L'analyse toxicologique n'a pas en évidence dans son organisme de tetrazepam ni de flunitrazepam mais uniquement de la digoxine à une dose supérieure aux valeurs thérapeutiques.

L'examen anatomo-pathologique n'a pas permis d'accréditer la possibilité d'une respiration au sein du foyer.

Comme pour Jean-Pierre LARDANCHET, l'équipe médico-légale a été d'avis que le décès d'André FRIEDLI était probablement dû à un geste volontaire de sa part.

Jocelyne ERIEDLI

Le corps de Jocelyne FRIEDLI reposait reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre celui de son mari et celui d'Edith VUARNBT.

Elle est décédée consécutivement à trois coups de feu tirés l'un dans la tête et les deux autres dans l'hémithorax gauche, responsables de lésions crâniennes, pulmonaires et cardiaques. Le premier projectile a été retrouvé dans le crâne.

L'analyse toxicologique a mis en évidence la présence dans son organisme de tetrazepam, de flunitrazepam et de digoxine à des taux thérapeutiques.

L'examen anatomo-pathologique n'a pas permis d'accréditer la possibilité d'une respiration au sein du foyer.

Edith VUARNET

Le corps d'Edith VUARNET reposait sur le dos, les pieds dirigés vers le centre du cercle, entre celui de Jocelyne FRIEDLI et celui de son fils Patrick.

Le corps était entièrement carbonisé à l'exception du visage. Des débris de sac plastique recouvraient sa tête.

Elle est décédée consécutivement à deux plaies par balle, l'une cérébrale, l'autre thoracique. Le projectile crânien a pu être retrouvé dans le cervelet.

L'analyse toxicologique a mis en évidence la présence dans son organisme de tetrazepam, et de digoxine et les experts ont exclu le fait qu'elle ait pu respirer dans le foyer d'incendie.

Treize des seize victimes ont ainsi absorbé ante-mortem des benzodiazépines (tetrazepam et flunitrazepam). Ces substances hypnotiques n'ont pas été retrouvées chez André FRIEDLI et l'état de carbonisation des corps de Dominique MASSON et de Jean-Pierre LARDANCHET n'en a pas permis la recherche.

Elles ont également, y compris André PRIEDLI, absorbé de la Digoxine sous les mêmes réserves en ce qui concerne Dominique MASSON et Jean-Pierre LARDANCHET

Le tetrazapam est particulièrement utilisé comme relaxant des muscles en rhumatologie et le flunitrazepam est indiqué pour venir à bout des troubles sévères du sommeil à type d'insomnie.

Une prise massive peut se manifester par un sommeil profond pouvant aller jusqu'au coma.

Pour ces deux produits, l'absorption est rapide, de l'ordre d'un quart d'heure pour le tetrazepam et d'une heure pour le flunitrazepam.

La Digoxine quant à elle, appartient à la famille des digitaliques qui sont des médicaments utilisés dans l'insuffisance cardiaque et les troubles du rythme pour leur action de ralentissement, régularisation et renforcement de la fonction cardiaque.

Rapidement absorbée et diffusée dans l'organisme (1 à 2 heures), elle peut, en cas de surdosage, entraîner des troubles digestifs, neurosensoriels et, surtout, cardiaques.

Sur les quatorze victimes qui ont fait l'objet d'analyses toxicologiques :

o les trois enfants ont présenté des taux faibles ou négatifs de benzodiazépines et les dosages de digoxine n'ont pu être affinés,

o neuf adultes ont présenté de simples traces ou des taux thérapeutiques de tetrazepam (Christiane BONET et André FRIEDLI n'en avaient pas du tout)

six adultes (Patrick VUARNET, Christiane BONET, Emmy ANDERSON, Patrick ROSTAN, Jocelyne FRIEDLI et Edith VUARNET) ont présenté des taux thérapeutiques de flunitrazepam compatibles avec un endormi s sèment.

o onze adultes ont absorbé de la Digoxine mais les dosages n'ont révélé sur aucune des victimes un taux potentiellement dangereux à lui seul.

Une bouteille d'eau de marque HENIEZ découverte dans le véhicule appartenant à Ute VERONA et qu'une deuxième bouteille de marque SAINT -YORRE découverte dans utilisé par Jean-Pierre LARDANCHET, contenaient toutes les deux des traces de Digoxine et d'éthanol employé pour la dissolution de ce médicament. Deux boites l'une de Myolastan, médicament à base de tetrazepam, l'autre de Digoxine ont été découverts dans le véhicule RI 9 du couple LARDANCHET, la première boite portant mention d'un rappel manuscrit de prescription donnant à penser qu'il pouvait s'agir de médicaments délivres pour les besoins d'un traitement et non utilisés.

Des blisters ou fragments contenant des comprimés de Myolastan, de Digoxine ou de Rohypnol, médicament à base de flunitrazepam, ont été également trouvés sur les lieux de la découverte des corps

Si la Digoxine est commercialisée tant en France qu'en Suisse, sous cette dénomination, le tetrazepam n'est vendu qu'en France sous la dénomination Myolastan.

La recherche de la provenance des médicaments retrouvés, même s'il a été incomplète à défaut d'exploitation de la totalité des numéros de lots figurant sur les conditionnements retrouvés, ne pouvait en toute hypothèse aboutir à la localisation précise, même par recoupements, de la ou des pharmacies qui avait pu les délivrer du fait de la dispersion extrême d'un lot de fabrication donné entre de multiples pharmacies qui ne commandent à la fois que de petites quantités de chaque médicament en fonction des demandes de la clientèle ou du renouvellement d'un stock limité. La traçabilité des médicaments n'est d'ailleurs conçue que pour permettre le retour de l'ensemble d'un lot de fabrication et ne permet pas d'identifier une officine précise plutôt qu'une autre, parmi les dizaines voire les centaines qui ont reçu livraison de médicaments provenant de ce lot.

Quant au RohypnoL, il fait l'objet d'un commerce parallèle suffisamment important pour qu'il ne soit pas besoin de se rendre dans une pharmacie pour s'en procurer dans un but illicite.

L'expertise balistique des armes et munitions saisies a établi que :

- tous les étuis percutés de calibre 22 LR, de marque WINCHESTER comme d'autres cartouches retrouvées intactes, ont été tirés avec les armes de calibre 22 LR découvertes sur place,

- les deux étuis percutés de calibre 38 Spécial ont été tirés avec les armes de calibre 357 Magnum à l'intérieur desquelles ils ont été retrouvés, les constatations effectuées sur ces deux revolvers étant compatibles avec un suicide à l'aide de ces armes exposées ensuite aux flammes, ce qui a provoqué le départ d'une cartouche dans l'une et de cinq cartouches dans l'autre sans qu'elles soient percutées,

- tous les projectiles 22 LR retrouvés dans les corps en cours d'autopsie ont été tirés avec l'une des deux armes de calibre 22 LR découvertes sur place, réserve faite de ceux dont l'état n'a pas permis de comparaison.

L'expertise balistique a également permis d'identifier pour 12 des 14 victimes décédées à la suite de coups de feu tirés avec les armes 22 LR, celle des deux armes utilisées. Sur 23 projectiles 22 LR retrouvés, 9 ont été tirés dans le pistolet GAUCHER et 11 dans le pistolet SAPL, l'état des trois derniers projectiles n'ayant pas permis de faire des comparaisons probantes.

Les conclusions médico-légales et balistiques sont compatibles en ce que les autopsies ont révélé 37 blessures par arme à feu, dont 2 provenaient de tirs de revolver 357 Magnum et 35 venaient de tirs des pistolets 22 LR, alors que 34 étuis percutés de ce calibre ont été trouvés lors des premières constatations, 21 tirés dans le pistolet GAUCHER et 13 dans le pistolet SAPL.

L'enquête a établi que le pistolet SAPL avait été acheté, équipé d'une lunette de visée démontable, le 11 août 1995 à l'armurerie DUNE, 12 Rond-Point des Champs Elysées à Paris 8è pour un prix de 3.900 F réglé en espèces par une personne au nom Patrick ROSTAN qui avait présenté une carte d'identité ET 51840, dont il a été vérifié qu'il s'agissait de celle de l'intéressé.

Une lunette de visée a été découverte lors de la visite de l'appartement de Patrick ROSTAN, le 20 décembre 1995, pouvant être celle acquise le 11 août 1995, i étant observé que le pistolet SAPL a été retrouvé sans cet accessoire.

La seconde arme, de marque GAUCHER, a été achetée le 31 août 1995 à l'armurerie "Armes Bastille", 61 rue de Lyon à Paris 12è pour un prix de 2.870 F réglé en espèces par Patrick ROSTAN qui avait présenté un passeport n°93 DE 27401 qui après vérification s'est bien avéré être celui de l'intéresse-Les signatures apposées par l'acquéreur sur les registres des armuriers ont fait l'objet d'une vérification comparative par expertise en cours d'information.

L'expert en écritures a noté que les signatures habituelles de Patrick ROSTAN correspondaient à un graphisme informel et a indiqué que dans l'ensemble des signatures soumises à examen, signatures contestées et signatures authentiques, le même mouvement était retrouvé, ce qui le conduisait à envisager l'hypothèse de l'autoforgerie (méthode consistant à déguiser volontairement sa signature pour pouvoir la dénier parla suite).

Sans qu'il soit besoin d'évoquer un déguisement délibéré de signature, le tribunal observe que l'attaque des signatures de comparaison et celle des signatures en question est exactement identique et que les variations peuvent plus simplement s'expliquer par le fait que les signatures sur les registres ont été apposées rapidement, sans attention apportée par le scripteur.

Devant la convergence de ces éléments, il apparaît indubitablement établi que l'achat des aimes du crime a bien été effectué par Patrick ROSTAN.

L'expertise de balistique lésionnelle, à partir des constatations faites sur les corps de Christiane BONET et de Mercedes FAUCON, a conclu à la plausibiïité de tirs à bout touchant appuyé.

L'état des autres douze corps atteints par des projectiles 22 LR n'a pas permis d'apprécier scientifiquement les distances de tir mais la constatation du fait que les

projectiles ont été le plus généralement piégés dans le thorax et le crâne tend à démontrer en fonction de résultats des essais que les tirs ont été effectués à courte distance, voire à bout touchant.

La synthèse des données médico-légales recueillies a permis de conclure que, de façon semblable pour toutes les victimes, les balles avaient suivi une trajectoire de la face avant du corps vers l'arrière avec un angle variant de 0 à 35 degrés, du haut du corps vers le bas, ce qui établit que les victimes étaient couchées sur le dos, dès lors que si elles avaient été tuées en position debout, par un tireur leur faisant face, les trajectoires des tirs n'auraient pas été systématiquement obliques de haut en bas mais parfois horizontales ou inclinées de bas en haut selon leur taille.

Les médecins légistes ont en outre constaté sur les corps d'Enrique MASIP, Mercedes FAUCON et Edith VUARNET des orifices de sortie de balles dont les berges présentaient un aspect de margination, de pseudo-collerettes érosives, caractéristiques d'impacts contre un plan dur comprimant la peau, ce qui confirme que les victimes se trouvaient allongées sur le sol.

Les tireurs étaient situés en arrière de la tête des victimes ou juste au dessus ;

ainsi l'axe du tir dans la tête d'Emmy ANDERSON est perpendiculaire à l'axe du corps (donc le canon de l'arme se trouvait à la verticale de son front) alors que pour Patrick VUARNET ou Dominique MASSON, il est incliné de 35° par rapport à la verticale (donc le canon était plus en arrière).

L'angle moyen des tirs dans la tête est entre 20 et 25 degrés et dans de nombreux cas, l'axe est plus incliné pour les tirs thoraciques, ce qui laisse penser que le tireur est resté au même endroit pour cette seconde action.

A l'inverse, pour Patrick ROSTAN, le tir thoracique est vertical alors que le tir dans le crâne est incliné à 25 degrés ce qui trouve son explication dans le fait qu'ils provenaient de deux armes différentes.

La position des tireurs en arrière de la tête des 14 victimes est encore confirmée par la présence des étuis percutés à l'extérieur du cercle puisque l'éjection les projette en arrière à une distance variable de 70 à 150 cm.

Jean-Pierre LARDANCHET et d'André FRIEDU sont l'un et l'autre décédés à la suite de plaies par balle occasionnés par deux tirs uniques provenant des deux revolvers de calibre 357 Magnum retrouvés sur les lieux mêmes et l'expertise balistique a démontré que les deux étuis percutés de calibre 38 spécial avaient bien été tirés par les armes dans lesquelles ils ont été retrouvés

Ces tirs ont suivi des trajectoires similaires, d'avant en arrière et obliques de bas en haut. les orifices d'entrée étant situés dans la bouche et les orifices de sortie dans la voûte crânienne.

Le fait que le revolver 357 Magnum utilisé par André FRJEDLI ait été retrouvé entre ses jambes, près du mollet droit, alors que son corps reposait sur le dos en position légèrement oblique n'exclut nullement qu'il ait pu se suicider, alors que sa position exacte au moment du tir est inconnue et que la position de son corps après sa chute consécutive au tir est fonction de cette position, de son équilibre et de ses appuis et non comme le soutient fort imprudemment un expert en armes et munitions consulté par la partie civile et qui ne peut se prévaloir d'un compétence particulière en matière de balistique lésionnelle, la résultante univoque de la direction du choc

traumatique provoqué par l'impact du projectile. Quant au point de chute de l'arme, il est à l'évidence encore plus aléatoire.

Il a également été exprimé des doutes en cours d'information et à l'audience sur le fait qu'André FRIEDLI ait pu être l'un des tueurs, alors qu'il était gaucher et que les constatations effectuées tendrait à établir que les tirs auraient été effectués par un droitier.

Etant établi que les 14 premières victimes ont été tuées alors qu'elles étaient couchées sur le dos par des tueurs positionnés à la verticale ou en arrière de leurs têtes, les projectiles tirés par une arme tenue de la main gauche sont susceptibles d'avoir suivi une trajectoire légèrement inclinée de la gauche vers la droite.

Or, les médecins légistes ont précisément relevé :

- pour Patrick VUARNET, que le trajet du projectile ultra-crânien était oblique de haut en bas et discrètement de gauche à droite, les trajets des projectiles intra-thoraciques étant sagittaux.

- pour Tania VERONA, que le trajet du projectile était oblique de haut en bas et légèrement de gauche à droite.

- pour Ute VERONA, que le tir effectué au niveau thoracique suivait un trajet oblique, légèrement de gauche à droite.

- pour Mercedes FAUCON, que la trajectoire était oblique, légèrement de gauche à droite.

En tout état de cause, la direction des trajectoires ne peut être un critère déterminant pour imputer les tirs à un droitier ou à un gaucher, alors qu'ils ont été faits à courte distance, voire à bout touchant et que les tireurs ont pu se positionner plus ou moins latéralement, comme il a pu être constaté par deux tirs qui ont respectivement atteint Patrick ROSTAN et Christiane BONET.

En définitive, rien n'exclut que certains tirs aient été le fait d'un gaucher, étant observé qu'en fonction de l'identification des armes qui ont été tiré les projectiles retrouvés dans les corps, les deux pistolets 22 LR ont été utilisés et manifestement par deux tireurs différents qui semblent avoir suivi des trajets divergents autour du cercle formé par les quatorze victimes pour vraisemblablement se rejoindre derrière le corps de Patrick ROSTAN, qui a été atteint par tirs effectués par chacune des deux armes.

Une première expertise des vêtements et objets divers, partiellement calcinés., recueillis à l'emplacement du foyer et lors des autopsies, a mis en

évidence la présence de supercarburant à l'état de traces sur des vêtements et dans la terre prélevée au centre du brasier et en quantité importante dans le scellé 144 correspondant aux restes d'un bidon en matière plastique noire ayant contenu du supercarburant selon l'étiquette.

Il a également été découvert dans les vêtements de Patrick ROSTAN les restes calcinés d'une bouteille d'alcool portant une étiquette rouge et, dans le foyer, un bouchon de couleur jaune (scellé 135) et un deuxième bouchon de couleur vert et jaune (scellé 116).

Une commission rogatoire internationale adressée aux autorités helvétiques a permis de déterminer que ces deux bouchons correspondaient à des bouchons de jerricans d'essence ayant une contenance de 5 à 10 litres chacun.

Les experts n'ont pas retrouvé dans les résidus du foyer, de vestiges d'un système de mise à feu, et la recherche d'autres matières incendiaires ou accélérants de combustion est restée négative.

Des investigations complémentaires ont été confiées, hors information judiciaire, par plusieurs parties civiles, à un expert en incendie, M. LAVOUE qui a procédé à des prélèvements de terre dans la zone du foyer, lesquels ont, selon son témoignage recueilli à l'audience, mis en évidence un excès de phosphore sous forme d'ions phosphates sans caractérisation de l'origine des apports, dans une proportion de 30 à 40 % par rapport au prélèvement de comparaison jugé le plus pertinent.

Cette proportion modérément plus importante de phosphore peut suffisamment s'expliquer la libération de cet élément chimique contenu en grande proportion dans le squelette et dans le sang, étant observé que les corps de plusieurs victimes ont été particulièrement altérés par l'incendie avec carbonisation complète de certaines parties du corps.

Au demeurant, le témoin n'a pas retrouvé, comme il lui était demandé dans sa mission, d'éléments caractéristiques d'utilisation de napalm suivant les formulations courantes de cette substance incendiaire et, pour ne pas exclure totalement cette hypothèse, a fait une référence documentaire à l'utilisation par la Wehrmarcht, au cours du deuxième conflit mondial, de lances-flammes n'utilisant pas de napalm mais un mélange incendiaire enrichi au phosphore. Cette pure spéculation ne saurait à elle seule légitimer l'organisation d'investigations technique? complémentaires.

Une expertise confiée à M, Claude CALISTI du Laboratoire Central de la Préfecture de Police de PARIS et à M. Patrick TOURON de l'Institut de Recherche Criminelle de la Gendarmerie Nationale leur a permis de conclure, après essai de carbonisation sur des animaux de boucherie, que le volume d'essence n'était pas le facteur déterminant, dans le cas d'une crémation à l'air libre et que la dégradation des corps par le feu nécessitait une chaleur intense qu'une simple aspersion par un produit hautement inflammable tel que l'essence qui, par nature, brûle rapidement en dégageant l'énergie vers le haut, n'était susceptible à elle seule de provoquer, de sorte que l'essence avait du être employée pour initier l'incendie de combustibles lents, tels que le bois

Sur les lieux, après l'enlèvement des corps étaient visibles à leurs emplacements des dépôts blancs identifiés par les experts comme des cendres de bois, celles qui avait pu se déposer sur les corps s'étant dissoutes et amalgamées sous l'effet des précipitations pour former des amas noirs se déposant au sol, étant observé que les relevés météorologiques des précipitations pour les stations les plus proches, RENCUREL (altitude 800 mètres), St ROMANS (altitude 410 mètres) et VILLARD-DE-LANS (altitude 1050 mètres), ont donné pour ces trois localisations entre le 16 et le 22 décembre 1995 des hauteurs cumulées de précipitations sous forme de pluie respectivement de 31 mm, 11,7 mm et 14.4 mm.

Le Docteur Eric BACCARD, qui a notamment procédé aux premières constations jusqu'à la levée des corps, a également constaté entre la présence entre les cadavres, de fragments de bois calciné en quantités non négligeables.

Ces éléments, reliés à la présence d'une coupe de bois à proximité immédiate du lieu de découverte des corps, sont démonstratifs de l'utilisation de ce combustible, dont le brûlage a provoqué la destruction des chairs et également des os dans la zone centrale du foyer.

Les constatations médico-légales sur les corps des victimes ont en outre montré qu'à l'exception des corps des enfants beaucoup plus altérés par le feu, du fait de leur petite taille, et des corps de Jean-Pierre LARDANCHET et d'André FRIEDLL, que les extrémités des membres inférieurs étaient souvent détruites ou très altérées par le feu et que les régions ventrales et thoraciques étaient particulièrement affectées par la carbonisation, alors que les régions dorsales des cadavres étaient davantage préservées, ce qui tend à démontrer que les combustibles avaient été déposés sur les corps allongés puis allumés tandis que les deux adultes cités avaient du tomber dans les flammes et braises du foyer ainsi constitué.

Une expertise pluri-disciplinaire regroupant experts en incendie et médecins experts a été organisée le 20 mai 1999 sur les lieux même, pour procéder à des essais de carbonisation sur des cadavres de porcs de boucherie afin de déterminer les quantités de carburant et de combustible lent nécessaires pour occasionner des dommages corporels semblables à ceux observés, la durée de la carbonisation, si le brasier avait été allumé avant ou après le placement des corps et si le bois utilisé pour la crémation avait été installé sous ou sur les corps.

Les résultats des expérimentations effectués ont permis aux experts d'indiquer que :

- le volume d'essence dans un milieu ouvert ne constituait pas l'élément décisif et que seul un combustible lent était susceptible de provoquer les crémations constatées, le volume d'essence devant être juste suffisant pour enflammer le bois et qu'à cet égard une quantité d'essence de 10 à 20 litres compatible avec la contenance des deux récipients identifiés apparaissait suffisante,

- les vêtements des victimes ont eu, après imprégnation d'essence, un rôle de mèche entretenant la combustion-, notamment des graisses,

- un effet de four est inhérente à la disposition des corps, en cercle, au contact les uns des autres, reposant au creux d'une doline, tandis que la présence d'arbres autour de la clairière a fait effet de cheminée, tous éléments favorisant la formation d'un brasier, avec une chaleur plus importante au centre du cercle expliquant les dommages plus importants causés aux membres inférieurs des adultes allongés la tête vers l'extérieur du foyer et aux régions corporelles supérieures des deux adultes retrouvés allongés en position inversée,

- le bois avait été placé sur et non sous les corps des quatorze victimes, donc après la mort, en cohérence avec les constations médico-légales précédemment effectués accréditant le fait qu'elles n'avaient pas respiré dans le foyer, tandis que les corps de Jean-Pierre LARDANCHET et d'André FRIEDLI. présentaient des brûlures compatibles avec une chute dans un foyer déjà allumé.

- la durée de la carbonisation avait été vraisemblablement supérieure à deux heures et que les branchages devaient recouvrir largement les corps pour occasionner les lésions corporelles constatées, sans qu'il soit besoin qu'une quantité considérable ce que confirme l'examen des prises de vues photographiques prises en cours d'expérimentation.

L'affirmation de M. LAVOUE suivant laquelle une quantité équivalente à un chargement de bois aurait nécessaire pour entraîner les dommages corporels observés, n'est que la simple expression d'une opinion que ce témoin ne Justifie pas autrement que par l'autorité qu'il attache à sa qualité d'expert et qui se trouve

formellement contredite par les constatations effectuées au cours du déroulement des opérations d'expertise.

La logique de ces constatations, toutes convergentes, conduit à imputer à Jean-Pierre LARDANCHET et à André FRIEDLI l'homicide des quatorze victimes se trouvant sous l'effet des substances hypnotiques qu'elles avaient préalablement absorbées et qui se trouvaient couchées à l'emplacement précis où leur corps ont été découverts, puis l'installation du bois et sa mise à feu à l'aide des deux bidons d'essence avant de se donner la mort devant le brasier.

La présence de lésions ante-mortem sur les deux mères, Ute VERONA (fractures de la branche droite de la mandibule, du maxillaire droit) et Marie-France LARDANCHET (latéro-déviation du nez) qui proviennent de contusions par choc direct (coup de pied, de poing ou de crosse) laisse envisager qu'elles ont pu avoir à un moment donné une velléité de défense ou un sursaut de révolte, d'autant que les doses d'hypnotiques absorbées pouvaient ne pas suffire à provoquer un endormissement et que les armes devant être rechargées manuellement après chaque tir, le temps d'exécution pour effectuer les 37 tirs a été tel que l'une ou l'autre des victimes, plus ou moins consciente, a pu réagir devant l'horreur de la situation et tenter un acte d'opposition.

La difficulté, que le tribunal comprend et partage, d'admettre que de tels actes aient pu être commis dans des conditions aussi épouvantables, détermine manifestement la quête par les familles de responsables directs qui seraient étrangers au cercle des victimes.

Des interrogations subsistent sur l'improbabilité d'un ramassage de bois au cours de la nuit même où les victimes ont trouvé la mort et du transport dans les mêmes circonstances de deux jerricans d'essence ainsi que sur l'état d'humidité du bois pouvant être ramassé dans la forêt enneigée ou sur la présence dans cette forêt en un lieu déjà éloigné de celui de découverte des corps et en dehors du trajet que les victimes sont supposés y avoir effectué, d'un foulard reconnu à l'audience par un témoin et les parents de la victime comme ayant appartenu à Ute VERONA.

A ces questions, des éléments de réponse peuvent être trouvées dans les reconnaissances préalables des lieux qui ont du être effectués par certains membres du groupe, ce qui est accrédité par deux témoignages d'habitants de la région de St Pierre-de-Chérennes, M. Fernand COMBE qui a indiqué avoir vu le samedi 18 novembre 1995, stationné sur le parking de la pépinière, un véhicule Peugeot 405 Ml 16 gris immatriculé en Suisse avec lettres VD. équipé de jantes en tôle, correspondant exactement au signalement du véhicule du couple FRIEDLI et M. Gilbert ARNAUD qui a témoigné que 10 ou 15 jours avant son audition effectuée le 27 décembre 1995, il avait vu devant chez lui à IZERON sur le chemin vicinal conduisant à St PIERRE de CHERENNES, un véhicule répondant exactement au même signalement. Or, selon le témoignage de Laurent GRANDCOING, fils de Jocelyne FRIEDLI, celle-ci et André FRIEDLI lui avaient annoncé au cours de l'été 1995 qu'un nouveau transit allait avoir lieu d'ici la fin de l'année lorsque les conditions cosmiques seraient favorables et qu'ils en feraient partie, qu'ils avaient fait une promenade dans le Vercors à la même époque et dressé l'inventaire de sites intéressants. Sa mère lui avait confié plus tard que cela se passerait dans la forêt au milieu des animaux de cette forêt, image idyllique qui est loin de rendre compte de la somme d'angoisse, d'horreur et de souffrance procédant des conditions d'accomplissement des crimes telles qu'elle se déduisent des constatations effectuées

Par ailleurs, lors de la perquisition effectuée au domicile des époux LARDANCHET à SAJRRIANS, il a été découvert un certificat de paiement de péage autoroutier en date du 27 novembre 1995 à 11 heures 41 pour le trajet de CHATUZANGE à TULLINS, qui correspond à l'une des sorties d'autoroute permettant d'accéder à St Pierre-de-Chérennes.

Enfin d'autres témoignages, plus imprécis ou moins fiables, ont également évoqué de possibles passages de Patrick VUARNET ou de sa mère au cours de l'automne.

Il est permis de penser qu'à l'occasion de reconnaissances préalables effectués à une période voisine de celle prévue pour la réalisation du transit, certains préparatifs ont pu être effectués par des membres du groupe, notamment l'apport d'essence qui pouvait être dissimulée sur place ainsi que la collecte et la mise à l'abri du bois nécessaire à la confection du bûcher.

Quant à la reconnaissance plus de cinq ans après le faits d'un foulard dont la singularité n'apparaît pas au premier examen, il est difficile d'en retirer des éléments de conviction, si ce n'est pour évoquer une tentative de faite qui n'aurait pas permis à Ute VERONA d'échapper au sort commun.

Il demeure en fonction des constatations et saisies opérées et des investigations médicales et techniques que sur les lieux même où les victimes ont été découvertes, se trouvaient réunis tous les moyens et toutes les conditions nécessaires et suffisantes pour permettre la commission des assassinats par Jean-Pierre LARDANCHET et André FRŒDLl puis leurs suicides, sans qu'il soit besoin d'évoquer l'hypothèse d'une co-action ou d'une complicité du fait de personnes étrangères au cercle des victimes, hypothèse dont les témoignages recueillis dans la région de St Pierre de Chérennes, ceux des membres survivants du groupe et les investigations établissant l'acceptation par plusieurs victimes d'une mort sacrificielle et la participation de certaines d'entre elles aux actes préparatoires des crimes commis, ne permettent pas d'asseoir la vraisemblance mais viennent au contraire confirmer celle d'un assassinat collectif suivi du suicide des assassins.

Les témoignage recueillis dans le voisinage de St Pierre de Chérennes

M. Robert ARNAUD, dont le témoignage a permis de guider les enquêteurs vers la zone où les corps ont été découverts a été entendu les 23 décembre 1995 et 23 février 1996 puis a déposé à l'audience. Aucune variation ou contradiction n'a été relevée au fil de ses auditions successives.

Chasseur au sein de l'association de chasse de Presles, il s'était rendu dans le massif forestier des Coulmes dans la matinée du samedi 16 décembre 1995 en compagnie de Bruno CHULLON dans le but de déceler dans la neige fraîche des traces de passage de grands animaux pour procéder à leur comptage.

Vers 9 heures 45, ayant garé son véhicule sur le parking de La Pépinière, il avait été surpris d'y trouver quatre véhicules dont trois étaient immatriculés en Suisse.

Il a précisé et répété de façon très claire qu'il n'avait constaté sur place aucune autre trace dans la neige que celles de ces quatre véhicules et qu'il avait remarqué des traces de piétinement à hauteur des coffi-es arrières, ces traces de pas s'orientant ensuite plein nord en direction du chemin menant au lieu de découverte du charmer.

Il n'a vu aucune trace de pas en sens inverse et notamment aucune trace de pas entre l'emplacement des quatre voitures et la sortie du parking sur la route, seules les traces de passage des quatre véhicules jusqu'à leur emplacement se trouvant marquées au sol.

Il a expliqué avoir ensuite emprunté le chemin orienté vers l'Est, qui était vierge de toutes trace de pas et qu'après avoir parcouru dans la neige une centaine de mètres, il avait perçu une odeur de fumée n'ayant rien à voir avec une odeur de bois brûlé.

Ce témoignage est à rapprocher de celui de M. Bruno CHUILON, qui effectuait le comptage du gibier en équipe avec Robert ARNAUD en empruntant un trajet différent formant un circuit avec celui son collègue autour du secteur forestier concerné, et qui n'a pas signalé la présence sur le trajet qu'il avait lui-même suivi de traces de pas ou de passage d'un véhicule ainsi que de celui de M. Alain ROZAXD, à l'origine de la découverte des véhicules, qui a déposé à l'audience en indiquant que le samedi matin 16 décembre 1995, souhaitant ouvrir la station de ski, il avait quitté son domicile vers 8 heures pour me rendre sur les parkings de départ des pistes, qu'il avait découvert à cet endroit les quatre véhicules et avait remarqué à distance des traces de pas paraissant se diriger vers les pistes. Il précisait que lorsqu'il est arrivé sur le parking, il n'y avait pas d'autre traces de passage de véhicules sur la neige humide, que visiblement, il n'y avait bien que ces quatre voitures qui étaient venues sur le parking et que les conducteurs n'avaient pas manœuvré, venant garer les véhicules directement à l'endroit où il les a découvert.

Un témoignage discordant a été recueilli, en cours d'enquête, celui de M. Noël ISERABLE, requis de déposer l'audience et qui a invoqué un motif d'excuse reconnu valable par le tribunal. Dans sa déclaration faite aux enquêteurs, le 26 décembre 1995, il a indiqué que le samedi 16 décembre 1995. vers 8 heures 15, 8 Heures 30, il s'était rendu à la chasse dans les Coulmes en partant de St ROMANS à bord de son véhicule utilitaire Cl 5, que dans la montée vers le Faz, il a croisé un véhicule beige avec une immatriculation étrangère qui descendait puis s'est arrêté sur le parking au départ des pistes de ski de fond où il a constaté la présence de quatre véhicules stationnés à cet endroit, une VW Golf immatriculée en 83 ou 84, un second véhicule immatriculé en 74 et les deux derniers immatriculés en Suisse, qu'il a fait le tour des Coulmes à pied pour chercher du sanglier, et de retour au parking, a rencontré sur place, M. Paul CHABERT de St PIERRE DE CHERENNES et un surnommé Lili demeurant à St MARCELLIN, que le lundi 18 décembre 1995, vers 14 heures 00, il est remonté au FAZ avec un groupe de 7 ou 8 personnes et que M. CHABERT avait fait la remarque que les véhicules vus le samedi étaient toujours là.

M. ISERABLE, se trouvant sur le parking au jour et heure qu'il indique, aurait du normalement rencontrer soit M. Alain ROZAND, soit M. Robert ARNAUD, présents au même endroit à une heure d'intervalle. M. ARNAUD a pour sa part indiqué à l'audience que M. ISERABLE s'était certainement mépris sur le jour et qu'il avait du se rendre à la chasse le dimanche, ce qui n'est pas sans vraisemblance dans la mesure où la présence de neige le matin du samedi 16 décembre 1995 interdisait la chasse alors que le lendemain la neige avait fondu.

Il demeure que ces témoignages, pris en leur ensemble, démontrent clairement l'absence d'allées et venues dans le secteur forestier où les victimes ont

trouvé la mort entre le moment de leur arrivée dans la nuit du 15 au 16 décembre et le matin du 16 décembre 1995.

M. et Mme BLANC ont témoigné avoir croisé, dans la soirée du 15 au 16 décembre 1995, à quelques kilomètres du bourg de St Pierre de Chérennes, trois voitures qui descendaient du massif forestier.

Ils avaient quitté un restaurant de Grenoble à l'enseigne " les Archers " le 15 décembre 1995 à 23 heures 43 ainsi qu'en fait foi le reçu de paiement par carte bancaire délivré par cet établissement pour se rendre directement à leur résidence secondaire à PRESLES où ils étaient arrivés le 16 décembre à 1 heure ; que dix à quinze minutes avant leur arrivée, soit vers 0 heure 45 sur la portion de route entre St Pierre de Chérennes et l'embranchement de la route rejoignant Presles, ils avaient croisé trois véhicules qui se suivaient, descendant vers St Pierre de Chérennes et que Mme BLANC a décrit à l'audience comme s'apparentant à des berlines^ sans plus de précisions. Sur le parcours, ils ne se sont pas trouvés en présence de neige. Les investigations particulières demandées sur ce point ont permis de déterminer que dans la soirée du 15 décembre 1995, la neige était présente en fine couche à partir d'une altitude de 950 m, l'altitude du parking de La pépinière étant supérieure à 1100 m et celle du village du Faz exactement de 994 m, alors que le lieu où M. et Mme BLANC ont croisé les trois véhicules se situait à une altitude de 700 mètres et pouvait ainsi ne pas être pas enneigé.

L'exploitation des tickets de péage découverts dans les véhicules des victimes établissant que le véhicule Peugeot 405 d'André FRIEDLI était entré à la gare de péage de CRUSEILLES (74) le 15 décembre 1995 à 22H52 suivi à 22h55 par le véhicule VW Golf d'Ute VERONA, a permis de déterminer que ces deux véhicules avaient pu parcouru- le trajet principalement autoroutier de 170 Kms du péage de Cruseilles jusqu'à Saint Pierre de Chérennes en 1 heure 40 et y arriver ainsi vers 0 heure 35 le 16 décembre.

L'heure à laquelle M. et Mme BLANC ont croisé trois véhicules descendant du Faz correspond sensiblement à celle probable de l'arrivée des trois véhicules venant de Suisse dont les occupants pouvaient être à la recherche du véhicule de la famille LARDANCHET, qui ayant franchi le péage de BOLLENE à 22 heures 07 avait pu arriver à Saint Pierre de Chérennes, environ une heure plus tôt, vers 23 heures 40.

En toute hypothèse, les trois véhicules croisés par M. et Mme BLANC l'ont été à un moment où les crimes n'avaient pu encore être commis ou même recevoir un commencement d'exécution, les victimes venant de Suisse n'ayant pu arriver sur le parking de la Pépinière avant 1 heure 30 au plus tôt le 16 décembre avec une marche de 20 minutes au minimum à effectuer dans la nuit pour rejoindre le lieu où elles devaient trouver la mort.

Le 25 décembre 1995, M. Christian FERARY-BERTHELOT, habitant Saint-Pierre-de-Chérennes, a signalé à la gendarmerie avoir aperçu le jeudi 14 décembre 1995 vers 23 heures 45 trois véhicules de marque Mercedes immatriculés en Suisse traversant le village en direction de Presles. Deux étaient de couleur grise, la troisième bleu-gris et elles avaient des vitres teintées ou sombres. Les investigations entreprises n'ont pas permis d'identifier ces véhicules vus par ce témoin le jour précédent les faits.

Ces véhicules ne sont probablement pas rendus au Faz puis au parking de la Pépinière, dans la mesure où des gendarmes de PONT-EN-ROYANS qui effectuaient une tournée de surveillance, sont passés le 15 décembre de 0 heure 0 heure 15 sur la route depuis le hameau du Paz jusqu'à ce parking et n'ont vu aucun véhicule en stationnement ni passage de roue dans la neige qui avait commencé à tenir.

Les témoignages d'adeptes proches des victimes

L'enquête et l'information judiciaire ont établi que dans le courant de l'année 1995, des réunions auxquelles ont participé plus ou moins régulièrement la plupart des victimes, se sont tenus un à deux soirs par semaine au cabinet de thérapeute de Christiane BONET, situé place du Rondeau, à CAROUGE (Suisse), dans la banlieue de Genève.

A ces réunions, ont notamment participé outre Christiane BONET et son compagnon Enrique MASIP, Ute VERONA, Patrick VUARNET, Edith VUARNET, Emmy ANDERSON. les époux FRIEDLI, Dominique MASSON, Mercedes FAUCON et plus épisodiquement Jean-Pierre LARDANCHET et Patrick ROSTAN.

La réalité de ces réunions est attestée par plusieurs personnes qui y ont participé avant de s'en retirer ainsi que par l'agenda semainier d'André FRIEDLI retraçant sa participation à compter du jeudi 23 février 1995 à ses réunions identifiées par les lettres GE pour Genève et leur tenue régulière selon un rythme hebdomadaire voire bi-hebdomadaire, les mardis et vendredis à compter du mois de juin 1995.

Il est à noter qu'à compter du 21 juillet 1995, l'annotation utilisée pour marquer ces réunions change pour se transformer en astérisque ou étoile en coïncidence temporelle avec le moment où l'annonce a été faite à Laurent GRANDCOING, par sa mère et André FRIEDLI de l'imminence d'un nouveau transit auquel ils participeraient.

Liliane CHANTRY et son compagnon Louis FAUCON, époux séparé de Mercedes, avaient été conviés à ces reunions par Christiane BONET qui souhaitait réunir autour d'elle ceux qui se sentaient frustrés de ne pas avoir été appelés la première fois. Au cours de ces réunions, Enrique MASIP, qui prétendait être en relation médiumnique avec ceux qui étaient partis, délivrait à l'assistance les messages qu'il disait avoir reçus, messages que Christiane BONET commentait.

Selon Liliane CHANTRY, au cours de ces réunions, il n'avait jamais été explicitement question d'un transit à venir mais il était clair, dans son esprit, que Christiane BONET ne rêvait que de ça.

Désapprouvant cette démarche et en accord avec son compagnon, elle avait fait connaître à ses amis le 28 novembre 1995 qu'ils ne souhaitaient plus participer à leurs réunions en leur expliquant les raisons de leur décision.

Ces raisons tenaient essentiellement au fait qu'elle et son ami, figurant au nombre des premiers disciples de Jo DI MAMBRO pour avoir fait partie de la première communauté autrement dénommée "La Fraternité" qu'il avait formé autour de lui à la Pyramide .à COLLONGES (Hte Savoie) et ayant suivi le parcours des adeptes les plus fidèles jusqu'à leur admission au sein de l'Ecole des Mystères, ne croyaient pas à l'authenticité des messages reçus par Enrique MASIP et interprétés par Christiane BONET, alors même que s'ils avaient été choisis par Jo DI

MAMBRO pour participer aux transits du mois d'octobre 1994, ils se seraient soumis à sa volonté, Liliane CHANTRY précisant dans ses premières auditions : si j'avais été contactée par Jo pour participer à ce transît, je n 'aurais pas hésité wie seconde et je serais partie le rejoindre .

Louis FAUCON a exprimé quant à lui le sentiment que Christiane BONET faisait du racolage et qu'elle avait même choisi les personnes pour faire le dernier voyage.

Reconnaissant à l'instar de sa compagne qu'il aurait accepté de participer à un transit à la demande de Jo DI MAMBRO et qu'il avait été frustré de ne pas avoir été appelé par celui-ci, il a expliqué qu'il ne voulait pas le faire à l'instigation de Christiane BONET, qui n'avait pas sa confiance, mais qu'il ne s'était pas senti le droit de l'en dissuader.

Liliane CHANTRY s'est dit convaincue que adeptes de Sa! van et Cheiry étaient d'accord pour mourir, tout comme les victimes du Vercors avaient toutes été consentantes et que s'agissant des jeunes enfants, il lui paraissait normal que leurs parents les aient emmenés puisqu'ils pensaient partir vers un monde meilleur. Au moment de témoigner à l'audience, sa réflexion sur ce dernier point a paru cependant avoir sensiblement évolué à l'inverse de celle d'un autre participant aux réunions du Rondeau, Hubert NICOLET, lequel tout en indiquant que la mort des enfants étaient une horreur, a réaffirmé qu'à son sens, de la part des parents, il s'agissait d'une preuve d'amour expliquant que des parents responsables, qui aiment leur enfants ne partent pas comme cela en les laissant sur place. *

Hubert^NICOLET a témoigné du fait qu'au cours de ces réunions qui se tenaient régulièrement le mardi et le vendredi, des méditations de groupe avaient lieu autour d'une bougie allumée au cours desquelles ils visualisaient la terre bleue dans l'univers et la mettaient en lumière ou émettaient de sons pour entrer mutuellement en résonance avec le sentiment de revenir aux origines et que des messages de leurs amis décédés, reçus par Enrique MASEP puis traduits par Christiane BONET exprimaient une situation de bien-être et d'accomplissement.

Barbara NICOLET a confirmé les explications dé son mari en expliquant qu'au cours de ces réunions, ils faisaient des travaux pour la terre qui a besoin de conscience, d'amour et de lumière.

Elle a indiqué qu'ils devaient participer à une réunion à Carouge le vendredi 15 décembre 1995 à 20 heures, mais, que dans la matinée. Christiane BONET leur avait téléphoné pour l'annuler sans explication particulière et qu'après cet appel, elle avait eu l'impression que leurs amis s'éloignaient d'eux.

Interrogée sur les événements d'octobre 1994, elle les a qualifié de " sacrifice au sens christique, de don total de soi " et sur les raisons pour lesquelles elle n'était pas partie, a indiqué que les choses doivent se faire comme elles le sont.

Tous ces témoins ont exprimé la conviction que les personnes décédés tant à CHEIRY et SALVAN en octobre 1994 qu'à St PIERRE DE CHERENNES en décembre 1995 avaient consenti le sacrifice de leur vie.

Bernard BIRQLLAUD, maître des cérémonies regroupant les membres de FO.T.S. à ONEX, a témoigné du fait qu'à l'occasion de la Pâques 1995, alors que les survivants étaient réunis à Genève, Christiane BONET a transmis un message

reçu par la technique du rêve éveillé indiquant qu'un nouveau Christ était né sur Sinus.

Christian-Marie LE GALL, médecin homéopathe, ami de Luc JOURET et son associé dans la pratique médicale, s'il n'a pas participé aux réunions de CAROUGE, a reçu à plusieurs reprises au cours de l'année 1995 la visite de membres du groupe à l'Ermitage à Sarrians (84), où il avait établi son cabinet médical et résidait depuis septembre 1992. La famille LARDANCHET y avait également établi son domicile depuis le mois d'août 1993.

Ces visites ont pu être sensiblement plus fréquentes que ce qu'il a bien voulu reconnaître ainsi que l'établit le registre de l'Hôtel du Pradet à VACQUEYRAS où descendaient plusieurs membres du groupe mentionnant la présence le 8 août 1995 du couple MASIP-BONET, le 16 août 1995, des mêmes et des époux FRIEDLI, le 2 septembre 1995, de ces quatre personnes plus Edith VUARNET et Emmy ANDERSON, les 7 septembre et 13 septembre du couple MASIP-BONET et le 21 octobre 1995, des époux FRIEDLI. Ces éléments témoignent de la permanence et de la force des liens qui s'étaient alors tissés entre les différents membres du groupe et plus particulièrement Christiane BONET, Enrique MASIP, leur voisine à Genève, Emmy ANDERSON, et le couple FRIEDLI

La propriété de l'Ermitage, où se trouvait établi l'un des sanctuaires de rO.T.S., avait été acquise le 23 mai 1989 par une SCI du même nom constituée pour les besoins de cette acquisition par plusieurs membres de l'O.T.S-, Constantin KASKOUTAS, Camille PILET, Jacques LEVY, Albert GIACOBINO; Madeleine BERANGER et Françoise BELANGER. Un projet de vente partielle à une SCI AKENE formée par un groupe d'adeptes susceptibles de former une communauté avait échoué pour des raisons financières, ces personnes ayant en définitive jeté leur dévolu sur une autre propriété sise à PERNES LES FONTAINES (Vaucluse) précédemment acquise par la SCI LA SOUSTE constituée entre Camille PILET et Luc JOURET.

Les familles BERENGER, PECHOT, le couple formé un temps par Thierry HUGUENIN et Claude PAVOT puis les époux LARDANCHET se sont successivement installés dans cette propriété où des bungalows ont été également occupés par la famille LEVY, par Françoise BELANGER-REBMANN, remplacés par les époux NICOLET et Patrick ROSTAN, tandis qu'un troisième bungalow a été installé par Patrick VUARNET.

Sans avoir appartenu à l'O.T.S-, Christian LE GALL avait accepté à la demande de Luc JOURET de faire partie du cercle doré qu'il n'identifiait pas clairement à l'Ecole des Mystères.

Suite aux événements de Salvan et de Cheiry, il aurait, selon Claude PAVOT, regretté de ne pas avoir été appelé à participer au transit.

Questionné sur ce point, au cours de l'information, il a déclaré d'ailleurs :

" ... je n 'ai pas à discuter le bien fondé d'un tel geste, humainement inacceptable. Si j'avais été appelé pour ce départ, je ne sais pas sij 'aurais été capable de dire oui, " position hésitante qu'il a réitérée à l'audience

II avait été informé par Jean-Pierre LARDANCHET, qu'à la suite des événements d'octobre 1994 d'anciens adeptes continuaient à se rencontrer chez Christiane BONET à Genève et tout en se méfiant pour avoir été averti par Luc JOURET se s'abstenir de participer avec elle à des séances de rêve éveillé, il avait

assisté à deux réunions à Sarrians au cours desquelles Christiane BONET avait affirmé que ceux qui étaient restés devaient faire un travail sur la terre puis prétendu qu'Enrique MASBP était en contact médiumnique avec l'Innommable. Elle parlait également de terribles cataclysmes qui allaient se produire à la suite du basculement des pôles.

Selon ses dires, après qu'il ait manifesté un certain scepticisme, il n'avait plus été associé à ces séances.

L'information a par ailleurs établi que le Docteur LE GALL avait été le médecin traitant d'Emmy ANDERSON, de Louis FAUCON, de Mercedes FAUCON, de Jean-Pierre et d'Aldin LARDANCHET, des époux NTCOLET, de Patrick ROSTAN, de Tania et d'Ute VERONA et de Patrick et Edith VUARNET, parmi lesquels nous trouvons neuf des seize victimes du Vercors.

La saisie et l'expertise judiciaire des dossiers médicaux de ces patients a suscité un certain nombre d'interrogations sur des annotations paraissant davantage se rattacher à leur évolution psychologique en relation avec leur appartenance à la secte et les événements d'octobre 1994 et une annotation particulière sur le dossier de la jeune Tania VERONA à la date du 19 novembre 1995 "pas de passage "

Sur les annotations relevées, l'intéressé ne s'est pas expliqué indiquant qu'elles ne pouvaient être détachées du contexte des entretiens avec ses patients dont il n'avait plus souvenance, le terme de passage employé pour Tania pouvant selon lui s'appliquer à un dosage homéopathique.

Sa compagne Martine BURON, a témoigné avoir vu pour la dernière fois les époux LARDANCHET le 15 décembre 1995 vers 18h00, puis Jean-Pierre partir seul vers 21 heures, sans rien dire de particulier.

Ils ont précisé que Marie-France LARDANCHET avait fait tourner une lessive dans le lave-linge pendant la nuit, que les époux LARDANCHET avaient fait remplir leur cuve à mazout quelques jours auparavant et qu'ils avaient décoré la maison pour Noël.

Christian LE GALL a en outre indiqué qu'il avait prêté fin novembre 1995 une importante somme de 60.000 F à Patrick ROSTAN qui désirait s'acheter un véhicule neuf et qu'à la même époque, il avait investi une somme de 180.000 F pour l'installation, à l'Ermitage, d'une bâche à eau dont il n'avait pas l'utilité pour lui seul.

Dans ces conditions, ce n'est que le mardi 19 décembre 1995, après avoir constaté que Patrick ROSTAN était absent de son domicile parisien et reçu plusieurs appels de personnes qui cherchaient à joindre l'un ou l'autre, qu'il avait réalisé ce qui avait du se produire et alerté les services de police.

Les investigations concernant les victimes

Christiane BONET, Emmy ANDERSON, André et Jocelyne FRIEDLI ont expliqué leur projet par des écrits ou en ont averti des proches.

Les confidences faites par les époux FRIEDLI au cours de l'été 1985 à Laurent GRANDCOING, fils de Jocelyne, ont déjà été exposées et sont suffisamment claires pour être autrement commentées.

Le 11 août 1995. ils rédigeaient leur testament.

David BOURGOZ, fils de Christiane BONET, a vu sa mère la dernière fois le 13 décembre 1995. Ce jour là, elle lui a remis son cadeau de Noël avec douze jours d'avance et elle lui est apparue radieuse.

Elle a laissé en évidence sur son bureau, une feuille de papier avec ces simples mots " Page blanche - Tout est dit " et une lettre à son fils lui écrivant ; " La mort n 'existe pas et est pure illusion. Puissions-nous par la Vie intérieure nous retrouver toujours. Ce qui est vécu là est Offrande - Sacrifice " ,

Thierry HUGUENTN a rapporté que dans la dernière quinzaine d'août 1995, la mère de Christiane BONET lui avait montré une lettre de sa fille dans laquelle celle-ci écrivait qu'elle prévoyait un second transit et que personne n'avait compris l'acte de DI MAMBRO qui n'aurait aucun caractère démoniaque mais qui constituait au contraire un geste de haute spiritualité et de haut courage.

David BOURGOZ a enfin confié au juge d'instruction que quelques jours après les drames (d'octobre 1994) il avait eu une explication très franche avec ma mère, qui lui avait certifié qu'elle n'était au courant de rien, qu'elle était extrêmement triste et regrettait à l'évidence de n'avoir pas participée au départ lui disant qu'elle était abandonnée et qu'elle n'était probablement pas assez pure pour les rejoindre.

A sa remarque sur le caractère criminel de cette affaire, elle avait répondu que les enfants étaient plus éveillés que les autres et qu'il était normal que les parents aient le droit de vie et de mort sur leurs enfants.

Emmy ANDERSON a adressé à sa sœur une lettre explicite exprimant une parfaite communauté de vue avec les messages posthumes du mois d'octobre 1994 :

" A tous ceux qui peuvent encore entendre et comprendre. La vie est mouvement étemel, un va et vient infini !... Moi, Porteur de lumière depuis la nuit des temps, le temps qui me fut assigné sur la Planète Terre EST REVOLU et je retourne librement et volontairement d'où je suis issue à l'aube des temps ! La Joie m'habite de savoir que ma tâche est accomplie et que je peux ramener dans la Paix et dans la Joie mon capital-énergie enrichi par l'expérience vécue sur la Terre, vers la Source d'où provient toute chose ! Il est difficile pour l'homme de la Terre de comprendre un tel choix, un tel geste - de poser volontairement son véhicule terrestre... Le travail est accompli et nous ramenons avec nous toute la quintessence d'une riche expérience vécue sur la Planète Terre... Ne soyez pas triste, mais réjouissez-vous de votre propre retour conscient "

Très ouvertement, elle avait antérieurement exprimé ainsi aux enquêteurs suisses son sentiment sur les événements d'octobre 1994 : " Sur le plan humain, je sais que ce qui s'est passé est atroce mais j'ai l'intime conviction que les participants à ce passage y ont consenti librement. Si l'on m'avait appelée, j'aurais été prête aussi. J'ai néanmoins conscience qu'un tel transit demande une maîtrise de tous les plans de tous les corps pour laquelle peu étaient prêts. J'estime que la plupart sont allés là en se préparant à ce transit. C'était une démarche consciente. Le choix du jour et du lieu n'avaient rien à voir avec le hasard. Dans mon for intérieur, je considère cet événement comme un suicide collectif pour lequel certains se sont aidés ou se sont fait aider. Il s'agit de gens qui avaient une disponibilité et se sentaient en mission sur la terre. Malgré les faits extérieurs d'agression et d'atrocité physiques, je pense que tout s'est passé harmonieusement. "

Elle définissait alors " le transit " comme une mort volontaire, consciente et libre, dans le but d'accéder consciemment à une autre dimension.

L'été 1995 et plus particulièrement le mois d'août, correspond à la mise en route du processus qui va aboutir au massacre de Saint-Pierre-de-Chérennes.

Au cours de cette période, les époux FRffiDLl procèdent à la recherche du lieu adéquat et Patrick ROSTAN entreprend de réunir le matériel nécessaire.

. En juillet 1995, il fait souscrire deux abonnements de téléphones portables par Pawel BLAZEJEWSKI, l'un des ses obligés avec lequel il monnayait le classement des contraventions

.Le 11 août 1995 il achète le pistolet SAPL à l'armurerie DUNE

. Le 31 août 1195, il achète le pistolet GAUCHER à l'armurerie Armes Bastille

Au cours du mois août, il obtient neuf opérateurs numériques ALPHAPAGE, dont les abonnements sont souscrits au nom de sociétés et de particuliers également intéressés à ses bons services afin de permettre des liaisons discrètes avec les autres membres du groupe et déjouer les surveillances téléphoniques dont ils étaient persuadés faire l'objet.

Avant de quitter Paris, le 13 décembre avec son arme de service, Patrick ROSTAN a confié ses deux chats à un tiers qui n'a jamais été identifié et a eu le scrupule de démonter ses meubles.

Il a laissé à son domicile parisien des notes manuscrites consignant ses réflexions, dont les suivantes, évocatrices : " Le chemin'de la vérité est devant nos pas. Le péril est grand. La lumière est devant nous à jamais si nous franchissons l'obstacle... Le jugement de Dieu va s'accomplir dans les prochains jours... "

Jean-Pierre LARDANCHET n'a pas laissé de message mais a apporté son arme de service qui servira, comme celle de Patrick ROSTAN, à assurer son suicide et celui d'André FREEDLI. Û a pu également se rendre dans le Vercors pour procéder à une reconnaissance des lieux. Enfin, deux boites des médicaments utilisés ont été retrouvés dans le coffre de son véhicule, ce qui tend à établir que lui ou son épouse se les sont procurés et les ont apportés sur place.

Son épouse Marie-France OTTO, si elle n'a pas fréquenté les réunions organisées par Christiane BONET dans son cabinet du Rondeau, a pu être associée aux activités du groupe à l'occasion des visites régulières à SARRIANS du couple MASIP - BONET et des époux FRGEDLL

Elle et son époux ont été généralement dépeints comme des fanatiques et Claude LE DOTH a témoigné du fait qu'après les drames de SALVAN et CHEIRY sa femme lui avait rapportée qu'elle avait rencontré Marie France LARDANCHET à l'Ermitage, alors qu'elle se rendait en consultation chez le Docteur LE GALL, et que cette dernière lui avait déclaré qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle et son mari n 'avaient pas été appelés à la.réunion alors qu'ils faisaient partir de l'élite de l'ordre.

La réalisation concrète et brutale du passage qui aurait du se produire " dans la paix et la lumière " a pu lui ouvrir les yeux et susciter de sa part une réaction de révolte, cause des violences qu'elle semble avoir subies avant de partager le sort commun.

Enrique MASIP a participé à la préparation psychologique du groupe lors des réunions organisées par Christiane BONET en transmettant les instructions

médiumniques reçues de l'au-delà et a remis le 7 décembre 1995 à Hubert NICOLET un appareil ALPHAPAGE destiné à transmettre l'appel pour le dernier voyage.

Patrick et Edith VUAKXET n'ont laissé aucun message ni clairement participé à des actes préparatoires, si ce n'est que Patrick VUAJRNET a expliqué à Liliane CHANTRY la procédure de codage convenue pour l'utilisation des appareils ALPHAPAGE en lui précisant que les appels vers ces appareils devaient être faits depuis ces cabines publiques et non à partir de postes téléphoniques personnels.

L'un et l'autre avaient été rapidement admis au sein du cercle de familiers gravitant autour de Jo DI MAMBRO, que Patrick considérait selon les dires de sa mère comme son père spirituel.

Détenteur d'une lettre de Jo DI MAMBRO annonçant que trois personnes étaient censées reprendre le flambeau, il avait indiqué dans l'une des auditions par les enquêteurs helvétiques en parlant de lui-même, de Jean-Pierre LARDANCHET et de Patrick ROSTAN : " nous avons pris conscience du fait que nous étions les trois qui devions prendre la suite ".

Ni l'un et l'autre, lors de leurs auditions par les enquêteurs helvétiques n'ont caché qu'ils auraient été prêts au sacrifice.

Mercedes BAJNEGAS épouse séparée de Louis FAUCON-, adepte de la première heure pour avoir fidèlement suivi Jo DI MAMBRO dans sa démarche de la Fraternité de la Pyramide jusqu'à l'Ecole des Mystères a été décrite par tous les témoins qui l'ont connue comme étant une fanatique, voire une extrémiste de l'occulte suivant l'expression d'Evelyne BRUNNER-BELLATON, aspirant au sacrifice ultime.

Louis FAUCON devait admettre dans l'une de ses auditions qu'ils se disputaient souvent car elle voulait " rejoindre les autres ".

Selon Liliane CHANTRY, Ute VERONA aurait été plus réticente devant l'idée d'un transit et cet état d'esprit peut être mis en relation avec les violences ante mortem qu'elle a subies.

Dominique MA.SSON a eu un parcours discret au sein du Temple Solaire mais a néanmoins été entendue par les autorités suisses après les événements d'octobre 1994. Elle avait affirmé à cette occasion ; " Je n 'ai jamais voulu me lancer dans cette aventure... Je n 'ai strictement rien investi dans cette histoire ".

En relation étroite avec Renée PFAEHLER, décédée à CHEIRY, Christiane BONET et Mercedes FAUCON, elle a participé régulièrement aux réunions organisées par Christiane BONET au cours de l'année 1995.

Elle a été dotée de l'un des neuf opérateurs ALPHAPAGE que Patrick ROSTAN s'était procuré.

D s'avère ainsi qu'à l'exception des enfants niés dans leur individualité pour être sacrifiés à la logique fanatique des adultes et, sans certitude pour Ute VERONA et Dominique MASSON, qui ont pu être contraintes ou surprises, les membres du groupe ont adhéré au projet homicide conçu en commun, comme moyen d'accéder à un état de conscience supérieur selon la croyance qui leur avait été inculquée, certains l'ayant clairement exprimé et d'autres ayant pris une part active à sa préparation ou à sa réalisation.

Toutes les investigations raisonnablement envisageables ont été réalisées au cours de l'information pour identifier et tenter de comprendre les mécanismes de persuasion et d'endoctrinement qui ont pu déterminer une aliénation complète de la personnalité d'une majorité de victimes qui ont accepté de renoncer à la vie et, pour certain d'entre eux, de consentir à l'immolation de leurs enfants dans la perspective illusoire d'atteindre par ce moyen un état de surhumanité et de perfection, alors que la plupart d'entre elles, bien insérées socialement, professionnellement et culturellement, étaient a priori susceptibles d'avoir un esprit critique leur permettant d'apprécier la valeur réelle des enseignements et des modèles de vie qui leur étaient proposés.

Il a été simultanément recherché les sources de ce conditionnement, seul susceptible d'avoir permis la réalisation de ces massacres de masse et leur réitération, chaque fois à plus d'un an d'intervalle, suivant un processus à l'image des répliques successives et décroissantes d'un séisme initial et, par voie de conséquence, d'identifier ceux qui y ont apporté un concours effectif en examinant si ces personnes ont voulu de la sorte s'associer activement à un groupement dont l'objectif initial ou conçu à une étape ultérieure de son existence, était de commettre des crimes en général et des assassinats collectifs en particulier avec la connaissance acquise de l'objectif criminel poursuivi par cette organisation malfaisante.

A l'issue de son information, le Juge d'instruction a considéré que les charges réunies de ce chef à l'encontre de Michel TABACHNIK étaient suffisamment nombreuses et probantes pour justifier son renvoi devant de ce tribunal sous la prévention de participation à une association dé malfaiteurs établie en vue de la préparation des assassinats commis à Morin-Heights, Cheiry, Salvan, St Pierre-de-Chérennes et St Casimir, retenant comme actes matériels de sa participation la rédaction et la diffusion d'un enseignement doctrinal destiné à conditionner les individus dans l'idée qu'ils appartenaient à une élite investie d'une mission rédemptrice et à créer une dynamique homicide, la préparation des crimes étant caractérisée de son fait, notamment par l'organisation de réunions les 9 juillet et 24 septembre 1994 au cours desquelles il a annoncé la fin de ce groupement ou entente et l'aboutissement de sa mission dont l'objet même était la commission de crimes en projet ou déjà préparés à ces dates et ce, en connaissance des buts et projets de ce groupement ou entente.

Le remarque s'impose au premier examen de cette prévention de noter l'assimilation qui y est faite entre l'association de malfaiteurs et le groupement dont Michel TABACHNIK a annoncé la fin ou l'occultation au cours des réunions du 9 juillet et du 24 septembre 1994 à savoir l'Ordre du Temple Solaire, dont les membres avaient été alors invités à se regrouper au sein d'une nouvelle structure dénommée " Alliance Rosé +- Croix ", qui devait elle-même intégrer une structure déjà existante mais jusqu'alors restée secrète " L'Ecole des Mystères ".

Or. l'information et les débats ont clairement permis d'établir que le cercle des personnes qui se sont successivement regroupées au fil du temps dans une communauté d'idées et d'objectifs en vue de la réalisation concertée d'assassinats collectifs s'est essentiellement dégagé d'une organisation qui a elle-même évoluée dans le temps, à la fois extérieure et supérieure à l'ordre néo-templier, dénommé finalement " Ordre du Temple Solaire ", dont elle contrôlait l'organisation, l'idéologie et les ressources.

Cette organisation a pu dans un premier temps s'identifier à la Fondation Golden Way constituée les 20 juin et 12 juillet 1978 qui fédérait elle-même les membres d'une communauté déjà existante regroupée autour de Jo DI MAMBRO, communément désignée sous le vocable de Fraternité, et de nouveaux convertis plus aptes à favoriser le rayonnement de la nouvelle fondation installée dans la propriété de Montfalcon, route de Saconnex d'Arve à PLAN-LES-OUATES dans la banlieue de Genève : des artistes renommés comme Michel TABACHNIK, compositeur et chef d'orchestre, devenu Président de la Fondation le 10 juillet 1981, Evelyne BRUNNER, cantatrice, des hommes d'affaires comme Arthur BURRI, un médecin homéopathe et conférencier écouté, Luc JOURET, des hommes fortunés comme Albert GIACOBÏNO, un psychothérapeute, Richard DUNANT et un architecte, Constantin KASKOUTAS, tous, si ce n'est férus d'ésotérisme, du moins en quête d'une démarche spirituelle spécifique. Cette période est marquée par la prise de contrôle d'un ordre néo-templier confié à la maîtrise de Luc JOURET dénommé Ordre Rénové du Temple (O.R.T.), devenu, en suite de scission. Ordre Chevaleresque et Initiatique de Tradition Solaire (O.C.T.I.S.) et finalement Ordre du Temple Solaire (O.T.S.) après avoir adopté dans l'intervalle des dénominations plus éphémères, tels que celles d'Hermetica Fratemitas Templi Universali (H.F.T.U.) entre autres.

Elle s'est identifiée dans un second temps, à compter de l'établissement effectif au Canada de Michel TABACHNIK, Jo DI MAMBRO et Luc JOURET en 1984 à une structure plus opaque aux contours mal définis mais bien décrits par des témoignages tels que ceux de Marianne' STAMPFLI, Thierry HUGUENIN et Jacqueline CHAPPUIS, se caractérisant par des liens l'allégeance personnels tissés au sein de véritables cours constituées autour des figures dominantes, par un foisonnement d'entreprises et d'investissements immobiliers et des mutations incessantes de l'organisation templière.

Dans un troisième temps, à compter des année 1990-1991, l'ordre templier qui se réorganisait en deux pôles O.T.S. et O.T.S.U. sous direction bicéphale canadienne et helvétique, s'est trouvée confrontée à des départs massifs de ses membres, et la structure supérieure a constitué un groupement secret " l'Ecole des Mystères " dont sont issus la grande majorité des victimes de Cheiry, Salvan et St Pierre de Chérennes.

En définitive, les analyses opposées portant sur la nature réelle de l'organisation communément dénommée sous le vocable de Temple Solaire, secte ou ordre initiatique, peuvent être conciliées en observant qu'il s'agit en définitive d'un ordre initiatique coiffé par une secte.

Le germe de cette organisation a été retrouvé dans la constitution en autour de Jo DI MAMBRO d'une communauté, dénommée par ses membres " La Fraternité " se manifestant d'une part par la création en 1974 d'une association dénommée " Centre de Préparation à l'Age Nouveau - Ecole de la Vie " et d'autre part par la constitution le 27 avril 1976 d'une société civile immobilière dénommée " La Pyramide ", dont le siège se trouvait établi au domicile des époux DI MAMBRO -DUPLESSY à Annemasse (Hte Savoie), qui a fait l'acquisition la même armée d'un immeuble sis à Collonges-Sous-Salève, où s'est installée la communauté constituée suivant le modèle d'un kibboutz et dont ont fait notamment partie. Renée PFAEHLER, Nicole KOYMANS, Odile DANCET, Geny et Colette GENOUD, Christian et Sabine PECHOT, Jacques LEVY et sa première épouse, Louis et

Mercedes FAUCON, Antonio " Tony " DUTOIT et Liliane CHANTRY, quatorze personnes parmi lesquelles dix ont trouvé la mort à Morin-Heights, Cheiry, Salvan et St Pierre-de-Chérennes.

Joseph Léonce PI MAMBRO est né le 19 août 1924 à Pont-Saint-Esprit, dans le Gard, bijoutier de profession, avait adhéré en 1956 à une organisation de tradition rosicrucienne, dénommé " Ancien et Mystique Ordre de la Rosé Croix " (A.M.O.R.C.), fondé en 1909 aux Etats-Unis par Harvey Spencer Lewis, qui a adopté le titre d'impérator et dont le Grand Maître pour la France et les pays francophones a été Raymond BERNARD de 1959 à 1977. A l'instar de Guy BERENGER, décédé à CHEIRY, il a participé aux travaux de la Loge Claude DEBUSSY à NIMES, dont il a été élu Maître pour un mandat annuel en 1966 ou 1967.

Selon Serge TOUSSAINT, successeur de Raymond BERNARD comme Grand Maître de la Juridiction Française de FAMORC, Jo DI MAMBRO aurait été exclu de l'organisation, en 1970 ou en 1971, sans pour autant pouvoir établir la réalité de cette exclusion, les archives concernant cette période ayant été, selon ses indications, détruites à la suite du transfert du siège de l'Ordre de VILLENEUVE SAINT GEORGES, actuel domicile de Raymond BERNARD, au château d'OMONVILLE (27).

La saisie et l'expertise informatique du fichier des adhérents de la juridiction française de FAM.O.RC. a permis de constater que Jo DI MAMBRO était noté pour avoir démissionné le 27 octobre 1989, date qui correspondait selon les dirigeants de cette organisation à celle d'une mise à jour massive des fichiers, ce qui a été confirmé par la constatation suivant laquelle le même jour 49.622 autres membres ou anciens membres parmi lesquels figuraient 18 membres de l'O.T.S. avaient été simultanément radiés comme portés démissionnaires..

En 1969, suite à diverses indélicatesses dont certaines ont eu des conséquences pénales et à la faillite de son commerce de bijouterie, Jo DI MAMBRO s'est installé en Israël avec son épouse Hélène GHERSI et leurs deux enfants. Un troisième enfant est né à TEL-AVIV, le 18 novembre 1969, prénommé Elle, du nom du prophète qu'il était censé réincarner, destiné selon son père à un destin exceptionnel et qui devait trouver la mort à SALVAN.

Fin 1970, il est revenu seul en France se séparant de sa femme et de ses trois enfants. Il s'est installé à ANNEMASSE en 1972 où il a occupé un emploi d'ouvrier de fabrication dans un atelier de bijouterie jusqu'en décembre 1976. Il a épousé en 1977 Jocelyne DUPLESSY, personnalité mystique férue d'ésotérisme.

Mme Nicole MONTESSUIT, dont il a utilisé le nom à son insu dans les statuts de son association, a témoigné du fait qu'à cette époque il organisait des séances de méditations, faisait déjà référence aux maître de Sirius et dirigeait des rituels interminables sur fond de musique wagnérienne où étaient évoqués des thèmes rosicmciens et maçonniques. Il lui avait proposé d'exercer ses activités de médecin à la Pyramide où Nicole KOYMANS enseignait le yoga et où René PFAEHLER pratiquait des séances de rêve éveillé à recherche des vies antérieures de ses clients, lui-même se prétendant psychologue ;

A cette même époque, Michel TABACHNÏK, dont la première épouse Christine MEYLAN était en relation avec Nicole KOYMANS et fréquentait la Fraternité, séduit par la personnalité de Jo DI MAMBRO et l'atmosphère régnant au

sein de la communauté, a noué avec celui-ci une relation amicale, qui n'a jamais selon des dires véritablement cessé jusqu'au événements d'octobre 1994

La Fondation Golden Way

Le 12 juillet 1978, une association revendiquant le statut juridique et fiscal de fondation, dénommé " Golden Way Foundation " par référence implicite à la Golden Dawn, éphémère et mythique société secrète d'inspiration rosicrucienne connue pour ses rituels utilisant des pratiques magiques, a été constituée par huit membres fondateurs : Joseph DI MAMBRO, psychologue, son épouse Jocelyne, psychologue, Renée PFAEHLER, institutrice retraitée, Nicole KOYMANS, professeur de yoga, Françoise dite Claire REBMANN épouse BURRI, comptable, Arthur BURRI, directeur adjoint, Richard DUNANT, praticien en médecine naturelle et Michel TABACHNÏK, chef d'orchestre.

La Fondation Golden Way avait pour objet déclaré " de promouvoir, d'encourager et de soutenir toutes activités de recherche et d'éducation pour le maintien de la santé physique et mentale de l'homme par des voies naturelles, pour son développement et son évolution spirituels, ainsi que pour la sauvegarde de l'environnement, ceci pour une meilleure intégration et harmonisation de l'être humain à la vie, au progrès et à l'évolution ".

La fondation se destinait également à créer entre ses membres " des liens d'amitié et de fraternité sur les bases fondamentales de la chevalerie " et la référence aux templiers était dès l'origine présente ainsi qu'en font foi ses archives identifiant dès l'origine en son sein un ordre templier dénommé Ordre du Temple Secret (O.T.S.)

La Fondation a fait l'acquisition l'aimée de sa constitution d'une propriété prestigieuse située 115, route de Saconnex d'Arve à Plan-les-Ouates, qui avait appartenu à l'Ordre de Malte, puis en septembre 1980, d'un deuxième immeuble, aménagé par Albert GIACOBINO situé 109 rue Saconnex d'Arve dénommé " Ferme de Chênes " à l'intérieur duquel une trentaine de personnes ont mené une vie communautaire jusqu'en 1993, date de la vente de cet immeuble et de l'éclatement consécutif de la communauté.

Joseph DI MAMBRO, premier président de la Fondation a été remplacé le 8 Juin 1981 par Michel TABACHNÏK qui a conservé cette fonction jusqu'à la dissolution de la fondation le 3 avril 1990.

Avant cette dissolution et alors que la Fondation n'avait pratiquement plus aucune activité en rapport avec son objet déclaré, a été constituée le 18 janvier 1987 une association dénommée " Association des Membres Fondateurs de la Fondation Golden Way " qui sera le support administratif et financier de l'Ecole des Mystères à partir de 1992, date à laquelle les cotisations des membres ont été versées sur un compte ouvert par l'association.

Les Organisations Templières

Suite à la transmission du flambeau de Grand Maître de l'Ordre Rénové du Temple à Luc JOURET par Julien ORIGAS en juillet 1983 et au décès de celui-ci survenu le mois suivant, a été créé à Genève le 19 juillet 1984 sous la dénomination " Tradition Solaire ", un ordre templier, regroupant une centaine de membres de l'O.R.T-, établis essentiellement au Canada, en France métropolitaine et en

Martinique, qui se sont séparés de ceux restés sous l'obédience primitive dont le contrôle était conservé par Germaine ORIGAS.

Une association dénommée Ordre Chevaleresque International de Tradition Solaire (O.C.I.T.S.), constituée le 17 mars 1995 à GENEVE puis au Canada, a pris le relais de la précédente avec pour vocation, au terme de ses statuts, de regrouper et de contrôler en tant qu'Organisation Mère, les ordres affiliés.

L'Ordre était dirigé par un Président, Luc JOURET, ayant le titre occulte de Grand Maître et administré par un comité exécutif dans lequel les fonctions de Vice-Président (Sénéchal), de Secrétaire Général (Grand Chancelier) et de Trésorier (Grand Trésorier), avaient été confiées respectivement à Daniel MUTELET, Constantin KASKOUTAS et Robert FALARDEAU.

Le Grand Maître était assisté d'un Conseil de l'Ordre dont faisait partie Michel TABACHNIK, avec le titre d'Ambassadeur.

Le 18 février 1990, l'Ordre Chevaleresque International de Tradition Solaire, qui s'était éclaté depuis 1987 entre différentes structures parallèles, ARCHEDIA INTERNATIONAL, H.F.T.U, H.S.T., LT.S., a fait place à l'Ordre T.S. (Tradition et Sciences ou Tradition Solaire ou Temple Solaire). Le 21 juin 1991, la charge de Grand Maître a été transmise de Luc JOURET à Robert FALARDEAU

L'Ordre T.S. était, selon Claude LE DOTH, Président d'O.T.S. FRANCE, composé de Commanderies (Canada, France, Martinique, Canaries). A côté de ces conunanderies avait été créé dès le* 6 avril 1990, l'Ordre Tradition et Science Unifié (O.T.S.U.) qui ne comprenait au départ qu'une unique commanderie, celle du Léman à Genève, pour finir par regrouper tous les membres européens de l'Ordre, et a été dirigé successivement par Nicole KOYMANS, Albert GIACOBINO et Claude LE DOTH. celui par intérim à compter du 7 juillet 1994, suite à la démission d'Albert GIACOBINO.

L'ordre T.S. était au tenue de l'article 5 de son règlement un Ordre Chevaleresque Mystique et Initiatique dont le nom des responsables et les activités devaient rester secrets.

L'article 8 précisait que l'Ordre T.S. était placé sous l'obédience de la Synarchie du Temple dont les membres devaient rester secrets, seule compétente pour désigner les responsables de l'Ordre.

Selon l'article 13 de ces mêmes statuts, l'Ordre T.S- fonctionnait à trois niveaux distincts :

le premier degré composé des Frères du Parvis qui revêtaient une talare (aube) blanche pour les cérémonies

le deuxième degré composé des Chevaliers de l'Alliance qui revêtaient une cape blanche

et le troisième degré composé des Frères des Temps Anciens qui revêtaient une cape rouge.

Ce 3°'^ degré avait été à l'origine tenu secret des membres des deux autres degrés et n'a été officialisé qu'à l'occasion du dépôts des statuts de l'Ordre T.S.. Il était placé dans un premier temps sous l'égide de la maison mère. la Fondation Golden Way et les cotisations des membres ayant atteint ce degré n'étaient pas alors versées à l'Ordre. Robert FALARDEAU a ensuite obtenu que ce 3ème degré lui soit

rattaché, ce qui lui a été d'autant plus facilement concédé qu'il existait déjà un degré supérieur, celui des capes dorées, membres de l'Ecole des Mystères.

Un enseignement spécifique correspondait à chaque échelon initiatique et au terme de l'article 24 des statuts de l'O.T.S., l'enseignement écrit était subdivisé de la manière suivante :

1er degré : Plagium

2^ degré : Epîtres et Viatiques

S*"1® degré : Archées, Viatiques, Profès et Voie Royale.

Les organisations périphériques

A côté de la Fondation Golden Way et de la structure purement templière ont été créés successivement plusieurs organisations largement ouvertes au public, qui ont servi de vivier pour le recrutement d'un grand nombre d'adeptes graduellement et délibérément orientés vers les structures initiatiques plus fermées et un grand nombre de sociétés commerciales ou civiles pour assurer la diffusion et la vente des produits ou des services proposés par l'organisation, acquérir, aménager, et exploiter de nombreuses propriétés immobilières en différents pays, incluant des propriétés rurales telle que l'Ermitage, la ferme de Cheiry ou celle de St Sauveur à St Anne de la Pérade (Province de Québec -Canada) ou plus subsidiairement d'assurer des emplois à certains membres de l'Ordre ou de la Fondation.

La société AMENTA, créée le 2 juillet 1981, avec comme associés Jocelyne DI MAMBRO. Evelyne BRUNNER et Danielle BURRI était à l'origine une société d'édition.

A compter de 1983, cette société a notamment organisé les conférences de Luc JOURET et édité des cassettes de ces conférences. Celui-ci en a pris directement le contrôle en 1985.

Parallèlement, ont été mis sur pied en 1984 par Arthur et Danielle BURRI, des clubs conçu sur le modèle du Lion's Club ou du Rotary Club, dénommés AMENTA Science et Traditions qui relayaient localement l'organisation de conférences et proposaient à leur membres des activités diversifiées en relation notamment avec les médecines parallèles, les pratiques de relaxation et de méditation, l'agriculture biodynamique et l'écologie-

A la fin de l'année 1985, les clubs AMENTA ont été relayés par l'association ARCHEDIA INERNATIONAL destinée à fédérer les clubs sous la nouvelle appellation ARCHEDIA, dont Arthur BURRJ était à nouveau le concepteur et l'intendant et qui se trouvait placée sous la présidence de Luc JOURET. L'association deviendra alors la principal vivier de l'Ordre, les conférences du Docteur Luc JOURET réussissant à drainer nombre de personnes intéressées par le discours homéopathique et écologique du médecin qui réunissait autour de lui des auditoires attentifs et nombreux en Suisse comme en France, au Canada où en Martinique aux Antilles.

Des divergences fondamentales entre les dirigeants portant sur les buts de cette organisation et son mode de fonctionnement, ont conduit Luc JOURET, soutenu activement par Michel TABACHNIis comme en ont clairement témoigné

Arthur BURRI et Femand LAFLAMME, et en sous-main par Jo DI MAMBRO, qui avait pour habitude de laisser vivre les structures et se dégager les rivalités en les entretenant en tant que de besoin, pour finalement imposer ses propres choix présentés comme des décisions d'une autorité supérieure occulte, a détourner les adhérents d'ARCHEDIA, qui avait un temps repris à son compte les activités de l'O.C.LT.S., pour les diriger vers d'autres structures éphémères créées pour les besoins de la cause, tel H.T.F.U. puis I.S.T. et à se débarrasser ainsi d'Arthur BURRI qui se trouvait désormais à la tête d'une coquille vide.

Luc JOURET, avec le soutien financier de son mécène personnel Camille PILET, a créé d'autres structures, tels qu'ATLANTA, qui a repris l'organisation de ses conférences et la diffusion des enregistrements et en 1991, l'Académie de Recherche de Connaissance des Hautes Sciences (ARCHS) dont l'objet social, assez vague, semble avoir été de faire de la formation au niveau spirituel de cadres de la société HYDRO QUEBEC, approchée si n'est noyautée avec le concours de Jean-Pierre VINET, cadre de cette entreprise d'importance majeure dans l'environnement économique québécois.

La Ferme Agricole de Recherche et de Culture (F.A^R.C.) a été créée le 14 mai 1990, un mois et onze jours après la dissolution de la Fondation Golden Way et une semaine avant la dissolution officielle de l'O.C.I.T.S. Elle a fait l'acquisition de la ferme de Cheiry, financée en partie par Albert GIACOBINO, les modalités de récupération de cet investissement voulues par l'intéressé ayant suscité en 1994 un contentieux avec les dirigeants de l'O.T.S-, dont une partie significative des cotisations était détournée au profit à la F.A.R.C. et son désenchantement ouvertement exprimé dans deux courriers adressés à Jo DI MAMBRO, ce qui a déterminé sa surveillance téléphonique par Joël EGOER et finalement son assassinat ainsi que celui de son amie Marie-Louise REBAUDO, considérés l'un et l'autre comme des traîtres.

Les nombreux investissements immobiliers ont été effectués essentiellement suivant l'inspiration du moment :

- soit pour y fonder des maisons secrètes comportant des sanctuaires susceptibles de recevoir " les dépôts de la Tradition ", dépôts subtils décrits comme des vibrations recueillies par les adeptes conditionnés à cet effet en des lieux chargés d'une aura spirituelle par différentes traditions ésotériques, tels que la Pyramide de Khéops, des temples égyptiens, l'Ayers Rock en Australie ou encore le monastère de San Nilo près de Rome, la propriété du BARROUX dénommé l'ARCH acquise en 1982 par Sabine TABACHNIK et l'épouse de Luc JOURET. le Clos de Renaissance à Aubignan,

- soit pour servir plus prosaïquement au logement des communautés d'adeptes, des responsables de la secte ou de leur familiers.

Ces acquisitions financées pour la plus grande part, doit directement, soit sous couvert de sociétés civiles immobilières soit avec l'utilisation de prête-noms, par des adeptes fortunés avec ou sans l'appoint de crédit bancaires ont été réalisées à des conditions le plus souvent défavorables en fonction des seules volontés parfois changeantes des dirigeants de la secte et particulièrement de Jo DI MAMBRO, expliquant le nombre significatif de projets avortés avec versement de dédits onéreux et les reventes à perte.

Les reventes ont pu donner lieu au versement de dessous-de-table perçus par les dirigeants au détriment et à l'insu des investisseurs, ce qui semble avoir été le cas pour la vente de la propriété de la Fondation Golden Way à PLAN-LES-OUATES comme l'a indiqué à son épouse Albert GIACOBINO ou au détriment de membres de la secte qui ont pu acheter l'une de ses propriété comme il a été constaté pour la vente de la propriété de la Souste à PERNES (Vaucluse) qui a donné lieu à la perception par Luc JOURET d'un complément de prix dissimulé, alors même que cette propriété acquise en premier lieu par les époux DI MAMBRO puis en second lieu par Luc JOURET semble avoir été financée à l'occasion de chacune des deux transactions par de seul Camille PILET.

L^ Ecole des Mystères

La date exacte de création de cette structure, dont sont issus la plupart des 74 victimes, et qui n'a jamais eu de support, associatif ou autre, qui lui soit propre, n'a pu être déterminé avec précision.

Selon les témoignages concordants de Charles DAUVERGNE, Emmy ANDERSON et Marianne STAMPFLI, elle aurait été constituée en 1990.

Avatar de la Fondation Golden Way, elle était placée sous le contrôle direct de Jo DI MAMBRO et de sa nouvelle compagne Maryse SEVERINO, tenant le rôle de grande prêtresse. Les premiers membres ont été choisis parmi ceux de la Fraternité de la Ferme des Chênes puis parmi des membres de l'O.T.S. et plus particulièrement d'O.T.S.U. et ce, sans corrélation nécessaire avec le degré d'initiation atteint, ainsi que cela a pu notamment être observé pour plusieurs victimes de St Pierre de Chérennes, tels que les époux LARDANCHET, Patrick VUARNET, Ute VERONA et Patrick ROSTAN, qui ont intégré l'Ecole des Mystères dans un délai très bref après le début de leur parcours dans l'Ordre.

Tel a également été le cas, de personnes décédés à CHEIRY ou à SALVAN, tels que Daniel JATON et Joël EGGER

D'autres ont été admis, sans avoir même fait partie de l'Ordre, tel que Christian LE GALL, pressenti par Luc JOURET.

Cette constatation est à mettre en relation avec les conditions d'admission mentionnées au statuts, qui ne seront rendus publics qu'à l'occasion de la seconde réunion d'AVIGNON, le 24 septembre 1994 : " On ne demande pas à entrer dans l'Ecole des Mystères, on est appelé "

II semble cependant qu'il ait existé des critères plus objectifs d'admission en observant que beaucoup de membres, dont plusieurs ont heureusement survécu, avaient pour point commun d'avoir constitué des communautés de vie, tels que les habitants de l'Ermitage à SARRIANS, dont la plupart sont décédés, ou ceux de la Souste à PERNES, qui ont rompu à temps leur allégeance.

Un autre critère peut se dégager de la relative proximité géographique avec CHEIRY, lieu de célébration des rituels de l'Ecole des Mystères, en observant que plusieurs membres survivants résidaient en Haute Savoie

II n'apparaît pas ainsi conforme à la réalité d'affirmer que l'admission à l'Ecole des Mystères ait été nécessairement le couronnement d'un parcours initiatique scrupuleusement suivi du premier au troisième degré de l'Ordre T.S. et de l'étude assimilée des enseignements dispensés pour chacun des ces degrés, parmi lesquelles figurent les Archées écrites par Michel TABACHNÏK pour le troisième degré et encore moins de dire que l'étude des Archées était le sésame destiné à permettre d'intégrer l'Ecole des Mystères alors que la distribution de ces enseignements a commencé en 1985, soit plusieurs années avant la création en 1990 de cette structure restée secrète jusqu'en 1994 comme l'a confirmé Claude LE DOTH, alors président d'O.T.S. France, qui n'a appris son existence que lors de la première conférence d'AVIGNON, le 9 juillet 1994.

Selon Emmy ANDERSON, dont l'opinion rejoignait celles d'autres membres, tels que Edith VUARNET, Louis FAUCON et Liliane CHANTRY, l'Ecole des Mystères se définissait comme une structure occulte créée en 1990 pour accueillir " des personnes d'un certain niveau de conscience " dans la filiation de la Golden Way et n'avait rien à voir avec l'O.T.S.

Pour Marianne STAMPFLI, l'Ecole des Mystères avait été créée par Jo DI MAMBRO "pour relancer l'esprit spirituel de la haute science ". Elle comprenait quelques membres de l'O.T.S- et de l'0-T.S.U. et l'intégralité de la fraternité de Saconnex d'Arve. Elle a également fait part de son interprétation du déroulement des événements à la lumière de sa propre expérience en estimant qu'elle avait été manifestement créée pour réaliser le transit de l'élite de l'organisation.

Charles DAUVERGNE, a précisé que pour rentrer à l'Ecole des Mystères, il fallait démissionner de l'Ordre, ce qu'il avait fait, ajoutant qu'à l'Ecole des Mystères, les adeptes portaient des capes dorées comme à la Golden Way et recevaient un enseignement spécifique dénommé ANKH.

Les vêtures dorées, capes pour les hommes, robes pour les femmes, ont été remis aux membres à l'automne 1991 comme il est établi par des pièces comptables relatives aux achats de tissu spécifique et confirmé par le témoignage de Jocelyne FRGEDLl recueilli par les autorités helvétiques.

Les enseignements ANKH ont été essentiellement écrits par Maryse SEVERJNO, tandis que Jocelyne DI MAMBRO, ainsi que l'établit l'exploitation d'un ruban de machine à écrire saisi à CHEIRY. a conçu les livrets des trois rituels conçus pour l'Ecole des Mystères inspirés du mythe égyptien d'Isis et d'Osiris :

rituel de la résurrection d'Osiris plus communément dénommé rituel des femmes, rituel de l'alliance Osirienne ou rituel de couples, qui étaient célébrés dans le sanctuaire de laF.A.R.C. à CHEIRY.

Les éléments retrouvés des enseignements ANKH sont essentiellement relatifs à des exercices destinés à mettre l'adepte dans un état de réceptivité mentale de nature à favoriser la création d'une dépendance psychologique.

Les rituels très étudiés, tant pour les textes que les indications et procédés de mise en scène, ont pu émerveiller des participants tel qu'Hubert NICOLLET, qui en a témoigné. Ils développent une lecture très spécifique du mythe de mort et de la

résurrection d'Osiris de nature à ancrer l'adepte dans l'idée que la mort n'est qu'un étape nécessaire pour revivre dans un état supérieur de conscience et de perfection..

Michel TABACHNIK, s'il a du concéder qu'il n'ignorait pas l'existence de l'Ecole des Mystères et la nature des mythes qui s'y trouvaient exploités, a nié avoir jamais appartenu à cette structure en dépit de l'opinion exprimée par Marianne STAMPFLI, qui a indiqué qu'au commencement il avait du participer aux travaux de cette école. Sa connaissance du fondement mythologique des enseignements donnés établit qu'il a été à tout le moins informé par Jo DI MAMBRO de la création de cette structure et de son programme " pédagogique ".

ïl a précisé devant le juge d'instruction qu'il était en désaccord avec l'exploitation du mythe osirien, car selon son expression même " la mort est impliquée dans ce mythe". A l'audience, il a prudemment éludé la question renouvelée en se contentant d'indiquer que l'Egypte c'était le passé alors que lui-même est tourné vers l'avenir.

Il a expliqué autrement la raison de son désaccord en indiquant que la fin du cycle du Temple qu'il avait situé dans son message intitulé " EPIPHANIE 91 ", neuf années après la date de la cérémonie de nouvelle alliance de la résurgence du Temple célébrée à la Fondation Golden Way le 21 mars 1991, devait selon lui se traduire par l'émergence d'une nouvelle alliance Rosé + Croix, telle que celle qu'il a proposé de constituer lors des conférences tenues à AVIGNON au cours de l'été 1994 et que la création l'Ecole des Mystères décidée par Jo DI MAMBRO ne correspondait pas à la vision qu'il avait de l'avenir de l'organisation.

Les témoignages des membres survivants de l'Ecole des Mystères n'ont pas permis d'établir qu'il ait eu rôle actif dans la création, le fonctionnement ou la direction spirituelle de cette structure et s'il assuré l'accompagnement spirituel et culturel en 1992 d'un voyage initiatique en Egypte et en Israël d'un groupe comprenant à la fois des membres de l'O.T.S. et des membres de l'Ecole des Mystères, la liste des participants révèle que parmi ceux-ci ne figurait qu'une seule victime, Edith VUARNET, décédée à St Pierre de Chérennes, une confusion semblant avoir pu s'opérer entre ce voyage et celui de même destination, accompagné l'année suivante par Guy BERENGER, dont le programme était intitulé " Voyage du Retour " et auquel un grand nombre de victimes ont participé notamment la majorité des adultes qui ont trouvé la mort à St Pierre de Chérennes.

L'Alliance Rosé Croix

L'Alliance Rosé Croix, dernier avatar de la secte, autrement dénommée Association de Recherches Culturelles, a vu officiellement le jour à Avignon le 24 septembre 1994. où elle a présentée par Michel TABACHNIK comme devant succéder à l'Ordre Templier dont la fin a été corrélativement annoncée.

Cette nouvelle structure présentée comme devant être exempte de toute hiérarchie, devait comprendre l'Ecole des Mystères ainsi mise au jour avec le choix ouvert aux nouveaux adhérents, suivant le degré de conscience qu'ils estimaient être le leur, d'y être admis et de revêtir ainsi la cape dorée en suivant ses enseignements et en participant à ses rituels ou de conserver les capes de couleur, en étant appelés à participer à des activités présentées comme devant être fonction des instructions de la Crypte, à savoir celles des entités spirituelles supérieures.

Dans le document de présentation intitulé " A ceux que la R+C concerne ", il était indiqué que le cycle du Temple était terminé et que la nouvelle ère de la R+C

commençait, impliquant une abolition des hiérarchies et la révélation du maître intérieur qui décide en âme et conscience de nos agissements.

Au sommet de ces organisations, de l'opinion unanime des témoins à l'exception de ceux qui n'avaient pas atteint un degré suffisant d'avancement dans la hiérarchie pour avoir une vue complète, figurait Jo DI MAMBRO, dans le rôle de maître spirituel pour la Fondation Golden Way, incluant la Fraternité, puis l'Ecole des Mystères, point central de gravitation de la nébuleuse et, au moins jusqu'à son départ en Australie en septembre 1993, dans celui de maître ésotérique pour l'Ordre Templier dont les Grands Maîtres successifs, Luc JOUKET et Robert FALAJRDEAU n'étaient, bon gré, mal gré, que les exécutants.

L'appréhension de la position exacte de Michel TABACHNIK s'avère en revanche particulièrement difficile, certains le situant comme l'alter ego ou le double en négatif de Jo DI MAMBRO, voire comme un émissaire de supérieurs inconnus au sein de l'organisation, d'autres le considérant à l'inverse comme un simple visiteur épisodique.

L'intéressé a bien voulu admettre qu'il avait pu légitimement apparaître comme l'alter ego de Jo DI MAMBRO dans la conception et l'exécution des rituels, dont il a composé certains inspirés d'une approche rosicrucienne : les sept gloses et les onze univers et a lui-même souligné que là où il devait s'installer pour les besoins de sa carrière de chef d'orchestre, Jo DI MAMBRO et sa cour, épouse, maîtresses, enfants, assistante maternelle, précepteur et intendant, le suivaient pour perpétuer leur voisinage et ce, jusqu'à son installation à PARIS en 1993 en provenance de TERRITET, près de MONTREUX, où Jo DI MAMBRO s'était installé avec dans un appartement voisin du sien et qui devait faire l'objet d'une tentative infructueuse de destruction par incendie le 5 octobre 1994.

Bertrand HOYET et Claude LE DOTH ont relaté une cérémonie qui s'était .tenue dans les locaux de la Fondation à PLAN-LES OUATES en 1992 au cours de laquelle, selon le premier, Michel TABACHNIK qui se trouvait au côté de DI MAMBRO, alors que JOURET faisait partie de l'assemblée, a prononcé ces phrases en termes : " Ceux qui ne sont pas couverts s'en vont. Que ceux qui ont des oreilles pour entendre, entendent ! " et selon le second, alors que TABACHNIK et DI MAMBRO participaient à la cérémonie sans avoir revêtus leur capes, Jo DI MAMBRO a annoncé en fin de cérémonie que ceux qui n'avaient pas de cape se retiraient

Ces scène a été comprise sensiblement de la même façon par les deux témoins, Claude LE DOTH indiquant que cela voulait dire qu'ils étaient parvenus à la fin du Temple et que les Maîtres se retiraient ou allaient le faire en précisant qu'il avait cru alors comprendre qu'il s'agissait simplement pour eux de se retirer des affaires au profit de ceux qui avaient grandi mais qu'il avait saisi par la suite qu'il s'agissait d'une préfiguration du discours qui serait tenu à AVIGNON en septembre 1994.

Bertrand HOYET a cru pour sa part comprendre qu'à partir de ce moment, Jo DI MAMBRO et Michel TABACHNICK n'apparaîtraient plus lors de réunions, alors qu'on leur avait laissé entendre au cours de précédentes réunions, que le temple allait rentrer dans l'ombre. Il a en outre émis l'avis suivant lequel d'après

la philosophie du Temple, l'organisation ne pouvait pas reposer que que sur Luc JOUTŒT et Jo DI MAMBRO et qu'il un tryptique, suggérant implicitement que Michel TABACHNIK en aurait été l'une des trois figures.

Michel TABACHNIK, confronté à ces témoignages, n'a jamais dorme d'explication claire indiquant en substance qu'il ne se souvenait pas de cette scène m des propos tenus en cette occasion.

Sur un plan plus général, il constamment cherché à minimiser son rôle et ses pouvoirs au sein de la Fondation Golden Way, dont il a été le président de 1981 à 1990 et qui a été son point d'attache de 1980 à 1984.

Le modèle sectaire, l'enseignement et les croyances

En 1980, la Fondation Golden Way a fait l'acquisition d'une ferme dite " ferme des chênes " située 109 rue de Saconnex d'Arve, au sein de laquelle une trentaine de personnes, pratiquement toutes décédées aujourd'hui, ont vécu jusqu'en 1992 en communauté, à l'imitation d'un kibboutz, chacun de ses membres remettant ses salaires, rentes et revenus et se voyant en retour logé, nourri et blanchi et doté d'un menu argent de poche. Les règles de vie étaient très strictes avec une discipline imposée et mutuellement surveillée dans ce cercle fermé, avec un régime alimentaire essentiellement végétarien, des exigences d'hygiène rigoureuses et une doctrine insistant notamment de manière lancinante sur le caractère inéluctable et proche d'événements cataclysmiques en prélude à de radicales mutations et la promesse d'un salut réservé à une élite préparée et consciente faisant appel dans une première phase à des idées survivalistes et, progressivement dans, une seconde phase, à la nécessité d'un départ ou transit vers un plan supérieur de conscience rejoignant le règne divin, le 5^° règne à venir, sans les moyens concrets d'y parvenir soient exactement compris et ce, jusqu'à la veille des événements d'octobre 1994, si ce n'est que de ceux qui devaient les mettre à exécution.

Ce seul schéma idéologique, commun à bien des groupements évoluant dans le domaine de la religiosité dite parallèle, ne suffit pas à l'évidence à expliquer la perpétration de massacres collectifs et encore moins leur double réitération chaque fois à plus d'un an d'intervalle.

Les témoignages ont permis d'identifier dans le fonctionnement des communautés du Temple Solaire et particulièrement dans celui de la Fraternité des éléments caractéristiques d'une secte oppressive et aliénante, dotée de vues totalitaires et par voie de conséquence potentiellement destructive, notamment la dépossession des économies, des héritages et des fruits du travail, la vie communautaire sans autonomie financière et sans participation aux décisions, l'ingérence dans la vie familiale se manifestant notamment par des ruptures suscitées entre les couples, la recomposition artificielle d'autres couples essentiellement justifiée par la nécessité de faire obtenir un titre de séjour à l'un des nouveaux conjoints, l'expatriation et la séparation entre les parents et les enfants, la distension des autres liens familiaux présentés comme pouvant être nuisibles ou encore les contraintes limitant l'expression des besoins de la vie courante tels que les régimes alimentaires, les mastications réglementées et les jeunes, essentiellement dictés par les manques périodiques de trésorerie, tandis que les maîtres spirituels vivaient dans un luxe tapageur.

Ils ont également permis de comprendre la séduction particulière opérée sur les membres sans laquelle leur adhésion ou leur soumission n'aurait pu être obtenue

ou aurait été de force moindre. Cette séduction procède essentiellement de pratiques à caractère magique destinés à persuader les adeptes de leur appartenance à une élite privilégiée, de l'authenticité de la démarche spirituelle prouvée par les manifestations surnaturelles et de la crédibilité totale des maîtres terrestres qui parvenaient à susciter ces manifestations.

La fondation Golden Way, son sanctuaire, la propriété d'Aubignan et la ferme de Cheiry ont été le théâtre d'apparitions et de manifestations perçues comme surnaturelles au cours de cérémonies rituelles

De nombreux témoins ont rapporté avoir vu, parfois fugitivement, mais parfois plus longuement ou plus régulièrement, des manifestations ou des matérialisations d'objets ou de personnages, d'autres, plus modestement, avoir été témoins de phénomènes plus simples dans leur manifestation mais inexpliqués de variations de lumière ou de coups frappés à une fréquence surnaturelle.

Jacqueline CHAPPUIS, ancienne épouse de Thierry HUGUENIN et de Elie DI MAMBRO : " Le rituel était simple : nous étions assis sur des chaises et DI MAMBRO a énoncé un texte ésoïérique. Nous étions une vingtaine et je percevais des sons très ténus qui se déplaçaient en haut de la pièce. DI MAMBRO a dit que c'était les Maîtres qui se manifestaient... Il nous a flattés en nous disant qu'il s'agissait de phénomènes rares qui étaient rendus possibles par la qualité de l'assistance. "

Elle a indiqué avoir été également témoin de l'apparition de Maîtres, du Samt-Graal, de l'épée Excalibur, des douze apôtres et même du Christ, précisant qu'au cours des cérémonies les Maîtres délivraient sous forme de coups frappés des messages, souvent à caractère apocalyptique, qui étaient traduits à l'assistance par TonyDUTOIT, Jo DI MAMBRO ou Michel TABACHNIK.

Jean-Guy VAÏSSIER a été témoin de flash lumineux envahissant la pièce le jour où JOURET lui a remis sa cape blanche et de messages miraculeux et lumineux émanant d'une statue de la Vierge se trouvant à Sanians, en réponse à des questions posées par Jo DI MAMBRO.

Anne-Marie WEYENETH a également assisté à l'apparition de Maîtres éthériques qui délivraient des messages, traduits par Jo DI MAMBRO et Guy BERENGER, messages invitant les adeptes à se préparer à la " transmutation du règne humain à un règne supérieur ".

Roger BAILLARGEON a vu l'apparition d'une coupe et des clignotements de lumière.

Thierry HUGUENIN a également assisté à des manifestations surnaturelles qui l'ont plongé " dans un état de dépendance comme une drogue " selon ses propres termes.

Jean-Martin RIHL, ordonné prêtre par un évêque d'une église dissidente l'Eglise Catholique Latine de Toulouse pour le seul service de l'O.R-T., a témoigné avoir perçu, dans le salon rouge de la Fondation, des bruits, comme un bourdonnement d'abeilles, des crépitements de lumière et des apparitions de formes humaines vêtues de talares, dont certaines faisaient jusqu'à trois mètres de haut. " Moi je croyais et je crois encore, sauf à me prouver le contraire, aux apparitions " devait-il déclarer en affirmant qu'un adepte, Michel BEAUVAIS, pouvait confirmer cette atmosphère très particulière puisqu'il s'était évanoui en recevant la talare.

Bernard BIROLLAUD a été témoin des mouvements d'un encensoir sans avoir constaté un quelconque dispositif de supercherie.

Liliane CHANTRY a dit avoir aperçu, au cours de rituels, des épées, des personnages et le Graal et reste convaincue que ces apparitions étaient bien réelles. Elles s'étaient poursuivies jusqu'en Ï993, date de la dissolution de la fraternité. Elle a rappelé qu'il était interdit de dévoiler quoi que ce soit de ces apparitions aux tiers, l'exigence du secret étant omniprésente.

Constantin KASKOUTAS, ordonné prêtre en 1989 par le même canal que Jean-Martin RIHL. suivi également par Luc JOURET, Charles DAUVERGNE et Thierry HUGUENIN, investi de la fonction de Grand Prieur de l'Ordre jusqu'en 1990, année de sa démission a déclaré ((Je suis personnellement persuadé que Jo avait de véritables pouvoirs cosmiques et qu'il les a, petit à petit, perdus)) et qu'à partir de l'année 1982, il avait " commencé à manipuler les cérémonies ne serait-ce que pour faire croire qu 'il n 'avait pas perdu ses pouvoirs et conserver autour de lui ses adeptes et leur argent ". Il a précisé : " les membres de. l'Ordre attendaient les apparitions. Pour eux, c 'était devenu comme une drogue ".

Jean-Martin RGHL, adoptant un angle de vue à la fois spirituel et moral, a exprimé l'avis que Jo DI MAMBRO avait effectivement à l'origine des pouvoirs qu'il a perdus à la suite de la tromperie fondamentale qu'il a commise en persuadant les adeptes que l'enfant auquel Dominique BELLATON avait donné naissance et dont il était le père était le fruit d'une théogamie.

Michel TABACHNIK a vu apparaître des personnages en blanc, la coupe du Graal, et a décrypté suivant une grille remise par Jo DI MAMBRO des messages délivré par séquences de coups frappés auxquels il se refuse encore aujourd'hui à reconnaître une origine humaine.

Il est particulièrement peu crédible lorsqu'il affirme avoir cru à l'authenticité des messages, qu'il qualifie de magnifiques, attribués aux Maîtres de Sirius et non à la verve évidente de Jocelyne DI MAMBRO, qu'il traduisait avec d'autres à l'aide d'une grille de lecture remise par Jo DI MAMBRO, alors qu'il reconnaît par ailleurs avoir travaillé à l'IRCAM en la présence si ce n'est le concours de celui-ci à la conception d'un langage musical auquel il a lui-même attribué le nom de Sirius donnant ainsi l'idée à son partenaire, sinon les moyens, d'exploiter le vieux procédé ésotérique de l'utilisation d'une langue secrète sui generis inconnue de la majorité des adeptes pour leur délivrer des messages à l'autorité incontestable.

Les investigations conduites, tant en France qu'en Suisse, ont permis de révéler qu'à partir de la fin des années 1980, certains adeptes avaient commencé à ouvrir les yeux et à se rendre compte des supercheries dont ils étaient victimes mais que tenus par l'exigence du secret ou par la peur, la plupart se sont refusés à les révéler.

Jacqueline CHAPPUIS, a pu ainsi remarquer le craquement du parquet au passage des Maîtres pourtant éthérés.

Thierry HUGUENIN, son premier mari, lui a révélé que l'épée que Jo DI MAMBRO disait avoir reçu des Maîtres, avait été bricolée et qu'une petite ampoule y avait été installée pour faire croire à la réalité des flashes de lumière qu'elle émettait.

Bernard HAMION lui a ensuite appris qu'un jeu de lumières noires permettait de rendre fluorescentes les talares des Maîtres et Elie DI MAMBRO que son père possédait une télécommande pour ouvrir les portes du sanctuaire et que Tony DUTOIT était le réalisateur de tous les trucages.

Elie DI MAMBRO aurait d'ailleurs révélé à Marianne STAMPFLI que les rituels étaient truqués, que les messages lus par Michel TABACHNIK l'étaient également et que Tony DUTOIT avait conçu les hologrammes dont l'utilisation ingénieuse permettait de faire apparaître des êtres cosmiques.

Fernand LAFLAMME a déclaré savoir que Jocelyne DI MAMBRO et Dominique BELLATON se déguisaient en Maîtres précisant que le port d'une prothèse auditive lui avait permis d'entendre au direct au cours d'une cérémonie les soi-disant messages des Maîtres qui étaient en réalité enregistrés par Jocelyne DI MAMBRO.

Virginie DI MAMBRO a pu constater que son père utilisait une télécommande au cours des cérémonies et que " les Maîtres étaient des gens déguisés, juste avec un éclairage pour faire de l'effet ".

La réalité des trucages et du matériel utilisé a pu être constatée par François VINCENSINI sur les indications de Bernard HAMtON, à l'occasion du déménagement des locaux de la Fondation Golden Way.

Jean BOURNICHE, pressenti avant Robert FALARDEAU pour prendre la suite de Luc JOURET à la tête de l'O.T.S. a exprimé un point de vue particulièrement éclairant, se rapprochant de celui dont Albert GIACOBINO a fait état dans l'une des lettres critiques adressées à Jo DI MAMBRO en indiquant :

" Oui, je n 'ai jamais personnellement cru à quelque chose de surnaturel. Je pensais que les apparitions étaient probablement truquées mais qu 'elles étaient peut-être nécessaires pour faire progresser le groupe. Ces cérémonies étaient très théâtrales etJo DI MAMBRO était un vrai metteur en scène qui excellait. Nous étions dans une ambiance qui nous conditionnait. "

Le 22 mars 1982, est née à HOFSTETTEN (Suisse, canton de Soleure) une fille prénommée Emmanuelle, de Dominique BELLATON, domiciliée à Lyon, sa mère, qui ne la reconnaîtra officiellement que le 23 mars 1990 par une déclaration devant l'officier d'état civil d'AJWEMASSE.

Emmanuelle, qualifiée d'enfant cosmique, était censée avoir été conçue par un Maître, à l'image du Christ, et être la réincarnation de MELCHISEDECH, Grand Prêtre parfait de l'Ancien Testament.

Marianne STAMPFLI a raconté la genèse de fécondation miraculeuse à laquelle elle avait eu le privilège d'assister. La conception de l'enfant avait été préparée par de longues cérémonies dans les locaux mêmes de la Fondation Goldea Way pour permettre à Melchisedek de venir habiter le corps de la future mère,

Dominique BELLATON, qui sera fécondée au cours d'une cérémonie grandiose par apposition de Fépée du Maître MANATANUS sur sa gorge.

Sept Jours après sa naissance, l'enfant a reçu le baptême Rosé + Croix. Christ de la nouvelle génération, elle sera élevée à l'abri de la société et protégée de toutes les agressions extérieures pour que son programme ne soit pas altéré et qu'elle ne soit pas atteinte par les souillures du monde.

Elle a été reconnue par son père Jo DI MAMBRO le 29 janvier 1986 devant le Consul Général de France à Québec et les identifications génétiques post-mortem ont confirmé cette paternité.

Michel TABACHNIK a déclaré à l'audience ne pas avoir cru à la conception théogamique de cette enfant et que Jo DI MAMBRO lui avait d'ailleurs confié qu'il en était bien le père. Il a cru cependant devoir garder le secret sur cette tromperie fondamentale, confortant ainsi son auteur ce qu'il a eu généralement coutume de le faire tant qu'il a exercé des responsabilités au sein de la Fondation Golden Way puis pour la création et la diffusion des enseignement écrits, notamment lorsqu'il a favorisé l'hémorragie des adhérents des Clubs ARCHEDIA vers H-F.T.U en authentifiant l'allégation suivant laquelle cette mutation aurait été imposés par les supérieurs inconnus de l'Ordre, lorsqu'il a soutenu comme en a témoigné Femand LAFLAMME la décision de ne laisser à l'administration de Robert FALARDEAU que des deux premiers degrés de l'O.T.S., tandis que le 3°°^ degré resterait rattaché à la maison mère sous la jurdiction de Luc JOURET ou encore lorsqu'à l'occasion d'une reunion du Conseil de l'OT.S. tenue à la Fondation Golden Way, il a fait cette déclaration stupéfiante consignée au compte-rendu de séance, en réponse à une question d'un membre du conseil sur l'enseignement et la société STAR TONE, société de droit panaméen créée par Me WOODTLÏ pour Michel TABACHNIK et utilisée pour la perception des droits d'auteurs et des rémunération de l'intéressé et de Jocelyne DI MAMBRO pour les enseignements écrits dispensés aux membres de l'O.T.S. :

" Avant déparier de STAR TONE, vous a-t-on parlé de la mission de l'OTS ? Elle s'inscrit dans le cadre de STAR TONE.

Il est important de savoir que les responsables de l'OTS réalisent une figure par rapport à une mission occulte.

Nous sommes au service de la crypte. Entre la crypte et nous, la courroie de transmission c'est renseignement.

Pour gérer une partie de l'enseignement, il y a une société : STAR TONE. Cette société a été créée pour nos besoins et ceux d'autres ordres.

Je ne connais tous les tenants et aboutissants. Un avocat à Genève, J. Frankiin WOODTLÏ veille sur nos intérêts, exécute les mandats et gère la partie de STAR TONE qui nous concerne. Les trois degrés de l'enseignement sont distribués par le biais de STAR TONE. le TS achète et Me WOODTLÏ transmet les questions financières.

Globalement les choses sont divisées en trois, organisation, crypte, enseignement. Chaque partie reçoit un tiers. Les administrateurs ont évalué les prix des enseignements en fonction des cotisations. Actuellement, le TS est en difficulté. STAR TONE a lancé par l'intermédiaire de Me WOODTLÏ l'ordre de payer les factures. Me WOODTLÏ a reçu également l'ordre défaire la facture au 1er janvier

1990 en fonction du nombre de membres. Que le TS vive au-dessus de ses moyens ne regarde pas STAR TONE,

DIMAMBRO précise :

II y a deux ans nous avons mis 25.000 dollars. TABACHNIK continue ;

la fabrication coûte très cher, c'est un travail/ou. Les quelques personnes en contact avec STAR TONE ne sont pas rétribuées pour ce travail. Très souvent, c'est nous qui mettons la différence pour que les membres aient leur enseignement.

C'est simple, il y a renseignement et Tordre. L'enseignement dépend de îa crypte et l'ordre dépend de l'enseignement.

Certains membres sont pris en flagrant délit de ne pas ouvrir leurs archées. Cet enseignement n'est pas compréhensible sans ateliers. Pourquoi je les comprends ? J'ai passé trois années sabbatiques là-dessus, aidé par la crypte. H y a beaucoup de peine à transcrire : de la crypte on reçoit en langue de Sirius. Je crois difficile de comprendre sans les ateliers, la communication est très importante. Je ne peux pas organiser les ateliers, ni STAR TONE. C'est l'Ordre qui passe commande à STAR TONE pour être livré.

Il faut comprendre si l'on parle gros sous...

Trente-trois lieux de prière ont changé au moins trente fois. C'est des sommes énormes. Les membres ne donnent pas un sou pour ces lieux de prière. Nous sommes les responsables de ces lieux, matériellement et moralement. Un lieu de prière, c'est m entretien spirituel quotidien. S'il n'y a pas une méditation quasi permanente, rien, il n'est pas habité ! Cela coûte des sommes astronomiques. Il faut qu'un comptable de l'Ordre se rende compte que la règle des 3 x 1/3 est fausse. II faudrait en réalité :

- 5/10, soit la moitié pour la permanence spirituelle,

- 2/10 pour le secrétariat, ~ 3/10 pour l'enseignement.

L'Ordre, dans la partie financière, est une petite chose par rapport à la Rosé-Croix. Nous sommes responsables et privilégiés d'être là. "

Questionné à l'audience sur la signification exacte de ces déclarations, il n'a pu apporter de réponse, si ce n'est d'être surpris d'avoir pu tenir ces propos, qui ne sont que la manifestation parfaitement claire de sa connivence et de sa participation aux manœuvres de manipulation des adeptes

Jo DI MAMBRO a prétendu que l'Ordre était dirigé par des Maîtres Inconnus, par une hiérarchie secrète à laquelle il appartenait. Dénommée Loge Mère, Synarchie, Loge de Zurich ou Frères Aînés de la Rosé + Croix, cette hiérarchie aurait eu son siège à Zurich.

L'information, en dépit d'investigations multiples, n'a pas permis d'établir l'existence de ces supérieurs inconnus, référence traditionnelle dans les organisations ésotériques et qui selon Jo DI MAMBRO auraient été destinataires du tiers des ressources de l'Ordre.

Les investigations financières conduites principalement en Suisse, s'ils elles n'ont pu permettre de reconstituer tant en volume qu'en flux l'ensemble des ressources qui ont été collectées puis redistribuées par les différentes structures en raison de l'existence de doubles comptabilités occultes, de comptabilité incomplètes et du fait que les ressources de la maison de Jo DI MAMBRO et de la Fraternité, gérées respectivement par Odile DANCET et Colette GENOUD, dons et prélèvements divers étaient essentiellement perçues et employées en espèces, n'ont pas accrédité la possibilité d'un prélèvement régulier de cette ampleur particulièrement en ce qui concerne l'Ordre T.S. dont les revenus effectifs et les dépenses ont pu être mieux cernées.

Les témoignages des personnes qui ont reçus les confidences d'Elie DI MAMBRO que son père a malencontreusement cru pouvoir utiliser pour tromper Danieiïe BURRI sur l'existence de remises directes de fonds en espèces à une adresse de Zurich confirme que l'allégation de l'existence de ses supérieurs inconnus n'a été qu'une nouvelle supercherie qui présentait pour son auteur l'avantage de bénéficier sans contestation pour ses besoins et celui de son entourage une quote-part importante des ressources de l'organisation et d'invoquer en tant que de besoin des instructions supérieures pour justifier les décisions les plus contestables.

Si Evelyne BRUNNER-BELLATON a pu en une occasion être le jouet de JO DI MAMBRO qui s'est amusé à stimuler son imagination d'autres membres de l'organisation n'ont pas été a abusés.

Marianne STAMPFLI a affirmé que les lettres des Maîtres de Zurich étaient dactylographiées par Jocelyne DI MAMBRO qui détenait dans son bureau le sceau secret de Zurich qu'elle avait vu de ses propres yeux.

Fernand LAFLAMME a confirmé cette détention des sceaux des Maîtres de Zurich par Jocelyne, en ajoutant que Jo se rendait à Zurich, ville dans laquelle se trouvait d'ailleurs, à une époque, le siège d'AMENTA, juste pour poser le courrier censé être expédié par ces maîtres secrets.

Bernard HAMION confirmant que les recettes de l'Ordre étaient partagées en trois tiers, un tiers pour le fonctionnement, un tiers pour l'enseignement et un tiers pour la loge mère secrète, a indiqué que ce dernier tiers allait très probablement directement dans les poches de Jo DI MAMBRO

Danieiïe BURRI, ayant appris en 1990, de la bouche même d'Elie DI MAMBRO, l'inexistence de la Loge de Zurich, à laquelle, en sa qualité de comptable, elle attribuait un tiers des recettes de cotisations, a donné avec son mari sa démission de l'Ordre qui sera alors suivie par beaucoup d'autres suscitées tant par ces révélations que par un éclat de Constantin KASKOUTAS qui avait été informé, probablement par Tony DUTOIT, des trucages utilisés au cours des cérémonies.

Pour Constantin KASKOUTAS, l'invention des Maîtres de Zurich a permis à Jo DI MAMBRO de " pratiquer la politique de la carotte et du bâton " et d'imposer sans avoir à argumenter, opinion partagée par par Jean BOURNICHE qui a déclaré en résumant parfaitement les données de la situation : ((je pense qu 'il avait inventé cette histoire pour deux raisons. La première raison c'est que cette invention permettait à Jo de se retrancher derrière une direction imaginaire lorsqu'il fallait prendre une décision ou se justifier et la deuxième raison était qu'elle lui permettait de détourner un tiers des cotisations des adeptes qui allait en réalité directement dans la poche de Jo ".

L'enseignement, instrument fondamental de toute initiation ésotérique et auquel devait être affecté le tiers des ressources, a été dispensé suivant deux canaux :

- des monographies distribués aux membres pour leur instruction personnel et qui devaient être tenues secrètes vis à vis des profanes, conformément à la pratique en vigueur au sein de l'A.M.O.R.C. et des organisations qui en sont issues telles que l'O.R.T.

- les messages reçus de la Crypte au cours des cérémonies et rituels.

Les enseignement écrits distribués aux membres de l'organisation templière suivant leur degré d'initiation : plagium pour le premier degré, épîtres pour le second degré et archées pour le troisième degré étaient essentiellement écrits par Jocelyne DI MAMBRO s'agissant des deux premières séries de documents et par Michel TABACHNIK, auteur des archées.

Si dans leurs sources de référence, ces enseignements écrits se présentent comme un véritable bazar d'idées et de notions tirées de multiple traditions ésotériques, de l'alchimie, de divers écrits et théories scientifiques et psychanalytique voire du cinéma de science fiction et de la littérature fantastique, ils présentent une cohérence remarquable dans la ligne choisie et il est clair que les archées de Michel TABACHNIK, œuvre plus personnelle et hermétique se présentant comme une synthèse spécifique à leur auteur de notions tirées de l'alchimie, de la Kabbale et de l'astrophysique et surtout le document intitulé " Epiphanie 91 " ne s'écartent pas sensiblement de la ligne doctrinale dessinée de manière plus immédiatement compréhensible dans d'autres documents, tels que les épîtres.

L'enseignement comme il a déjà été évoqué s'articule sur deux idées majeures :

- l'imminence de grands cataclysmes et de profondes mutations accompagnant le passage de l'humanité du 4^ au 5^ règne identifié à la notion de retour vers le père,

4

- le salut d'une élite instruite et initiée qui pourra, soit survivre dans les épreuves qui s'annoncent, soit passer directement à l'état de conscience supérieur de l'homme extrait de la matière pour devenir esprit.

Il est également clair que ce passage de l'état matériel à l'état spirituel, s'il peut s'entendre et être compris à la lecture des enseignements dans un sens symbolique est le fondement doctrinal de sa réalisation concrète dans les massacres successifs.

Il paraît vain de citer des extraits de ces enseignements pour en tirer des arguments plus spécifiques que ce soit pour dénier leur portée immédiatement symbolique ou trouver des éléments susceptibles d'alimenter un improbable procès en satanisme.

Il est tout aussi vain d'attribuer à ces écrits et particulièrement aux archées qui ne sont pas immédiatement compréhensibles sans les explications de leur auteur et qui s'inscrivent délibérément dans une tradition d'hermétisme qui veut que la connaissance ne puisse être aisément acquise par le profane et qu'elle ne soit accessible qu'à l'initié au terme d'une longue étude, une influence fondamentale et univoque sur le cours des événements qui ont fait soixante-quatorze victimes, même si ces écrits ont participé du conditionnement nécessaire, alors que le facteur causal

essentiel a été le regroupement au cours de l'année 1991 des futures victimes dans un cercle spécifique identifié à l'Ecole des Mystères où ils ont été plus particulièrement instruits dans l'idée que la mort n'était pas la fin de la vie mais au contraire le moyen de revivre dans un autre monde merveilleux et de s'épargner les épreuves imminentes promises à l'humanité puis le départ en Australie au cours de l'hiver 1993-1994 d'un noyau d'une vingtaine d'élus, dont aucun n'a survécu et qui s'y sont trouvés soumis à un expériences exaltantes et à conditionnement subtil qui a permis d'emporter leur adhésion et dont le document audio " transit " apporte témoignage et, enfin en même temps que les préparatifs matériels, l'entretien de cet état d'esprit au fil de nombreuses réunions tenues à SALVAN et à CHEIRY, qui se sont multipliés dans les jours précédents les premiers massacres.

Les premiers écrits, qui dépassent la seule portée symbolique et qui sont véritablement significatifs et annonciateurs de la nature du projet criminel initialement conçu par Jo DI MAMBRO et Luc JOURET , remontent au début de l'année 1993, tels que le document intitulé " Départ " laissé par Maryse SEVERINO sur une disquette informatique et retrouvé à par Marianne STAMPFLI.

La simple lecture de ce document rédigé environ dix-huit mois avant les premiers crimes, démontre que les crimes ont été organisés, voulus et planifiés dès cette époque avant leur réalisation effective et qu'il s'agissait dès lors de la réalisation d'un projet et non le Suit d'une dérive interne de dernière minute.

Il demeure cependant que durant la période qui s'est écoulée entre la date de rédaction des ces documents et la commission des assassinats et qui correspond à celle de la réalisation des actes préparatoires concrétisant le projet criminel, Michel TABACHNIK est resté éloigné des activités de la secte et n'est réapparu que pour annoncer aux membres de l'O.T.S. lors de deux réunions successivement tenues à AVIGNON les 9 juillet et 24 septembre 1994 la fin du cycle du Temple et de l'Ordre Templier et proposer la constitution d'une nouvelle organisation l'Alliance Rosé + Croix.

Cet acte fondamental qui ne pouvait être que posé par le maître de l'organisation ou par une personne autorisée par lui, spécialement mandatée à cet effet, était manifestement dans l'esprit des personnes qui organisaient et préparaient activement les assassinats un acte de portée symbolique à l'intention des adeptes survivants destinée à donner une signification aux actes criminels qui allaient être commis en cohérence avec la doctrine de la secte.

Michel TABACHNIK a été l'émissaire choisi à cet effet par Jo DI MAMBRO pour délivrer ce message en sa présence et en celle de Luc JOURET, ce qui suffisait à en asseoir la légitimité et à lui conférer l'autorité nécessaire.

Le fait qu'il ait accepté en la circonstance d'être le porte-parole des maîtres de la secte et d'engager ainsi son crédit peut s'expliquer autant comme la manifestation, en conscience du but criminel poursuivi, d'une volonté de sa part d'apporter un concours actif destiné à attribuer aux crimes à venir la portée symbolique recherchée que comme l'expression d'un souhait d'apporter son concours à une évolution du mouvement répondant aux conceptions personnelles qu'il avait exposées dans le texte " Epiphanie 91 ".

L'information et les débats n'ont pas permis de mettre en évidence d'éléments suffisamment probants, dépourvus de tout aspect hypothétique, pour pouvoir opter entre les deux termes de cette alternative.

Ce doute bénéficie au prévenu qui sera ainsi renvoyé des fins de la poursuite.

En suite de cette relaxe et sans qu'il ait lieu d'examiner les moyens d'irrecevabilité soulevés, le constitutions de parties civiles seront rejetées

PAR CES MOTIFS

Le tribunal statuant en matière correctionnelle contradictoirement, publiquement et en premier ressort,

Rejette les moyens de nullité et d'incompétence proposés ;

Déclare Michel TABACHNIK- non coupable des faits qui lui sont reprochés et le renvoie des fins de la poursuite ;

Déboute les parties civiles de leurs constitutions et de leurs demandes.

Ainsi fait et prononcé à l'audience tenue au Palais de Justice de Grenoble le 25 juin 2001 à 14 heures.


 
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