Un fait s'impose : le succès qu'il connaît dans tout l'Occident, depuis le nouveau continent où il a vu le jour jusqu'au vieux monde qu'il submerge et déconcerte. Pour ceux que préoccupe la place grandissante occupée par les sectes - les nouvelles sectes - il est important d'y regarder de plus près. Le Nouvel Âge les côtoie, les inspirant ou s'en inspirant, mais les favorise-t-il ou les contredit-il ? Autant de questions que l'on ne peut éluder.
Tous les éditeurs s'émeuvent du phénomène. Florence Belfond lance " l'âge du Verseau". Les vingt-trois premiers titres ont été tirés chacun à 7.000 exemplaires. J'ai lu a lancé " J'ai lu - New Age " et Presses Pocket " l'âge d'être ". Sans parler du Cerf, d'Albin Michel ou du Seuil qui suivent, chacun à sa manière. Aux Etats-Unis, l'autobiographie en trois volumes de l'actrice Shirley Mac Laine qui raconte ses expériences de " channeling " (communication avec l'au-delà) s'est vendue à dix millions d'exemplaires.
Tous ceux qu'il attire ne croient pas forcément à ses fondements astrologiques mais ceux-ci n'en constituent pas moins la base idéologique qui, d'ailleurs, n'est nullement nouvelle. C'est ce qui permet aux tenants du Nouvel Age de se réclamer de toute une tradition astrologique et ésotérique où ils se découvrent une cohorte de " précurseurs ".
L'émergence du mouvement Nouvel Age proprement dit remonte aux années 60 avec les tressaillements du mouvement étudiant, la vague hippie en Californie, la vogue des drogues douces. Peu après apparaissent les premiers signes d'une " contre-culture " avec, entre autres, le succès des comédies musicales telles que Hair ou Jésus-Christ Superstar, les tournées des Beatles, le festival de Woodstock et plus près de nous le triomphe de films-cultes tels que 2001, l'Odyssée de l'espace, le Cercle des poètes disparus ou Le grand bleu.
Autres signes annonciateurs, la constitution de communautés de vie, comme celle de Findhorn en Écosse, la rencontre de Scientifiques en Californie connue sous le nom de " Gnose de Princeton ", la création de l'institut Esalen à Big Sur, également en Californie...
L'auteur s'appuyait sur une recherche qu'elle avait entreprise à la suite de son premier livre. Il lui était apparu, à travers de nombreux contacts et questionnaires, qu'il existait ici et là " des centaines de milliers d'individus personnellement impliqués dans des expériences subjectives spontanées " révélant des capacités humaines insoupçonnées. Ces expériences se situaient en dehors des dogmes et des idées reçues et portaient sur l'expansion de la conscience et les moyens susceptibles de la favoriser. Ceux qui les menaient, sans forcément se connaître, avaient en commun une même recherche de " solutions de rechange " qui à partir de la transformation personnelle de chacun d'eux pourrait aboutir à un changement radical de la pensée et de la structure de la société tout entière.
C'est donc un nouveau " paradigme " que va véhiculer et promouvoir la Conspiration. Ferguson définit ainsi le mot paradigme : " Un cadre de pensée (du grec, paradeigma), une sorte de structure intellectuelle permettant la compréhension et l'explication de certains aspects de la réalité ".
Ferguson entreprend alors un " relevé " des divers éléments constitutifs du nouveau paradigme au premier rang desquels elle place les phénomènes de " transformation de la conscience " et de " passage à l'expérience intérieure ". Parmi les " déclencheurs ", elle range pêle-mêle l'autosuggestion, le psychodrame, l'hypnose, la méditation sous toutes ses formes, la psychothérapie ainsi que le L.S.D. et les drogues hallucinogènes, les extra-terrestres, les phénomènes paranormaux. Un catalogue, en somme, où chacun peut choisir la ou les techniques qui lui conviennent afin de faire émerger la nouvelle culture planétaire qui nous est promise.
Ainsi, la médecine du Nouvel Âge, rejetant le concept d'allopathie, privilégiera les thérapies naturelles, les pratiques traditionnelles (de préférence orientales), l'acupuncture, l'homéopathie...
L'éducation récusera la distinction du savoir en matière distinctes, s'attachera à " apprendre à apprendre " par opposition à une simple transmission du savoir...
L'économie se fondera sur les vrais besoins de l'homme au lieu de s'adonner au culte immodéré de l'argent et du profit. La préférence ira au troc, aux institutions coopératives, au consumérisme, à l'écologie...
La vie spirituelle et religieuse se caractérisera par un retour aux sources, au primat de la connaissance sur la croyance (c'est la définition même de la gnose), la primauté de la mystique sur le rationnel, de l'expérience individuelle sur les dogmes et les conformismes, la fin de l'ésotérisme puisque les vérités restées cachées lors des âges précédents auront été mises en lumière...
Nous nous interdisons ici de porter un jugement - a fortiori catégorique
- sur les innombrables croyances qui sollicitent nos contemporains. Le
voudrait-on, s'agissant du Nouvel Âge, que lui-même s'y déroberait
de par sa multiplicité. Quant à ceux qui voudraient ne voir
en lui que la preuve du " retour du religieux " et le signe d'un authentique
réveil spirituel, ils prennent probablement leurs désirs
pour une réalité. Ceux qui le balayent d'un revers de main
en n'y voyant qu'esbroufe et poudre aux yeux le condamnent sans doute un
peu vite et méconnaissent des aspirations respectables.
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