La croix scientologue, très proche de celle du petit Jésus. Néanmoins, catholiques et scientologues n'ont guère la même conception de la charité et de la bonté...
 
 
 

Même après mon départ, l'Église de Scientologie n'est jamais parvenue à détruire les liens d'amitié entre Quentin et moi. Nous avons continué de nous écrire. En septembre, je reçus une lettre de lui, me révélant qu'il vivait un moment très difficile. Il s'était fait retirer ses qualifications d'auditeur pour des "erreurs" qu'il aurait commises avec un PC atteint d'un cancer. Quentin avait tenté désespérément d'aider cette personne, mais rien ne réussit. Il paraissait très déprimé. Il m'envoya une photo de lui, à titre de souvenir, précisait-il.

Je m'inquiétai beaucoup sur l'éventualité d'une nouvelle tentative de suicide de sa part, et je lui répondis immédiatement. Je ne lui cachai pas mon inquiétude et le suppliai de m'appeler et de me parler s'il lui passait encore par la tête de mettre fin à ses jours.

Le 12 octobre, je reçus la dernière lettre de Quentin. Il me disait de ne pas m'inquiéter et qu'il ne tenterait plus jamais de se suicider. Les choses semblaient aller mieux pour lui. Il avait fait une demande d'autorisation d'absence pour une durée indéterminée auprès de son père, afin d'aller à l'école et apprendre à devenir pilote. J'avais l'impression que si sa demande était rejetée, il quitterait la Scientologie, ce qui serait une décision très difficile pour lui. Il serait obligé de rompre avec ses parents et avec le seul mode de vie qu'il avait jamais connu jusqu'à présent. J'étais décidée à l'aider par tous les moyens possibles s'il prenait une telle décision. Encore une fois, je lui répondis immédiatement. Mais cette fois ci, je n'obtins jamais de réponse.

Les huit mois suivants, je continuai de lui envoyer des lettres, en espérant qu'elles lui arrivaient. Je supposais que ses parents avaient découvert qu'il m'écrivait et que par conséquent, ils interceptaient tous ses courriers. Depuis que j'avais quitté la Scientologie, j'étais considérée comme une SP (Personne Suppressive), et aucun scientologue de bonne réputation n'avait l'autorisation de communiquer avec un SP - mais ce n'était sûrement pas cela qui avait arrêté Quentin. Je craignais le pire à son sujet. Je craignais qu'il se soit suicidé, mais je continuai de lui écrire.

J'ai fait de nombreux rêves sur Quentin et la Scientologie. Pendant une année entière, j'ai fait des cauchemars chaque nuit au sujet de la secte, dans lesquels je fuyais des scientologues qui tentaient de me récupérer. Parfois, je rêvais que j'étais enfermée en prison et que je tentais de m'évader. Un an après, ces cauchemars commencèrent à se dissiper progressivement pour disparaître définitivement.

En juin 1977, je reçus un appel de Chuck Ohl, du Guardian's Office. Il m'annonça que Quentin était décédé en octobre dernier. D'après lui, Quentin avait été retrouvé dans le coma à l'intérieur de sa voiture, près de l'aéroport de Las Vegas. La cause de sa mort avait été déclarée "inexpliquée", et Mary Sue avait demandé une enquête approfondie sur ses circonstances. Chuck voulait savoir si Quentin m'avait appelé ou essayé de me contacter. J'étais abasourdie. Pendant longtemps je m'étais doutée de ce qui était arrivé, mais apprendre cette nouvelle fut quand même un véritable choc. Je répondis à Chuck que Quentin m'avait peu écrit avant sa disparition, et je lui proposai de lui envoyer des copies des lettres du garçon si cela pouvait l'aider dans son enquête. J'estimais que la mère de Quentin avait le droit de savoir ce qui était arrivé à son fils. Je savais qu'elle l'aimait sincèrement. Je fis des copies des lettres et je les envoyai à Chuck.

Jusqu'à récemment, j'étais restée en relation avec une femme qui se trouvait en Floride à l'époque où Quentin partit pour Las Vegas. Elle possédait quelques informations au sujet de ce qui était arrivé au jeune homme. Je lui demandai si le désir de Quentin d'entrer dans une école de pilotage avait été exaucé; et elle me répondit, qu'autant qu'elle sache, que cette demande avait été rejetée. Quentin était alors parti pour trois semaines de vacances, et on avait attendu son retour. Je suis aujourd'hui convaincue que sa mort était un suicide.