Le Centre de Dianétique et l'Église
de Scientologie de Los Angeles.
Voici le récit de ma vie dans la Scientologie, une secte dans laquelle je me suis laissée embrigader de décembre 1970 à Août 1976, soit 5 ans et 9 mois.
De 1973 à 1975, je vécus à bord du navire Apollo, sur lequel était alors dispensé l'enseignement supérieur "Flag", réservé à l'élite des scientologues. Le bateau était le refuge de Ron Hubbard, fondateur de la Dianétique et de la Scientologie.
À Flag-Apollo, je m'entraînais pour devenir Auditeur (sorte de thérapeute scientologue). Ma vie à bord fut un drôle de parcours, avec des hauts et des bas comme sur des montagnes russes: un jour j'étais couverte d'éloges de la part de Ron Hubbard, citée comme exemple de l'auditeur idéal de Flag; puis, quelques mois plus tard à peine, Hubbard me privait de toutes mes qualifications et m'envoyait au RPF ("Rehabilitation Project Force", sorte de goulag scientologue, voir plus loin, ndt) pour une erreur d'audition que je n'avais pas commise.
A Flag en tant qu'auditeurs, nous étions continuellement sous pression pour devenir de "parfaits auditeurs", le standard de la perfection faisant partie des lubies de Ron Hubbard. Nombreux sont ceux qui ont certainement déjà lu des récits édifiants sur ce qui se passe à Flag et je peux certifier personnellement que ces témoignages sont authentiques. Ceci conduit à se demander ce qui peut inciter un individu à rejoindre cette organisation qui aime à se présenter comme "d'élite". En écrivant ce témoignage, j'espère apporter des éclaircissements sur cette question.
TROMPERIE ET MANIPULATION MENTALE
Je ne voulais pas rejoindre la Scientologie pour y recevoir des ordres et être abusée, et je ne connais personne qui souhaiterait un tel sort. L'organisation que je croyais rejoindre, quand je n'étais encore qu'une jeune idéaliste de 18 ans, n'avait rien à voir avec ce qu'elle paraissait être. Quand j'avais découvert la Scientologie, je pensais avoir trouvé toutes les réponses aux grands mystères de la vie. Je connaissais enfin la Vérité, ou du moins je le croyais. Ce que je ne savais pas à l'époque en revanche, c'est que je m'étais enrôlée dans une secte destructrice qui usait de tromperie, à grand renfort de subtiles mais très efficaces techniques de manipulation mentale pour contrôler ma pensée et celle de tous les autres adeptes. Je n'ai réalisé les ramifications des effets de cette expérience singulière que quelques années après mon départ de la Scientologie. Aujourd'hui, je suis consciente des terribles dommages que je subissais lorsque que j'étais victime du contrôle de la pensée.
Le but du récit de ces expériences vécues est de faire prendre conscience 1/ de ce que l'on peut ressentir quand on est scientologue; 2/ de ce qui attire les gens vers la Scientologie, et 3/ de dévoiler les techniques employées par cette secte pour exercer un "contrôle de la pensée" sur ses membres.
Aussi pénibles que furent mes aventures, je fus finalement très soulagée de retrouver ma liberté, de pouvoir refaire mes propres choix dans ma vie. Mais d'autres membres eurent beaucoup moins de chance que moi. Quentin Hubbard, fils de Ron Hubbard, qui comptait parmi mes plus proches amis, se suicida à l'âge de 22 ans car il ne voyait aucun moyen de sortir du piège dans lequel il était enfermé. Etant né dans la Scientologie, il ne pouvait pas envisager la vie en dehors de la secte, et ne voulait pas continuer de vivre à l'intérieur de celle-ci.
C'est trop tard pour Quentin. Il a disparu et personne ne peut réparer les dommages causés en lui - mais il n'est pas trop tard pour les autres. Si écrire ce qui suit peut ôter toute envie, ne serait-ce qu'à une seule personne, de rejoindre la Scientologie, alors toutes ces années passées auront au moins servi à quelque chose.