(Source : Bulles n°72, 4ème trimestre 2001)
Introduction
Adieu mes beaux châteaux en FranceChâteau de Mauny
La gloire du Trianon Palace.
Château de Bellinglise
Château de la LoireProjets grandioses en Amérique latine
En Uruguay
Au Brésil
Au Paraguay
Au Paraguay, une ville de 6.500 habitants vendue à Moon.Une position stratégique
Moon est pressé
2004 .. c'est la date limite que Moon s'est fixé pour
étendre son empire sur le monde.
Moon ? En France, ça n'existe plus ! c'est ce qu'on entend
souvent dire. Vrai ou faux ?
Il est vrai qu'après une dizaine d'années de fébrile
activité (recrutement agressif, actions publiques, incursions en politique
) les moonistes se font discrets. Ils ont récemment changé
de nom : qui sait que Moon opère en France (et ailleurs) sous le nom
de Fédération des Familles pour la Paix, branche française
de "Family Federation for World Peace" qui se dit ONG ? Plus de
"moonistes", ce sont des "unificationistes".
Fin 1975, les moonistes croyaient dominer le monde dans un avenir
proche, et commençaient à acquérir de l'immobilier en
France. Ce fut d'abord le château de Mauny, près de Rouen avec
parc et dépendances. Il devait servir au "training"
de 1.000 recrues à la fois. Jamais entièrement remis en état,
il a été finalement vendu aux enchères par l'administration
fiscale ce qui n'a couvert qu'une faible part des dettes de l'AUCM, redressements
fiscaux et amendes à la suite d'un long procès. L'association
et ses responsables de l'époque sont définitivement insolvables.
L'acquisition de cet hôtel de prestige, à Versailles,
en décembre 1984, à l'aide d'un montage financier compliqué,
est bien décrite par J.F. Boyer ("L'empire
Moon", 1986 p. 349-355). Y interviennent des noms prestigieux
: par exemple, outre des associés colombiens de Moon, le frère
d'un ancien Président. L'organisation Moon a déboursé
au moins 75 millions de francs (35 millions pour l'achat, sous couvert d'une
société américaine, et 50 millions pour la rénovation).
L'hôtel hébergera, entre autres, les manifestations moonistes
: conférences, colloques, séminaires internationaux. Et pourtant,
la merveille a été revendue en 1988 à une société
japonaise dont on n'a jamais su si elle était, ou non, liée
à Moon. Le château est acquis en 1985 par une SCI basée
au Luxembourg, pour le compte d'une "Minority Alliance Inc.",
basée à New York, une des innombrables filiales moonistes. (voir
BULLES n° 31 p. 25)
Sur la commune d'Elincourt Ste Marguerite (Oise), le château
de Bellinglise a été acheté en 1985 par la "Minority
Alliance Inc." succursale de "l'Eglise de l'Unification"
de Moon Après de gros travaux de rénovation, (coût estimé
: 10 millions de francs) effectués en partie par des adeptes de Moon,
l'hôtel rouvre en 1987 pour une clientèle internationale de loisirs
et d'affaires. Proche de l'aéroport de Roissy, il connut une belle
notoriété grâce au confort de ses appartements et à
la qualité de sa table. Notoriété qu'il n'a pas perdue
en changeant de propriétaire. Personnel et PDG sont recrutés
dans la région, mais pour le compte de qui ? Les habitants d'Elincourt
sont perplexes.
En 1989, le château pseudo-Renaissance de Challain-la-Poterie
(Maine et Loire) avec ses 23 hectares de terre est acheté par une SCI,
créée pour la cir-constance, dont le siège est à
Orsay. Le PDG est un dirigeant mooniste fran-çais bien connu (d'ailleurs
directeur administratif de Bellinglise). Il annonce vouloir en faire un complexe
hôtelier du style "Relais et Châteaux" (voir BULLES
n° 25 p. 26). Une photo, parue dans une publication japonaise, montre
Moon et sa femme en compagnie de dignitaires moonistes, posant devant le château.
Ils pensaient sans doute avoir acquis un des "Châteaux de la Loire".
Las, il ne s'est pratiquement rien passé. De plus en plus délabré,
sa toiture prenant l'eau, le château a été racheté
fin 2000 par deux spécialistes de la restauration du patrimoine. Après
des travaux importants, il a été ouvert au public dès
juin 2001.
Enfin, l'immeuble de la rue de Chatillon (Paris XIV°), qui n'a rien d'un
château, a servi pendant une quinzaine d'années de QG aux moonistes
français. Il a été revendu en 2000.
La liquidation du domaine immobilier mooniste reflète bien le peu d'intérêt
et d'estime de Moon pour la France. Même s'il a consenti à débourser
un peu d'argent pour faire élire quelques moonistes à l'Assemblée
Nationale (1986) et au Parlement Européen (sous l'étiquette
du Front National), il a vite perdu les illusions qu'on lui avait données.
Reste l'activité économique : la XX XX XX XXXX )possède ses ateliers et bureaux dans XXX (XXXX et XXX) et dans le XXX(XXX). Elle exporte
une bonne part de sa production qui paraît fort rentable. Plus en tout
cas que les châteaux.
Aux beaux temps des dictatures militaires, Moon, membre actif
de la "Ligue anticommuniste mondiale", avait commencé à
investir en Uruguay, un petit pays qui a longtemps passé pour la "Suisse
de l'Amérique du Sud". Il achète le plus prestigieux hôtel
de Montevideo, une banque, des industries, fonde un journal destiné
à toute l'Amérique latine (voir BULLES n° 11 p. 25). Tout
récemment, il y a inauguré le nouveau siège mondial de
son organisation en présence de trois présidents uruguayens,
l'actuel et les deux précédents. Ce palais, acheté en
1998, luxueusement rénové, comporte à l'étage
supérieur les appartements réservés à Moon et
sa famille.
Puis c'est l'immense Brésil qui a aiguisé l'appétit
de Moon. La "Fédération des familles pour la paix mondiale"
a acquis 50.000 hectares de terres dans le Mato Grosso do Sul, près
de Jardim (Voir BULLES n° 65 p. 39). On y a commencé l'édification
du nouvel "Eden" où travaillent dur des adeptes surtout japonais
et coréens. Les moonistes du monde entier, grands et petits, doivent
verser, en plus de leurs autres contributions, le "Total living offering"
censé leur garantir une place dans le futur paradis (Liaisons, bulletin
mooniste, 05.2000). On accède par avion, via Saô Paulo, à
Campo Grande.
Mais les ambitions ne s'arrêtent pas là : Moon
achète dans toute la région, sur les rives brésilienne
et paraguayenne de la rivière Paraguay. Les achats les plus récents
sont situés dans le Pantanal, au nord ouest, territoire d'une immense
richesse écologique, sillonné d'affluents du Paraguay qui inondent
la région pendant les mois d'été (décembre à
mars). Elle est infestée de moustiques qui propagent, outre la malaria,
la fièvre dengue (souvent mortelle) ; on y rencontre aussi alligators,
jaguars, anacondas et autres serpents venimeux. L'accès est difficile
- ni électricité bien sur, ni téléphone (où
alors par satellite). Quelques groupes d'Indiens survivent péniblement.
Qu'est-ce que Moon peut bien vouloir faire de ces territoires,
au milieu de nulle part ? Les petits chefs moonistes locaux restent dans le
vague : Moon a parlé de futur "tourisme écologique"
mais aussi, il veut y produire de la nourriture qui serait acheminée
par la rivière jusqu'à l'estuaire du Parana (où il fait
construire un nouveau port) et, de là, vers l'Asie et l'Afrique pour
nourrir les populations affamées.
Mais pourquoi s'installer aussi loin ?
"Le révérend Moon sait". Les dizaines de millions
de $ dépensés pour tout cela viendraient de dons apportés
par les "missionnaires japonais". Mais comment ces missionnaires
ont-ils tant d'argent ? C'est la question qui revient toujours. Les entreprises
de Moon, pour la plupart, rapportent peu ou rien, ou perdent de l'argent,
ou sont en faillite comme en Corée. Et Moon dépense par centaines
de millions de $ pour d'autres projets : journal américain (Washington
Times, chantre de l'extrême droite), campagnes électorales, tournées
de grand style. Alors ? C'est le noir complet.
En octobre 2000, la société Atenil Entreprises
S.A., appartenant à l'organisation Moon, achète la ville de
Puerto Casado et ses environs sur la rive para-guayenne de la rivière
(région du Chaco). 40.000km2, 60% des habitants sont des Indiens. L'endroit
appartenait à une société Carlos Casado S.A., fondée
en 1886 par un espagnol. Une fois pillées les ressources naturelles
(bois de quebracho utilisé dans le bâtiment et pour la tannerie),
la société a trouvé un acheteur : Atenil a racheté
la ville : tous les bâtiments, y compris l'église, les écoles,
les monuments historiques, les habitations - même le ci-metière.
Généreuse, la compagnie mooniste a informé les habitants
qu'ils pourraient rester chez eux encore un an ; après quoi, il leur
faudrait sans doute déguerpir. A ce jour, nous n'en avons pas de nouvelles.
La population a protesté, soutenue par tous les groupements sociaux,
reli-gieux, politiques et syndicaux de la ville, et par la conférence
des évêques catholiques du Paraguay. L'affaire a été
portée devant la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU, siégeant
à Genève, en avril 2001.
Il a été distribué aux délégués
une étude du professeur paraguayen Enrique Ibarra. Celui-ci remarque
qu'avec ses possessions au Paraguay et au Pantanal brésilien, l'organisation
Moon va être en position de contrôler les futures voies fluviales
de cette région du Chaco. Signalons qu'il existe un "projet d'hidrovia",
une voie rapide fluviale pour laquelle on creuserait le lit de la rivière
Paraguay afin de permettre le passage de gros tonnages, reliant ainsi le centre
du continent à l'Atlantique ce qui bouleverserait le régime
hydrologique. D'où l'opposition farouche des écologistes. De
plus, le Brésil projette la construction d'une autoroute reliant le
cur de l'Amérique du Sud à l'océan Pacifique. Les
territoires moonistes occuperaient alors une position stratégique sur
ces nouvelles voies de communication.
Moon a déjà des visées sur l'Amazonie ; il n'est pas
le seul, et la concurrence est déjà forte. Nous ne recevons
que trop rarement des informations précises et fiables sur cette région
du monde.
Moon presse sans cesse ses adeptes : il annonce maintenant qu'il
prendra le pouvoir mondial en 2004.
Cette fois-ci, c'est sûr. Moon aura 84 ans (nombre symbolique : 84 =
12 x 7, tout mooniste sait que la providence du salut marche par période
de 7 ans).
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Sources :
" Margaret Hebblethwaite, The Tablet (périodique britannique)
16.12.2000 - extraits dans Fair News (bulletin d'information de l'association
britannique FAIR) n° 1, 2001.
" Inter Press Service, 16.04.2001 "Droits-Paraguay : Rev. Moon achète
une ville, les habitants protestent" (via COMTEX)
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