(source : BULLES, n°75 4ème trimestre 2002)
Ces dernières années, les sectes guérisseuses ont accru
leur influence et leur infiltration dans le milieu médical. Dès
1999, Jacques Guyard faisait observer que "de plus en plus de sectes s'efforcent
de pénétrer les secteurs de la médecine et de la pharmacie
en s'appuyant sur les échecs des thérapies classiques". Elles
prolifèrent sur des terrains où les pouvoirs publics et la médecine
officielle laissent, à un moment don-né, un vide : accompagnement
des malades du sida, toxicomanie, lieux de catastrophes...
C'est en effet ce que confirme Jean-Pierre Jougla de l'UNADFI, responsable pédagogique du Diplôme universitaire de victimologie liée à la nuisance sectaire à la Faculté de médecine légale de Lyon I. Sur ces terrains, le groupe sectaire se présente comme la seule alternative possible et multiplie les gages de respectabilité et d'honorabilité en n'hésitant pas à s'entourer de praticiens parfois reconnus.
Le Dr Grünwald, secrétaire général du Conseil national de l'ordre des médecins et membre de la MILS, remarque de plus en plus de relations entre pratiques "non conventionnelles ou non éprouvées" et pratiques sectaires de groupuscules. Des chiffres émanant des renseignements généraux font état de la présence de 3000 praticiens de santé engagés dans la mouvance sectaire, chiffre qui reste marginal à l'échelle de l'ensemble des médecins.
Néanmoins,
plusieurs affaires témoignent de la gravité du problème :
ainsi celle concernant le Dr .........., membre d'IVI, radiée de l'Ordre
des Médecins à la suite de la mort d'une patiente ; également
celles impliquant le Dr Hamer, interdit d'exercice médical en Allemagne,
condamné entre autres à 19 mois de prison ferme suite au décès
de trois malades du cancer. En France, Ecoute Cancer et
Joie de Vivre appliquant la Méthode Hamer dispensent toujours leurs préceptes
pseudo-médicaux à des "patients" sous influence.
Nicolas, 19 ans, en est la triste illustration. Il est mort pour avoir appliqué
le traitement préconisé par un confrère du Dr Hamer.
Autre
mouvement guérisseur qui tente de s'implanter et qui a été
signalé par un médecin vacataire dans un établissement hospitalier
parisien : le Cercle des amis de Bruno Gröning. Il utilise - entre autres
- "l'uvre du Dr Hamer comme substrat", souligne Marilyne
Deuxdeniers, correspondante du ministère de la santé auprès
de la MILS.
Pour le Dr Grünwald, auteur d'un rapport sur les "pratiques médicales et les sectes", le recrutement des médecins dans les mouvements sectaires n'est guère surprenant. Ils s'y sentent "rassurés". Certains restent de "simples prescripteurs"... de bonne foi mais d'autres n'hésitent pas à devenir des recruteurs, le label médical leur servant alors de caution. Ils risquent d'être poursuivis pour charlatanisme, complicité d'exercice illégal de la médecine, non-assistance à personne en danger. En 2001, les commissions disciplinaires des Conseils régionaux de l'ordre ont rendu - sur un total de 1700 - 21 décisions pour "thérapeutiques dangereuses ou inadaptées", 11 pour "thérapeutiques insuffisantes ou non éprouvées", et 8 pour charlatanisme.
La sanction disciplinaire la plus fréquemment
prononcée est l'interruption temporaire d'exercer, les radiations demeurant
exceptionnelles. Enfin, il faut rappeler les principes d'éthique médicale
européenne du 6 janvier 1987 qui stipulent que "le médecin
s'interdit d'imposer aux patients ses opinions personnelles, philosophiques, morales
ou politiques... condamnant tout prosélytisme en faveur de mouvements sectaires
dans l'exercice médical". (D'après Panorama du Médecin,
10.10.2002)
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