Ce sujet a été traité à
Nantes le 21 novembre dernier par le Dr. Verrecchia, lors de la rencontre
nationale des ADFI. Nous ne pourrons en donner ici qu'un aperçu.
Une expérience dont on se remet parfois difficilement
Chez les victimes chroniques, la dominante est la soumission, avec toujours
présente la solidité du couple gourou/adepte, source de jouissance.
Le procès est sévère.
Il existe un ensemble de signes analogue à celui du syndrome
post-traumatique, dont on sait bien maintenant qu'il nécessite une
prise en charge telle que l'on puisse parler des traumatismes sans que
l'angoisse reprenne le dessus de manière trop dangereuse, notamment
à propos des menaces proférées ou, pire encore, suggérées
par les gourous.
On observe des syndromes délirants induits pouvant aller jusqu'au
délire collectif entre personnes très liées au plan
émotionnel, ainsi que des syndromes anxio-dépressifs majeurs.
Parmi les troubles dissociatifs induits (ceux qui mettent à part
de la réalité sociale commune), il faut réserver une
place particulière à la persuasion coercitive.
La victimisation est d'une gravité particulière chez l'enfant,
et d'autant plus qu'elle commence plus tôt, car il y a exclusion
symbolique de l'ensemble de la communauté humaine. Les conséquences
sont somatiques, psychologiques et sociales.
Les moyens juridiques actuels
Les moyens juridiques actuels sont en particulier :
code pénal : l'article 222 - 13 sur la violence à personne
vulnérable, l'article 227 - 15 sur la mise en péril des mineurs,
l'article 227 - 17, sur la soustraction aux obligations légales
des parents, l'article 227 - 21 sur la provocation d'un mineur à
délit, l'article 312 sur les coups et blessures volontaires à
enfant de moins de 15 ans,
code de la santé publique : l'article 182 sur la compromission de
la santé physique et mentale et de l'éducation des enfants,
code civil : l'article 371 - 4 sur le rôle des grand-parents quand
il y a rupture avec l'environnement,
les dispositions relatives aux abus financiers,
les mesures légales de protection de l'enfance maltraitée
qui comportent des prises en charges judiciaires et médico-pédagogiques.
Dans certains cas il y a lieu de mettre en ouvre une prise en charge familiale
élargie, avec groupes de parole, où se déroulent des
sortes de psychodrames individuels et/ou de groupe. La famille ou les proches
sont souvent les pre-miers à consulter. Qu'est ce que c'est ?
qu'est-ce qui nous arrive ? que faire ?
De fait dans bien des cas, il y a lieu pour le milieu d'origine de faire
le point. Toutefois il faut que soit présent à l'esprit de
tout thérapeute que l'entourage immédiat n'a souvent que
trop tendance à se culpabiliser excessivement, et que ce peut être
un piège redoutable que d'accentuer des culpabilités névrotiques,
au lieu d'aider à réaliser qu'on n'entre pas dans une secte,
mais qu'on y est capturé à son insu au moyen d'un système
exploitant de manière éhontée les données modernes
de la psychologie expérimentale.
Les réunions de groupe
Le Dr. Verrecchia souligne l'intérêt des réunions de
proches concernés par le même groupe sectaire, telles qu'on
essaie d'en réaliser périodiquement à l'ADFI. Des
actions en ce sens commencent à être tentées, notamment
par le Dr. T Nathan, avec le concours du Ministère de Affaires Sociales.
Enfin mention est faite de ce qu'à Paris et à Toulouse le
sujet commence à être soulevé dans le cadre de l'enseignement
criminologique.
Une articulation bien nécessaire
L'expérience de l'ADFI est que, dans l'ensemble, il persiste une
grande insuffisance de vrais échanges entre ceux qui sont le plus
susceptibles d'apporter une connaissance historique et un thesaurus de
faits, et d'autre part les psychiatres et psychologues. Ceux-ci, selon
notre point d'observation, ont presque toujours tendance à caractériser
le trouble en lui-même et à ne considérer les données
historico-factuelles que comme des causes plus déclenchantes que
déterminantes. Il ne s'agit certes pas non plus de nier qu'il existe
des milieux familiaux pathogènes. Il ne saurait être question
de minimiser la nécessité de l'intervention et de l'apport
psychiatrique, en particulier pour désamorcer ce que le conseiller
familial Steven Hassan appelle les mines à retardement, mais
à l'inverse il est souvent ressenti comme au moins une perte de
temps dommageable de ne pas articuler mieux les 2 courants de connaissance.
Faisons confiance aux observateurs privilégiés que sont les
psychiatres pour discerner les excès possibles des proches (et même
éventuellement de l'ADFI), leurs compréhensibles côtés
passionnels, et les limites de fiabilité de tout observateur quel
qu'il soit.