Magie et exorcisme
(Source : Synthèse du livre de Winston Davis Dojo : magic and exorcism in modern Japan Presses universitaires de Standford - Californie, 1980)
in DECOUVERTES SUR LES SECTES ET RELIGIONS N° 51 - octobre 2001 - du G.EM.P.P.I.
Editorial
Premier contact : une secte guérisseuse
Ambiance théâtrale
Spiritisme, chamanisme
Lenseignement : ne pensez plus , nous nous en chargeons pour vous !
En concurrence directe avec la fac de médecine
Pourquoi vivre heureux lorsquon peut vivre dans la paranoïa ?
Le Dieu de Mahikari supplante tous les autres :
Un peu dhistoire
Luttes fratricides pour le pouvoir
Les recettes du succès
Miracles ?
Des superstitions qui ligotent et qui rapportent
Un pet de travers peut-être mortel
Le verbe divin contre les mauvais présages
La magie : distributeur rapide et automatique de super-pouvoirs
Quand Okiyomé ne produit pas le miracle espéré
La possession et lexorcisme
Pour Mahikari tous sont possédés de démons au départ
Possession ou hypnose ?
ANNEXES
Si certains aspects aberrants de Mahikari étaient plus marqués il y a 20 ans au Japon, ils nen subsistent pas moins actuellement en France sous une forme parfois édulcorée. On pourra se reporter à notre bulletin n°37 du 1er Avril 1997 pour approfondir lhistorique de ce mouvement et ses aspects controversés. Nous faisons donc dans ce dossier la synthèse du livre de Winston Davis, professeur de sociologie des religions à luniversité de Gakuin au Japon. Il a étudié Sukyo Mahikari (désigné comme secte dans les rapports parlementaires français de 1995 et de 1999), une secte exorciste japonaise qui attribue la maladie et linfortune à des esprits maléfiques des ancêtres. En chassant ces esprits, les adeptes prétendent guérir toutes les maladies, réparer les postes de télévision cassés, changer le climat et même ramener à la vie des poissons rouges. Tout ceci semble avoir inspiré, sous une forme dévoyée, certains psycho-généalogistes qui ont actualisé le culte et la crainte des ancêtres.
Les commentaires en italiques et la plupart des gros titres émanent du GEMPPI
Ayant été invité à une démonstration publique du traitement guérisseur (Okiyomé) de Mahikari (Lumière de vérité), lauteur nous fait part de ses observations.
Dans un local du mouvement (dojo), 20 personnes étaient assises sur le sol par couples face à face.
Certains avaient les yeux fermés et tenaient leurs mains jointes comme sils priaient. Dautres, face à eux, tenaient leur main au dessus du front de leur partenaire, quelque fois en psalmodiant un chant. Dautres encore, recevaient ce qui semblait être le même traitement, couchés sur le dos ou sur le ventre.
Ensuite, une jeune femme demanda à lauteur de fermer les yeux et, assise en face de lui, elle frappa 3 fois dans ses mains et commença à réciter quelque chose qui ressemblait à une incantation Shinto. Pendant 10 minutes quelle tenait sa main au-dessus de lui, rien ne sembla se produire. Soudain, dune voix forte et autoritaire, elle prononça « Oshizumari » (paix, calmez-vous) 3 fois, chaque fois en élevant les mains au dessus se sa tête et en les rabaissant de chaque côté de son corps.
Après quoi, un peu comme un hypnotiseur de music hall, sure de lefficacité de son art, elle lui dit doctement : « vous pouvez ouvrir les yeux maintenant ! ». Ensuite, elle lui posa ces quelques questions : « voyez-vous clairement ?», « avez-vous des vertiges ? », « avez-vous ressenti quelque chose ? »
Un peu contraint de lui faire plaisir, lauteur lui répondit quil avait eu une impression plutôt paisible, comme sil avait été en méditation.
Encouragée par ce résultat, elle lui demanda de se retourner. Après avoir palpé doucement les vertèbres de sa nuque, elle leva à nouveau la main pendant 2 minutes au-dessus de sa tête.
Rayons, esprits malfaisants et guérisons invisibles
Pendant ce temps, lauteur dans son rôle de cobaye, recevait des enseignements doctrinaux tels que :
« Mahikari essaie de prouver la réalité de lexistence de Dieu en démontrant ses miracles de la façon la plus directe et concrète possible. »
- « Comment sont réalisés les miracles ? »
- « Tout ce que vous devez faire, cest de lever la main au dessus des gens et les rayons spirituels de Mahikari entreront dans leur corps, les purifieront et expulseront toutes les impuretés et les toxines qui sont à lintérieur. Nous commençons par purifier lâme principale, un point minuscule situé à 10 cm derrière le front. Les rayons spirituels qui entrent dans lâme spirituelle attirent dabord et expulsent ensuite les mauvais esprits qui se sont attachés à notre corps en provoquant des maladies et des malheurs. Ensuite, il y a divers points critiques le long du corps. Le praticien doit dabord palper tout autour pour trouver ces endroits, puis il lève la main au dessus de
- lâme principale (le point minuscule) de sorte que la main puisse agir comme une lentille pour focaliser les rayons spirituels directement sur la région souffrante. Cest le meilleur moyen de faire fondre les toxines qui se sont accumulées dans notre corps à cause des additifs alimentaires, de la pollution et des médicaments . 80 à 100% de nos maladies sont provoquées par des mauvais esprits. »
- « Comment le savez-vous ? »
- « Vous pouvez le savoir grâce à la façon dont les mains des gens bougent lorsquils reçoivent le traitement. Les mains dune personne possédée par un esprit de serpent, bougent de cette façon : » elle pressa ses mains lune contre lautre et fit des mouvements sinueux, donc, qui serpentent.
Dans ces conditions, il nest pas inutile de se poser des questions sur le sort des enfants ayant un besoin vital de traitement médical et dont les parents sont adeptes de Mahikari.
Le dirigeant local, Yoshida Sensei, appela une jeune fille, Kanako, pour faire une démonstration.
Après avoir tenu sa main en silence pendant quelques minutes au dessus de son front, les mains de la jeune fille commencèrent à trembler. Sa tête bougeait lentement dun côté à lautre. Yoshida Sensei expliqua que lesprit qui la possédait essayait déchapper à la « Lumière » qui sortait de sa main.
Il commença son investigation spirituelle en demandant doucement à lesprit malin qui la possédait :
- « Etes-vous un esprit humain ? »
La jeune fille, comme en transe, hocha la tête doucement.
- « Oui ! Lesprit qui la possédait était autrefois un être humain ».
- « Depuis combien de temps êtes-vous mort ? » Continua Sensei
- « Il y a 20 ans ? Non ! Il y a 50 ans ? Non ! 300 ans ? Non ! 400 ans ? »
La jeune fille hocha à nouveau la tête pour acquiescer.
- « Quel genre de personne étiez-vous ? Un samouraï ? » Reprit Sensei.
- « Oui ! »
- « Pourquoi avez-vous possédé Kanako ? Etiez-vous amoureux delle ? »
- « Non ! »
- « Lui gardiez-vous rancune, a t-elle fait quelque chose de mal envers vous dans une vie précédente ? »
La jeune fille écrivit quelque chose sur le sol avec son doigt, comme de lécriture automatique, que Sensei déchiffra aussitôt et nous en donna la signification.
Selon son interprétation, la jeune fille avait été mariée dans une vie antérieure à un samouraï. Mais elle se réincarna dans ce monde avant son samouraï de mari qui commença à devenir jaloux et à la posséder. Selon Sensei, ceci était la cause des maux de tête de la jeune Kanako.
Ensuite, dune voix douce, comme sil parlait à un enfant vilain, il gronda lesprit en ces termes : « honorable esprit, ce que vous faites est mal. Si vous quittez le monde astral pour posséder Kanako, vous ne faites que reporter la pénitence que vous devez subir avant de vous réincarner. Retournez dans lautre monde et laissez-la en paix. » Ensuite, il prononça le fameux « Oshizumari » et paraît-il, lesprit du samouraï vengeur sen retourna tout penaud dans le monde astral doù il était venu.
Ainsi ont commencés pour lauteur 6 mois de « miracles » et dexorcismes parmi les adeptes de Mahikari.
Extraits du cours dinitiation élémentaire (Mioshie) de 3 jours sous forme dune conférence donnée par Yoshida Sensei.
« A partir de maintenant, vous devez mettre de côté votre égoïsme. Vous devez vous débarrasser de lidée que la science est tout et vous préparer à croire en linvisible. La science ne peut pas expliquer les miracles que vous allez voir. Recevez les enseignements avec un cur humble qui ne se pose pas de question. Mahikari ne demande pas aux pratiquants dabandonner leurs autres affiliations religieuses. On dit simplement : essayez le traitement guérisseur de Mahikari (Okiyomé) et vous verrez. Nous critiquons seulement les religions qui ne font pas de miracles » (à notre connaissance, il ny en a pas).
« Jésus et Bouddha ont réalisé des miracles en faisant Okiyomé (syncrétisme récupérateur). Cependant, les religions établies se sont progressivement transformées et de simples mouvements de spéculations philosophiques. Aujourdhui, grâce à Mahikari, tout le monde peut réaliser des miracles et devenir des petits Jésus ou Bouddha. »
Et Sensei précise : « Okiyomé guérit le corps physique en purifiant dabord le corps spirituel. La possession spirituelle explique pourquoi les gens sont chanceux ou malchanceux. La douleur est causée par un mauvais esprit qui se développe dans le corps physique. La névralgie faciale est causée par des esprits de rancune. Les tumeurs utérines sont causées par la coagulation des injections et des médicaments, etc.
Mais pour éviter davoir des ennuis avec la justice (en France : exercice illégal de la médecine) ou avec lOrdre des médecins (léquivalent japonais), il ne faut pas afficher publiquement le pouvoir que nous avons de guérir et détablir des diagnostics. En public, nous devons seulement offrir de purifier les âmes et les corps. »
« Quand on meurt, les corps spirituel et astral partent pour lautre monde. Là, lindividu doit subir diverses épreuves afin de se purifier de ses péchés et de ses impuretés, du mauvais karma du passé. En punition de ses méfaits, une personne est parfois transformée en esprit danimal, ou les hommes peuvent être réincarnés en femmes. Il nest pas rare de voir lesprit dun ancêtre prendre la forme dun animal lorsquil possède un individu.
Dans lautre monde nous continuons à souffrir des maladies qui ont provoqué notre mort dans ce monde. Cependant les membres de Mahikari ont un moyen déviter cela. Quand quelquun meurt, sa famille et ses amis se rassemblent autour du cercueil pour la veillée mortuaire et pratiquent Okiyomé sur son cadavre. Cela nettoie la source de sa maladie et allège son fardeau dans le monde astral. »
Induire des sentiments de culpabilité et de crainte vis à vis des morts qui assaillent de toute part les adeptes provoque une fuite en avant droit dans les bras de ceux qui prétendent apprivoiser les esprits.
Sensei continue : « la plupart des possessions des ancêtres sont causées par des « erreurs » dans le comportement rituel de leurs descendants au sujet de lautel des ancêtres : par exemple, sils disposent mal les plaques commémoratives ou sils ne font pas les offrandes appropriées.
Si lon met en place une nouvelle plaque sur lautel, on demande au défunt de sy installer. La famille doit sexcuser auprès des ancêtres pour les négligences ou les erreurs quelle a pu commettre lors de leur culte et les informer que leurs descendants vivent désormais à lAge du baptême du feu (fin des temps selon Mahikari) et que les ancêtres ne devraient donc plus rester attachés à ce monde.
Une fois par jour, il faut présenter des offrandes alimentaires devant lautel des ancêtres en leur disant : « tous les ancêtres, sil vous plaît, venez manger ! ». Quand on reçoit son salaire, il faut le présenter aux ancêtres, les remercier sincèrement et leur dire : « sil vous plaît, utilisez la valeur spirituelle de cet argent ». Le soir, il ne faut surtout pas oublier de leur souhaiter bonne nuit, déteindre le luminaire et fermer la porte de leur autel.
Le matin, il faut ouvrir ces portes, dire bonjour et rallumer le luminaire. »
il est japonais
Sensei reprend : « à lorigine, Dieu Su était un. Puis il créa les 48 divinités qui sont associées aux 48 idéogrammes de lécriture japonaise. Le japonais est une langue divine parlée par les dieux comme par les esprits. Seule la langue japonaise comporte des mots ayant une puissance magique et automatique (kotodama). Comme elles sont remplies de kotodama, des prières comme celle de lexorcisme (Amatsu Norigoto), ne peuvent être traduites dans dautres langues » (ceci rappelle la Bible en latin au moyen âge).
« Les dieux se divisent en 2 camps :
Les divinités sévères ou du feu, directement sous le contrôle du Dieu Su (qui ne rigole donc pas), et les dieux complaisants de leau, ou divinités secondaires, dispensatrices des richesses et des désirs matériels. Les religions établies (bouddhisme, christianisme, shintoïsme ) vénèrent exclusivement les divinités secondaires. Partout dans le monde, les hommes sont affamés de plaisir sexuel et dargent. Même au Japon, les gens ont été infectés par lesprit de lindividualisme, le libéralisme et la démocratie ! A partir de maintenant, les choses vont empirer. Finalement, il ne restera quun dixième de la population mondiale.
Parmi ceux-ci, les membres de Mahikari formeront la plus haute classe. Diverses maladies mystérieuses se combineront à la pneumonie pour provoquer des épidémies incurables.
Les gens deviendront si misérables quils mourrons fous. Finalement, des queues de gens désespérés se formeront devant les maisons des membres de Mahikari pour recevoir Okiyomé.
Ceux qui sont fidèles de Mahikari aujourdhui, se purifient afin de devenir le Peuple semence de la glorieuse société théocratique du futur. »
Okada Yoshikazu (rebaptisé Kotama), fondateur de Sukyo Mahikari, a servi dans la garde impériale japonaise pendant la dernière guerre mondiale. Combattant pendant la guerre du Pacifique, il fut gravement blessé au dos en tombant de cheval.
Revenu au japon, les médecins lui découvrirent une tuberculose dans la colonne vertébrale et ne lui donnèrent plus que 3 ans à vivre. Il décida alors de consacrer le peu de temps quil lui restait au service de Dieu et de lhumanité.
Pour accomplir son vu, il investit toutes ses économies dans 4 entreprises fabriquant des avions militaires pour larmée de lair japonaise. Quand ses usines furent détruites par le bombardement de Tokyo en 1945, le futur Sauveur se trouva ruiné.
Comme dautres dans la même situation, Okada se tourna vers la religion, devenant un membre dévoué de lEglise Messianique mondiale « Sekai Kyusei kyo » (voir notre précédent numéro), qui enseignait que la maladie et le malheur sont provoqués par la « poussière » qui saccumule sur la surface de lâme, et vendait des amulettes censées produire des miracles en grand nombre. En 1959, Okada eut une vision quil interpréta comme une révélation du Dieu Su et de la mission de purification qui allait lui être confiée. A part son obsession pour les mauvais esprits, il ny avait guère de différence entre le nouvel évangile dOkada et celui de lEglise Messianique Mondiale.
A mesure que le nombre de ses disciples augmentait, Okada sattribua des titres de plus en plus ronflants : Guide spirituel, Maître (Oshienushi-sama), Sauveur (Sukuinushi-sama), Messie numéro un, et enfin Phénix sacré. En 1974, Okada mourut de maladie.
Sekiguchi Sakae fut désigné comme successeur par Okada Kotama. Cependant, Sachiko, la fille adoptive du Messie défunt, entendait prendre les rênes du pouvoir. Laffaire fut portée en justice, laquelle trancha en faveur de Sekiguchi.
Ceci nempêcha pas Sachiko en 1978, de prendre en main une majorité dadeptes de Mahikari et principalement hors du Japon.
Depuis elle se fait appeler Okada Keiju ou Oshinushi-sama. Ses fidèles japonais sont convaincus que les rayons spirituels circulant entre elle et le Dieu Su sont extrêmement denses et quelle est capable de lire dans les pensées des gens. Certains vont jusquà dire quelle est à moitié divine et quils se sentent en sécurité auprès delle.
a) Le contexte - Mahikari est lune des multiples sectes et petites religions qui surgirent après leffondrement du culte shinto de lempereur japonais suite à lhumiliante défaite de 1945 et de la misère sociale qui sen suivi.
Comme ces mouvements, sectaires pour une part, demeurent florissants actuellement, il est clair quils ne jouent pas seulement un rôle danesthésique en période de crise, mais quil soccupent aussi du pathétique de la condition humaine.
b) Syncrétisme démagogique - Lévangile de Mahikari est un mélange de croyances appartenant à plusieurs traditions. On y trouve du shintoïsme, les enfers bouddhiques, de leschatologie chrétienne, de la théosophie, de loccultisme, des influences de lécrivain de fictions historiques James Churchward etc. Mais les principales croyances de Mahikari sont celles quOkada avait emprunté à lEglise Messianique Mondiale dont il avait été adepte et à sa secte mère : Omoto (voir notre précédent numéro), fondée en 1892 au Japon.
c) Les témoignages de miracles - Par ailleurs, les histoires merveilleuses de miracles et de possessions colportées lors des conférences, sont en fait des versions modernes de contes traditionnels et populaires du shintoïsme japonais. Par exemple, la croyance populaire admet quaujourdhui le dieu dragon Ryujin continue à purger son karma dans la forêt. Cest la raison pour laquelle les bûcherons japonais seraient si souvent atteints de surdité, car ils abattent des arbres ou Ryujin travaille. Tout cela explique lattrait suscité par la secte au Japon.
Nombre de témoignages entendus dans les dojos de Mahikari du Japon sont des histoires de fantômes de ce cru (avec des versions quelque peu occidentalisées en France).
A Mahikari, la science est disqualifiée
A Mahikari, presque tous les aspects de la doctrine sont des exemples de « déviance cognitive ». La médecine y est rejetée au profit de la magie. On y proclame aussi que lélite de la société (juristes, médecins, philosophes, prêtres etc.), brûlera en enfer.
On y méprise la version de lhistoire enseignée dans les écoles publiques, accusée dêtre inspirée des communistes. La science y est rabaissée au profit de croyances superstitieuses qui restent à démontrer, et lon y abandonne la psychologie pour la parapsychologie.
Bien que les sectes soutenant ce genre de point de vue fassent sourire les gens peu influençables, elles peuvent avoir prise sur des personnes fragilisées, car leur déviance a justement pour fonction de maintenir latmosphère émotionnelle nécessaire pour faire prospérer la féerie du monde des miracles, dont lirréalité et lexclusivisme implique lisolement de lindividu dans son groupuscule et un attachement aussi intense que les espoirs extraordinaires suscités.
Ceci explique que la plupart de ceux qui rejoignent Mahikari, sont motivés par des besoins humains graves, comme la maladie ou des relations personnelles difficiles. La santé défectueuse semble être la raison prédominante de ladhésion.
Le fond de commerce de Mahikari est avant tout le miracle. Sur 688 adeptes que lauteur a interrogé, seuls 12 dentre eux avouèrent navoir expérimenté aucun miracle depuis quils avaient adhéré à ce mouvement. Ensuite lauteur a classé les miracles en 7 catégories :
1) Les miracles physiques (jai guéris la maladie de mon chat ; jai réparé le ventilateur électrique en lui donnant Okiyomé ; jai fait changer le climat, etc.).
2) Les miracles de coïncidence (par un hasard extraordinaire, jai rencontré un vieil ami à la fête de Tokyo, etc.).
3) Les miracles de prosélytisme ou évangélisateurs (mon mari à cessé de critiquer Mahikari, etc.).
4) Les miracles financiers (jai trouvé un travail, etc.).
5) Les miracles spirituels (un esprit de renard a disparu etc.).
6) Les miracles dans les relations humaines et familiales (je me suis réconcilié avec mes parents, etc.).
7) Les miracles scolaires (jai réussi mon examen dentrée au collège, etc.).
Omitama, instrument de dépendance superstitieuse
Les adeptes de Mahikari refusent, bien sûr, de considérer leurs pratiques comme de la magie, mais lauteur trouve quelles en ont toutes les caractéristiques.
La nature objectivement magique de Mahikari est évidente lorsquon se penche sur les croyances et les pratiques relatives aux amulettes (Omitama) censées transmettre les rayons spirituels du Dieu Su par lentremise du leader de Mahikari (Sekiguchi Sakae ou Keiju Okada, selon le groupe rival auquel on appartient) , qui de ce fait possède le monopole sur la divinité la plus élevée du cosmos (ce qui exclut toute concurrence)
Quand le néophyte reçoit son amulette (Omitama) à la fin du cours de formation élémentaire, on lui dit dy attacher plus de prix que sa propre vie. Il est préconisé de nenlever lamulette que lorsquon prend un bain (en labsence toutefois dun conjoint opposé à Mahikari, car il risquerait de louvrir) ou si lon dort nu. Si lon dort en pyjama, il convient dy accrocher dessus lamulette, avec une épingle de sûreté, pour éviter quelle touche le sol. Si on la laisse tomber, il faut avertir immédiatement le siège central de Mahikari à Tokyo. Si Omitama est tombée dans un endroit sale, cest lannonce dun désastre imminent, ou le signe quon a commis un péché envers le Dieu Su ou envers les ancêtres défunts.
Laisser tomber lamulette ou la mouiller peut la déconnecter de Dieu. Pour la rebrancher, il faut la rapporter au dojo et payer 100 000 yens pour demander pardon.
De plus, il faut sassurer quon a régulièrement versé la cotisation mensuelle à Mahikari, car cet argent est offert au Dieu Su pour rester connecté le mois suivant.
En règle générale, les objets magiques comme les amulettes sont entourés de tabous qui soulignent la réalité de leur pouvoir. A la fin, lobjet perd son caractère symbolique et devient un agent actif ou un sujet lui-même.
Pour les gens rationnels, les mots nont deffet que sur ceux qui les comprennent. Pour Mahikari, la langue des dieux (le japonais) a un pouvoir magique, comme on la vu précédemment (page 5). Pour le Messie Kotama Okada, les mots sont des acteurs indépendants reliés directement aux événements du monde physique. Un bon magicien peut donc changer le monde uniquement par des mots.
Réciproquement, la fréquence des événements est une indication que des mots ont été prononcés. Ainsi derrière tous les événements, il y a une intention, quelle soit de ce monde ou de lau-delà. Cest la logique des présages.
Souvent le présage est compris comme lavertissement dun ancêtre. Celui qui détecte un présage peut, sil en tient compte, guérir des maladies qui affligent des membres de sa famille ou éviter des malheurs dans le futur. Les présages sont donc des événements qui expriment la volonté de linvisible. Reste à les interpréter. Il y a autant dinterprétations que de voyants ou de religions occultistes.
Exemple proposé par un ex adepte de Mahikari : je remarque un morceau de papier qui traîne par terre, est-ce un présage ? De quel danger suis-je prévenu ? Quelle est la menace ? Quest-ce que mes ancêtres me demandent de faire sous peine de représailles ?
Entre un désir et son accomplissement, dans la magie, il ny a aucun intervalle. Le magicien est donc un expert en efficacité (le leitmotiv de Mahikari). Comme les médiums, il obtient par ses recettes, la réponse ou réaction appropriée des dieux et des esprits .
A Mahikari on critique régulièrement les pratiques ascétiques et disciplines traditionnelles de méditation, parce quelles prennent trop de temps et quelles sont trop difficiles à accomplir pour une personne moyenne. Les membres de Mahikari prétendent acquérir des dons surnaturels en seulement 3 jours, alors quil faut, paraît-il, des années à un ascète pour les maîtriser.
Ainsi la prière est inutile car elle prend trop de temps, tandis quavec Okiyomé, si quelquun a une crise cardiaque, il suffit de lever la main (Okiyomé), et tout sarrange.
« Juste essayez et vous verrez ! », est un slogan sans cesse répété par les adeptes. Cette insistance à prouver lexistence des esprits de manière empirique au travers dexpériences concrètes de « miracles » procure aux adeptes de Mahikari limpression que leur croyance est supérieure à toutes les autres.
Il ignorent certainement quil existe un nombre non négligeable de mouvements et de sectes ayant les mêmes prétentions, avec les mêmes témoignages de « miracles » instantanés, avec cette différence quils leurs attribuent des causes très différentes. On trouve aussi bien des églises ou mouvements guérisseurs dinspiration monothéistes, que panthéistes.
Quand la magie dOkiyomé de marche pas, son échec éloigne beaucoup de gens du dojo. Compte tenu des espérances miraculeuses mirobolantes de départ, peu ont la patience ou le désir dattendre la magie plus lente de la consolation religieuse. Par contre, ceux qui restent, malgré léchec thérapeutique ou magique dOkiyomé, se hissent à un niveau plus spirituel. Ils en concluent que leur échec est dû à une situation particulière qui a amené le Dieu Su à exercer sa magie de façon inattendue ou invisible pour linstant car de nature spirituelle (Voir annexe C).
Ainsi, les contradictions internes sont résolues, aplanies ou annulées (les autres mouvements guérisseurs, Pentecôtistes, IVI, Science Chrétienne, Antoinistes..., fournissent exactement les mêmes explications en cas déchec).
Les informations venant de lextérieur et entrant dans le système ne sont acceptées quaprès avoir été correctement filtrées et rendues conformes aux axiomes ou présuppositions de base du système, qui devient inattaquable dans lesprit de ladepte.
Les effets sur le mental de lexorcisme, de la possession et des superstitions
Selon lauteur, les adeptes de Mahikari ont tendance à dire quils ont éprouvé exactement ce quon leur avait dit quils ressentiraient au cours de la formation. Ils affirment que lorsquils ont été soumis aux investigations spirituelles de leur formateur, leur tête sinclinait automatiquement en réponse aux questions de lexorciste. Presque tous ont déclaré quils avaient été pleinement conscients de tout ce quil se passait pendant le rituel. Ceci est une réaction orthodoxe, puisque tous sont informés à lavance quils se souviendront de tout quand le traitement sera terminé. Beaucoup de ces gens ont déclaré quils pouvaient sentir les toxines fondre dans leur corps et descendre dans leur nuque, une autre réponse orthodoxe. Cependant , certaines personnes nont rien ressenti.
Les bénéfices religieux et pratiques de ce rituel sappliquent autant à lexorciste quà son partenaire. Selon Mahikari, en donnant le traitement (Okiyomé, avec la main levée sur le patient) à autrui, lexorciste se nettoie lui-même et sélève spirituellement.
Il est même possible de guérir ses proches, de faire du bien à ses ancêtres dans le monde astral, indirectement en donnant Okiyomé à des étrangers au dojo. Beaucoup dadeptes affirment ressentir de la sérénité, une profonde satisfaction et limpression dêtre en sécurité après avoir passé une soirée à lever la main au dojo, sachant que cela guérit les maladies et prémunit contre les dangers, maladies et malheurs à venir.
Nous connaissons dailleurs un ex adepte de Mahikari qui a démissionné de son travail à plein temps afin de travailler à temps partiel de manière à pouvoir pratiquer encore plus Okiyomé au dojo. Il est maintenant en difficulté financière.
Les pratiques de Mahikari sont nettement apparentées aux scénarios de possession des médiums et des chamans qui se laissent investir par les esprits à la demande de leurs clients. Dans de tels cas, lexorciste induit un état de possession chez son partenaire médiuminique. Le rituel est donc clairement établi et contrôlé.
A Mahikari, lorsque les gens viennent au dojo avant dêtre adeptes, ils ne savent pas quils sont possédés. Cest ensuite quon les persuade de leur situation. Si bien que finalement les adeptes recherchent volontairement et apprennent à réaliser à la fois la possession et lexorcisme. Leurs expériences spirituelles, leurs sentiments , leur rôle socio-religieux sont tous des formes de comportements appris et transmis dans des modèles déterminés, qui font parties dun Syndrome du Salut se composant dun Problème, dun Idéal et dun Chemin.
Le fondateur de Mahikari, Okada, a vu le Problème comme de la poussière sur lâme causée par le péché, le karma et les mauvais esprits. Cette contamination est la source de maladies, de pauvreté, de guerres et dautres désordres sociaux. LIdéal sera atteint dans un monde utopique sous lautorité de lempereur japonais, où les disciples de Mahikari sélèverons au sommet du pouvoir et seront respectés. Le Chemin pour atteindre cet Idéal est Okiyomé (la main levée), chaque miracle réalisé dans le dojo confirmant le Plan du Dieu Su.
Dans les sectes de ce type, la carrière religieuse du néophyte débute souvent par une expérience de salut profondément émotionnelle. Le Syndrome de Salut lui-même, parce quil créé une telle tension entre le Problème (crainte supplémentaire insupportable) et lIdéal (espoir supplémentaire inconcevable), génère souvent des états de conscience altérés. Du moins, beaucoup de gens sont incapables de sapproprier personnellement le Chemin du Salut, et donc dalléger cette tension (systémique), jusquà ce quils soient tombés dans un état desprit dissociatif.
Mais un tel pic émotionnel ne peut jamais être maintenu longtemps et au fur et à mesure que le sujet se « nettoie », il est supposé exhiber moins de possessions spirituelles, signifiant que son niveau spirituel sest élevé, ainsi que son immunité à laction des esprits possesseurs. Le tout doit mener à une routine sanctifiée. Les états de conscience modifiés initialement induits par la secte sont finalement transformés par des modes de pensée et de comportement modifiés, mais soutenus. La dissociation doit céder à lorganisation et à la discipline du fidèle.
Dans les mouvements qui institutionnalisent « la serre chaude » de lémotion et de lespérance, les expériences dissociatives sont souvent induites au moyen de la suggestion hypnotique.
La littérature et les publicité de Mahikari sont remplies dimages et dhistoires décrivant très en détail le comportement des personnes qui reçoivent Okiyomé. Lors du cours de formation, certains qui y assistaient, bougeaient leurs mains dans une imitation semi-consciente des mains du conférencier, « répétant » ainsi les mouvements provoquées par les esprits qui les posséderaient bientôt.
Les témoignages et la vision fréquente dautres personnes possédées par des mauvais esprits donnent limpression que la possession et lexorcisme sont tout ce quil y a de plus réel. Il y a là suffisamment déléments conditionnant pour induire ou programmer les comportements conformément à la doctrine.
Bouffées délirantes pour les plus fragiles
Beaucoup de gens rejoignent Mahikari à un moment où ils sont dans un état de prostration extrême (par exemple lorsquils ont appris quils avaient une maladie incurable). Cette inclination desprit a naturellement tendance à augmenter leur prédisposition à la suggestion, en particulier sils croient que Mahikari est leur dernière chance dans la vie.
Quand ces personnes font lexpérience dun effondrement nerveux ou dune transe profonde, elles indiquent là un certains degré de prédisposition à lhystérie. A ce moment là, limagination exacerbée a tendance à se confondre avec la réalité.
A Mahikari on affirme ne pas pratiquer lhypnose, et nous pensons quils le croient sincèrement parce quils ont tout simplement donné à cette pratique un autre nom.
Effets psychosomatiques et thérapeutiques
Si lon fait miroiter à des gens qui ont raté leur vie ou dont la vie est menacée quils vont devenir des surhommes invulnérables, on imagine assez bien que cela peut avoir un effet bénéfique (temporaire) sur leur moral et donc leur psychisme, jusquà ce quils soient confrontés à nouveau à la dure réalité de la vie, sauf si on les entretient dans cette idée tout en les isolant du monde.
Dans la pratique dOkiyomé (main levée pour purifier, guérir) le sujet est dans une position passive et dépendante. Il doit compter sur son partenaire pour le mettre en « transe », pour interroger, réprimander et chasser les esprits qui le possède, et enfin, pour prononcer Oshizumari (comprenez : « abracadabra ») au dessus de lui et le ramener dans le monde de tous les jours. Il peut se laisser aller à de la régression infantile.
Par contre, lexorciste est le partenaire responsable. Le désir dêtre un exorciste, comme le désir dhypnotiser les autres, peut-être relié à un besoin infantile domnipotence magique. Quand les membres du dojo lèvent la main (Okiyomé) ce nest pas seulement pour faire un exorcisme spirituel (avec parfois les effets psychologiques mentionnés ci-dessus), ils assument aussi le rôle de thaumaturges capables de réparer miraculeusement les automobiles, de guérir, de changer le climat, etc. Le souhait de chaque adepte est daccéder à ce rôle dominant. Cest un rituel dinteraction sociale qui permet aux gens déchanger progressivement leur passivité, leur frustration et leur vulnérabilité contre la position active du magicien qui contrôle le monde. Pour ceux qui sont dans une impasse psychologique, ce rituel peut avoir un effet thérapeutique temporaire.
A cela ajoutons lamulette (Omitama) protectrice, à laquelle les membres attribuent leur tranquillité desprit par le simple fait de la posséder, si toutefois ils ne loublient pas à la maison lorsquils partent en vacances.
Enfin Okiyomé permet de se créer un nouveau personnage. Ladepte qui a des miracles spectaculaires, divertissants ou émouvants, à raconter à la fête mensuelle, devient le centre dintérêt du groupe (certains peuvent être tentés damplifier, de déformer ou dinventer des faits). Okiyomé peut être vu comme un processus rituel par lequel la dignité et la valeur dune personne sont redécouvertes et affirmées, même si cest artificiel (parce que ceci ne fonctionne quen ce milieu restreint et fermé).
Lefficacité du rituel est augmentée par limpression que quelquun sintéresse suffisamment au sujet pour réprimander les mauvais esprits qui le tourmentent. Enfin, un allié.
Yoshida Sensei met fin à la poisse grâce à Mahikari
En 1957, le père de Yoshida est tombé gravement malade de la goutte et en est mort. En 1964, la fille de Yoshida a souffert dun colon entortillé qui a nécessité une intervention chirurgicale immédiate. Trois jours plus tard, elle décédait suite à des complications. En 1967, la mère de Yoshida est tombée malade dun cancer de lestomac et malgré que Yoshida ait consulté des médiums, elle est décédée des suite de sa maladie. Cest à peu près à cette époque que Yoshida et sa femme ont commencé à souffrir de maux destomac. Ils se sont alors mis tous les deux à suspecter que leur famille était victime dune malédiction. Dans leur détresse, ils ont dabord vénéré un dieu, puis un autre et se sont davantage préoccupés de lautel de leurs ancêtres. De fil en aiguille, il sont devenus membres de Mahikari en 1969.
Mais rien ny fît, car peu après, le pied de leur fils se trouva paralysé. Un médecin diagnostiqua la polio. Mais daprès Mahikari, la maladie était probablement un avertissement des ancêtres défunts qui voulaient que les Sensei déplacent leur autel qui était installé au-dessus dun placard. Se soumettant à la volonté des morts par entremise du voyant de Mahikari, Les Sensei ont donc replacé lautel à la place dhonneur. Ils ont ensuite pratiqué Okiyomé sur leur fils qui fut bientôt complètement guéri.
La maladie avait manifestement été provoquée par leurs ancêtres, agacés par les cliquetis des tiroirs du placard sur lequel leur autel avait été installé.
Ensuite, Mme Sensei se trouva possédée par les esprits des ancêtres de familles du voisinage. Chaque fois quelle recevait un message, elle fonçait chez ses voisins pour les prévenir : « votre oncle Untel mest apparu et a dit quil a besoin dune nouvelle plaque commémorative sur son autel » ou encore « le grand-père défunt Untel veut quon change son autel de telle façon ». Au début, les voisins semblaient être contents de recevoir ces communications de lautre monde, mais ils finirent par trouver pesantes ces intrusions constantes dans leur vie privée. Ils coupèrent donc les relations avec les Sensei qui devenaient trop envahissants. Ils firent même pression sur les grand-parents de Mme Sensei pour quelle cesse son trafic morbide avec les morts.
La leçon de lhistoire, cest toujours, quen définitive tout à tourné à lavantage des adeptes de Mahikari. En effet, il advînt un beau jour quun des voisins qui boudaient les Sensei à cause de leurs pratiques, se retrouva bien malade et fît appel à eux pour laider. Ils redevinrent amis et le voisin se convertit à Mahikari (encore un « miracle »).
Superstitions, transes hallucinatoires, hystérie et une enfant choquée. Que de miracles !
Le mari dEiko est exceptionnellement fervent pour un jeune homme de son âge (23 ans). Un jour quil navait plus de peinture, il partit en racheter chez son fournisseur afin de terminer son travail. Alors quil était en chemin, il sassura comme il le faisait constamment comme un tic nerveux, quil portait bien son amulette (Omitama) sous sa chemise. Effaré, il saperçut quelle ne reposait plus sur sa poitrine, mais quelle avait glissé par dessus son épaule et pendait dans son dos, près de sa nuque. Cest juste à ce moment quil remarqua dans son rétroviseur que son camion avait échappé de justesse à une collision par larrière avec un autre véhicule. Il en conclut que son amulette sentant le danger, sétait déplacée dans son dos pour le protéger (encore un « miracle »). Mais à aucun moment, il ne sest demandé si laccident quil avait failli avoir nétait pas dû au fait quil se retournait en conduisant.
Quant à Eiko, elle admet quelle ne peut pas savoir quand un esprit sapproche delle, mais elle dit être consciente de sa présence au moment où il entre dans son corps. Ceci peut arriver lorsquelle marche dans la rue. Le premier signe est une sensation de pression énorme sur sa poitrine et son épaule droite. Son mari aussi a déjà été possédé une fois par un esprit de renard alors quil était au lit . Heureusement, il a vite récité la prière de lexorcisme (Amatsu Norigoto) et le renard a disparu (encore un « miracle »).
Sous linfluence dEiko, ses parents et sa sur aînée ont finalement suivi le cours de formation de Mahikari. Pour recevoir leurs amulettes, toute la famille sest rendue au dojo dOsaka. Après la cérémonie, quelquun a donné Okiyomé (main levée purificatrice) à la petite nièce dEiko qui était venue avec eux. Malheureusement, la petite fille fut prise dune crise de possession démoniaque et commença à courir dans tout le dojo. Yoshida Sensei, le responsable du lieu, prit les choses en main et interrogea lui-même lesprit. Cest larrière grand-père de lenfant qui se manifesta spirituellement à Yoshida pour lui dire ceci : « quand jétais vivant, jétais détesté par toute ma famille, qui dailleurs, a été contente de ma mort. Maintenant, je suis tombé au plus profond de lenfer. Sortez-moi de là ».
Après une heure dagitation et dinterrogation, Yoshida prononça enfin Oshizumari (comprenez : « Abracadabra »).
Bien que lenfant semblait se remettre un peu de ses émotions sur le chemin du retour, sa mère et ses grand-parents étaient épouvantés par ce qui lui était arrivé.
Yoshida tenta de leur expliquer que sans cette manifestation démoniaque, lenfant serait encore possédée par le mauvais esprit, sans même que personne ne le sache.
Eiko profita de la situation pour les avertir que sils ne changeaient pas leur autel des ancêtres immédiatement, quelque chose de terrible arriverait à la famille.
De retour chez eux, il racontèrent toute laffaire au père de lenfant, qui naturellement devînt furieux au point dinterdire à sa femme de retourner au dojo de Mahikari.
Peu de temps après, les parents dEiko cessèrent définitivement de fréquenter le dojo. De plus, il nont jamais remanié leur autel des ancêtres. Eiko, par contre, était bouleversée de ce que sa tentative de recruter sa famille pour Mahikari se soit terminée de façon aussi traumatisant. Selon Yoshida, le leader local de Mahikari, lopposition de la famille dEiko est luvre dun esprit vengeur qui les possède tous.
Annexe C :
Mahikari a réponse à tous ses échecs, qui sont transformés en miracles
Monsieur Wakimoto souffrait dun cancer de lestomac en phase terminale. Lui et son épouse rejoignirent Mahikari espérant un miracle.
Malgré leur pratique assidue et le changement de leur autel des ancêtres, létat de M. Wakimoto empirait. Le reste de sa famille lexhortait daccepter des soins médicaux, mais il préféra sen remettre entièrement au dieu Su. Après que lesprit de son beau-père défunt lui soit apparu, la foi de Mme Wakimoto devint inébranlable. Même létat de santé de son mari qui se détériorait rapidement ne pouvait plus la faire douter de lexistence et du pouvoir du Dieu Su.
Après la mort de son mari, Mme Wakimoto reconstitua, avec laide de yoshida Sensei, le dirigeant du dojo, une histoire spirituellement orthodoxe des événements. Ceci laida, sans remettre en cause Mahikari, à accepter la mort de son mari et celles dautres membres de sa famille, malgré sa fidèle pratique religieuse.
Lexplication était donc la suivante : les ancêtres de monsieur Wakimoto étaient des guerriers qui avaient exécuté autrefois un certain nombre de paysans et de citadins. Ces victimes sont ensuite devenues des esprits de rancune qui ont possédé tous les membres de la famille. Mme Wakimoto a aussi suggéré que le corps de son mari nétait peut-être pas capable de sadapter aux « changements de lunivers », cest à dire, à lintensité croissante du feu et de la lumière provoquée par le retour des divinités sévères qui émanent du Dieu Su.
Mme Wakimoto a été si bien consolée ou aveuglée quelle semblait être devenue insensible au point, daccuser son pauvre mari défunt de sa propre mort et ceci, de façon à ce que Mahikari soit excusé pour son impuissance.
Avec laide de Yoshida Sensei, elle en arriva aussi à considérer la mort de son mari comme un sacrifice pour le compte de la famille entière. Le sacrifice de la vie de son mari étant censé sauver ses ancêtres et supprimer la malédiction du cancer sur sa famille une fois pour toutes. Ainsi, loin de les laisser tomber, le Dieu Su était encore à luvre en aidant tous les Wakimoto à se purifier.
La foi et la théodicée de Mme Wakimoto se sont développées à mesure que lespoir dans les miracles saffaiblissait.
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