On me dit parfois qu'en portant plainte contre Gilbert Bourdin, j'assouvis un vengeance. C'est faux. Je n'ai pas de revanche à prendre sur la vie. C'est parce qu'au contraire, j'aime la vie que j'ai décidé de parler. En démasquant un homme, en dénonçant un système destructeur, j'opère une thérapie, c'est vrai. Je me débarrasse d'une douleur difficilement identifiable, mélange d'intimidation, de culpabilité et de peur.
Je savais le combat qui m'attendait, contre ceux qui ressortiraient le sempiternel argument de la « victime consentante ». Argument d'autant plus dépassé lorsqu'on connaît les règles de vie dans la secte du Mandarom, et en particulier le sort réservé aux femmes et aux enfants.
Je ne sais pas qui protège Gilbert Bourdin, ni pourquoi il bénéficie de tant d'indulgence. Peu importe, en réalité.
Aujourd'hui, si je parle, c'est pour mon fils Jérémie, et pour tous les enfants menacés par les sectes. C'est pour mon père, afin qu'il ne se considère plus comme le seul coupable, et qu'il sache que je l'aime. C'est pour ma soeur, afin de lui dire que je lui serai toujours reconnaissante de ne jamais m'avoir abandonnée C'est pour mon mari, pour qu'il comprenne qu'on a le droit de se tromper. Et lui aussi. C'est pour ma mère, enfin, encore au pays des aveugles, qui doit savoir tout le mal qu'elle a fait.
Je voudrais que ce livre soit un outil de prévention. Si ces dix-huit ans de ma vie, dix-huit ans de souffrances, pouvaient servir d'avertisseur, je serai fière d'avoir rompu le silence.Florence RONCAGLIA
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