J'avais vingt ans et je me réveillais la nuit, dans ma chambre du Quartier Latin à Paris pour noter mes rêves qui se déversaient comme un fleuve puissant, comme un long, long poème, un dit, une légende.Page 13 :
Un peu plus tard, j'ai vu en rêve l'Evangile selon saint Jean défiler comme un générique de film dont les versets remontaient par le haut de l'écran. Quand le texte évangélique était fini, ça continuait encore et il y avait de nouveaux versets qui, je le savais, avaient trait à ma vie.Page 39 [l'auteur décrit à nouveau un de ses rêves] :
Le feu montait toujours dans mon coeur. Je pars. Je suis au haut du boulevard Saint-Michel. Alors l'esprit du Christ fond en moi et me transforme en lui. Je dévale le boulevard, mû par cette puissance divine qui m'emplit. Mes mains se crispent dans une position particulière pour laisser passer une force, un courant de vie. De nombreux malades gisent de part et d'autre. La force qui sort des mains les pénètre, les relève et les guérit. Parvenu en bas, le feu descend un peu et se calme. Je cherche deux amis, un homme et une femme, mais je ne les trouve pas.
Quand je me suis réveillé, n'ayant pas encore retrouvé la mémoire du rêve, j'ai dit : " C'est plein de feu ici ". J'avais l'impression que la chambre en était pleine, ma respiration était forte et mes yeux en eau, la crainte et le tremblement me saisissaient, puis le déroulement du songe revint à mon esprit. Alors, ce fut insupportable. C'était trop fort, trop intense, je voulais tant que cela s'apaise, mais ça remontait dans le coeur par vagues et je ne savais pas comment vivre avec ça, comment survivre.Page 41 :
Et maintenant, comment expliquer ce qui s'est passé ? Comment traduire en termes convenables pour la pensée et l'intelligence cette expérience du feu ? Comment faire comprendre qu'il ne s'agit pas d'une illusion, mais d'une réalité fondamentale ? (...) Il n'y a plus qu'une chose à faire pour transmettre l'enseignement contenu dans cette expérience : la raconter.Page 42 :
Je travaille aujourd'hui comme thérapeute. Je ne peux m'empêcher d'établir un lien entre les guérisons spontanées qui se réalisaient dans le songe et le lent et patient travail d'accompagnement psychique qui constitue ma pratique quotidienne. (...) Nous ne pouvons assumer notre mission spirituelle qu'en l'assimilant à l'existence et en la transformant en une tâche humaine. Ainsi la terre nous sauve-t-elle du feu; et ses rythmes, sa pesanteur, son déroulement dans le temps devient, pour nous qui avons été éprouvés par la grâce, comme une autre grâce.Page 93 :
Nuit du 12 au 13 (janvier ou juin ? ) - un rêve : Avec d'autres personnes nous allons à une abbaye. Un moine à béret me demande ce que nous voulons. Un peu interloqué et hésitant, je dis : " Est-ce qu'on pourra participer aux liturgies de Noël et de Pâques ? - Pas question ", dit-il goguenard. Je sens qu'ils ne veulent pas être dérangés. " Est-ce qu'on peut (l'encre est partie)... ? - Bien sûr ". Il y a une pierre sur une sorte de base. Quelqu'un dit : " Elle est pyramidale ". Je suis sur une petite hauteur; puis descendu. Quelqu'un évoque le saut de la (reine ?). Pour accomplir le rite, j'appelle quelqu'un pour me recevoir en bas : " Nicolas ! " . Je saute dans ses bras et, inspiré, lui demande : " Est-ce que tu me reconnais, Nicolas ! " Alors ses yeux s'ouvrent et il voit que je suis le Christ. Alors, devenu le Christ, j'ouvre largement mes bras et dis : " Venez, mes enfants, car Dieu vous a fait connaissance de sa révélation ".Page 96 :
Il aurait été plus prudent de passer ce rêve, et quelques autres, sous silence. En parler, c'est s'exposer immanquablement à la critique et à l'ironie. Mais n'en pas parler, c'est court-circuiter la Grâce et finalement s'attribuer des richesses qui ne viennent pas de soi.Page 96 :
Le malheur veut qu'un regard trop clinique - le regard qui ne s'est pas ouvert - enferme l'expérience mystique dans la plus cruelle des alternatives. Ou vous dites que vous êtes le Christ, et alors vous êtes fou, ou vous dites qu'il s'agissait d'une illusion, et alors vous êtes infidèle.
Page 105/106 :
" Disons-le maintenant et ne retenons pas davantage les mots : ce vide, ce non-être, cet ailleurs, ce dehors, ce rien, ce trou et tout ce qui s'ensuit - c'est le démoniaque. En personne, si l'on peut dire. Les sciences humaines sont évidemment incapables de l'apercevoir, puisqu'elles se développent en dehors du champ de la vie spirituelle. Or, le démoniaque ne se reconnaît que du point de vue de son contraire qu'il cherche à imiter : l'Esprit. L'Esprit seul nous révèle la forfaiture et nous exhorte à la dénoncer. (...)Ce qui caractérise la mentalité obscurantiste archaïque, c'est de voir du démoniaque partout et, au bout du compte, de brûler des gens. Ce qui caractérise la mentalité rationaliste moderne, c'est de ne voir dans les comportements humains que des phénomènes psychologiques ou sociologiques compréhensibles, à l'exclusion de toute expérience mystique, et donc de toute tentation démoniaque. (...) Remarquons, pour ce qui concerne notre époque, la position extrêmement avantageuse du démoniaque. En effet, la tradition et l'expérience nous ont appris que le diable est un menteur. Que peut-il souhaiter de plus, sinon un monde dans lequel on croit qu'il n'existe pas ?
Je vais employer un langage traditionnel et religieux (je suis religieux). Le spiritisme est de l'ordre du démoniaque.(...)
Mais je vais encore plus loin par rapport à ça : je dirai que lorsqu'on est confronté au monde démoniaque - or toute recherche spirituelle à un moment nous confronte au monde démoniaque - seule une attitude de foi profonde, seule une attitude religieuse peut nous en sauver, sinon on bascule, c'est presque automatique : on bascule.
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