Source : Le Vrai Journal - Canal Plus, 8 novembre 1998,
par Gad Charbi
[Résumé]
Le reportage commence par une rediffusion d'une précédente
émission de Canal Plus, 24 Heures, qui avait été
reçue en avril 89 par Guy-Claude Burger pour leur expliquer les
principes de l'instinctothérapie : sentir les aliments crus les
uns après les autres pour choisir ceux que l'on va ensuite manger.
Le journaliste rappelle ensuite que Burger a été condamné
pour exercice illégal de la médecine. Le reportage présente
ensuite un des ouvrages de Burger, " Manger Vrai ", prétendant
révolutionner la médecine.
Le classement de l'instinctothérapie dans la liste des sectes
du rapport de l'Assemblée nationale en 1995 va alors se faire délier
les langues : " le goût de Guy-Claude Burger pour la chair fraîche
ne se serait pas cantonné aux régimes alimentaires ",
commente le journaliste en rappelant son incarcération depuis plus
d'un an pour viol sur mineurs de moins de quinze ans. Le reportage présente
alors une autre théorie inventée par Guy-Claude Burger :
la métapsychanalyse, véritable éloge de l'inceste
dans le cadre de l'éducation sexuelle de l'enfant.
Depuis l'incarcération du gourou, le château de Montramé
est dirigé par Benjamin Etié, 21 ans. Transcription de l'interview
du jeune responsable :
Benjamin Etié : Guy Claude-Burger est en prison, ... il est
pour l'instant en prison préventive, pour des faits supposés
de viols, et qui ont été, disons... mis un petit peu en exergue
par des journalistes un petit peu mal intentionnés, qui ont essayé
d'aller chercher des témoins, des victimes, des victimes qui ont
souvent été manipulées pour aller dans le sens de
l'accuser de viol.
Question : Ce ne sont pas les journalistes qui mettent les gens
en prison. C'est la justice, c'est un juge d'instruction...
Benjamin Etié [interrompant le journaliste] : Bien entendu,
mais disons que les journalistes ont une influence assez importante sur
la psychologie de quelqu'un, quelqu'un qui peut être assez faible,
disons, intellectuellement et moralement.
[Cut]
Question : La métapsychanalyse, très concrètement,
de quoi s'agit-il ?
Benjamin Etié : Très concrètement, c'est essayer
de sentir, disons... C'est un petit peu difficile de parler d'un élément
concret, parce que, bon...
Question [interrompant] : L'amour, c'est concret.
Benjamin Etié : L'amour, c'est concret, tout à fait.
Disons un sens beaucoup plus sacré, disons un sens qui, euh...,
d'essayer, euh... [Il cherche, disons, un petit peu ses mots] Un amour
qui amène à une espèce d'inspiration, un amour, qui
amène à ... [Il rit]
Question : Oui... Je vous fait rigoler parce vous ne répondez
pas à ma question ?
Benjamin Etié : C'est ça, oui, c'est très délicat
de répondre à votre question.
Question : Pourquoi c'est délicat ? Parce que ca tombe sous
le coup de la loi et que ca s'appelle de la pédophilie ?
Benjamin Etié : [Le sourire disparaît aussitôt]
Non, pas du tout.
Question : Alors, pourquoi n'expliquez-vous pas ?
Benjamin Etié : [En riant de nouveau] Parce que c'est impossible
à expliquer !
Le journaliste cite alors les écrits de Guy-Claude Burger, dans
son livre " Les enfants du crime ", préfacé par Jacques
Vergès. Le gourou y écrit :
" Le tabou de l'inceste pourrait concerner uniquement la sexualité
reproductionnelle, (...) mais ne pas s'appliquer aux pulsions précoces
de la période oedipienne. Il est vrai que les relations enfants-parents
n'étaient pas considérées comme "incestueuses", ni
même immorales, jusqu'aux XVIIIè-XIXè siècles.
(...) Aujourd'hui, on met en prison celui qui répond aux pulsions
amoureuses d'un enfant. Demain, on mettra peut-être en prison celui
qui n'y répond pas... "
Olivier Morice, avocat de victimes de la secte, rappelle ensuite avoir
demandé en vain la fermeture du château de Montramé,
pour y prévenir la réitération des faits délictueux
consécutifs de l'idéologie qui y est défendue.
Le journaliste livre ensuite des images de la rencontre organisée
le Dimanche précédent au château de Montramé,
interviewant au passage un jeune couple d'allemands venu là après
avoir lu un livre de Burger, parce que la femme du couple cherche désespérement
un traitement pour sa maladie de peau qu'aucun médecin n'a su guérir.
Le journaliste précise que son équipe n'a été
autorisé à filmer que la vitrine du mouvement : des amateurs
du manger cru à la recherche d'une meilleure alimentation,
auxquels rien ne peut être reproché.
Sur le plateau de l'émission après la diffusion du reportage,
à une question de Karl Zéro commentant l'absence de témoignages
de victimes, Gad Charbi répond que les victimes existent bien évidemment,
qu'elles lui sont connues, mais qu'elles n'acceptent pas encore de témoigner
devant une caméra. Il conclut en rappelant les antécédents
judiciaires de Burger en Suisse en 1978 toujours pour des délits
de nature sexuelle impliquant des mineurs. Le reste du mouvement du château
de Montramé n'a cependant toujours pas répudié son
gourou, celui-ci continuant, de sa prison, à prêcher sa bonne
parole dans la revue de la secte " Instincto-magazine ".