par Michel de Pracontal
Editions du troisième millénaire
Science et société. Editions de la Découverte.
ISBN 2-7071-3293-4.
Dépôt légal : 1er trimestre 2001.
Plus de 50 % des Français croient à la transmission de pensée et à la guérison par magnétiseur, près de la moitié fait confiance à l'astrologie, 35 % aux rêves prémonitoires. De l'horoscope sur Internet au phénomène " X-Files ", de la mémoire de l'eau aux " paramédecines ", de la réincarnation aux " expériences NDE ", la patrie de Descartes se passionne plus que jamais pour l'irrationnel. Le progrès des sciences et des techniques s'accompagne d'un essor des pseudo-sciences et des fraudes scientifiques. Des savants renommés accréditent la téléportation et le voyage dans le temps. Des autodidactes inventifs proposent des théories " alternatives " à celles de Darwin et d'Einstein.
Loin d'être marginale, l'imposture scientifique est devenue une nouvelle norme intellectuelle. Baigné d'ondes positives, planant au-dessus des basses arguties de la raison, l'homme nouveau du xxte siècle goûtera-t-il le vrai bonheur ? Pour s'y préparer, voici l'indispensable manuel du pipeau et de la baliverne. Cet ouvrage vivant et didactique remet (totalement) à jour sa première édition, publiée en 1986. L'honnête citoyen comme l'apprenti charlatan y trouveront tous les conseils utiles, illustrés d'exemples concrets et d'anecdotes captivantes.
Le lecteur s'instruira en s'amusant, et apprendra comment départager le vrai du faux dans une culture surmédiatisée, régie par la dictature du marché et de l'audimat. Quand l'impact du message finit par l'emporter sur son contenu, le réel s'affaiblit. L'univers orwellien de 1984, où le charbon est blanc et où deux et deux font cinq, a cessé d'être une pure fiction. Contre un tel danger, la dernière arme est peut-être l'humour.
Michel de Pracontal, 46 ans, est titulaire dune maîtrise de mathématiques et d'un doctorat en sciences de l'information sur la vulgarisation scientifique. Journaliste scientifique depuis vingt-deux ans (depuis 1990 au Nouvel Observateur), il est l'auteur de Les Mystères de la mémoire de l'eau (La Découverte, 1990) et de La Guerre du tabac (Fayard, 1998).
(source : Sciences et Pseudo-Sciences, novembre 2001)
Cet ouvrage, peut-être nos plus anciens et fidèles lecteurs (et quelques autres) s'en souviennent-ils, n'est pas tout à fait nouveau, puisque la première mouture (l'" édition du deuxième millénaire " comme ne le précisait pas alors la couverture) fut publiée voici quinze ans et que nous en avons alors rendu compte à sa juste valeur.
Nous le disions déjà à l'époque, il s'agit d'" un ouvrage à lire toute affaire cessante ". Persistons et signons donc, car cette édition, passablement plus volumineuse (332 pages contre 256), complétée et enrichie, constitue un véritable ouvrage de référence dans la bibliothèque du " sceptique " , du " zététicien " , du " rationaliste " , ou tout simplement de l'honnête homme qui s'interroge, non seulement sur le paranormal, le surnaturel et tout ce qui gravite autour, mais aussi sur les fondements de la science, ou plutôt de l'activité scientifique, en ces temps où celle-ci se voit fort critiquée.
Avec toujours autant d'humour, un des aspects les plus plaisants de sa plume, M. de Pracontal, que l'on connaît aussi pour ses articles dans Le Nouvel Observateur, tire à boulets rouges sur les gourous de secours, Rika Zaraï et consorts, comme sur leurs théories et prétentions ineptes. Il en démontre l'inanité, et en démonte les bases non fondées et les recettes, qui leur assurent pourtant le succès. Apprentis imposteurs, prenez-en de la graine ! Ne lésinez pas, visez l'explication globale et universelle de la création, honnissez copieusement et vitupérez à l'envi la science "officielle ", sachez user des média avec talent, manipulez effrontément les faits, réécrivez l'Histoire, abusez sans vergogne des pièges du langage et torturez allègrement la sémantique, flottez avec délectation dans le flou le plus complet afin de ne pouvoir donner prise à la réfutation, vous êtes sur la bonne voie...
Mais se contenter d'attaquer de front les imposteurs ne résout malheureusement pas le problème qu'il pose. Car bloqués sur leur position, enfermés dans leur discours circulaire qui s'auto-justifie, s'auto-alimente, et s'auto-entretient, notre contradiction a scientifiquement peu de prise sur eux (qui a jamais, sans succès, essayé de démontrer à un fervent des horoscopes l'inanité de l'astrologie ou à un idolâtre des granules, la stupidité du dogme homéopathique ?). Il faut donc aller plus loin et analyser les raisons du succès jamais démenti des innombrables joueurs de pipeau, dans un monde envahi par une technologie omniprésente, et dont le degré de culture grandissant des populations ne conduit pourtant pas à un recul des calembredaines pseudo- scientifiques.
Les dogmes de nos imposteurs embrassent souvent une vision globale de l'univers qui donne un sens au monde, face à une science démultipliée dans des centaines de disciplines toujours plus spécialisées, qui obscurcissent plus qu'elles ne facilitent la clarté de notre perception de la réalité. Ces dogmes sont des réponses simples (voire souvent simplistes et caricaturales), mais rassurantes devant la complexité angoissante d'une Nature dont nous percevons tous les jours un peu plus la subtile sophistication. La recherche paraît d'ailleurs paradoxalement accentuer cet obscurcissement au fur et à mesure qu'elle progresse. Le syndrome du vertige existentiel de Pascal n'est probablement pas loin et les propagandistes des pseudo-sciences savent fort bien exploiter sans vergogne le filon du besoin d'être rassuré.
Si Michel de Pracontal s'arrêtait là, il mériterait déjà toute notre gratitude, pour ce remarquable travail d'analyse (" sociologique " allais-je écrire, mais depuis ces derniers mois, ce qualificatif a inexplicablement pris une connotation désagréable, allez savoir pourquoi...), évidemment beaucoup plus consistant que ce résumé un peu fade raccourci en quelques lignes. En fait le journaliste du Nouvel Observateur va bien au-delà et entraîne notre réflexion vers une analyse plus approfondie.
Car, c'est aussi un de ses mérites de le rappeler, il n'y a pas de Science, ou de sciences, sans activité scientifique avec tout ce que cela peut avoir d'humain, et en particulier avec tous les défauts que les comportements des individus de notre espèce peuvent porter en eux. Il n'y a donc pas d'un côté des pseudo-sciences, vilaines, sales, peu fréquentables, clairement identifiées et facile à extirper du champ scientifique, et d'un autre une Science parfaite, inattaquable et exempte de tout péché. Scientisme puéril et stérile que de se contenter de penser cela. La science possède aussi ses brebis galeuses et ses moutons noirs et n'est pas exempte de critiques, inutile de se le cacher. C'est pour cela que, sciemment, l'auteur qualifie d'impostures scientifiques non seulement la charlatanerie pure et simple mais aussi des dérives et des errements plus ou moins honnêtes de certains scientifiques eux-mêmes. Intellectuellement, l'escroquerie relève de syndromes voisins.
La Science est humaine avant tout, faite par des hommes et des femmes, donc aussi imparfaite qu'ils le sont. La vertu du sage est de le reconnaître. Alors, fautil jeter la science aux orties, comme certains penseurs post-modernes nous y inciteraient ? Non, car c'est justement là que réside la différence fondamentale d'avec les démarches des imposteurs, la Science, en tant que construction patiemment échafaudée depuis un peu plus de trois siècles, s'est bâtie sur quelques principes essentiels permettant de dépasser les défauts humains inhérents à ceux qui l'élaborent, et de se détacher de la simple croyance: refus du dogme, rigueur et précision logique des théories, réfutabilité, remise en cause permanente, auto-contrôle par ses propres acteurs, confrontation à l'expérience, afin d'éviter les pièges, les leurres ou les illusions.
Et même si parfois elle se fourvoie, si les polémiques font rage, si elle s'entête dans des voies sans issue, sa capacité à s'auto-corriger en raison de ces principes lui a toujours permis d'avancer, de franchir de nouvelles étapes, bref de progresser malgré tout. Son mérite est bien de savoir reconnaître qu'elle est imparfaite, et d'essayer de maîtriser ses imperfections.
Et c'est bien ce qui fait la grandeur de l'activité scientifique, car, même si elle est humaine par sa nature, elle arrive à en dépasser les défauts, imparfaitement, tardivement, mais y arrive quand même, en essayant de construire une vérité qu'elle sait modestement n'être toujours que provisoire. Au contraire des pensées pseudo-scientifiques qui détiennent une fois pour toutes leur vérité, intangible, inattaquable, absolue, universelle, et qui prétendent la science " officielle " dogmatique et sourde à leurs arguments, alors qu'elles en méconnaissent (ou refusent en feignant de les ignorer) les règles et leurs exigences, trop contraignantes à leur goût.
Signalons enfin qu'un chapitre fort documenté et très étayé de cet ouvrage est consacré à l'affaire du " sang contaminé ", qu'il décortique rigoureusement. Il apporte beaucoup d'informations qui permettent de se forger une opinion argumentée sur un dossier délicat, sur la base d'éléments qui manquaient ou dont peu de média ont fait connaître le détail, en rétablissant une vérité aussi rigoureuse que possible. Un travail d'investigation journalistique éclairant à saluer.
Cette Imposture revisitée est donc un ouvrage remarquable, pour lequel nous ne saurons mieux conclure que ne l'avait fait Michel Rouzé dans ces colonnes voici quinze ans, lui qui écrivait : " on le lit avec un plaisir qui ne se dément pas jusqu'à la dernière page ". Alors, même si vous avez déjà goûté la précédente édition, (re)faites-vous plaisir !
Jean-Pierre THOMAS
La cause ne peut être observée
Qu'y avait-il avant le Big Bang ?
Qu'est-ce que la Grande Pyramide a de si grand ?
Les cinq sens de l'imposteur
Pourquoi la science ne répond-elle pas aux vraies questions ?
Comment faire avancer le schmilblic ?
Fause science et science fause
Exercice
Les secrets de la baignoire à couvercle
L'art de choisir un créneau
Sir Cyril Burt et le QI
La courbe en cloche de Murray et Herrnstein
Le "gène gay" de Dean Hamer
Les raccourcis d'un chercheur pressé
La machine à guérir le cancer d'Antoine Priore
Exercices
Les géophysiciens sont-ils des abrutis ?
La Terre n'est pas du pop-corn
Échec à Darwin
Le vide est plein d'énergie
La mémoire de l'eau
L'écran de la science officielle
Exercices
Le soleil dans une éprouvette ?
Fièvre dans les labos
Erreur ou fraude ?
Comment reconnaître une imposture scientifique ?
Le temps de la science et le temps des médias
Le refoulement dans les ordinateurs
Voyage au ventre de la mère
Rika Zaraï est-elle soluble dans la médecine ?
La créature de Roswell
La vérité ne suffit pas
Exercices
Mystification ou canular ?
Éloge de l'Eoanthropus
Les pois de Mendel ou comment tricher utile
Le crapaud accoucheur de Paul Kammerer
Les canards du père Leroy
L'eau anormale de Djerjaguine
Walter Stewart contre la scotophobine
La " greffe de peinture " de Summerlin
Karl Illmensee et les débuts du clonage
La fraude de Harvard
La " mauvaise conduite " d'un prix Nobel
Peut-on éviter une tragédie grecque ?
Exercices
Sida : la guerre des virus
La " maladie des 4 H "
Sur la piste des HTLV
Y a-t-il un rétrovirologue dans la salle ?
" HTLV-III = LA V "
Robert Gallo a-t-il triché ?
La guerre des brevets
Le sida et le sang
1976-1983: le vaccin contre l'hépatite B
Août 1983: Montagnier prêche dans le désert
Juin-octobre 1984: quatre mois perdus à Pasteur
1985, l'année meurtrière
La vraie nature de HTLV-III
Qu'est-ce qu'un bon scientifique ?
Exercices
Les canines du babiroussa
La résistible ascension des gourous de secours
Ta ligne de hanches est une onde
Pourquoi avons-nous le nez au milieu de la figure ?
Le tao de la physique
À quoi sert l'" hypothèse Dieu " ?
Le monde comme hologramme
L'impossible unicité du savoir
L'homme est-il le but de l'Univers ?
Le paradigme du nombril
Exercices
Le savant crédule, le sceptique et l'illusionniste
Joseph Rhine et la parapsychologie scientifique
L'effondrement des pouvoirs psi
Le rôle de l'observateur
Le projet Alpha
Les psirites à la rescousse
Un grain de folie dans la physique
Requiem pour un matou
Einstein critique la théorie quantique
La télépathie des photons jumeaux
Alain Aspect, un nouveau Tex Avery ?
À la poursuite de l'écureuil fou
Hasard, causalité et magie
Retour à la Terre plate
Exercices
L'épistémologie selon Harpo
Les agents doubles du langage
Quel est l'âge du capitaine ?
Comment bâtir une théorie sur un calembour
Comment filer la métaphore
Comment pousser l'analogie
Comment nourrir le fumeux du discours
L'herméneutique de la gravitation quantique
De l'organe érectile en mathématiques
La science est-elle soluble dans le langage ?
La carte n'est pas le terrain
Exercices
Le paradoxe du rêveur
La science selon Karl Popper
Rupert Sheldrake est-il réfutable ?
Toutes les théories scientifiques sont-elles réfutables ?
" Pile je gagne, face tu perds "
Pourquoi la science marche ?
Existe-t-il des sciences " non poppériennes " ?
Une " autre science " est-elle possible ?
Exercices
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