Sa mère était professeur de lettres, son père petit propriétaire terrien, ses frères et soeurs enseignants et écrivains. Lui-même a longtemps mené une vie simple entouré de sa femme, de ses enfants et de ses amis dans une coopérative agricole aux environs de Mendoza, mais c'est un intellectuel. Dans une interview accordée à l'édition argentine de Playboy (N° 36, p. 30, mai 1988), il a fourni quelques détails sur sa formation. " J'ai reçu toute mon instruction primaire et secondaire au collège mariste. Je fus président de la Jeunesse d'Action Catholique. Cela m'a valu, comme à beaucoup d'autres, une certaine odeur d'encens... je fus l'ami d'un curé, le frère Diego et ensemble nous sommes allés prêcher dans les quartiers misérables. Nous découvrions les problèmes des gens, nous discutions et évidemment, un jour, je me rendis compte que véritablement cela ne menait à rien... ".
Le journaliste lui demande alors comment il est devenu le leader qu'il est aujourd'hui. Il répond d'abord évasivement :
Il n'a pas beaucoup plus de vingt ans lorsque, dans les années
60, il entreprend à partir d'un, puis de plusieurs groupes d'études,
une réflexion sur la relation entre structure sociale et individu.
Il élabore un simulacre de doctrine fondée sur la non-violence
et quelques vérités d'évidence qu'il présente
comme des découvertes.
Silo commence son discours par un geste d'effacement devant le message dont il se dit porteur, attitude bien connue chez les gourous et apprentis gourous : " Si tu es venu écouter un homme que l'on suppose transmettre la sagesse, tu t'es trompé de chemin, car la réelle sagesse n'est pas transmissible au travers de livres et de harangues. La réelle sagesse est dans le plus profond de ta conscience comme le vrai amour est dans le plus profond de ton coeur ".
Vient alors l'essentiel de la pensée " siloïenne " qui sera sans cesse répété comme un leit-motiv : la souffrance de l'homme, physique et mentale, vient de la violence et de la peur. Pour les juguler, il faut faire leur place à la paix et à l'amour.
" Il est stupéfiant, raconte un ex-adepte de silo, qu'avec des propos aussi simples et élémentaires, en définitive, les gens marchent ! Moi-même, je n'ai aucune honte à le dire, je me suis fait avoir ! Pourquoi ? ". Cet ancien adepte répond que tout homme est fragile et vulnérable à un moment ou à un autre et que la force d'un gourou comme Silo est d'arriver, si l'on peut dire, au bon moment.
Quoi qu'il en soit, depuis 1969, le Mouvement - tel est le nom de l'organisation fondée par Silo - sans jamais atteindre des effectifs considérables, s'est maintenu et a progressé au point de toucher quelques milliers de personnes à travers le monde (42 pays, nous est-il sempiternellement répété).
Le Mouvement a donné naissance, notamment en France, à
un certain nombre de satellites, phénomène assez habituel
dans le monde des sectes. Le premier fut la Communauté pour le
développement humain (1978). Sa doctrine, si l'on peut dire,
s'exprime dans les termes les plus flous. Exemple : " Le développement
individuel et social peut être obtenu si les personnes acquièrent
un sens cohérent de la vie, c'est-à-dire une direction cohérente
d'action dans le monde, qui tend à le transformer ". Nous voilà
bien renseignés !
Le "parti humaniste" refuse d'être classé selon les critères habituels de l'échiquier politique. Il se dit " coopérativiste " et relevant d'une " nouvelle gauche non marxiste ".
En 1987, le Mouvement crée le parti vert qui cherche à profiter de la vague écologiste pour s'attirer une clientèle nouvelle. Cependant, les organisations écologistes se méfient et récusent cette organisation concurrente.
Parallèlement à la création successive de
ses différents satellites, le Mouvement produit une littérature
qui pourrait nous en dire un peu plus sur son vrai visage. Hélas,
Le regard intérieur (1972), Le paysage intérieur
et le Livre de la communauté ne contiennent que des affirmations
qui oscillent entre la banalité et l'obscurité. Cependant,
le livret intitulé Normes et cérémonial de la Communauté
ouvre des horizons nouveaux sur la vie interne de l'organisation. On découvre
alors, à travers ses rites et sa liturgie, qu'il s'agit en fait
d'une véritable société secrète, une sorte
de maçonnerie dans laquelle on ne pénètre que par
une succession de paliers initiatiques.
En revanche, on en sait suffisamment - tant par les écrits du Mouvement que par les témoignages d'ex-adeptes - sur la nature des réunions auxquelles sont invités à participer les nouveaux venus recrutés le plus souvent dans la rue. Le quotidien Libération (10 août 1990) a raconté comment s'y prenaient les membres du Mouvement pour accroître leurs effectifs.
" Bonjour, quel est ton nom ? Moi, je m'appelle Marie-Ange
et toi ? ". Quand le Mouvement attaque, ça commence très
fort. En quelques semaines, une foule d'enquêteurs à
fort accent espagnol se sont abattus sur la capitale. Deux questions pour
les passants coopérants: " Que penses-tu du monde ? ", "
as-tu l'impression de faire ou d'avoir fait ce que tu veux de ta vie ?
". Et si l'interlocuteur semble un peu désabusé ou révolté
contre " le système, source de violence et d'oppression ",
l'enquêteur perçoit " le signal " de ce qu'il appelle
" la sensibilité ". " Et si on prenait un café
ensemble ? Le Mouvement, c'est des personnes normales avec les mêmes
intentions : humaniser la Terre. C'est possible et c'est simple ".
A ceux qui veulent aller plus loin, il est proposé un " cours rapide de distension " à base de relaxation et d'auto-suggestion et d'autres cours (sur cassette) de gymnastique psycho-physique et d'autoconnaissance. Par les témoignages d'anciens adeptes du Mouvement ou de ses satellites, il apparaît clairement que sous couvert d'autoconnaissance, c'est l'inverse qui est peu à peu mis en oeuvre, à savoir la dépendance psychique et la manipulation mentale.
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