A 43 ans, en arrivant aux Etats-Unis avec sa famille, l'ancien sergent
de l'armée vietnamienne, DANG MINH LUONG, opte après réflexion
pour une reconversion dans la thérapie par l'« Energie Universelle
».
D'entrée, il frappe fort : transformant, d'un trait de plume,
en association, un concept de l'Energie Universelle qui, sous les noms
de « prana », « Ki », « ch'i », et
peut-être aussi de fluide vital, de pneuma, voire... d'orgon, a traversé
les âges. En quelque sorte, il privatise.
Ensuite :
il justifie son action par une mission qui lui aurait été
confiée de rattrapage « des ratés de Bouddha («
Bouddha m'a expliqué... » (sic)) et de Jésus
Christ »,
il se bricole une légitimité, s'appuyant sur la réincarnation
de l'impératrice vietnamienne GIA LONG, sur ses relations avec les
Maîtres spirituels égyptiens et une déesse en recherche
d'emploi NOUT, et fondée sur les enseignements de deux maîtres
orientaux, DASIRA NARADA I et II (lui-même étant le n°
III). Succès assuré ; toutes les études réalisées
sur Dang reprenant à leur compte les assertions sur les Dasira Narada,
introuvables dans les écrits, absents de la tradition orale...
... jusqu'au jour où cela ne lui étant plus ni amusant ni
utile vis-à-vis d'adeptes confirmés, il déclara en
février 1993 : « je vous ai dit quand j'ai commencé
l'enseignement que mon maître était Dasira Narada. Maintenant
je peux vous dire sincèrement. Je n'ai jamais eu de professeur,
ni aucun Maître. Je reçois i'enseignement pendant mes méditations,
et j'ai aussi reçu le message que je devais prendre le nom de Dasira
Narada, et le porter jusqu'en 1993 ». Incidemment, il torpillait
ainsi les prétentions de son ex-élève, rival et concurrent
CURTIS CAO DUY, qui affirme avoir bénéficié du même
enseignement auprès de Dasira Narada II. Nouveau message en novembre
1997: Luong Minh DANG change de nom, dans l'ordre, sans inversion-sacrilège
possible : KONG, « l'orientalisme » (!), KING, «
l'occidentalisme » (!), KHANG, « la nouvelle ère
» (!).
Mais qui est Maître Dang ? A cette question, lui-même répond
bien volontiers : « Et Dieu met une protection pour mon être
physique; et mon être physique, c'est le Maître ici. Si j'étais
un homme ordinaire, comment aurais-je pu vous former en deux semaines pour
vous faire acquérir de telles capacités ? Comment aurais-je
pu le faire si j'étais fin homme ordinaire ? ».
Le système Dang, fonctionnement et organisation
L'energie cosmique, universelle et gratuite, se trouve partout, dans l'air
qui nous entoure, en nous, circulant dans notre corps où elle assume
des fonctions de régulation garantes de notre bonne santé.
Que surviennent un déficit, une carence, des ennuis de circulation
sous forme de blocages ou de... bouchons, et c'est la maladie !
A cela, un seul remède, la mise en oeuvre d'un « transfert
d'énergie », dont les chakras constituent les pièces
maîtresses d'un ensemble émetteur-récepteur. Toujours
aptes à la réception, les chakras du « malade »
vont engranger l'énergie captée par ceux du soignant-émetteur,
et transmise avec ses mains. L'originalité du système tient
à ce que les chakras ne peuvent s'alimenter correctement en énergie
que s'ils sont suffisamment ouverts naturellement par le Maître seul
détenteur de ce pouvoir, selon un modus operandi fixé par
lui...
Autre originalité, l'impossibilité d'une ouverture totale
instantanée des chakras « qui ne serait pas supportable
», d'où l'obligation d'une ouverture progressive. Et cette
progressivité obligée structure l'initiation en six niveaul
de l' « Energie Universelle », les trois premiers aboutissant
à une ouverture à 100% des chakras, autorisant ipso facto,
à « soigner » (sic) toutes les maladies ou presque...,
le cours supérieur (N4, N5, N6) remplaçait peu à peu
par une « spiritualité » affichée l'objectif-appât
de santé-guérison.
Les avantages d'une telle formule n'échappent à personne,
(et surtout pas à son « inventeur » !) :
par ce large « ratissage », la prospérité financière
est à la mesure du grand nombre d'adeptes et du coût proliférant
des formations : N5 « normal », mais aussi N5 «
spécial-thérapie-chakra 6 » et N5 « spécial
spiritualité », etc.
parmi les adeptes des N1 et N2 dont l'aptitude à tout « gober
» se manifeste très vite, les formateurs ont tout loisir d'effectuer
une certaine sélection pour les niveaux supérieurs.
le vivier des N1/N2 qui restera à la périphérie du
système dans l'ignorance des orientations réelles des niveaux
supérieurs, constitue un bras de manoeuvre de sympathisants prêts
à témoigner de l'injustice des accusations portées
«
à tort » contre l'ensemble du groupe.
Evolution du groupe
Depuis le fiasco de l'engloutissement, annoncé pour 1991, de la
Californie, lié de toute évidence à son « débarquement
» concomitant sur le vieux continent, Dang s'est refait une santé,
fmancière du moins, puisque « parti du bas », ayant
dû « accepter des tâches modestes à deux dollars
cinquante de l'heure », il a pris du galon, gagnant trois dollars
cinquante « et maintenant en tant que Maître, je peux toucher
de 15.000 à 20.000 $ par jour ».
Les nombreux changements d'appellation de ses associations témoignent
de la réussite de cette pseudo-philosophie, filandreuse et surtout
utilitaire pour son inventeur :
HUE (Human Universal Energy),
IHUERI (Institute for Human and Universal Energy Research Inc.),
CREHU (Centre de Recherche sur l'Energie Humaine Universelle),
ENERGIE et PARTAGE,
SHY (Spiritualité Humaine Yoga),
SEVA,
CRISTAL,
LEU18 (les 18 lumières de l'EU.),
Harmonie et Energie des volcans d'Auvergne,
etc
Mais prisonnier de son succès même, Maître Dang, comme
nombre de gourous adulés voire divinisés, est contraint au
renouvellement quasi annuel de ses gadgets et de ses affirmations, sous
peine de voir s'étioler son potentiel humain et financier. D'où
le Grand Chantier...