(Source : Extrait du livre " Daddy Gurdjieff " souvenirs inédits de Nicolas de Val, un des nombreux enfants naturels de Gurdjieff)
Les faits se déroulent en 1937.
" Le matin, Gurdjieff se contentait généralement
d'un café noir bien fort, accompagné parfois d'une biscotte
et d'un verre d'eau. Cela ne l'empêchait pas d'allumer ses cigarettes
russes à jeun.
Il était exigeant voire pédant quant à
la façon de faire son lit, ce qui me surprenait de sa part, car je
jugeais ce détail absolument secondaire.
La coquetterie, la mode, c'était le cadet de ses soucis.
Il n'attachait aucune importance à ce qu'il portait, mais changeait
fréquemment de sous-vêtements. Sa garde-robe se réduisait
au strict minimum. Il en était de même pour ce qui était
des chaussures, chaussettes, cravates, chapeaux, mouchoirs, etc. Il n'aimait
pas beaucoup se raser et le faisait par obligation. Je lui repassais ses pantalons
de temps à autre, lui recousais des boutons, me livrant même
à des petits travaux de raccommodage. Je portais le linge et les chemises
dans une blanchisserie du quartier, car il me laissait toute latitude quant
à ces occupations domestiques. Petit à petit, je me vis assumer
chez lui les fonctions d'un véritable factotum.
Cela commençait par exemple le soir, par son automobile,
une Hotchkiss de l'époque, que je rentrais dans un garage de la rue
Brunel. Je décachetais son courrier, lui lisais et parfois traduisais
des lettres officielles importantes.
Au début, mon sommeil était troublé par
des chuchotements ou des rires de femmes qui prenaient part aux ballets roses
quasi-quotidiens que G.I. semblait apprécier en connaisseur. Son potentiel
sexuel me stupéfiait au plus haut point. Dans cet ordre d'idées,
je croisais dans l'appartement, environ une fois par semaine, une certaine
Olga, au regard chafouin qui, visiblement, était chargée du
recrutement des jolies demoiselles.
Avant de m'endormir, je laissais habituellement à Georges
Ivanovitch une bouteille thermos remplie de moka.
Au salon, alors que j'allais m'éclipser, il m'arrivait
d'apercevoir des minois fort attirants ou encore des tableaux vivants en phase
de préparation.
De plus en plus incommodé et à bout de patience,
je pris un jour Gurdjieff à l'écart, avant sa sieste, et lui
déclarai sans ambages que je désirais passer mes nuits ailleurs
qu'à la rue des Colonels Renard.
Il me lança d'abord un regard courroucé, mais
ses traits se détendirent presque aussitôt et il me gratifia
d'un sourire plein d'aménité. Nous nous étions compris!
Le jour même, je transportais mes pénates à
l'Hôtel d'Armaillé, assez miteux, situé dans la rue portant
le même nom. "
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