GURDJIEFF

Témoignage (le magicien et les moutons)

(Source : extrait du livre de Louis Pauwels : Monsieur Gurdjieff)

 

Mis en ligne le 11 mars 2004
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Extrait de" Monsieur Gurdjieff" de Louis Pauwells Ed du Seuil 1954- Chap III, pages 287 et 288. Témoignage d'une américaine Francès Rudolf

" Au lieu de me réveiller graduellement dans une conscience de plus en plus haute, je tombais de plus en plus profondément dans le sommeil. Dans mon effort pour me réveiller j'empruntais la voie qui me conduisait droit au bord du grand sommeil d'où il peut n'y avoir aucun réveil. Et, ironie des ironies on m'avait avertie tout du long ! Voici un petit conte que Gurdjieff avait raconté à Ouspensky :

Un très riche magicien avait un grand nombre de moutons. Mais ce magicien était très avare. Il ne voulait pas louer de pâtres, ni ériger une clôture autour du pâturage où ses moutons broutaient. Aussi les moutons s'en allaient-ils souvent dans la forêt, tombaient dans les ravins, et surtout, s'enfuyaient, car ils savaient que le magicien voulait leur chair et leurs os et ils n'aimaient pas cela.

Enfin le magicien trouva un remède. Il hypnotisa ses moutons et leur suggéra tout d'abord qu'ils étaient immortels et que nul mal ne leur serait fait quand ils seraient écorchés, que, au contraire, ce serait très bon pour eux et même agréable ; deuxièmement, il les persuada que le magicien était un bon maître qui aimait tellement son troupeau qu'il était prêt à faire tout au monde pour eux ; et troisièmement il leur suggéra que si un malheur leur arrivait ça ne serait pas le jour même, et par conséquent qu'ils n'avaient pas besoin d'y penser. En outre, le magicien suggéra a ses moutons qu'ils n'étaient pas du tout des
moutons ; à certains il suggéra qu'ils étaient des lions, à d'autres qu'ils étaient des aigles a d'autres qu'ils étaient des hommes, et à d'autres enfin, qu ils étaient magiciens. Après tout cela, ses préoccupations et ses ennuis avec les moutons prirent fin. Ils ne s'enfuirent jamais plus, mais attendirent patiemment le moment où le magicien demanderait leur peau et leurs os.

Pourquoi ne le compris-je pas plus tôt ? Bien sûr, la réponse est trop douloureusement évidente. Je descendais de plus en plus alors que je croyais me relever. Il me fut suggéré par personne d'autre que Mme Blank elle-même, que je serais l'une de celles, et je cite, les plus proches d'elle. Et ainsi je ne m'enfuis jamais, mais attendis patiemment le temps où le magicien demanderait ma peau et mes os. Pendant près de deux ans, j'attendis ainsi patiemment la mort.

Cette époque fut remplie de souffrance infligée si subtilement qu'elle défie la description, mais je persistais, car j'étais convaincue que i'étais dans la bonne voie. Et la conviction que je progressais lentement et douloureusement, mais fermement, vers la vie éternelle me sauva à la fin d'être " tondue ". Car le choc soudain (et nous connaissons tous la valeur des " chocs ") que j'éprouvai en me trouvant face à face avec la mort fut plus puissant que le profond sommeil hypnotique dans lequel j'avais vécu. Je me réveillai. Je m'enfuis loin du magicien avec ma peau et mes os, - sérieusement endommagés, certes, mais je me sauvai. Il y en eut avant moi qui ne s'en allèrent pas, et il y en a maintenant qui en dépit de tous les avertissements, ne s'en iront pas. Mais je suis partie. Pour ceci, je ne me remercie pas. Je remercie mon ange gardien.


 
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