GURDJIEFF

Le "Theâtre de tous les possibles"

(Source : Traduction par Corinne Cuidard d'un article du 15 novembre 2002 de Rick Ross (USA) mis en ligne sur son site www.rickross.com )

15 Novembre 2002, Par Rick ROSS, U.S.A , site


Voilà plus de vingt ans que Sharon GANS était le leader d'un groupe de San Francisco, en Californie. Sharon et son mari, Alex Horn dirigeaient le " Théâtre de tous les possibles ". Mais, en 1978, un scandale leur fit quitter la ville. Le San Francisco Examiner produisit un rapport d'enquête au sujet du groupe, intitulé " L'étrange école ". L'histoire débute la veille de Noël 1978, après que Sharon et Alex aient déjà quitté San Francisco. Ils ont fini par se fixer accompagné d' un noyau de fidèles , à Manhattan et à Boston. D'anciens membres de leur école ont relatés des histoires personnelles choquantes aux journalistes du " Chronicle ". Et leurs propos concernant l'école Gans/Horn faisaient état de " lavage de cerveau " et "de " violence ". Le " Théâtre de tous les possibles "ainsi que l'école Gans, se réclament d'agir dans le prolongement de l'enseignement de deux philosophes russes George Ivanovitch Gurdjieff et P.D. Ouspensky. Un " théâtre " supposé dévoué non seulement à l'art mais aussi à " l'illumination ".

En décembre 1978 le théâtre Gans/horn sur le Golden gate à San Francisco ferma ses portes pour ne jamais les ouvrir à nouveau. Il semblerait que Gans et Horn se soient enfuis de la ville lorsqu'ils ont appris que la police et les enquêteurs des services sociaux interrogeaient leurs anciens étudiants. Les enquêteurs ont eu connaissance de coups, de négligence à enfants et de frais exorbitants qui, imposés aux couples, avaient généré un capital énorme. Les étudiants ont rapportés avoir eu à payer des centaines et quelques fois de milliers de dollars en liquide à Gans et Horn. Ils ont aussi parlé d' " intimidations " répétées.
Quelques uns des anciens étudiants étaient trop effrayés pour aller plus loin. Malgré tout, d'autres ont finalement partagé leur histoire personnelle avec un inspecteur de police de San Francisco, un officier du tribunal pour enfants, un assistant social de la ville et les journalistes du Chronicle.

Les accusations

- Coups infligés par les dirigeants du théâtre aux étudiants qui n'avaient pas atteint leur quota de vente de tickets. Ils vendaient classiquement les tickets en abordant des passants dans la rue.
- Coups et amendes pour avoir fait du bruit en coulisse, pour des " gémissements " ou pour s'être endormis.
- Harcèlement des étudiants pauvres pour qu'ils payent leurs cours
- Mariages arrangés
- Pressions pour avoir des enfants. Une des adeptes a déclaré " ils espéraient que nous tombions enceintes, Sharon était constamment entrain de sermonner les femmes pour qu'elles aient des enfants "
- Couples contraints de se séparer et de divorcer
- Négligence des petits enfants lorsque les parents travaillaient pour le groupe

La police a enquêté sur un centre improvisé de garderie après avoir reçu des rapports faisant état de contusions et de blessures sur quelques enfants.
Un représentant du Tribunal pour Enfants a déclaré au Chronicle que lui et un policier avaient conduit des enquêtes préliminaires sur les modes de garderie des enfants du groupe. Ils ont déclarés que les enfants ne bénéficiaient pas des soins appropriés pour leur âge.

Frédérik Mindel, l'avocat représentant Gans et Horn s'est refusé à tous commentaires à l'époque.
Aucun plainte officielle connue n'a été enregistrée à l'époque de cette affaire.

Pourquoi les étudiants restaient-ils ?

Les élèves ont expliqué qu'ils croyaient que le comportement bizarre à l'intérieur du groupe faisait partie de leur processus d'apprentissage et que quoi qu'il se passe était étroitement lié avec la compréhension que leurs maîtres avaient de l'enseignement de Gurdjieff et Ouspensky.. Les disciples ont aussi expliqué que la discipline de fer permanente les épuisait complètement : Ils n'avaient plus le temps de penser. Un élève ajouta " Ils n'arrêtaient pas de nous dire que nous étions de la merde et nous finissions pas le croire ".
Une des membres du groupe qui était partie a confié aux reporters que son mari lui était resté. Elle a expliqué " si votre épouse s'en va des groupes, ou bien vous la suivez ou bien vous divorcez et devez vous remarier dans le mois qui suit. Et les élèves ont l'ordre de ne jamais plus adresser la parole aux ex- élèves ".

Le business GANS/HORN

En 1973, les documents officiels californiens relatifs à Everyman Inc. mentionnaientt Frederick Mindel, Martin Kahne et Lynne Scalapino comme étant " les personnes recrutées comme dirigeants ". Everyman était le nom de société officiel sous lequel opérait le théâtre de Gans/Horn à l'époque. Mindel a raconté au Chronicle qu'il " assistait le Théâtre de tous les possibles , en tant qu'ami du théâtre, pour assurer son introduction dans le milieu théâtral de San Francisco ". Les statuts de Everyman décrivent son objet comme " un théâtre pour la production de spectacles, et d'autre part, ayant des finalités d'initiation, de promotion, de développement et de mise en œuvre d'objectifs, de directives et d'activités qui permettraient d'accroître la prospérité et le développement du théâtre et de l'art théâtral. " La première pièce de Everyman durait quatre heures et s'intitulait " Le fantastique éveil de Padraic Clancy Muldoon " écrit par Alex Horn et mettant en scène Sharon Gans. Gans était un peu connue pour son rôle dans le film " Slaughterhouse Five ". Malgré cela, ce fut son premier et dernier rôle cinématographique. Les critiques n'ont visiblement pas apprécié le travail de Horn . L'un d'eux écrivit " en plus de dix ans de critique de théâtre local, je ne me souviens pas d'une expérience aussi affligeante "

A San Francisco, la troupe du théâtre GANS/HORN était surtout connu pour ses méthodes de ventes de tickets agressives pour les passants . Un ancien élève a reconnu qu'ils vendaient en toute connaissance de cause des fausses places pour dégager plus d'argent. Et les dirigeants du groupe faisaient des réunions " ticket " pour exhorter les participants à vendre encore davantage. Une ancienne élève a dit aux journalistes qu'elle avait vu " au moins une douzaine de fois " les dirigeants " gifler ou cogner des hommes " parce qu'ils n'avaient pas vendus assez de tickets. Il était dit aux élèves que d'assister aux cours " les aiderait à améliorer leur vie ". Le droit d'entrée était de 100 dollars en liquide suivi ensuite de versements mensuels de 200 dollars en moyenne. De 50 à 100 personnes payaient chaque mois, ce qui permet d'évaluer un revenu de 20000 dollars mensuel ,uniquement par les inscriptions, assuré à Gans et Horn et auquel s'ajoutait 20000 autres dollars provenant de la vente des tickets. Les deux sources combinées leur procuraient un revenu annuel d'un demi million de dollars.

" Total Theatre Inc. " fut une autre société californienne formée en 1976 par Gregory Kock, Mike Hilsenrad et Mike Imlay, tous associés du groupe Hans/Horn. Selon les enregistrements officiels parmi les directeurs de cette société se trouvaient Robert Klein, Hilsenrad et le juriste Mindel. Début 1978, une émission d'actions du Total Théatre était officiellement prévues mais aucune n'a été émise durant l'année et ni Gans ni Horn n'ont été nommés comme actionnaires.

Le style de vie californien d'Alex et Sharon

En 1978, Alex Horn et Sharon Gans vivaient dans le quartier chic de Pacific Heights dans une demeure évaluée à 300 000 dollars.
En mars 1977, Alex Horn et Sharon Gans ont contracté une location à long terme de 1500 dollars mensuels pour une maison de onze pièces. Dans ce contrat, Horn déclarait un revenu annuel de 60000 dollars en tant que " enseignant, directeur, écrivain ". Il se déclarait aussi " producteur dirigeant " et précisait ne pas avoir de supérieur.

Une sortie rapide

Le journal Chronicle n'a jamais pu obtenir de commentaires de Sharon Gans ou Alex Horn. Manifestement ils ont quittés la ville à toute allure. Le 18 novembre 1978, à peine plus d'un mois après que le Chronicle ait raconté l'histoire de " l'étrange école ", les suicides/meutres collectifs eurent lieu à Jonestown. Près de mille personnes, dans leur grande majorité des anciens résidents de San Francisco, ont été conduits à la mort par le gourou Jim Jones dans la jungle guyanaise. Les habitants de San Francisco furent très choqués par la tragédie qui avait aussi pris la vie de leur député Léo J. Ryan. Ryan qui fut assassiné par des adeptes de Jones au cours d'un déplacement effectué dans le cadre d'un enquête sur le groupe. Lorsqu'on lui a demandé si Sharon Gans et Alex Horn pourraient revenir à Bay Area, un élève à expliqué " qu'il était très improbable qu'ils reviennent. Alex et Sharon crèvent de peur et sont totalement paranos. Ils craignent que la presse ne puisse les associer à un autre Jonestown ". Un des reporters répondit " quitter la ville sans commentaires suggèrerait leur culpabilité ". Mais à l'évidence, Gans et Horn ne s'en soucièrent pas. Ils ont probablement pensé que tout s'estomperait naturellement. Et il semble qu'ils aient eu raison.

Sharon Gans a amassé des millions de dollars en actifs et mène une vie encore plus confortable aujourd'hui. Elle possède un appartement à Manhattan, une propriété au nord de l'état de New York et un ranch dans le Montana. Déménager de la côte Ouest à la côté Est s'est révélé être bien lucratif pour " l'enseignante " coriace que d'aucun qualifie à présent de " gourou de secte ".


Notes : cet article est largement basé sur " l'étrange école " , article du San Francisco Chronicle du 23 décembre 1978, écrit par Michael Taylor et Bernard Weiner.


 
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