La Famille d'Amour (ex-Enfants de Dieu)

Et les enfants... des "Enfants de Dieu" ?

(sources : BULLES du 2ème trimestre 1985).

 

 Fondé aux États-Unis en 1969 par un ancien pasteur évangéliste, David Berg, qui se fait appeler Moïse David (Mol, le mouvement des Enfants de Dieu n'a cessé de se transformer au cours des années. Lorsqu'ils arrivent en France, en 1972, les adeptes se présentent comme de jeunes " chrétiens révolutionnaires ", souriants, sympathiques, faisant passer le message évangélique par le chant et la guitare. Ils sont chaleureusement accueillis par les médias et par certaines communautés religieuses qui voient en eux un moyen moderne et efficace de gagner les jeunes à Jésus-Christ.

 Et puis...

 En 1978, c'est l'institution du " Flirty-Fishing " : les adeptes féminines sont entraînées à séduire des hommes riches et influents, pour les " convertir " et obtenir protection et aide financière.

 En 1978 encore, après le massacre du Guyana, qui fait craindre des enquêtes policières, c'est le document " Entrez dans la clandestinité " pour y poursuivre discrètement le prosélytisme. Les Enfants de Dieu n'ont plus d'adresses : la coupure avec les familles s'accentue.

 En 1979, " MO " incite au " ministère mobile " : vie en caravane ou en camping-car... En 1980 : " Laissez caravanes et camping-cars et partez en Amérique Latine ". Ce qui fut fait. Des femmes enceintes, des couples avec de très jeunes enfants vivront là-bas dans des conditions tellement précaires que plusieurs demanderont à être rapatriés, avec l'aide des Consulats - et aux frais de leurs familles.

 1984. Rentrés en France, après un semblant d'insertion professionnelle et sociale, toujours obéissants envers leurs chefs, les voici repartis vers l'Inde, l'Indonésie, le Japon...


Quelle vie et quel avenir attendent ces enfants ?

Toute contraception étant interdite, de nombreux enfants naissent. Voici à ce sujet un message de Nouvel An de Dad (MO) pour 1982 (Référence DO 1083) : Le vrai père de ces enfants est le plus souvent inconnu. Mais, si la mère est mariée, l'enfant aura un père légal. Pour les enfants de membres mâles, mais dont la mère n'appartient pas au mouvement, c'est simple : MO conseille de " laisser tomber la mère " (et l'enfant). " Ce n'est pas notre responsabilité ", dit-il.

En cas de maladie...

Chaque fois que cela est possible, le nouveau-né est nourri au sein ; ce serait très bien si cela ne se prolongeait jusqu'à 18 ou 20 mois, avec les risques d'anémie que peut provoquer la nourriture souvent carencée de la mère. Les pastilles vitaminées sont alors supposées compenser le manque de vitamines naturelles. Mais ici encore, ce sont les décisions brusques de MO qui font la loi : à certains moments, les enfants étaient élevés dans des centres, par des " nounous ", tandis que les mères étaient employées ailleurs à autre chose. Tout peut changer du jour au lendemain. En cas de maladie, MO conseille de commencer par prier - tout en culpabilisant les parents : " Si certains enfants sont toujours malades, ce pourrait être parce que les parents sont faibles dans la foi ".

 Les parents ne peuvent s'adonner à un travail suivi ; s'ils travaillent, c'est épisodiquement et dans un but précis : par exemple payer les billets d'avion en cas de départ en " mission lointaine ". Il n'y a donc aucune couverture sociale.
 

De l'éducation à l'exploitation

Pour ne pas s'attirer d'ennuis, on scolarise les enfants tant qu'ils sont en France, et le plus tard possible. Mais vu la mobilité des parents, une scolarité régulière est impossible ; et, à l'étranger, elle devient incontrôlable. Dès lors, MO pourvoit lui-même à l'instruction des enfants à l'aide de bandes dessinées et du " Childcare Handbook ", à l'usage des parents.

 C'est donc à l'intérieur du groupe que les enfants apprennent à lire, écrire, comp- ter, taper à la machine, chanter, jouer de la guitare, prier...

 Jusqu'à présent, on avait beaucoup parlé à leur propos de méthode Montessori (surtout sur la foi des livrets de MO). Or il s'avère que, tout au moins sur le plan précis de la lecture, les méthodes employées relèvent davantage du dressage que du développement des facultés.

 Les parents ont à coeur d'inculquer dès le plus jeune âge le culte et les doctrines de MO, qui veut à tout prix de nouveaux disciples. Le mouvement imprime des livres et albums à colorier pour les enfants, ainsi que des enregistrements sur bandes que l'enfant écoute avant de s'endormir et subit encore pendant son sommeil.
 

Éducation et sexualité

On ne s'étonnera pas de l'importance toute particulière donnée à l'éveil sexuel. Les parents sont incités à pratiquer les manipulations sexuelles sur les enfants dès les premiers mois.

 MO s'étend complaisamment sur ses expériences sexuelles enfantines dans une lettre intitulée " Mon sexe d'enfant ", ce qui donne à sa fille Faith l'occasion d'évoquer sa propre enfance :

De toute façon, les enfants assistent aux ébats amoureux de leurs parents, parfois plus d'une heure durant ; et n'oublions pas que ceux-ci pratiquent l'amour libre à l'intérieur des communautés, ou " at home " pour ceux qui vivent en appartement.

 Formés très tôt à chanter, danser et tendre la main dans les lieux publics, les écoles, les hôpitaux, maisons de retraite, ils attirent sans peine les dons en faisant vibrer la corde sentimentale de leur auditoire.

 Les petites filles deviendront ainsi, selon la définition de MO, de parfaites " petites putains de Dieu ", telles que les décrivait en novembre 1976 une lettre de Déborah David : " Flirty Fishing avec Petite Joie " (sa propre fille, alors âgée de 12 ans) :

C'est après avoir quitté la secte que, Déborah David révèle les pratiques incestueuses de son père : Devant cette formation à la perversité, les grands-parents qui la découvrent ne savent comment réagir et se désespèrent. " Nous sommes allés en Suisse voir notre fille, son mari et leurs six enfants. lls sont gentils, ils ont confiance en moi, dit la grand-mère. Et moi qui sais ce qu'on leur fait faire, comment ils sont manipulés sexuellement dès leur naissance, je ne dis rien, parce que, si je protestais, je ne les verrais plus du tout. En ne rompant pas, je garde l'espoir qu'un jour, je serai leur dernier recours. Mais au prix de quelle hypocrisie ? Je sais et je laisse faire... ".

 C'est une chance, en effet, que de pouvoir garder un contact. Souvent celui-ci est impossible, en raison de l'instabilité constante. Comment user du droit de visite quand on est à des milliers de kilomètres, et souvent sans autre adresse qu'une boîte postale ?

 La législation française n'offre que peu de ressources. Seul le concept de danger moral pourrait s'appliquer. Sur ce point il semble intéressant de signaler deux citations trouvées récemment dans les " Entretiens de Bichat ", sous le titre : " Les médecins face à l'inceste " :


(1) : Précision : la méthode Montessori n'a rien à voir avec une secte. Médecin et pédagogue italien, Maria Montessori (1870-1952) a créé des jardins d'enfants, où elle laissait se développer librement l'intelligence des petits à travers un apprentissage sensoriel. Ses méthodes ont été adoptées également en France (source : Dictionnaire Hachette, 1990).

 


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