(Source : Concept Femmes - un article de 2001 communiqué par l'intéressée)
Mis en ligne le 23 avril 2002
Introduction
Une rencontre décisive
Les années heureuses
Le début de la fin
Le temps de la confusion
La prise de conscience
Réapprendre la vérité
Introduction
J'ai rencontré les Enfants de Dieu en 1972, alors que j'avais quinze ans. A l'époque, j'avais fugué de la maison et abandonné mes études pour aller vivre dans un squat à Genève. Les personnes avec qui je partageais ce lieu occupé venaient de milieux les plus divers: hippies, marxistes, prostituées, Hell's Angels, etc. Tout ce monde prônait la vie communautaire et un retour à des valeurs plus "humaines"...
Une rencontre décisive
Un jour d'octobre 1972, j'avais passé l'après-midi a Neufchâtel en compagnie d'un copain pour y vendre de la marijuana. En rentrant au squat, je poussai la porte de ma chambre, et au lieu de trouver mon ami et mes quelques affaires personnelles, je tombai sur une famille entière, un couple et leurs deux enfants; des Américains. Ils avaient emménagé dans notre squat, en pensant certainement que cette pièce était inoccupée, vu le peu d'affaires qui s'y trouvaient. je fus tout de suite étonnée par l'aura qui émanait de ce couple, et me sentis immédiatement accueillie, malgré le fait qu'ils avaient squatté ma chambre. Ils dégageaient un rayonnement hors du commun qui me mit à l'aise et m'incita à m'ouvrir à eux.
Au cours de notre conversation, il devint évident qu'ils avaient quelque chose que je n'avais pas et que je désirais ardemment. Non seulement ils avaient trouvé une raison de vivre (à cette époque je me posais toutes les questions existentielles d'une jeune adolescente), mais ils avaient apparemment aussi réussi à mettre en pratique les idéaux que je chérissais.
A l'issue d'une discussion qui dura plus de quatre heures, je fis une prière pour demander à Dieu d'entrer dans ma vie, de me pardonner mes péchés, et de m'aider à vivre pour lui. J'ai réellement vécu une transformation de l'intérieur, ce que l'on appelle une nouvelle naissance. J'ai senti une joie et une paix profondes envahir mon coeur et n'ai plus douté depuis ce jour que Dieu était une réalité.
Je cessai de fumer, de consommer de la drogue, et quelques jours plus tard décidai de retourner vivre chez mes parents et de reprendre mes études. C'est comme si, alors que j'allais dans une certaine direction, Dieu m'avait trouvée et avait changé complètement l'orientation de ma vie. Plus tard, vers 17 ans, je rejoignis les Enfants de Dieu à plein temps, voyageant et prêchant la "bonne nouvelle" partout où j'allais.
Les années heureuses
Mes premières années passées dans ce mouvement furent heureuses et pleines d'expériences enrichissantes. Je voulais partager avec le monde entier la découverte que j'avais faite au niveau de ma foi. Nous passions nos journées à faire du porte-à-porte, à évangéliser dans la rue, à chanter dans les hôpitaux. Bref, ce fut une vie bien remplie et active, vécue en communauté.
Le début de la fin
En 1976, je fis la rencontre de mon mari; jusqu'à la naissance de notre deuxième enfant, tout allait bien... Puis, le fondateur des Enfants de Dieu (David Berg), que nous considérions comme un prophète, commença à demander à ses disciples d'adopter un comportement et de mettre en pratique certaines doctrines que j'avais beaucoup de peine à accepter. Ces doctrines se situaient notamment au niveau de la sexualité. Jusque là, tout n'était pas permis. Il était interdit de sortir avec un membre du sexe opposé sans la permission du responsable, le "berger,. Les filles dormaient séparément des garçons, et une certaine morale régnait encore... Mais petit à petit, ces règles disparurent au profit d'une permissivité à la fois sournoise et effrayante.
Il fallut d'abord répondre aux "besoins" des frères célibataires, puis user de son charme pour attirer les convertis potentiels, et enfin être prêt à aller jusqu'au bout de l'acte sexuel afin de les amener à Christ. Les versets bibliques étaient tordus, pris hors de leur contexte, parfois carrément changés; le fondateur se permettait tous ces écarts pour justifier sa position et la nouvelle "liberté" qu'il préconisait, accompagnée de promesses. Nous devions devenir "affranchis", des Enfants de Dieu vivant en toute liberté, nous étions les "vrais chrétiens" vivant comme Dieu l'aurait voulu depuis le départ. . je me pliais à cette nouvelle doctrine, non par goût, mais dans le désir sincère de plaire à Dieu.
Le temps de la confusion
C'est à ce moment que débutèrent pour moi des années remplies de confusion, à la fois sur les plans psychologique, spirituel et théologique. La manière dont mes parents m'avaient élevée, ma conscience et le Saint-Esprit m'empêchaient de pratiquer ce que le "Prophète" exigeait de nous. Mais faire partie d'un mouvement où 10 000 personnes vivent d'une certaine manière et où on est le seul à se poser des questions, relève presque de l'impossible. Tout doute émis sur les doctrines du "Prophète" signifiait une remise en question de son autorité, de son onction, de l'inspiration divine de ses écrits et de ses enseignements. Si on remettait en cause la vérité de ses enseignements et prophéties, on était jugé comme insoumis, rebelle, et fortement soupçonné d'écouter le Diable.
Comment est-il possible que des mouvements qui commencent bien finissent aussi mal? Une des raisons, à mon avis, réside dans la montée au pouvoir des personnes dirigeantes, qui, lorsqu'elles ressentent qu'elles exercent un certain charisme sur toute une population, en arrivent à se permettre toute perversion et faux jugement. Cela n'arrive pas du jour au lendemain. Le Diable est trompeur et, mélangeant vérité et mensonges, parvient à nous détourner de la simplicité et de la clarté de l'Évangile pour nous faire croire des mi-vérités tout d'abord, puis arrive à tordre le sens des Écritures totalement. N'est-ce pas ce que Satan fit lors de la tentation de Jésus, ou avec Eve dans le jardin d'Éden?
Mais je reste persuadée que quand quelqu'un recherche sincèrement la vérité, Dieu l'éclaire et l'arrache aux pièges de l'ennemi, pour l'amener dans une connaissance profonde de sa personne et de se volonté. C'est ce qu'il fit avec moi.
Il existe actuellement beaucoup de sectes dans le monde. Plusieurs d'entre elles ont été fondées sur la vérité, les motivations initiales étant bonnes. Mais afin de ne pas être trompés, veillons à rester près de la Parole de Dieu, humbles, rendant des comptes à nos frères et soeurs, et à ne jamais nous écarter des vérités et enseignements que Jésus nous a donnés. "Jésus-Christ est le même hier, aujourd'hui et éternellement" (Héb. 13. 8).
La prise de conscience
En voyant toutes les souffrances qui résultaient des enseignements pervers de la secte, j'en suis venue à remettre en question les doctrines enseignées. Lorsque je voyais une de mes amies qui avait cinq enfants de cinq pères différents, dont aucun n'en assumait la charge et qui se trouvaient aux quatre coins du monde, lorsque je voyais des petits enfants souffrant de maladies vénériennes, ou des couples séparés sous prétexte qu'ils devaient apprendre à partager leur conjoint, et bien d'autres conséquences dramatiques, je ne pus m'empêcher de crier à Dieu et de lui demander de me montrer la vérité. Ce qu'il fit. Un jour que j'étais dans un état très confus par rapport à tous ces enseignements qui me torturaient l'esprit, je me retirai dans ma chambre et demandai à Dieu de me parler clairement; j'ouvris ma Bible et tombai sur le verset: "Tu ne commettras pas d'adultère". Tiens! Un verset que nous n'avions pas souvent lu dans la secte! Puis en feuilletant les pages de ma Bible, j'en ai découvert de plus en plus qui me parlaient de fidélité, de sanctification dans le mariage, et de pureté dans la relation sexuelle. je n'arrivais pas à concilier ce que la Bible disait avec les enseignements de notre gourou.
Comme je n'avais pas grandi dans la foi chrétienne (mes parents sont athées tous les deux), je n'avais, avant de rencontrer ce mouvement; aucune connaissance de la Parole de Dieu. je n'avais donc pas de moyen de "filtrer" et de discerner ce que l'on me disait, et croyais d'une manière naïve les idées et pensées d'autrui, surtout celles qui émanaient des personnes appartenant à un mouvement qui, après tout, m'avait amenée au Seigneur.
Réapprendre la vérité
Cela fait maintenant plusieurs années que j'ai quitté cette secte, mais il m'a fallu longtemps pour réapprendre ce que Dieu disait réellement dans sa Parole, et le voir tel qu'il est en vérité: un Père aimant qui ne demanderait jamais de telles choses à ses enfants.
Ce fut un travail de longue haleine, entrepris au départ avec l'aide d'un pasteur. Le Seigneur me montrait jour après jour les erreurs enseignées par la secte, et parallèlement me guérissait d'expériences vécues qui avaient douloureusement affecté ma famille. Ce fut une période difficile, car accepter le fait que l'on se soit trompé pendant des années, le reconnaître devant Dieu et les hommes et se laisser transformer de l'intérieur par le Seigneur, demande beaucoup d'humilité, de patience et de volonté de pardonner à ceux qui nous ont mal dirigés. Il était aussi difficile de gérer le regard de nombreux chrétiens, qui avaient tendance à me juger en fonction de mes actes passés.
Les séquelles sont là: mon mari, par dévotion et obéissance aux exigences de la secte, a abandonné sa famille pour mieux "servir Dieu". Nos enfants n'ont de ce fait quasiment pas connu leur père (aujourd'hui décédé), et de plus, ils se sont forgés une image du christianisme très négative.En partageant mon expérience, j'espère éviter à d'autres de tomber dans le même piège que moi, et aussi inviter les Eglises à accueillir, sans les juger, les personnes qui sortent d'une secte destructrice.
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