Euthanasia

Pour sauver la terre
Faut-il exterminer l'humanité

(Source : Bulles n°76 - 4ème trimestre 2002)

 


Paul Ariès, Politologue – Lyon II

"La tragédie, la catastrophe vraie, est que l'humanité continue..." (Louis Wolfson, Eglise d'Euthanasia)

Faudra-t-il demain exterminer totalement l'espèce humaine pour préserver la Terre, ou, suffira-t-il de réduire fortement la population ? Cette question est posée très sérieusement par des groupes qui ne sont plus marginaux, qui ont pignon sur rue ou sont reconnus par des Etats.

Nous avons enquêté dans les méandres nauséabonds de ces "fous" de Gaïa (Notre-Mère). Nous avons découvert leur prose, nous les avons rencontrés. Une chose est sûre : ce ne sont ni des doux-dingues, ni des provocateurs héritiers des dadaïstes du début du 20e siècle. Ils sont certes encore très marginaux mais ne sont pas pour autant isolés : ils entretiennent des relations avec d'autres groupes parfois sympathiques. Ils pèsent sur eux : infiltrant leurs réseaux et empoisonnant leur esprit. On distinguera, ici, trois types de groupes anti-humains. Les uns préconisent une réduction de la population. Les autres militent pour la disparition de l'espèce humaine : certains d’entre eux prônent le volontariat, d'autres la coercition. Mais leur but reste commun : rabaisser l'humanité, lui extirper sa dignité, supprimer toute solidarité, etc.

Le pire n'est donc pas dans certains excès, mais, dans le fait que ce discours charrie de nombreux fantasmes qui sont parfois ceux de notre modernité. Ces fous dangereux, sont nos enfants, ceux d'une société qui ne connaît plus d'autre loi que celle de la con-sommation : des objets, de la Nature, des autres puis finalement de Soi même (drogues, sectes, etc). Nous avons hésité à rendre publics certains documents explosifs (notamment les interviews). N'accordions-nous pas un intérêt malsain à des théories probablement sans aucun avenir ? Les services de sécurité des Etats redoutent, certes, avec raison, des dérives violentes de certains de ces groupuscules, car on sait trop qu'il n'est pas nécessaire d'être nombreux pour terroriser. Comment donc ne pas s'inquiéter en constatant que certains d'entre eux s'intéressent de près aux recherches universitaires et appliquées en matière de propagation des virus et bactéries ? Ils s'auto-intoxiquent probablement et il ne faut pas fantasmer sur leur propre fantasme. Mais comme l'a montré Guy Laval, il faut d'abord de la théorie pour faire un camp de concentration ! Qui prendrait, dès lors, la responsabilité devant les générations futures de ne pas s'informer sur ces mouvances qui rêvent de rabaisser l'Homme, de provoquer son "désespècement" ? Ce combat fera des victimes : en tout premier, nos valeurs. Ces faussaires de la pensée n'ont de cesse, en effet, de passer en contrebande une idéologie "écomoyenâgeuse" funeste.

L'Eglise d'Euthanasia
"L'homme est tombé, l'homme est mauvais par nature. Ceci dérange les libéraux, l'élite orientale médiatique juive" (COE)

L' Eglise d'Euthanasia (The Church of Euthanasia – COE) est le groupe antihumain le plus influent. Elle a son siège social à Somerville (USA) et revendique officiellement un statut religieux. Elle connaît la gloire des médias américains et allemands (Der Spiegel en 1996). Elle est implantée depuis 1991 aux Etats-Unis, en Allemagne, en Belgique, en Angleterre, etc. Elle est dirigée par le Révérend (sic) Chrissy Korda aidée du Pasteur (sic) Scott, du Frère (sic) Denis et des Sœurs (sic) Catherine et Laura. Son leader est une belle femme brune portant une très longue robe noire et arborant au cou une étoile argentée avec cinq branches. Elle se proclame activiste végane (cf : Libération animale ou nouveaux terroristes, Golias). Elle fonde la COE après un rêve durant lequel elle aurait été visitée par une intelligence étrangère connue sous le nom d'"Etre" qui l'informa que l'écosystème planétaire était détérioré et que tous nos sens nous mentaient pour nous cacher cette Vérité. Elle reçut alors l'ordre de fonder un nouveau Culte pour annoncer cet ultime message. Elle se réveilla avec en tête la devise "infâme" (sic) de son groupe : "Economisez la planète, détruisez-vous". La COE compte plusieurs milliers d'adeptes dont certains mineurs âgés de 14 ans. Son dogme est limité officiellement à un unique commandement : "Tu ne procréeras pas !". Les parents sont admis à condition qu'ils s'engagent à ne plus jamais enfanter sous peine d’ex-communication. Cette "Eglise" fut reconnue officiellement le 25 mars 1994 dans l'Etat du Delaware, puis, le 22 août 1995, par l'administration fédérale américaine. Elle bénéficie donc, comme toute religion, des avantages fiscaux accordés aux œuvres caritatives. Son premier service "religieux" s'est tenu, en octobre 1995, dans sa nouvelle chapelle "soigneusement construite dans le sous-sol" de la maison de Sœur Catherine. La célébration s’est tenue sous un portrait du "bon" docteur Kevorkian, connu aux Etats-Unis pour être le champion du suicide assisté puisqu’il fournit aux "candidats" une "machine à suicide".

La COE multiplie depuis 1993 les actions : d'abord dans les Universités américaines puis désormais à destination d'un vaste public. Ses activistes infiltrent des groupes "antispécistes" ou pro-euthanasie. Des groupes satanistes ou de vampyres assurent aussi sa publicité. Ses activistes ont développé un réel savoir-faire en matière de provocation lors des manifestations de rue (tablette géante de RU-486, commando contre des banques de sperme, pénis gonflable fluo). La COE a pris position aux élections en faveur des candidats se réclamant d'Unabomber, de son vrai nom Théodore Kaczynski, condamné à la prison à vie en 1997 pour trois assassinats, 23 blessés lors de 43 attentats durant ses 18 ans d’écoterroriste américain.

L'adhésion à vie coûte seulement 10 dollars (US), mais la COE réalise un important commerce via Internet : elle vend des T-shirts avec ses slogans comme "Economisez la Terre, suicidez-vous !", "suicide, avortement, cannibalisme, sodomie", des auto-collants, des C.D., des revues. Elle conseille également sur son site, certaines organisations qualifiées de "sœurs" comme la FCCA, le VHEMT, le GLF, le GRB, l'UNAPACK, etc (cf : notre ouvrage).

L'humanicide contre l'écocide
La population humaine serait, selon elle, responsable de par sa croissance d'un vrai écocide. Elle menacerait en effet d'extinction toutes les autres espèces végétales et animales. Un humanicide seul pourrait encore (nous) sauver de cet écocide programmé génétiquement : "Nous avons quelque chose à faire très rapidement et la chose la plus importante que nous pouvons faire est de réduire notre population " (...). "C'est quelque chose que chacun de nous peut faire, elle n'exige pas de formation spéciale et c'est pourquoi chaque membre de l'église d'euthanasia prend le vœu de ne plus jamais procréer". La COE ne propose cependant pas (contrairement à d'autres groupes) l'extinction totale de l’Humanité, sauf si les efforts entrepris pour restaurer rapidement l'équilibre devaient finalement échouer (sic).

Elle développe aussi toute une théologie concernant les OVNI : des extra-terrestres viendraient régulièrement parmi nous, car ils n'aimeraient pas notre façon de se comporter envers Gaïa (la Terre). Il suffit de lire sa prose pour découvrir que derrière son soi-disant refus de la société américaine (industrielle) se cache la haine des "banquiers juifs" (sic) et de la pourriture chrétienne (sic). Elle recycle ainsi tout un bric-à-brac nauséabond fondé sur la dénonciation d'un complot judéo-égalitaire qui aurait, cette fois, pour cible, non plus les Aryens, mais la Nature. Sa véritable motivation n'est donc pas tant de supprimer l'espèce humaine comme elle le prétend que de s'en prendre à la masse des individus indifférenciés pour que vive son Surhomme.

Comment réduire l'espèce humaine ?
"J'ai honte de la façon dont les humains se comportent, particulièrement les humains américains" ; "je sens monter en moi une fureur suicidaire" ;
"Si vous pensez que nous sommes trop nombreux pourquoi ne pas assumer votre propre responsabilité personnelle : pourquoi ne pas vous suicider ?"

(site Web de la COE).

La COE se défend de jouer avec les peurs de l'Apocalypse car cette perspective de "fin du monde" impliquerait la destruction de l'éco-système qu’elle entend justement préserver. Elle estime que si l'utilisation de bombes atomiques pour réduire la population terrestre serait en soi acceptable au regard des humains, elle aurait, en revanche, l'inconvénient de rendre des vastes régions de la terre inadaptées pour n'importe quelle forme de vie animale ou végétale.

La COE donne donc quatre directives :

- Le suicide est facultatif mais encouragé.
- L'avortement peut être exigé pour éviter la procréation.
- Le cannibalisme est obligatoire si vous êtes "viandiste"
- La sodomie est facultative mais fortement encouragée.

La COE préconise pour l’instant d'en rester à ces méthodes volontaires mais ajoute que plus l'humanité recule le moment plus les "autres" solutions deviendront alors indispensables.

Le suicide de masse
"Economisez la planète, suicidez-vous !" (COE)

Nous évoquerons seulement, ici, ses positions en faveur de la généralisation du suicide. La COE explique que le seul refus des grossesses ne réglera pas le problème de la Terre. Ses dirigeants expliquent qu'ils ont choisi personnellement de se "sacrifier" en ne se suicidant pas, pour faire quelque chose de plus utile en convainquant beaucoup d'autres à le faire (sic). Ils s'engagent, en revanche, à se suicider si la population humaine continuait encore à croître. Ils développent une théologie du suicide aux effets dévastateurs sur des individus fragilisés. Le suicide de masse aurait été pratiqué, comme l'euthanasie, dans les sociétés anciennes. Il serait, aujourd’hui, possible de provoquer une nouvelle révolution culturelle en sa faveur. Les dirigeants de la COE estiment que les risques judiciaires sont devenus faibles, puisque beaucoup de livres prosuicide circulent librement aux Etats-Unis, comme le fameux "la Sortie finale", qui fournit des instructions précises en matière de choix et de dosage des drogues. Ils ont donc lancé en 1997 leur "programme d'aide directe au suicide" sous forme d’un serveur téléphonique diffusant des conseils techniques et des encouragements aux candidats potentiels : il donnait notamment en exemple la liste des grandes vedettes qui se sont déjà suicidées. La COE est même parvenue à duper une Compagnie de publicité qui a affiché le numéro de téléphone pensant qu'il s'agissait d'une campagne de prévention en raison de son slogan : "Ligne directe d'aide au suicide". L'opération sera bloquée après une intervention des avocats.

Ses textes mentionnent, par ailleurs, de façon habile pour ne pas risquer de poursuites pénales, des conseils techniques pour ne pas louper son suicide, pour ne pas hésiter lors de l’acte, etc.

 

 

Paul Aries est auteur de :

"Pour sauver la Terre : l’espèce humaine doit-elle disparaître ? De l’humanisme à l’humanicide"

(176 pages, Editions l’Harmattan, septembre 2002, 15 euros)

Pour comprendre la mouvance antispéciste et éco-fondamentaliste et découvrir ses principales organisations violentes, on peut aussi lire du même auteur :

"Libération animale ou nouveaux terroristes ? Les saboteurs de l’humanisme"

(187 pages, Editions Golias, juin 2000, 15 euros)

 


 
Sectes et groupes sur le Net francophone 
Euthanasia
 
Home Page 
Sectes = danger !