L'accueil de la petite enfance comporte une dimension fondamentale de prévention. Et c'est dans le cadre de la protection des mineurs que l'administration accorde un agrément à une assistante maternelle. N'engage-t-elle pas alors sa responsabilité ? Comme le souligne l'article 3 (alinéa 3) de la Convention Internationale de Droits de l'Enfant, les États signataires veillent à garantir les conditions d'accueil des enfants y compris la compétence du personnel.
La fonction d'assistante maternelle est particulière : elle accueille chez elle un ou plusieurs enfants et leur fait partager sa vie quotidienne. Pourrait-elle être neutre dans sa fonction d'accueil de l'enfant ? L'application des préceptes de la secte dans le cadre familial rend la neutralité difficile. Les bulletins de liaison internes, livres, stages, réunions modifient le processus d'acquisition du savoir de l'adepte ; ils inspirent une façon de penser, d'agir et orientent le mode de vie. L'adepte est convaincu d'agir au mieux pour son bien, celui de sa famille, voire de l'humanité. Un adepte sincère peut-il se dédoubler pour juger qu'une pratique découlant de sa croyance est satisfaisante pour lui mais mauvaise pour le mineur ?
L'expérience personnelle de mère constitue un critère principal pour lui accorder l'agrément d'assistante maternelle. Si elle est dans une secte, cette expérience est marquée par les directives données par la secte à travers l'enseignement. Elle va forcément réagir spontanément avec l'enfant accueilli car il lui est difficile de prendre de la distance.
Une famille adhérant à un groupe sectaire fait évoluer sa progéniture dans un milieu régi par des règles précises édictées par le fondateur de la secte. À travers ces règles, la secte va donner un sens à la vie des adeptes en répondant de façon apparemment cohérente à toutes leurs questions. C'est ainsi que les questions posées par les enfants peuvent recevoir une réponse puisée dans la doctrine de la secte. Une assistante maternelle membre d'une secte ne risquerait-elle pas de faire au quotidien du prosélytisme d'une manière implicite à l'insu des parents.
Les services sociaux de la DASS sont de plus en plus confrontés à la gestion des difficultés liées au mode de vie des familles d'accueil (notamment Témoins de Jéhovah). Le journal de l'Action Sociale (juin-juillet 1997) n'a pas manqué de poser le problème dans un dossier consacré aux enfants dans les sectes.
Le Conseil Général de l'Ardèche avait retiré à une assistante maternelle jéhoviste son agrément en raison de ses conceptions éducatives susceptibles de nuire à l'épanouissement et à la socialisation des enfants qui lui étaient confiés. La saisine du Tribunal Administratif par l'assistante maternelle pour casser cette décision a donné lieu à un jugement qui maintient le retrait de l'agrément par le Conseil Général. Pour le juge administratif, l'assistante maternelle " ne saurait utilement invoquer la violation des textes garantissant la liberté de pensée et d'expression religieuse (...) pour refus d'exercer auprès des enfants accueillis des pratiques pédagogiques essentielles ".
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