Elan Vital (Gourou Mahara ji)

(ex-Mission de la Lumière Divine)

Source: Combat face au sida, mai 2001 Numéro spécial Aliénation sectaire

 

La manipulation religieuse d'Elan Vital,
une parmi d'autres


Témoignage d'une ancienne adepte d'Elan Vital. Elle dénonce l'exploitation des sentiments religieux, tant dans les mouvements marginaux que dans les Eglises autorisées.

Estelle Rivière

A force d'entendre parler de Maharaji par un ami, je m'étais laissée convaincre d'aller à un satsang, à Paris. Un instructeur a expliqué ce qu'est la Connaissance et a présenté le Gourou. Au cours de la réunion, il a expliqué le processus pour pouvoir demander et recevoir la Connaissance. Je suis allée à quelques autres réunions et, lors de l'une d'entre elles, à Toulouse, j'ai demandé à être initiée. Dans ces réunions, ceux qui voulaient devenir premies ("amoureux", en indien) levaient la main et l'instructeur désignait, arbitrairement, ceux qui étaient prêts. A cette époque, il était relativement facile d'accéder à la Connaissance, en quelques mois.

Dans un appartement privé, le même instructeur m'a donc montré les quatre techniques de méditation, en me demandant de ne jamais les révéler. J'ai pratiqué pendant une vingtaine de minutes chacune d'entre elles : j'étais devenue premie. J'étais fière d'avoir été choisie, d'accéder à quelque chose de secret et je pensais que cela m'apporterait le bien-être.

La plupart des gens qui étaient initiés n'étaient pas, au départ, de grands dévots, mais ils étaient souvent attirés par l'ésotérisme, la foi, l'Inde. Pour ma part, j'ai été séduite par la Connaissance, mais je n'étais pas comme d'autres qui, à la seule vue de Maharaji, étaient bouleversés. Au début, j'étais même sceptique sur le Gourou lui-même. C'est son discours qui m'a plu, endoctrinée, et non son image.

A l'époque, je vivais avec mon ami dans une petite ville de province. Nous étions assez isolés. Il n'y avait que quelques premies, très discrets, et il n'était pas possible d'aller régulièrement à des satsangs. Nous allions de temps en temps à Bordeaux ou à Toulouse. J'essayais de méditer tous les jours, une heure le matin et une heure le soir, conformément au devoir qui, en principe, s'impose aux premies. En réalité, je n'y arrivais pas. Le seul moyen de faire réellement partie de la communauté des premies, était d'aller voir Maharaji. Je suis allée à Paris, à Lyon, à Copenhague, entre autres. Les déplacements étaient chers et, à l'époque, je n'avais pas d'argent. Il m'arrivait d'emprunter pour pouvoir faire le voyage. Le poids de la culpabilité était important : je m'en voulais de ne pas réussir à méditer comme il le fallait, et je culpabilisais lorsque je n'avais pas les moyens d'aller voir Maharaji.

Les rassemblements étaient très importants, avec des premies de toute la France et de plusieurs pays d'Europe. Les festivals pouvaient durer trois jours, avec plusieurs séances en présence du Gourou, qui nous réapprenait les techniques de la Connaissance. A la différence des années précédentes, Maharaji prenait, dans les années 89-90 un peu de temps pour nous voir. Mais c'est aussi à cette époque que j'ai rempli un premier formulaire et que sont apparus les badges. Elan Vital s'est mis à ressembler à une entreprise, avec une perte de la dimension magique. Il y avait les premiers éléments du système de vente des vidéos. Je me souviens être allée, par exemple, à une projection à Toulouse.

Peu après, on a commencé à nous demander des sous pour visionner les cassettes. Le trésorier d'Elan Vital est venu, lors d'une conférence à Limoges, nous expliquer que Maharaji avait besoin d'un nouvel avion car les compagnies habituelles n'étaient pas sûres. Il fallait, disait-il, un million de dollars. On nous a donné deux numéros de comptes, l'un à Paris, l'autre en Suisse. Les organisateurs nous faisaient comprendre qu'il fallait participer... Ces sollicitations financières m'ont poussée à être plus critique. Je me suis rendu compte qu'Elan Vital n'est pas un véritable lieu de participation : on demande des sous, on regarde des cassettes et on écoute des discours.

La déception s'est imposée peu à peu avec cette idée qu'il n'y avait en fait aucune vraie communication avec Maharaji, qu'il s'agissait d'une relation à sens unique. Peu à peu, je n'ai plus marché dans la combine. Mon ami s'est lui aussi détaché d'Elan Vital, même s'il a continué, un temps, à aller aux conférences du Gourou.

La place de l'affectif dans tout cela est évidente. On y va aussi par amitié ou par amour pour d'autres. Et l'époque post-soixante-huitarde a nourri ce type de mouvement, avec la recherche d'ambiances communautaires, la dimension anti-occidentale et ésotérique.

Depuis ces années, j'ai beaucoup réfléchi à la manipulation mentale et sur le risque qu'un sentiment religieux soit exploité. Avant de connaître Elan Vital et d'entendre parler de Maharaji, j'avais été bercée dans l'Evangile, dans les histoires magiques - mais considérées comme normales - liées à la foi chrétienne. Quand j'ai entendu parler de Maharaji, je me suis dit : "Et si c'était comme Jésus, la personne qu'il faut suivre. Jésus, lui, au début, n'a été suivi que par quelques personnes. Autant l'écouter".

Lorsque j'ai essayé de faire le bilan de ces années, je me suis aussi dit que ça aurait pu être plus grave et peut être même dangereux. Je ne suis plus dans le regret. Je crois simplement qu'il faut faire attention à l'idéalisme, à l'idée que la vie pourrait être merveilleuse. Il faut rêver, mais il faut aussi se méfier, éviter d'être crédule.

En fait, dans ce mouvement, on ne demandait jamais l'avis des uns et des autres et il n'y avait en réalité aucun véritable projet commun. Pour en sortir, il faut se remettre en question, en évitant l'esprit de vengeance. Je pense qu'il y a un travail civique à faire pour ceux qui sont premies aujourd'hui et qui doutent, pour ceux qui veulent essayer de s'en sortir.



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