Sympathique réseau au service d'un professeur de méditation
ou organisation tentaculaire au service de l'enrichissement d'un despote,
l'ancienne Mission de la Lumière Divine tente une reconversion hasardeuse.
Au péril de la foi ?
Pascal Damoinet
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En 1973, dans Actualités Divines, le journal de l'ex-Mission de la Lumière Divine, devenue Elan Vital en 1983, on glorifiait "le Maître parfait" pour "Lui montrer notre reconnaissance sans borne pour le trésor infini qu'Il nous a donné si généreusement et pour Sa Grâce qu'Il ne cesse de répandre sur nous tous Ses disciples". Le gourou n'était alors personne d'autre que l'incarnation vivante (du fils) de Dieu : "Pensons que dans une vingtaine de jours, le monde entier va fêter l'anniversaire de Jésus Christ - le Maître parfait d'il y a 2000 ans - dans une profusion de viandes, d'alcool et de fumée et qu'à cette occasion la plus grande opération commerciale annuelle doit avoir lieu. Réalisons que le Maître Parfait de notre époque est là... vivant... qu'Il va avoir 16 ans, et que nous sommes Ses disciples."
L'enjeu financier était abordé sans complexe : "Mahatma Ji dit souvent qu'aux Indes, les gens, qu'ils soient ou non disciples - ne viennent jamais devant Guru Maharaj Ji ou un de Ses Mahatmas les mains vides. Nous devons toujours nous souvenir de cela et surtout, à l'occasion de l'anniversaire du Maître Parfait. Il nous faut faire le maximum pour pouvoir lui offrir de merveilleux cadeaux. (...) les disciples sont donc tous invités à constituer la cagnotte qui doit permettre cela".
Schisme familial
En 1974, la mère de Maharaji, Mata Ji, désavoue le mariage de son fils avec une hôtesse de l'air américaine, Marolyn Johnson, à laquelle il a donné le titre de "Durga Ji" (nom d'une déesse indienne). Le frère aîné de Maharaji, Bal Bhagwan Ji, est chargé par sa mère de prendre en main la destinée de la Mission de la Lumière Divine. Il devient, après une période d'implication dans la vie politique indienne, "Stapal Maharaj", nouveau gourou délivrant la Connaissance. A cette période, Maharaji perd provisoirement de nombreux disciples en Inde.
Développement
Le mouvement eut le vent en poupe dans les années 70, à l'époque des Beatniks, des voyages en Inde, de la libération sexuelle et des lendemains qui chantent. Maharaji rassemblaient les foules, de meetings en festivals. A l'époque, le discours était creux ou drôle. Il faisait écrire au Figaro, le 18 juillet 1978 : "Car la source qui les unit, disent-ils, c'est cet Indien joufflu et presque imberbe, grand amateur de voitures de sport et d'avions à réaction, qu'un spirituel échotier qualifiait récemment de «moitié boudin, moitié Bouddha». Guru Maharaj Ji - seigneur de l'Univers, roi de la Paix, révélateur de la Lumière, incarnation divine, tels sont les titres que lui donnent ses dévots - devenu maître parfait à l'âge de 8 ans, sans avoir jamais lu la Bhagavad Gita, et dont les prédications étonnent par leur platitude".
Reconversion de Maharaji et de son appareil
Maharaji, ancien maître parfait, incarnation de Dieu sur terre, promettant d'instaurer sans délais la Paix universelle et le Bonheur pour tous, s'est changé en professeur de méditation, soucieux de partager la Connaissance.
L'époque a changé, nécessitant des adaptations successives qui ont désorientés les plus fidèles sans permettre le renouvellement des masses d'aspirants et de premies. Elan Vital n'a plus les apparences vieillotes mais séduisantes d'une philosophie lointaine, ni d'une mystique. Autrefois, son gourou revêtait les habits festifs de l'Inde croyante : il ressemble désormais à n'importe quel cadre de banque. Maharaji a toujours de l'éloquence, une capacité peu commune à parler de tout, pour ne rien dire en vous convainquant que son jeu touche votre être. Mais c'est un clown dont le show semble avoir déjà été vu et entendu mille fois.
Reste cependant qu'Elan Vital réussit encore à réunir plusieurs centaines d'adeptes pour ses soirées vidéos. Chaque semaine, les projections pour aspirants ou pour premies réunissent quelques dizaines de personnes, à l'hôtel Campanile de Pantin ou à l'hôtel Bradford près de la Madeleine par exemple. Il y a donc toujours quelques nouvelles recrues, aimablement enca-drées par les rescapés des années 70 et 80. Un cercle un peu plus éloigné du noyau central sera toujours fidèle, lui aussi : quelques individus dont aucune association soucieuse des personnes ne voudraient mais qui sont de longue date des bienfaiteurs et des financeurs de l'association.
Et pourtant, pour Elan Vital, les Droits de l'Homme sont devenus une référence. Une charte indique même que l'association fait du respect de la personne humaine une valeur fondamentale, et que son action est conduite conformément aux principes de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Est-ce pour conjurer le mauvais sort qui fait s'interroger ainsi, à la lecture des brochures du mouvement : mais qu'est-ce donc que cette secte-là ?
Des ramifications provinciales de la secte continuent d'exister. Et une organisation européenne capable de planifier des événements, comme la venue de Maharaji le 25 septembre dernier à Paris, au Palais des Congrès, dispose d'une logistique et de moyens importants. Cependant, pour remplir les salles, les coordinateurs du mouvement ratisse des disciples de toute l'Europe.
L'espoir
Bien que l'organisation joue profil bas, ses opposants, réunis notamment autour du site Internet des ex-premies, deviennent incontournables. De nouvelles recettes sont mises en place : la retransmission par satellite d'émissions hebdomadaires, sous réserve d'acquisition onéreuse du matériel indispensable et d'un abonnement. Là, l'opération est maligne : elle lève partiellement le problème de la discrétion, elle renforce encore l'apparente liberté du premie ; elle s'appuie sur des technologies que chacun, dans notre société, se doit désormais d'utiliser. Aussi trouve-t-on dans les réunions récentes organisées par Elan Vital, quelques jeunes brebis, de catégories sociales supérieures le plus souvent.
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