Mis en ligne le 1er août 2003
Ce n'était
pas bizarre dans les années 70 d'inventer un mode de vie, et le mystérieux
Canadien prêchait de respirer en harmonie avec la nature. Tantôt,
venant à Paris il se présentait comme Maltais, survivant d'une tribu
indienne du canada appelée Micmac. C'était un mensonge, mais c'était
dit d'une manière convaincante. Ses cheveux étaient longs et noirs,
son nez aquilin. On l'a cru.
" On m'a demandé de venir
en Europe pour y faire la clarté sur ce qui est mauvais", a-t-il
déclaré à la TV.
Avec son rayonnement intense,
et son sens psychologique développé Maltais attira vite un groupe
d'adorateurs: de jeunes Européens à la recherche de ferveur. Maltais
leur promettait une vie plus noble en harmonie avec la nature. Ils étaient
persuadés de devoir abandonner leur passé, leur famille, de lui
donner leur argent et de fuir le grand ennemi, la société.
Le
troupeau a marché par les chemins de campagne sous cette bannière
et sur les talons les uns des autres. Ils s'intitulaient "Université
itinérante de la liberté". l'objectif était de libérer
la nature des ravages dûs à l'humanité.
Un voyage
commenca qui bientôt devait soulever des problèmes. Et provoquer
la mort.
À Vanløse (près de Copenhague) habite
une femme , qui pendant dix ans a été parmi les adeptes de Maltais..
Jill Rubini, âgée maintenant de 38 ans, avait 18 ans quand elle a
quitté le Danemark pour adhérer aux trompeuses directives de la
troupe.
Elle avait d'abord entendu parler d'Ecoovie quelques mois auparavant
dans l'école privée de Andebølle en Fionie. L'idée
de vivre comme les Indiens la fascinait, elle qui avait passé une partie
de son enfance dans une maison pour enfants et avec des paroles ne donnant pas
de solides repères pour l'existence.
" J'étais punk,
végétarienne et je haïssais la société, mais
en réalité j'étais faible et sans assurance. Je croyais que
cela allait me rendre forte d'en faire partie.", explique-t-elle.
Les affabulations de la secte lui apparaissaient comme une vie belle et simple dans les forêts européennes et s'implantaient solidement dans son esprit. "En voyageant je pouvais en même temps dire adieu à mon passé, qui était passablement affreux.", dit Jill Rubini , qui se décrit comme une parfaite victime potentielle pour une secte.
Les années terribles
Jill Rubini laisse ses pensées
remonter vers les années terribles. Tout d'abord elle sent qu'elle est
sur la voie de trouver un sens à sa vie. La relation avec Maltais et Ecoovie
lui a coûté deux enfants.
À la fin des années 70 et au début des années 80, l'organisation alternative de Maltais s'est développée en s'appelant "La Tribu", habillée à l'indienne. À ce moment le nombre des participants s'est élevé à 500 ou 700. ils dénoncaient les modes de vie moderne: hôpitaux, médecins, écoles, institutions, médicaments et machines.
Tout cela produit le mal.
Ils vivaient dans les forêts
ou dans des régions montagneuses en France, au Portugal, en Espagne, au
Maroc, en Belgique, en Suède, au Danemark, en Finlande, à Haïti,
en Italie sous des tipis faits de branchages et de paille. L'alcool, le tabac
et les drogues étaient interdits. La nourriture consistait en racines,
brindilles, feuilles, baies. C'était trop peu. Beaucoup tombaient malades.
La troupe de Maltais était affamée , exténuée et a
été appelée "les squelettes ambulants".
"On pouvait les rencontrer quand les autorités locales les chassaient
d'un endroit et qu'ils étaient obligés d'en trouver un autre",
dit Cyril Malka, un psychanalyste franco danois, qui s'est spécialisé
et qui travaille contre les méfaits des sectes.
Jill Rubini
a commencé à connaître l'horreur après quelques mois.
" Il n'y avait jamais assez de nourriture. Nous vivions dans la misère.
J'ai perdu 20 kg.", dit-elle. Aujourd'hui Jill peut réaliser ce
qui lui est arrivé, de même qu'au reste des adeptes d'Ecoovie. Ils
ont subi un lavage de cerveau selonn les mêmes méthodes que celles
en pratique dans les autres sectes.
"Quand je suis arrivée,
c'était purement idylique. tout correspondait à ma recherche, je
n'avais aucune crainte à avoir. Je me sentais aimée et heureuse",
explique-t-elle. Peu à peu les leaders de la secte ont commencé
à faire sentir leurs exigences. la vie quotidienne était réglée
dans les moindres détails, car le travail devait être fait dans la
confiance et le merveilleux amour de Maltais, de jour, de nuit, à toute
heure et de plus en plus. Le sommeil était supprimé pour les gens,
ce qui est une règle pour un lavage de cerveau effectif.
"Nous
devions travailler six heures et dormir deux heures, ceci indéfiniment.
Pendant les temps de pause nous étions souvent réveillés.
Il s'en suit que nous étions toujours stressés, du fait(aussi) que
les plans changeaient toujours, et que par exemple nous devions décamper
pour aller plus loin. Après quelque temps on est si débilité,
qu'on commence à croire que c'est nécessaire et que la société
ennemie en est cause".
"Les opposants sont appelés
des démons, même ceux de sa propre famille. On y croit , et aussi
que Maltais a raison , et qu'il sait tout", déclare Jill Rubini.
Elle se remémore ses douleurs. pour les disciples de Maltais, il
était comme une représentation de Jésus. Son emprise était
totale. Même quand il était en prison, ils le craignaient. Ils croyaient
qu'il pouvait voyager hors de son corps, lire leurs pensées et parler toutes
les langues
Ses ressortissants vivaient comme des bêtes. On leur donnait de la nourriture une fois par jour. C'était pour épargner la rare nourriture , et pour recevoir l'énergie de notre Mère Terre, que les membres de la secte de Maltais recevaient l'ordre de sucer les racines,les brindilles et les feuilles. La nuit on se volait la nourriture les uns des autres. La diarrhée était habituelle, comme les maladies par carences..Les dents tombaient.
Les notes journalières
Après
quelques mois Jill Rubini devint enceinte d'un membre francais de la secte. Cela
faisait problème parce que les enfants n'étaient pas les bienvenus
dans la secte. Ils avaient marché environ 1.000km. en Europe, lorsque Jill,
au cours de l'été approcha du terme. Elle ne pesait que 45 kg.
Les
notes suivantes sont tirées de son journal sporadique écrit à
la main.
"29 juin: j'ai été obligée de faire du stop avec un camion pour aller vers les Pyrenées J'avais un peu de nourriture avec moi en supplément de l'ordinaire, alors que j'avais besoin de fer et de sels minéraux et que je mangeais très peu. La nourriture a été volée aux autres , et j'avais besoin de transporter ma nourriture moi-même. C'est stressant de ne pas pouvoir compter sur les personnes avec qui on vit".
"mi-juillet: La marche
journalière partait pour un "tour" de 45 km. en pays fortement
accidenté et commencant sous les étoiles. J'ai demandé bien
des fois à être dispensée de marche quand j'étais tourmentée
par des contractions. La réponse était toujours celle-ci:"
Ce n'est pas une course en taxi que nous faisons". Alors on était
toujours à essayer de tricher pour faire de l'auto-stop".
"25
septembre: Quand enfin j'ai été à terme, et que les eaux
ont commencé á suinter, j'ai dû ne rien dire parce que j'étais
cataloguée comme hystérique et casse-pied. Les douleurs étaient
plus fortes, de sorte que je ne pouvais ni marcher ni me tenir debout.
"28 sept. Je suis partie avant les autres, mais après un km je n'en pouvais plus. Quand les gardiens sont venus , les derniers, la femme qui attendait avec moi a demandé si je ne pouvais pas prendre l'autobus, mais non, je devais seulement faire une petite halte de temps en temps pour souffler. Le chemin coupait très peu de routes carrossables, aussi c'était dur de trouver du stop. Vers le soir ma compagne de route a réalisé que j'étais près d'accoucher. Quand nous sommes arrivées sur une route avec des voitures, nous avons fait du stop avec deux hommes ivres qui n'ont pas voulu se charger de nous. Nous étions près de la ville de Maestu. Nous nous sommes endormies sur place
"29 septembre: Nous sommes parties
de bonne heure. Je me traînais pendant que ma compagne de route me soutenait
dans ses bras. Mes douleurs étaient épouvantables, et ma compagne
n'osait pas comtinuer. À la fin elle m'a laissée sur le bas-côté
pour courir plus vite. Quand elle était déjà loin une voiture
de police est arrivée. Ils m'ont demandé ce que je faisais là.
J'ai essayé de leur raconter que je m'étais fait une entorse et
que mon amie avait couru à l'aide. Ils m'ont proposé de me conduire
aux urgences, mais j'avais une peur panique de l'hôpital.
Finalement
un autobus est venu; le campement était à Apellaniz, un endroit
inaccessible, et si quelquechose de grave était arrivé cela aurait
été très dangereux. je devais accoucher ailleurs. J'ai mangé
deux pommes de terre à moitié crues chauffées sur un feu
de bois, mais tous étaient très préoccupés de manger,
alors je n'ai rien eu d'autre. je sentais que j'avais besoin de repos avant l'accouchement.
Une des personnes qui étaient présentes voulait m'emmener à
l'hôpital, mais je ne voulais pas.
Shanting est née entre
10h. etminuit le 29 septembre à Maestu, et non pas le 30 , ni à
Apellaniz comme cela figure sur les papiers. Le lendemain nous avons transporté
cette grande/petite fille de1.630 grammes Au service de néonatalité,
où elle est restée un peu plus d'un mois.
" 2 novembre: Shantig a été déclarée sortante. Elle pesait environ 2.5oo grammes.
Les rapports racontaient, et c'est dur
à imaginer que cela puisse être vrai si on ne le voyait pas, que
Jill Rubini, comme le reste de la secte se trouvaient dans une sorte de transe
programmée de lavage de cerveau.
Jill Rubini raconte toute son
histoire en buvant son soda. Cela fait mal, mais en même temps du bien.
Elle feuillette quelques pages d'unalbum de photos usé. Ses enfants Sami
11 ans et sa fille Shanting, 18 ans sont intrigués et viennent dans la
salle de séjour.
Alors elle prend une photo prise en face de
Maltais, l'homme qu'elle accuse d'avoir ravagé sa vie et d'avoir causé
la mort de son fils Gisgas.
"C'est un menteur; tout ce qu'il a dit
de lui-même n'est que mensonges.", dit-elle.
Le magazine
d'actualités canadien Fifth Estate a produit il y a deux ans une émission
documentaire de plusieurs heures sur le mystérieux gourou, qui à
ce qu'on dit peut emporter la conviction de n'importe qui, et pour n'importe quoi,
ce que l'avocat de Maltais concède au cours de l'émission.
Sur
ce que Maltais a suscité dans la ville de Québec, on sait très
peu. Il est né en 1936 ou 38. Comme adolescent il a quitté la ville
et a voyagé à travers les grandes forêts canadiennes , où
il a vécu dans la tribu des Indiens Micmac quelques années. Les
plus anciens de la tribu se souviennent de lui. Aujourd'hui il est clair que ses
motivations ne sont pas toujours aussi innocentes ni bonnes qu'il l'a exprimé.
En 1988 il a été arrêté par la police belge.
il a eu un procès pour escroquerie portant sur des millions; mais le 10
avril de l'année suivante cela s'est terminé par sa libération.
Dans le journal belge Le Soir, du 3 décembre on pouvait lire que
maltais avait été condamné à trois ans de prison pour
escroquerie, détournements de fonds portant dans l'ensemble sur 90 millions
de francs.
L'émission documentaire canadienne révèle
qu'il était bien connu comme hôte d'une série de grands hôtels
européens, bien loin des forêts où ses adeptes affamés
vivaient.
Il s'est présenté sous au moins 14 identités
falsifiées.. En tant que Piel Petjemaltest il a fait une série de
transactions immobilières pour un sheik d'Arabie Saoudite.
D'autres
fois il s'appelait Normann William ou Manolin.
Ajoutons que le persuasif Maltais est arrivé à escroquer des organisations humanitaires pour soutenir des projets écologiques qui n'existaient pas.
Il
faisait ses délices de jeunes hommes
Fantastiques sont aussi
ses tendances sexuelles.. Déjà parmi les Micmacs, il avait montré
qu'il faisait ses délices de jeunes gens, et pendant les années
8o sa tendance s'est renforcée..
"Maltais voulait que
les hommes et les femmes vivent séparément. Il ne voulait pas que
des femmes viennent aux endroits où il vivait. Au contraire il s'entourait
de quantités de jeunes hommes, qui devaient coucher avec lui la nuit",
raconte Jill Rubini.
Ses renseignements corroborent ce qui apparaît
dans l'émission canadienne, où deux anciens adeptes d'Ecoovie apparaissent
et avouent qu'ils devaient payer un tribut sexuel à Maltais.
"Nous
devions lécher son corps. Il était malade et il affirmait que que
nous lui donnions des forces juvéniles si nous le léchions.".
L'un d'eux raconte qu'il a été pris dans le harem de Maltais à
l'âge de 15 ans.
Dans Ecoovie les enfants étaient mal
recus. Si des adeptes accouchaient, l'enfant était privé de ses
parents biologiques, et placé dans un autre campement. "Maltais
ne voulait pas que des parents commencent à s'attacher à leurs enfants.
L'attachement pouvait contrevenir à ses plans. Ainsi il ne voyait pas ses
propres enfants. "Les miens aussi ont été écartés",
déclare Jill.
Ma fille Shantig a aussi été éloignée
peu de temps après être sortie de l'hôpital. Pendant quelques
mois Jill Rubini a pu la voir pour l'allaiter, et ce fut tout.
En 1989
elle a accouché de son fils Gisga à la 29ème semaine. Ainsi
il faillit mourir à la naissance.
L'affaire s'est répétée.
Il a été écarté et a été emmené
dans un autre groupe d'Ecoovie, à 100km de Jill au fond des forêts
finlandaises.
À partir de là Jill Rubini a su prendre
conscience que quelquechose était vicieux. Elle a voulu quitter la secte.
Elle a vu ses enfants deux fois entre temps, mais sans jamais avoir accès
auprès d'eux. À cause de la peur de ne plus jamais pouvoir les revoir,
sa décision de quitter Ecoovie a tardé à mûrir.
Deux ans plus tard elle a accouché d'un garcon mort-né. Alors
pour la première fois il lui est devenu clair que le mode de vie très
dur dans la secte avait causé la mort de son fils.
Pendant l'année suivante elle a été enceinte à nouveau. Elle a quitté Ecoovie de peur de perdre aussi cet enfant; et elle n'y est jamais retournée. Au Danemark elle a été admise au Rigshospital, où elle a eu des soins psychiatriques. Cela a duré presque dix ans.
La
mort du garcon
Pendant cette période elle s'est battue pour
que ses aînés soient soustraits de la secte, qui au début
refusait d'expliquer où ils se trouvaient. Il est apparu que Giska, l'enfant
de trois ans était toujours en Finlande. Il était malade, a-t-elle
appris. Il pleurait et refusait de manger depuis un mois. Son ventre était
gonflé comme en témoignent les dernières photos de lui avant
sa mort.
Un jour le téléphone a sonné:"
Ton fils n'est plus ici. Il est pris ailleurs", a dit une froide voix
féminine. Jill Rubini ne l'oubliera jamais. Elle savait bien ce que cela
voulait dire et elle a aussitôt voyagé vers le nord de la Finlande,
où Giska devait se trouver. Cela a pris des jours de trouver l'endroit
perdu dans les bois où devait se trouver Ecoovie. Elle y est enfin parvenue
le jour après que le petit garcon ait été incinéré
dans le crématorium local.
Les autorités , après
examen, avaient conclu qu'il était mort simplement d'une infection non
soignée. Des enquêtes sans suites ont eu lieu sur le nombre et sur
les noms d'un certain nombre d'enfants et d'adultes. Les adeptes de la secte qui
maintenant ont quitté Ecoovie ont rapporté à Jill Rubini,
puis plus tard à la TV canadienne que Giska avait été dans
le groupe des garcons de Maltais. Giska était mort d'épuisement
et il avait de grosses pustules sur le corps. Il était mort de manque de
sels et de vitamines, comme beaucoup en sont morts, dit Jill.
La même
année Jill a accouché de son fils Sami. Elle était alors
physiquement en dehors d'Ecoovie, mais Maltais la détruisait encore psychiquement.
Cela devait prendre encore presque cinq ans, avant que Jill ait le bonheur d'amener
Maltais à libérer Shantig. Elle avait 13 ans, elle était
menue et sa croissance retardée. "Je suis allée la chercher
au Canada. Quand je l'ai vue, j'ai pleuré sans fin. Elle n'avait que la
peau et les os. Elle ne parlait que Francais et ne me connaissait pas.
Au départ
elle était effrayée d'être avec moi. Ils lui avaient dit que
j'étais un démon.", dit Jill, qui a bien clair à
l'esprit que l'histoire est si tirée par læes cheveux s que très
peu comprennent comment cela peut arriver.
"Je survis, dit
Jill Ribini. Cela me rend forte d'aimer mes enfants, et cela donne de la force
que nous soyons près de venir à bout de Maltais. je ne sais pas
ce qui est le plus fort, de l'amour ou du désir de vengeance",
dit-elle," mais la mort de Gigas ne peut pas être pardonnée.
je vis à cause de cela.".
Jill Rubini coopère
maintenant avec les autorités canadiennes.En juin elle retourne encore
auprès des juges d'instruction canadiens, qui rassemblent les éléments
du procès en correctionnelle contre Maltais, sachant que des adeptes fanatiques
se cachent dans les bois autour de Québec.
La première victoire est obtenue. Sept enfants délaissés ont été soustraits cette année de la tribu de Maltais.
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