Norman William, gourou d'Ecoovie

et sa tribu de faux indiens retrouvés en Laponie
 
(Source : BULLES 2ème trimestre 1993)


Quelques rappels

Rappelons brièvement quelques dates repères concernant cette secte..

Ecoovie voit le jour discrètement en 1975. A partir de cette date, des jeunes proposent des stages, vendent des plantes et des produits dits naturels dans des sortes de coopératives, dans l'espoir de faire des adhésions.

Dès lors, le groupe s'organise, les lieux de rencontre se multiplient; le nombre des adeptes augmente rapidement: 165 environ en 1984.

Norman William, qui en est à son troisième ou quatrième nom d'emprunt, multiplie la création d'associations (une soixantaine) et tente de s'infiltrer dans diverses organisations dont la Fédération mondiale des villes jumelées. En 1984, ayant quelques ennuis avec le fisc, il imagine " Le Retour", une marche qui doit  durer seize ans autour de la planète pour la... reverdir. Il se débarrasse ainsi de l'ensemble du groupe et se rend en Belgique avec quelques élus. Il recourt alors aux mêmes stratagèmes : associations, infiltrations, fausses identités...

Cependant, en décembre 1988, Norman William est arrêté. La suite a été très bien racontée dans un article de La Libre Belgique du 22 février 1993, par J.-Fr. Deliège

Trois ans de Back-Out

Le 14 avril 1989, Norman William, le gourou de la secte Ecoovie, sort de la prison de Saint-Gilles. Il y était resté quatre mois après avoir été arrêté à Anderlecht lors d'un banal contrôle d'identité. Il dispose alors de trois jours pour quitter la Belgique. Sans papier d'identité, la Justice belge les a conservés. On n'entendra plus parler du gourou en Belgique. Lui et ses adepte de `` La tribu " se sont dispersés un peu partout en Europe. C'est le black-out total au point qu'à l'heure actuelle et dans certains cas depuis trois ans, certains parents n'ont pas eu de nouvelles de leurs enfants.

La " tribu " retrouvée

Voici quelques jours, nous sont parvenues des informations inquiétantes en provenance de Suède et de Finlande. " La tribu " y a repris ses activités sous le nom de " Iriadamant ". Entre 60 et 100 personnes vivent ainsi en Laponie, à Lainio près de Kittilà au milieu de la forêt. Les adeptes avaient, au départ, réussi à convaincre un professeur d'université finlandais de subventionner les soi-disant recherches sur " la survie dans les grands froids ". Ce scientifique, M. Pulliainen, qui est aussi une importante personnalité du Parti Vert, a rapidement compris qu'il s'agissait de fantaisistes et a coupé tout subside. Depuis lors, la situation au campement est catastrophique.

Voici des extraits d'un témoignage écrit transmis par une personne ayant récemment visité le campement. " (...) J'ai trouvé que c'est affreux pour les humains là-bas. Ils vivent dans des gwams (tipees) et dorment sans feu la nuit alors que la température descend jusqu'à moins 30 degrés. Il y a des femmes enceintes et des petits bébés. Ils mangent une fois par jour, le soir. Ils sont habillés de ponchos en coton et de couvertures brunes. (...) Le camp est isolé depuis trois mois. (...) Ils ne reçoivent plus d'aide des habitants du village voisin ".

William interviewé

Là-bas, en Finlande et en Suède, Norman William s'appelle " Apjolinoman " Lui et ses fidèles lieutenants ont réussi à infiltrer les milieux écologistes en se faisant passer pour de véritables indiens québécois. Bref, tout cela rappelle ce qui s'est passé auparavant en France et en Belgique. Nous avons pu joindre Norman William en Suède où il se trouve. Il nous a confirmé l'implantation de ses disciples en Finlande mais nie toute présence en Suède. Or nous savons que lui et certains membres de son entourage ont installé un campement à Vãddõ dans un centre spirituel tenu par une richissime Suédoise qui financerait leur séjour en Laponie.

Norman William, qui se présente comme la victime d'une véritable cabale, a également admis que des membres de " La tribu " s'étaient installés au Québec près du lac Magoua tandis que d'autres étaient établis au Burkina Faso dans le cadre d'un programme de lutte contre la sécheresse.

Enquête à Helsinki

Alertée par ces révélations de la Libre Belgique, une délégation de cinq personnes parmi lesquelles Janine Tavernier, présidente de l'UNADFI, s'est rendue récemment à Helsinki où elle a été reçue par des autorités finlandaises.

La délégation apprend alors que le groupe est en Finlande depuis septembre 1991, que le chef de police s'est inquiété du comportement du groupe, en particulier parce qu'un enfant est mort au printemps 1992 et que deux enfants y sont nés en décembre 92 et n'ont pas été déclarés.

Ni la police, ni le service sanitaire n'ont été reçus au camp et n'ont pu visiter les gwams. La délégation française apprend aussi que le gouvernement a déjà pris la décision de refuser le renouvellement des permis de séjour Janine Tavernier remet aux autorités les dossiers sur la secte, ses agissements et ses masques divers.

Le propriétaire du lieu de camp, dans la perspective de créer un site touristique, conclut un contrat avec Norman William: fabrication de grands gwams, habillement d'une centaine de personnes, fourniture de bois tout un hiver et de moto-neige. Mais au printemps 92, se sentant abusé, il cesse toute participation. L'hiver par - 30° a dû être rude.

Au camp de Kittila

Quatre personnes de la délégation prennent ensuite l'avion pour Kittila pour tenter de se rendre compte de l'état actuel du campement. Ils sont pilotés par l'adjoint du propriétaire. Le camp est perdu dans les bois et sous une épaisse couche de neige, il fait - 6° Les gwams sont grands, certains sont inhabités. Une partie des adeptes a quitté le camp avec tous les enfants, une dizaine, semble-t-il. Il est impossible de se nourrir sur place, un car apportait le ravitaillement de Suède.

Sur le sentier enneigé, l'adjoint du propriétaire aperçoit une femme. C'est la fille de parents qui sont là... Ils la rejoignent le regard absent, comme droguée, cette femme n'aura aucune émotion apparente, son regard reste insaisissable, elle cherche à se dégager et à repartir vers le gwam. Elle y est aidée par deux autres femmes suivies par trois personnes de la délégation dont sa mère. A l'intérieur, il fait très sombre; au centre, un feu avec quelques morceaux de bois et de grosses pierres dégage un peu de chaleur et une forte fumée piquante. On y dénombrera huit femmes immobiles, debout ou assises. Les adeptes portent tunique et pantalon de grosse toile de coton et des bottes. ils sont tous marqués au visage d'un grand X au noir de fumée, le front ceint du bandeau indien. Deux hommes prévenus par une femme sont arrivés et entonnent une mélopée lancinante dont ils forcent l'intensité quand les parents leur manifestent l'affection des leurs ou les interpellent.

Outre l'émotion d'avoir vu une femme de 38 ans dans un état second, ce qui bouleverse les personnes venues les rencontrer, c'est l'organisation de l'incommunicabilité; les adeptes ne s'adresseront à eux et entre eux que dans un idiome inconnu, pas un mot de français alors que c'est leur langue maternelle; ils sont bloqués dans une fermeture totale.

Au retour, la délégation insiste auprès des autorités tant françaises que finlandaises pour demander assistance à personnes en danger...

A ce jour, la secte a fait appel de la décision d'expulsion les passeports sont toujours aux mains de la police... ce qui ne gène en rien les " Indiens " pour  passer les frontières. Redevenus des marcheurs pour se réfugier non loin d'Helsinki, ils reprennent de nouveau la route en direction de Kittila.

Norman William passera-t-il enfin en justice ?

Aux dernières nouvelles, on a appris (Cf. La Libre Belgique - 3 juin 1993) que la chambre du Conseil de Bruxelles avait rendu son arrêt. Il en ressort que Norman William sera poursuivi pour faux, usage de faux, escroquerie, abus de confiance et port de faux noms.


 
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