Analyse Transactionnelle et Reparentage : Controverses et dissensions

 

Une organisation « psy » internationale avec des thérapeutes exerçant en dehors du champ de la médecine ou de la psychologie.

Des théories non fondées sur des éléments scientifiques

Des pratiques douteuses déjà identifiées comme dangereuses

La transgression des lois et des règlements.

L'installation sans licence

L'abus sur des personnes en état de faiblesse.

Des institutions dépassées.

Ce sont des problématiques d'actualité en France en 2006. Pourtant ces textes sont de 1988. Ils ont pour théâtre Kansas City.

 

Voici la traduction de deux articles de Tom Jackman, relatant l'histoire des analystes transactionnels après la mort d'Eric Berne et particulièrement les affaires MATRIX.MATRIX était un centre de « psychothérapie » basé  à Kansas City qui eut droit a quatre procès suite à différentes affaires criminelles notamment sur des mineurs (abus sexuels et violences diverses ).Le détail de ses affaires est décrit dans le livre de Margaret Thaler Singer et Janja Lalich Crazy Therapies. What are they ? Do they work ? aux édtions Jossey-Bass de 1995.

 

Des fac-similés reproduisant celui-ci étaient disponibles pour tous les membres de l'ITAA (International  Transactional Analysis Association ou Association Internationale d'Analyse Transactionnelle )et pour les médias américains pour alerter sur les dangers potentiels du « Reparenting » (NT : le Reparentage » )

 

 

 

Histoire du reparentage marqué par la controverse et les dissensions.

 

 

KANSA CITY TIMES

 

Par Tom Jackman

Of the Metropolitan Staff

 

Samedi 8 Octobre 1988

 

 

Durant quelques instants Dennis a été pris d'un accès de schizophrénie explosive. Le moment d'après le jeune homme de 19 ans s'est blotti sur les genoux de sa thérapeute, calme comme un nourrisson.

Le reparentage était né.

Inventé dans la salle de séjour par un travailleur social de Virginia il y a 20 ans, le reparentage s'est développé ces dernières années sur les planchés capitonnés et les jouets d'enfants de MATRIX.

Comme la plupart des formes de psychothérapies, la théorie du  reparentage a ses racines dans les définitions du comportement et de la personnalité de Sigmund Freud. Freud a débuté avec une théorie basique selon laquelle la petite enfance est la période éducative cruciale pour la vie de chacun. Ses écrits ont finalement été traduit en langage profane par Eric Berne, qui développa « l'analyse transactionnelle » à San Francisco à la fin des années 1950 et au début des années 1960.

Le moi et le surmoi de Freud ont renommés par Berne les états de moi « adulte, enfant et parent » qui a popularisé nationalement ces termes lorsque son livre Des jeux et des hommes  (Games people Play) est devenu en 1964 un surprenant best seller.

L'analyse transactionnelle est une théorie de la personnalité selon laquelle chaque état de moi adulte, enfant ou parent sont des entités séparées, observables par des pensées et des comportements, façonnées par la dynamique familiale et l'environnement. Chacun possède ses états de moi, et la manière dans laquelle il utilise ceux-ci pour avoir des transactions (ou des relations) avec les autres sont des « jeux » que l'analyse transactionnelle essaye de résoudre.

Berne est décédé en 1970, et bientôt l'analyse transactionnelle, ou « AT » (TA en anglais), s'est envolée vers d'innombrables directions. La direction du reparentage (en anglais « reparenting »), ou école cathexis (cathexis school) a débuté dans la maison d'un travailleur social psychiatrique à Fredericsburg.

Jacqui Lee Schiff, qui avait étudié avec Berne, a développé le reparentage à la fin des années 1960 comme un moyen de traiter les patients schizophrènes ayant été abandonnés par d'autres professionnels de la santé mentale. Dans son livre de 1971 Ils sont devenus mes enfants (All My Children), Schiff a décrit les étapes des progrès au cours des quels un schizophrène difficile est soudainement devenu un petit enfant docile.

« Sans aucun autre mot, Dennis s'est replié très calmement dans une position fotale, recroquevillé sur mes genoux, essayant de téter. Nous l'avons regardé avec surprise. Nous étions tous les deux préparés à une terrible explosion de colère. Mais le visage de Dennis était serein. En dépit de sa barbe, c'était clairement le visage d'un bébé d'environ neuf mois».

Dennis est ainsi devenu Aaron Schiff, l'un des fils adoptif de Jacqui Schiff.

Aujourd'hui c'est l'un des plus fervents adeptes de sa mère. Il a aidé en tant que premier sujet d'étude ses nouveaux parents à découvrir et développer le reparentage. Schiff et ses disciples ont défini qu'une personne perturbée a été négligée ou maltraitée au cours de son enfance par ses parents biologiques. Selon eux, il pourrait théoriquement être remédié à ces échecs épisodiques ou permanents de l'éducation des enfants grâce à des nouveaux « messages » positifs » donnés par un thérapeute en remplacement des défectueux « scénarios de vie » inculqués par les parents naturels.

Dennis a été le premier parmi de nombreux enfants adoptés à rejoindre la famille Schiff en Virginie, où Schiff a raffiné ses méthodes, et enregristré ses découvertes. A la fin de son livre, Schiff a écrit« Désormais nous mettons tout nos enfants en couches, les alimentons au biberon et les laissons dormir autant qu'ils le désirent ».

Mais en 1971, la maison des Schiff a été fermée par les autorités de Virginie. L'établissement perdit donc sa licence du fait de la mise en danger de la santé, de la sécurité, du bien-être et de la vie de ses patients. Schiff a été accusée de l'agression sur l'un de ces patients ainsi que d'avoir mis en danger le bien-être d'un mineur, son fils naturel âgé de 11 ans, à qui elle avait demandé de changer les couches des patientes adultes.

Les accusations ont été abandonnées car Schiff avait déménagée ses activités à Alamo, Californie. Mais l'année suivante, un jeune schizophrène de 16 ans est mort après avoir été ébouillanté dans une baignoire chez Schiff. Aaron Schiff a finalement plaidé coupable, réduisant ainsi son chef d'accusation à un homicide involontaire.

Jacqui Schiff a donc déménagé ses activités à Oakland, Californie où elle a installé un Institut Cathexis. Avec ses nouveaux enfants elle débuté un programme de recherche pour soutenir (NT : scientifiquement) le reparentage. C'est ainsi qu'en plusieurs années ses théories ont commencées à être acceptées comme étant de l'analyse transactionnelle selon l'ITAA (l'Association Internationale d'Analyse Transactionnelle).

Mais Schiff a encore eu des ennuis avec la justice, et les patients ont continué de se plaindre de coups et de mauvais traitements. Après les plaintes au comité d'éthique de l'ITAA, Schiff a quitté l'association. Ensuite, pendant plusieurs années elle a exercé à Bangalore, en Inde.

Schiff exploite maintenant le Cathexis-Europe, un établissement de charité agrée basé à Birmingham, Angleterre. Dans une récente interview elle a déclaré qu'elle « pourrait documenter plus d'un millier de cas où des schizophrènes ont récupéré de leur schizophrénie. Et si la maladie est biochimique ou génétique ou d'une autre manière physiologique, je ne vois pas comment nous aurions pu réaliser cela. »

En plus de conseiller les programmes de reparentage en Angleterre, en Allemagne de l'Ouest et au Pays-Bas, Schiff adopte toujours des « enfants ». Une femme qui initialement a répondu gaiement au téléphone a dit de Schiff. « C'est ma maman ». Plus tard, au cours d'une interview à son sujet, Schiff a expliqué que « à ce moment elle est redevenue un nouveau-né ».

Les experts de différents domaines, ont dit qu'il n'y avait pas de place pour l'utilisation du reparentage, et qu'il était dangereux incorrectement utilisé.

Pat Crossman, un travailleur social, et collègue de Berne, qui a été reconnue par l'organisation pour sa contribution à la théorie de l'AT (Analyse transactionnelle) a dénoncé violemment le reparentage. Crossman a ainsi exposé que le reparentage « engendre une terrible dépendance, une qui peut s'éterniser durant des années et des années. L'analyse transactionnelle a été inventée pour éviter la dépendance. Ainsi vous ne devriez pas passer 23 ans en thérapie ».

Crossman a recueilli plusieurs patients du Cathexis, des échappés de la maison Schiff. Ils ont témoigné de graves désorientations et de dommage permanence subie des préjudices. Elle a affirmé que le reparentage n'a aucune base scientifique.

« Le Reparenting est une frauduleuse exploitation de personnes vulnérables grâce à une information fausse. » Crossman a récemment écrit à l'ITAA. « Le Reparenting affirme faussement que tous les problèmes humains sont le résultat d' expériences familiale au cours de la petite enfance, en faisant abstraction des autres facteurs économiques, sociaux et génétiques. »

Crossman a tentée de faire désavouer le Reparentage par l'ITAA pendant des années,. Elle a argumenté que celui-ci était « anti-éthique au regard de toutes les choses qu'Eric Berne a tenté d'enseigné durant sa vie. » Berne a fondé l'ITAA, qui a environ 2000 « membres certifiés ». Mais les administrateurs de l'ITAA ont négligé les plaintes de Crossman. Récemment, l'association a publié un article expliquant comment s'installer sans licence d'exercice.

Herbert C. Modlin, un psychiatre expérimenté de la très respectée Menninger Clinique de Topeka, à propos du reparenting a déclaré : « L'idée que quelqu'un peut refaire et remplacer le parentage (NT : l'éducation parentale) défectueux des 20 ou 30 années précédentes n'a strictement aucune crédibilité. »

 

This reprint is being distributed world-wide to members of the International Transactional Analysis Association and to the news media nationwide to warn them of the potential dangers of « Reparenting."

Free copies are available upon request by writing to Patricia Crossman.

 

 Traduction Docteur Philippe Nicot 12 septembre 2006