Amway signifie " American Way " (of Life). Fondé par Jay van Andel et Richard De Vos en 1959. Amis d'enfance, ils ont commencé à vendre des denrées alimentaires au porte-à-porte et ont finalement créé une multinationale entièrement privée ayant 250.000 " distributeurs " dans au moins neuf pays. Aux États-Unis et au Canada, ils vendent 150 produits de ménage, du rouge à lèvres en passant par le savon jusqu'à la télévision et aux vêtements. Le hangar de leurs débuts est devenu un QG vaste et élégant, appelé " Centre de la Libre Entreprise " à Ada, Michigan, avec une usine de 93.000 m2. Touchant, toutes taxes déduites, plus de 5 % des profits de leur Compagnie, van Andel et De Vos sont des privilégiés et ont pour amis des hommes politiques influents - y compris un voisin du Michigan : l'ancien Président Gerald Ford.
L'entreprise continue à se développer. Les nouveaux vendeurs sont recrutés par relations " Venez donc nous voir vendredi soir, je vous présenterai à des amis... " ou même par petites annonces : " Cherchons couple décidé à gagner 580 Fr par mois à ses moments non productifs ".
De toute façon, on ne vous parle pas tout de suite d'Amway, ni de vendre des lessives - on vous demande de quoi vous avez envie, de quoi vous rêvez. La plupart des gens répondent qu'il rêvent d'être riches. Eh bien, c'est possible, leur est-il répondu. Si vous pouviez " contrôler " six à dix heures de votre temps chaque semaine, s'il y a dix personnes qui vous estiment et qui achètent du savon, sachant qu'une famille américaine consomme pour 60 dollars par mois de produits d'entretien, si vous vendez à dix familles la moitié de leur consommation, vous pouvez gagner 9 dollars. C'est peu, mais si vous persuadez vos clients de vendre ces produits à d'autres, vous toucherez une commission sur leurs ventes, car vous serez leurs " parrains ".
Notez qu'on ne vous parle pas d'Amway tout de suite. Il faut que l'assistance soit déjà accrochée. C'est souvent lors de la projection d'un film montrant comment un couple sort de ses difficultés en adoptant le système de la libre entreprise d'Amway, que le mot est lâché. Vers ce moment, vous vous apercevez que sur les six couples présents, deux seulement ne sont pas encore distributeurs d'Amway. Commencent les témoignages enthousiastes : Amway a changé leur vie. Pas seulement par l'argent, mais par toute une manière positive d'envisager la vie, de penser. Le zèle a une résonance quasi-religieuse. Et celui qui ne se décide pas à accepter se sent un peu bête, et même coupable de refuser le bonheur et la bénédiction, pour lui et sa famille. Les autres le regarderont avec une certaine pitié, mais ils espèrent bien qu'il se convertira.
II y a aussi un message dans Amway : c'est le culte du succès, le rêve Américain ; le succès en affaires est la marque de la bénédiction divine, mais il faut la mériter. Bien sûr, Amway n'est ni une Église, ni une secte. Mais les enthousiastes clament souvent qu'Amway a changé leur vie et leur relation avec Dieu.
Comme on ne peut pas gagner beaucoup, rien qu'en vendant soi-même les produits, il est indispensable de recruter de nouveaux convertis. Et ce recrutement ressemble beaucoup à une prédication ; il faut s'enthousiasmer soi-même avec une grande intensité si l'on veut convaincre les autres. De Vos a d'ailleurs publié un livre : " Believe ! " (croyez !) contenant sa philosophie et ses formules de succès, et en a vendu plus de 300.000 exemplaires. Non, ce n'est pas une " entreprise chrétienne ", dit De Vos. " Il y a chez Amway des Chrétiens formidables, mais le christianisme est une relation personnelle avec Jésus-Christ... ". Il y a quand même un curieux mélange de retour à la fois à l'héritage religieux américain et à la libre entreprise, les deux étant intimement liés dans un patriotisme très conservateur.
Une autre particularité, ce sont les réunions, ou rallyes destinés à présenter de nouveaux distributeurs directs (degré élevé dans la hiérarchie) et échauffer l'enthousiasme des vendeurs et recruteurs. Aux États-Unis, ces réunions commencent souvent par des prières et le salut aux couleurs, suivi d'histoires parlant d'une vie transformée par Amway. Le public applaudit bruyamment. Des groupes de musique religieuse s'y produisent souvent, et même des prédicateurs. On s'encourage mutuellement à être " positifs ". De Vos : " Pour retrouver l'héritage religieux Américain, il faut revenir à une tendance politique conservatrice du laissez faire ".
Les grands représentants de ce néo-conservatisme, tels que Ronald Reagan, Robert Schuler etc. sont venus parler aux rallyes d'Amway. Cela choque moins en Amérique que chez nous, mais tous les chrétiens n'apprécient pas le mélange.
On a demandé si Amway n'avait pas quelque relation avec Moon ou la Scientologie. Rien ne permet de le penser. Ce qui est vrai, c'est que l'intensité et la durée des sessions de formation rappellent à certains l'endoctrinement par les " sectes " - et spécialement, aux États-Unis, les sessions-marathons de EST (Erhard Seminar Training, dont il y a eu quelques échantillons en Europe). Certains en sortent complètement bouleversés et mettent plusieurs jours à s'en remettre.
Amway a eu quelques difficultés avec la Loi : une condamnation pour fausses déclarations en douane pour des marchandises expédiées au Canada. Pour 15 ans, l'amende a été de 25 millions de dollars, mais les Canadiens réclament encore environ 120 millions de dollars canadiens. On pourrait invoquer la négligence. Mais plusieurs procès sont en cours entre d'anciens participants et Amway.
Les vendeurs se plaignent d'avoir été forcés d'acheter du " matériel de motivation ", livres, cassettes etc. destinés à les aider à augmenter les ventes et le recrutement. Dans tout cela, il n'est pas question de la qualité des produits proposés, ni du rapport qualité/prix. Selon " 50 millions de consommateurs ", les produits Amway proposés en France étaient nettement moins avantageux que ceux vendus sur le marché normal. Ce n'est pourtant même pas ce point, pourtant important, qui a motivé la plupart de ceux qui nous ont fait part de leurs inquiétudes quant au système lui-même.
Mais qu'en est-il en France ? Amway a occupé ces derniers temps le devant de la scène à travers la presse et la radio. Les revues « Que choisir ? » (N° 215 - mars 1986) et « 50 Millions de consommateurs » (N°183 - avril 1986) ont rendu compte d'enquêtes sur les méthodes de vente de ce groupe américain. Le journal « Libération » du 27 mars lui a consacré une page entière. Jacques Pradel sur France-Inter dans son émission « Contact » du 20 mars a également débattu sur ce sujet. Etant sur la sellette, les dirigeants du groupe ont demandé d'user d'un droit de réponse. Une autre émission a donc eu lieu le 11 avril au cours de laquelle les dirigeants d'Amway ont donné leur point de vue qui consiste à réfuter avec vigueur les griefs qu'on leur fait de tous côtés.
Pour notre part, nous poursuivons nos investigations mais il est clair que nous ne pouvons avoir de meilleurs et de plus nombreux informateurs que nos adhérents et nos lecteurs. Ecrivez-nous ce que vous savez. La question principale reste posée : « Amway doit-il être ou non considéré comme une secte ? »
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