Dans ce supermarché des supercheries historiques et autres billevesées occultistes, on trouve la gamme complète des obscurantismes passés et présents. Sur la base d'un fonds de christianisme ésotérique fortement teinté de conservatisme, voire parfois de racisme, s'est cuisiné un salmigondis ayant pour ingrédients la croyance à la réincarnation, les figures de Saint Jean-Baptiste et Saint Jean l'Evangéliste, le mythe du Graal, celui de la Rose-Croix, la tradition gnostique, le culte marial, les légendes druidiques, les mystères de l'Egypte ancienne, une bonne dose de rituels maçonniques, un zeste d'Atlantide, une louche d'Apocalypse et une pincée de pythagorisme. Plus récemment, les rites new age, les anges-gardiens, l'homéopathie, les médecines douces et les extra-terrestres sont venues relever ce ragoût passablement indigeste.
L'ORT se voulait le " gardien de l'ésotérisme universel ", voyait dans le Christ " le point de sublimation de la tradition venant de l'Atlantide, de l'Egypte, la Grèce, la Palestine, le druidisme et la Christianisme ". Il affirmait que sa mission était de " préparer l'élite de demain "... De tels discours attirent une certaine clientèle amoureuse de costumes, et de déguisements qui font la fortune des anciens tailleurs ecclésiastiques reconvertis dans la couture occultiste. Le départ de Raymond Bernard renforça le pouvoir de Julien Origas
Joseph Di Mambro est né en 1924 à Pont Saint-Esprit. Il fit partie de l'AMORC de 1956 à 1970. Il pensait avoir des dons spirituels hors du commun et se targuait d'être un médium inspiré par les " maîtres passés ". En 1971, il eut quelques démélés judiciaires avec la justice pour émission de chèques sans provisions et déménagea en Suisse où il fonda un grand nombre d'écoles et de sectes dont les plus connues sont la Fondation Golden Way et La Pyramide, s'appuyant sur un mode de vie communautaire. Parmi ceux qui rejoignirent la Fondation Golden Way, il y eut Michel Tabachnik, qui en devint le président en 1979, puis en 1982, Luc Jouret, médecin homépathe belge.
Luc Jouret était féru d'ésotérisme, de médecines parallèles et franc-maçonnerie, il était devenu dans les années 80 une sorte de gourou mondial de l'homéopathie, des médecines douces et de l'écologie, notamment dans les milieux new-age. En 1982, il avait crée le Club Amenta, qui devint plus tard Atlanta. Luc Jouret, successeur désigné d'Origas, fut exclu de l'ORT en 1984, suite à une contestation de Gregorio Baccolini, Grand-Maître de l'ORT en Italie, qui l'estimait non initié.
Privé de structure, Jouret se rapproche de Di Mambro pour créer en 1984 l'ORT-Tradition Solaire, et plus tard l'Ordre du Temple Solaire. Cette puissante organisation réunit toutes les caractéristiques d'une secte. Son règlement précise que " l'OTS est placé sous l'obédience absolue et la Synarchie du Temple. A cet effet, la Synarchie détient les pouvoirs les plus étendus. Ses membres sont et resteront secrets ". La progression dans l'ordre se fait par niveaux et grades : frère du parvis, chevaliers de l'Alliance, frères des Temps Anciens. Les initiés subissent une pression morale et idéologique absolues, comme le précise l'article 23 des règles de l'OTS : " Hormis l'enseignement donné, aucun autre enseignement, doctrine, théologie, philosophie, théorie ou concept à caractère spirituel, initiatique, ésotérique ou métaphysique, ne peut être propagé, dispensé ou introduit par quiconque à l'intérieur de l'ordre ".
C'est à la fin des années 80 que l'issue apocalyptique du monde devint un élément central de la doctrine de l'OTS. Tout l'art de Luc Jouret consitait à combiner le message apocalyptique avec les peurs millénaristes véhiculées pas le mouvement new-age et certains écologistes - destruction de la planète par la pollution notamment. Il développait également des recettes de survie basées sur l'écologie et les médecines douces et lassait entendre que le Canada serait un havre de sécurité face aux catastrophes qui allaient prétendument s'abattre sur l'Europe. Parallèlement, l'OTS commença à inclure dans son rituel des références à divers mouvements ésotériques ainsi qu'aux extraterrestres.
Des investigations furent lancées en 1993 par la police canadienne en France et.en Australie, où Di Mambo avait des intérêts financiers. Il est probable que cette enquête fut l'un des facteurs déclenchant l'opération " transit " qui aboutit aux tragédies de 1994.
Dans le même temps, des dissensions internes commençaient
à apparaître. L'autorité de Luc Jouret était
contestée. Di Mambro eut de sérieux problèmes avec
ses propres affidés qui s'interrogaient sur la destination des fonds
de l'OTS. De plus en plus de membres étaient persuadés que
les apparitions de spectres du maître du temple n'étaient
que des montages d'hologrammes et des trucages électroniques. A
la même époque le fils de Di Mambro, Elie, quitta la secte.
Di Mambro entra en conflit avec un couple les Dutoit qui avaient baptisé
leur fils Emmanuel. Pour le gourou, seule sa fille Emmanuelle avait le
droit de porter ce prénom car elle était selon lui " l'incarnation
du Christ cosmique ". En conséquence, l'enfant des Dutoit ne
pouvait être que l'Antéchrist...
La perte de pouvoir charismatique du gourou s'accompagnait de réactions
paranoïaques. Il était persuadé, et tentait de persuader
ses membres, que toutes les polices du monde étaient à ses
trousses. Il en conclut que la concentration de haine contre lui et ses
adeptes remplaceraient l'énergie nécessaire au " grand
départ ". Le " transit " fut préparé par
Di Mambro et Camille Pillet, un homme d'affaires appartenant à l'OTS
qui prétendait être la récincarnation de Joseph d'Arimatie,
l'homme qui selon une légende avait recueilli le sang du Christ
dans le Graal. L'idée que le " transit " aurait lieu non
pas dans un vaisseau spatial mais au cours d'un suicide collectif, naquit
véritablement en 1993. Il s'en suivit l'auto-destruction
de l'OTS.
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